À travers cet entretien, Romain Pimoulle nous transmet sa passion pour la musique. Amené à jouer avec plusieurs groupes musicaux, c’est désormais aux côtés de Bare Hand que vous pouvez le retrouver en tant que bassiste. La sortie de “Slow Motion”, son premier EP 5 titres autoproduit, en 2023, vient ancrer dans le marbre l’existence de son projet solo.

Bonjour Romain, peux-tu te présenter ? 

Bonjour ! Moi c’est Romain Pimoulle, 28 ans, havrais pure souche, musicien de cœur au sein du groupe Bare Hands, à la basse, à la guitare, au chant et à la composition dans mon projet solo Sweet Summer Evenings.

Quelles relations avais-tu avec la musique lorsque tu étais jeune ? 

Il n’y avait pas de musicien dans la famille avant moi, cependant mon père vient de l’univers de la radio, ce qui lui a permis de cultiver une passion pour le son de manière générale, ainsi qu’une certaine sensibilité pour la musique. Je pense que cela a eu une certaine influence sur moi. Et puis il y a toujours des disques qui tournaient à la maison, d’aussi loin que je puisse me souvenir. Du Pink Floyd, Michel Berger, les Dire Straits, j’ai fini par piocher dedans, tâtonner et m’acheter mes propres disques avec mon argent de poche !

Comment s’est déroulé ton apprentissage de la musique ?

A 14 ans, après de nombreuses tentatives pour m’inscrire dans des clubs sportifs, j’ai demandé une guitare électrique à mes parents, puis j’ai pris des cours pendant 4 ou 5 ans avec un professeur particulier, Alain Le Maire. J’ai beaucoup approfondi mon apprentissage de mon côté en apprenant les morceaux de mes lubbies musicales du moment et en me formant au chant en autodidacte (ce n’était pas terrible au début !)

Quelles sont tes influences musicales ?

Plus jeune j’ai été beaucoup influencé par le metal moderne ou « neo-metal », avec des groupes comme Linkin Park, Deftones, Korn, puis par le rock des années 90 ; Placebo, Oasis, Radiohead, Jeff Buckley. Puis avec la maturité je me suis intéressé à des artistes plus « rétros » de la scène folk des années 60-70, Neil Young, Crosby Stills and Nash, Richard and Mimi Farina. Des groupes de rock plus récents également, The Raconteurs, Queens of the Stone Age, Royal Blood.

Quels sont tes meilleurs souvenirs avec ton premier groupe, No more Valium ?

Les répétitions dans les anciens studios du Fort de Tourneville, à porter avec peine les amplis crachotants jusque dans les boxs où nous amis venaient s’entasser à 15 pour nous voir jouer, sans aucun doute. Non plus sérieusement, le travail acharné pour composer et arranger le morceau que nous avons présenté dans le cadre de la compilation Polaroïd Rock, portée par l’Association des Ancres Noires, l’enregistrement en studio pro et la restitution en concert au Magic Mirrors, une scène super pro ! On ne se serait jamais imaginés pouvoir faire tout ça du haut de nos 16-17 ans, en l’espace d’un an à peine.

As-tu fait une rencontre majeure qui t’a poussé à te lancer dans la musique ? 

Je pense surtout à mon ami d’enfance, Damien Houllemare, avec lequel nous nous sommes mutuellement motivés, généré une émulation pour commencer à jouer et qui a eu un rôle déterminant dans mon développement en tant qu’artiste. A l’âge de 18 ans j’ai aussi eu la chance d’échanger avec Serge Teyssot-Gay, l’ancien guitariste de Noir Désir, qui était présent au CEM dans le cadre de l’ouverture du Pôle de Répétition, appelé le Sonic, à l’époque. Après sa performance avec son duo Zone Libre, il est venu se mêler à la foule et a pris le temps de nous parler à moi et mes amis et a eu de très beaux mots d’encouragement, nous poussant à vivre notre passion jusqu’au bout.

Est-ce que ton expérience à l’étranger a influencé ta musique d’une manière particulière ? 

Le déracinement a été une source d’inspiration indéniable, dans la découverte de l’autre mais aussi de soi, l’exaltation du voyage. Cela m’a aussi poussé à me concentrer sur ma pratique individuelle de la guitare et l’exercice de l’écriture/la composition, alors que j’avais passé plusieurs années à jouer essentiellement en groupe.

