Grégoire Théry auteur depuis ses 15 ans, sest installé au Havre depuis 1 an sous son nom dinterprète « Havres« , lartiste sillonnera très certainement nos scènes Normandes. Vous pouvez le rencontrer le 24 mai à la Cave à bière  au Havre pour vous présenter un format acoustique de son répertoire.

Bonjour HAVRES, pouvez-vous vous présenter ? 

Bonjour le Boulevard des Artistes et merci pour cette rencontre.

Je suis auteur-compositeur-interprète de chansons et je vis au Havre depuis un an et demi. Disons que je suis un songwriter néo-havrais.

Quels ont été vos premiers contacts avec la musique ?

En tant qu’auditeur, mon plus ancien souvenir remonte à mes deux-trois ans, je pense. Je me revois assis sur le parquet du salon, les deux mains posées sur la chaîne familiale. Et j’écoute, presque en transe, le titre Susanna de The Art Company. Voilà vous savez tout. Ne me demandez pas pourquoi cette chanson me mettait dans cet état, c’est la magie et le pouvoir de la musique.

En tant que pratiquant, j’ai reçu une guitare à l’âge de 15 ans. J’ai appris à en jouer principalement en autodidacte. Et la même année, j’ai écrit et composé une première chanson. Je crois que j’ai commencé la guitare avec déjà l’idée de m’en servir pour écrire des chansons. Je ne me suis jamais senti  guitariste, ni même musicien. Je n’ai jamais eu l’idée de rejoindre un groupe. J’ai juste écrit des chansons avec ma guitare.

Lorsque j’ai reçu cette première guitare, j’écoutais beaucoup l’album Unplugged d’Eric Clapton. Une belle invitation à écrire et composer des chansons à la guitare. Et je réalise aujourd’hui à quel point la base épurée du guitare-voix acoustique m’a inspirée.  J’écoutais Eric Clapton et je lisais Victor Hugo. Oui j’étais passionné de Victor Hugo, et la poésie m’attirait.

Plus tard, d’autres inspirations ont pris le dessus, je pourrais vous en parler.

Quel a été votre parcours de formation ?

Comme je l’indiquais plus tôt, à l’exception d’une première année de cours de guitare pour apprendre quelques accords et rythmiques, j’ai appris la guitare en autodidacte. Ou plutôt, j’ai inventé ce dont j’avais besoin pour chanter mes chansons. Et j’ai composé mes chansons à partir de ce que je savais jouer à la guitare.

Ce n’est que vers mes 25 ans que j’ai, plus consciemment, cherché à enrichir mon jeu de guitare pour mieux servir mes chansons. En ce qui concerne le chant, j’ai aussi beaucoup appris seul, avant de rejoindre en 2012 les Ateliers Chansons de Bruxelles où j’ai suivi trois années de cours de chant et d’interprétation mais aussi des ateliers d’écriture et de composition.

Je crois que j’ai aussi beaucoup appris en écoutant les artistes qui me touchaient et en cherchant à comprendre pourquoi ils me touchaient. Etaient-ce leurs mots, leur musique, leur voix, la combinaison des trois ? Comment s’en rapprocher ? Dans la musique, on invente très rarement, je crois surtout qu’on s’inspire de l’existant, qu’on cherche à se rapprocher de quelque chose qui nous touche. On court toujours après une chanson, même si on ne sait pas vraiment laquelle.

Dans quelle langue écrivez-vous vos chansons ?

J’écris presque toutes mes chansons en français et j’éprouve un immense plaisir à faire sonner ma langue maternelle. J’ai aussi écrit quelques paroles de chansons en anglais, principalement à l’occasion de voyages dans des pays anglophones. Mais je les ai écrites pour d’autres artistes.

Quels thèmes aimez-vous aborder dans vos chansons ?

La plupart du temps, j’écris des chansons parce que j’en ressens le besoin. Le besoin de traduire ou transcrire en musique et en mots quelque chose que je ressens avec intensité. Et le besoin de partager cette émotion avec d’autres. Mes sources d’inspiration sont donc principalement des sentiments, des émotions, mais aussi des ressentis et impressions que j’ai envie de transmettre en chansons.

Je cherche rarement à raconter une histoire, mes chansons ne sont pas narratives, ce sont plutôt des évocations.

Je n’ai pas l’impression d’avoir des thèmes de prédilection, mais je constate que l’univers maritime et la nature sont très présents dans mes chansons. De même qu’y surgissent souvent des animaux, en particulier des chiens et des ours ! Un jour je publierai un album sous forme de bestiaire. Je découvre aussi que j’écris souvent sur les effets et les vertus du mouvement, du déplacement, des transports…

 

Quel est votre processus de composition ?

