Vous le savez sans-doute : Le Havre est une ville ayant attiré l’œil de nombreux peintres et cinéastes depuis très longtemps, que ce soit pour son port industriel, son architecture, ses rues perpendiculaires, mais aussi sa lumière particulière (très appréciée par les impressionnistes). De fait, Le Havre a su s’imposer au fil des années comme un lieu incontournable de tournage en Normandie, en partie grâce à la diversité de ses décors et grâce à l’obtention des autorisations de tournage facilitée par la ville.
Pour rendre hommage à cette ville qu’on aime tant, nous avons aujourd’hui décidé de vous présenter notre sélection de 6 films marquants tournés au Havre, ou représentant le plus la ville.
« Le Quai des brumes » de Marcel Carné (1938)
Commençons ce top dans l’ordre chronologique, avec le « Quai des Brumes ». Ce film mythique sorti en 1938 et réalisé par Marcel Carné met en scène la romance tragique de Nelly (une mystérieuse jeune femme sous la tutelle d’un homme qui tente d’abuser d’elle), et de Jean (un déserteur arrivé au Havre dans le but de quitter la France).
Initialement, c’est le port de Hambourg qui aurait dû servir de décor au film. Néanmoins, la censure Allemande interdira le tournage du film, jugé trop pessimiste et décadent. C’est finalement le port du Havre qui sera choisi, et qui sera transformé par le réalisateur en un décor à l’atmosphère oppressante et brumeuse. L’équipe du film aura seulement passé entre 5 et 8 jours au Havre, le reste des scènes étant tourné en studio à Joinville.
Dans le film on peut ainsi assister à des scènes tournées au bord du bassin Bellot, ou encore sur le quai Joannes Couvert dans le port. Le quai de la Saône donnera notamment lieu à la célèbre réplique de Jean Gabin à Michèle Morgan que l’on connaît tous : « t’as de beaux yeux, tu sais ».
A sa sortie, le film sera un succès auprès du public, mais un peu moins auprès de certains journaux politiques. Il sera par la suite interdit par la censure française au moment de la déclaration de guerre.
« Disco » de Fabien Onteniente (2008)
Nous retrouvons ensuite le célèbre film « Disco » de Fabien Onteniente, sorti en 2008. Après le succès de Camping, Franck Dubosc et le réalisateur se sont à nouveau associés pour mettre en lumière les années disco qui avaient énormément marqué la jeunesse de l’acteur.
Le film raconte l’histoire de Didier Travolta, un havrais de 40 ans qui, après avoir été menacé de ne plus recevoir son enfant pendant les vacances, décide de reformer son ancien trio de danse, accompagné de ses deux acolytes de l’époque.
Si le réalisateur a choisi d’installer ses caméras au Havre, c’est notamment pour le caractère portuaire dur et les rues perpendiculaires de la ville, qui contrastaient parfaitement avec l’univers pailleté du disco.
De nombreuses vues du Havre sont donc mises à l’honneur dans le film, notamment le port que l’on peut apercevoir à de nombreuses reprises, ainsi que la rue de Paris. Les cours de danse avec l’actrice Emmanuelle Béart ont été filmés au conservatoire Arthur Honegger, et certaines scènes ont été tournées au restaurant Les Régates, transformé en bar-brasserie pour l’occasion. On retrouve également une séquence de jogging tournée le long de la plage, ainsi que le fameux brise-vent LE HAVRE situé sur le Quai Mazeline.
La rue dans laquelle réside Didier Travolta avec sa mère, appelée la « rue du Grand Large », dans le film est en réalité la rue Théodore Botrel située en ville haute du Havre.
« Le Havre » d’Aki Kaurismäki (2011)
Vient ensuite « Le Havre » d’Aki Kaurismaki, sorti en France en 2011 et mettant en scène le personnage de Marcel Marx (incarné par André Wilms), un ancien écrivain venu s’exiler au Havre avec sa femme et dont la vie sera bouleversée par l’arrivée d’Idrissa, un petit garçon originaire d’Afrique arrivé au Havre dans un conteneur.
A l’origine, le réalisateur Aki Kaurismaki ne savait pas vraiment où tourner son film. C’est en parcourant toute la côte en voiture, de Gênes aux Pays Bas, que son choix s’est porté sur la ville du Havre, qui correspondait le plus à ce qu’il recherchait. Il a d’ailleurs beaucoup vanté l’architecture et la lumière blanche de la ville.