Pourquoi as-tu choisi d’écrire tes chansons exclusivement en anglais ? 

Mon écoute quasi-exclusive de la musique anglo-saxonne y est forcément pour quelque chose. A cause de cela j’ai également développé un grand intérêt pour la langue anglaise, qui m’a même poussé à l’étudier à l’Université.

Peux-tu nous parler de ton premier EP ? 

« Slow Motion » (mis à part le titre éponyme de l’album, un peu plus daté) est né sur les cendres d’une relation et du premier confinement de la pandémie de Covid. Il émane d’une réflexion sur notre perception du temps, mise à l’épreuve par cette période particulière où nous avons subi un brutal arrêt sur image, une contemplation forcée de trajectoires individuelles tandis que la nature semblait regagner lentement ses droits. L’EP a été autoproduit par moi et Emilien Gnis, mon ami et compagnon musical dans Bare Hands pendant plusieurs années, qui a tout enregistré, mixé et masterisé. C’était une volonté de notre part de réaliser un produit le plus « DIY » possible.

Parle-nous de Sweet Summer Evenings ? 

Le nom m’est venu d’un souvenir assez vivace d’un crépuscule de l’été de mes 16 ans, ambiance de fête avec l’album White Pony de Deftones en fond sonore. La couleur du projet découle de ce type de musique, très mélancolique, cathartique.

Quel est ton processus d’écriture ? 

La plupart du temps, je trouve une mélodie, une suite d’accords à la guitare puis je m’attaque ensuite à l’écriture du chant. Parfois les deux viennent en même temps, je suis assez peu constant à ce niveau-là. Mais ces dernières années j’ai été un peu plus prolifique ; j’essaie de suivre mes intuitions et d’être vrai, sincère dans ce que je produis à l’instant T.

Y a-t-il une scène où tu as l’habitude de te produire ? 

Je commence à être un habitué du CEM au Fort de Tourneville, qui nous a offert un réel soutien et de nombreuses possibilités de nous produire là-bas avec mon groupe Bare Hands. J’y ai aussi été invité le 9 février dernier à jouer un set en solo avec Sweet Summer Evenings. Je dois également beaucoup à la Cave à Bières de Pierre Lenoir Vaquero, qui a été parmi le premier à m’ouvrir ses portes et qui m’a accueilli à de nombreuses reprises, ainsi qu’au bar les Zazous et sa gérante Aurélie Fontenay.

Quels sont les thèmes qui reviennent souvent dans tes musiques ? 

Des choses indémodables comme l’amour, la haine, la nostalgie. Mais aussi la nature, le sublime, la contemplation. Depuis peu je m’essaie également à la fiction, avec des tons dystopiques, sci-fi…

As-tu un projet d’album en préparation ? 

J’ai quelques nouvelles chansons sous le coude, qui pourraient bel et bien faire l’objet d’un nouvelle sortie, mais ça reste encore au stade de projet…

En quoi cet album sera-t-il différent de ton EP ? 

J’ai commencé à faire prendre une autre direction à mon set, notamment avec des compositions à la guitare électrique. Contrairement aux morceaux de Slow Motion, que j’ai souhaité sobres et immédiats (tout a été enregistré live), j’ai dans l’idée d’ajouter plus d’arrangements instrumentaux, peut-être même faire appel à d’autres musiciens pour des collaborations…

Pour conclure, peux-tu nous présenter trois artistes normands que tu apprécies ?

Dans un registre folk, il faut absolument écouter le travail de Bear and Bird, le duo formé par Claire Pedrazzoli et Pablo Elcoq. C’est un univers onirique, qui capture l’essence du revival folk, mais dont les compositions et les arrangements font preuve d’une grande originalité.

Il y a aussi le groupe d’indie folk rock The Blinis, avec ses six joyeux lurons et leurs concerts à l’ambiance familiale, feelgood et contestataire.

Et pour finir, le groupe de rock Mad Deere en pleine émergence, vous pourrez les voir au CEM On Fest le 22 Mars prochain.

Entretien réalisé par Flora Fortier et Grégory Constantin Mars 2024

Contribution à la rédaction Fabrice Autret

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