C’est compliqué à définir. On me demande souvent si je commence d’abord par la musique ou par le texte. A l’origine, je crois que le point de départ d’une chanson était souvent une émotion forte, qui me poussait à prendre ma guitare afin de trouver des notes et des accords qui pouvaient retranscrire cette émotion. En parallèle, je commençais à écrire des paroles. Puis je  fixais  la composition, avant de dérouler  les paroles.

Mais il m’est aussi arrivé d’écrire d’abord un texte, avant de lui trouver une musique, voire de le confier à une autre personne pour la composition. Et il m’arrive aussi de composer la base d’une chanson, sans y associer de paroles. Et de la trimbaler avec moi quelques années, avant de, soudainement, lui trouver des paroles. Plus récemment, j’essaie aussi, consciemment, de composer et d’écrire  en même temps. Plus précisément d’apposer des mots sur la musique en même temps que je la joue, et de ne les coucher sur le papier qu’une fois le processus oral abouti.

Comment le groupe a évolué ?

J’ai fait mes premiers pas sur scène à Bruxelles, où je vivais jusqu’en 2021. J’ai participé à des premiers concerts collectifs avec les Ateliers chanson de Bruxelles. Nous chantions alors régulièrement dans un magnifique café-théâtre, La Soupape. Son propriétaire a entendu mes compositions personnelles et m’a invité à présenter mes chansons en concert. C’était le début d’une série de concerts en guitare-voix. Peu de temps après, un ami qui était venu m’écouter a proposé de m’accompagner sur scène. Et c’est comme ça qu’est né le duo HORTA, avec mon complice Philippe Chambaud, multi-instrumentiste, arrangeur et producteur au talent immense.

Pendant quelques années nous avons donné des concerts, principalement à Bruxelles et avons participé à quelques festivals et tremplins. Mais nous pratiquions tous les deux en amateurs, ayant d’autres métiers à côté de la musique. En janvier 2021, j’ai déménagé au Havre, et j’ai décidé à l’été 2021 de me consacrer plus intensément et professionnellement à mes chansons et leur interprétation sur scène.

HORTA, c’est le nom d’un architecte belge, Arts Nouveaux, qui introduisait des motifs végétaux et de nature dans l’architecture du début du vingtième siècle. C’est aussi le nom de la station de métro bruxelloise qui se situait entre chez moi et mon complice de duo. C’est enfin le nom d’une ville aux Açores. Pour moi, la racine h.o.r.t de HORTA renvoyait aussi au jardin, en latin. Et le duo HORTA reflétait cette envie d’un espace où développer mon répertoire de chansons, comme on cultive un jardin. Secret et public à la fois.

HAVRES est votre projet solo, pourquoi avoir choisi ce nom ? 

Au moment de choisir notre nom de duo, HORTA, HAVRES faisait déjà partie de mes choix préférés. A l’époque, je n’étais jamais venu au Havre et donc ce nom n’avait rien à voir avec la ville. En arrivant au Havre, j’ai choisi de reprendre ce nom que j’avais eu envie d’incarner pour mon projet solo.

J’ai choisi ce nom car, pour moi, l’écriture de chansons se marie bien avec le monde des refuges, des abris, des havres, des jardins protégés, des cabanes en forêt... Ces endroits protégés qui sont à la fois des lieux de repli, de protection, mais aussi de projection. Dans un port ou un refuge de montagne, on cherche certes un abri. Mais un abri au plus près des éléments vers lesquels on se prépare à s’aventurer : le large ou la haute montagne. Il peut en aller de même pour l’écriture de chansons. D’abord un mouvement intime et personnel de repli et d’introspection, mais qui prépare une grande aventure : celle de les présenter et les partager avec le public, sur scène.

Avez-vous déjà réalisé un album ? 


Non, mais c’est bien mon intention cette année. J’ai rassemblé entre douze et quinze chansons originales qui méritent, à mes yeux, de figurer sur un album. Depuis mars 2022, j’ai l’immense plaisir de les présenter sur scène et de les partager avec un public qui les reçoit très chaleureusement et me transmet beaucoup d’énergie et de joie en retour.