Au tout début du film, on peut par exemple apercevoir l’ancien marchand de chaussures Heyraud, situé place de l’Hôtel de ville. De nombreuses scènes du film ont été tournées dans différents bars de la ville qui n’existent plus aujourd’hui. On retrouve notamment le bar Marie Louise, au 21 quai de la Saône (scène dans laquelle Marcel Marx retrouve le chanteur havrais Little Bob) ainsi que l’ancien « Café de la Bourse », aujourd’hui « Le P’tit Parisien » situé en face du casino (scène où Marcel Marx mange son omelette avant d’être rejoint par le commissaire Monet). Le café de prédilection de Marcel Marx nommé « La Moderne » dans le film, était en réalité un bar nommé « L’Euro », situé dans le quartier St Nicolas (boulevard Amiral Mouchez), et la scène du concert de Little Bob a été tournée au Cabaret Electric, aujourd’hui fermé.
Cette petite maison dans laquelle habite le personnage principal du film, Marcel Marx, était située quartier de l’Eure, dans la cité des Polonais, (un quartier du Havre qui avait permis de loger des centaines de polonais immigrés après la première guerre mondiale). La maison du personnage se situait plus précisément impasse Réal. Néanmoins, cette impasse ainsi que toutes les vieilles maisons du quartier ont été rasées juste après le tournage du film.
La rue Jean Baptiste Boivin, située derrière « La Moderne », a également servi de décor pour la boulangerie et l’épicerie que l’on voit à de nombreuses reprises dans le film, toutes deux installées à la place d’un garage et d’un ancien local commercial.
« La fée » de Dominique Abel, Fiona Gordon et Bruno Romy (2011)
Continuons avec la comédie burlesque « La fée » de Dominique Abel, Fiona Gordon et Bruno Romy, également sortie en 2011.
Dominique Abel avait exprimé dans une interview sa fascination pour Le Havre. Fiona Gordon, actrice et également réalisatrice du film, avait par ailleurs expliqué que la ville réunissait tous les éléments nécessaires au film, à savoir : « un terre-plein, un pont, une tour, une raffinerie, une plage, des toits plats, et des décors dans lesquels on puisse se faufiler ».
Tout au long du film, on peut voir à de nombreuses reprises le centre-ville du Havre, avec notamment l’Hôtel de Ville et la Rue de Paris dans laquelle se déroule une scène de vol d’une paire de chaussures. C’est aussi dans la rue Saint Jacques que se trouve l’hôtel dans lequel travaille l’un des deux personnages principaux. Certaines scènes ont également été tournées à la plage, au bout de la promenade.
Tout comme dans « Le Havre » d’Aki Kaurismaki, le bar Marie-Louise a également servi de décor au film, en étant renommé cette fois-ci « L’amour flou ».
Un gros travail sur la couleur a été effectué par les réalisateurs, qui ont fait le choix de mettre l’accent sur des couleurs crépusculaires et de faire ressortir les teints naturellement verdâtres de la ville.
38 témoins de Lucas Belvaux (2012)
Vient ensuite « 38 témoins » du réalisateur Lucas Belvaux, sorti en 2012. Ce film, tiré d’un roman de Didier Decoin (lui-même inspiré d’une histoire vraie, à savoir l’affaire Kitty Genovese), raconte les conséquences d’un viol et d’un meurtre ayant eu lieu rue de Paris au Havre, face à la lâcheté collective de 38 témoins de la scène qui ne sont pas intervenus.
« 38 témoins » a été tourné durant 8 semaines en février-mars 2011 dans le Havre et ses alentours. La majeure partie du film a été tournée sur les principaux lieux de l’action, à savoir la Rue de Paris et le port du Havre. Le réalisateur Lucas Belvaux a réussi à filmer le quartier Perret et les Docks en y faisant planer une ambiance pesante tout au long du film.
Dès le générique du début, les plans du port du Havre s’enchainent. Par la suite, la scène où l’on voit la foule se recueillir et déposer des fleurs a été tournée au 87 rue de Paris. La cérémonie funéraire a quant à elle été tournée dans l’église St Joseph. De nombreuses scènes ont également été tournées en intérieur, dans des appartements Perret avec des fenêtres donnant directement sur la rue de Paris.
« Réparer les vivants » de Katell Quillévéré (2016)
Et enfin, pour finir avec le film le plus récent cette sélection, nous allons parler de « Réparer les vivants », de Katell Quillévéré, sorti en 2016. Ce film, adapté du best-seller de Maylis de Kerangal, retrace les 24h de deux familles : l’une venant de perdre son fils, et l’autre en attente d’un don d’organe.
Le film a été tourné d’octobre à décembre 2015 dans les alentours d’Etretat et au Havre, car c’est tout simplement dans cette ville que se déroule l’histoire du roman de Maylis de Kerangal.
Ainsi, l’une des premières scènes du film dans laquelle on voit le jeune Simon s’amuser avec ses amis a été tournée Quai George V. On peut aussi assister à la scène de rencontre entre les deux amoureux tournée à la sortie du lycée François 1er, ou encore à cette longue course en vélo, qui débute à la station du funiculaire en ville basse, pour terminer à la station funiculaire en ville haute. Un super traveling nous offre une vue imprenable sur la ville.
Mai 2019
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