Il existe des moments dans la vie, où l’on peut se sentir à sa place dans ce que l’on fait et en harmonie avec son environnement. C’est ce qui m’arrive en ce moment avec mes chansons et concerts. J’ai donc envie de cristalliser cette harmonie dans un enregistrement sonore que je pourrai continuer de partager avec celles et ceux qui auront plaisir à écouter ma musique.

 Ecrivez-vous pour d'autres artistes ? 

Absolument, et c’est quelque chose que j’aimerais développer plus encore. J’ai la chance d’avoir confiance en mon écriture de chansons. Dans la combinaison écriture-composition-interprétation, l’écriture est sans doute mon atout le plus fort. Et j’ai beaucoup de plaisir à écrire sur « commande », en français et en anglais d’ailleurs. J’aime poser des mots sur une mélodie ou une grille d’accords. J’aime aussi trouver les mots qui résonneront dans la voix et la personnalité d’un.e autre interprète.

Quels sont vos projets ?

J’ai lancé officiellement HAVRES en mars 2022 et ai eu le plaisir de pouvoir présenter mes chansons lors de cinq concerts, au Havre et à Fécamp. J’ai aussi eu la chance de voir mes concerts retenus dans le cadre du programme du Printemps des poètes et évoqués dans plusieurs médias.

A court terme, je souhaite continuer à présenter mes chansons sur scènes dans ce format de concerts poétiques guitare-voix. Et je vais bientôt me préparer à enregistrer un premier album, rassemblant entre douze et quinze chansons afin de le proposer à un éditeur de musique et/ou un label.

 Pour terminer, pouvez-vous nous citer 3 artistes que vous appréciez ? 

Tout d’abord une artiste havraise, Laetitia Botella, comédienne et metteuse en scène, fondatrice de la compagnie Les Nuits Vertes, car elle m’inspire et m’apporte beaucoup. Laetitia a accepté de m’accompagner sur la partie « mise en scène et interprétation » des mes concerts et a porté un regard très précieux sur mon set acoustique d’une quinzaine de compositions. Mais au-delà de la préparation des concerts, elle est pour moi une sorte de repère sur mon chemin d’artiste. Son positionnement d’artiste, sa perception du rapport avec le public et sa capacité à associer émotion et impact me paraissent particulièrement justes.

Ensuite, je suis très heureux de citer un immense artiste normand : le poète-chanteur Allain Leprest. Il est décédé il y a 10 ans déjà mais son écriture et ses chansons m’ont tellement inspiré que je ne pouvais pas ne pas le citer. Avec Bertrand Belin, d’un autre style et d’une autre génération, Allain Leprest est, je crois, l’auteur de chansons qui m’a le plus touché et influencé. Si vous ne connaissez pas encore les chansons d’Allain Leprest, prenez le temps d’écouter « Il pleut sur la mer », « Y’a rien qui se passe », « Donne-moi de mes nouvelles » ! Je constate que trop peu de gens connaissent ce géant de la poésie chantée, dont Claude Nougaro avait pourtant dit : « C'est bien simple, je considère Allain Leprest comme un des plus foudroyants auteurs de chansons que j'aie entendu au ciel de la langue française ».

 

Et je termine avec une chanteuse, auteure-compositrice-interprète, Lonny, qui n’est pas normande mais qui est venue en Normandie pour écrire ses chansons. Et que j’ai découvert tout récemment lors d’un concert au Siroco, à Saint Romain de Colbosc, avec d’ailleurs une chanteuse havraise, Denize, en première partie.

A l’issue de ce concert, je suis allé écouter les chansons de Lonny en ligne, et les écoute désormais en boucle. Pourquoi ? Eh bien je me pose encore la question ! Mais plus sérieusement, à mon goût, Lonny a réalisé un des plus beaux albums de chanson en français de ces dernières années. J’ai ressenti à son écoute ce que je n’avais ressenti qu’avec Allain Leprest, Bertrand Belin ou Bill Callahan. Je crois que j’apprécie particulièrement la façon dont Lonny a agencé les mots et les notes dans ses chansons, construites comme des ballades, plutôt lentes, mélancoliques et épurées. Je me reconnais profondément dans ce rythme. Celui des êtres sensibles, qui réfléchissent beaucoup, mais qui aiment l’économie de mots, le dénuement, et une forme de lenteur pour exprimer leurs émotions. Le résultat de cette forme d’écriture et de musique a, sur moi, un effet bouleversant et c’est dans cette veine que j’inscris mes propres ballades poétiques.

Entretien réalisé par Grégory Constantin et mis en page par Véronique Levieux. Contribution à la rédaction Fabrice Autret.

 

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