A l’occasion du Boulevard des BD le 10 décembre au studio Com’ des Images, nous avons l’honneur  de vous présenter Jérôme Bellanger un bédéiste havrais, auteur de la série Volpe ou le héros principal est un renard le tout mêlé d’aventure prenant place dans la ville du Havre.

Bonjour Jérôme peux-tu te présenter ?

Jérôme Bellanger, bientôt 44 ans… J’ai grandi près du Mans mais je suis devenu un havrais d’adoption. Cela fait maintenant plus de 20 ans que j’habite dans cette ville que j’adore.

J’ai toujours dessiné, mais voilà : j’ai dû faire des études plus « sérieuses » que celles de bédéiste… Pourtant, devenir auteur de BD a toujours fait partie de ma short-list des métiers que je voulais faire quand je serai « grand » (ça, et Président de la République…).

Finalement, à force d’être sollicité par mes amis à chaque fois qu’ils avaient besoin d’une pochette d’album pour leur groupe, d’une affiche pour leur asso, un logo sur un T-shirt, etc. , je me suis dit que ça serait pas mal de faire un petit blog avec mes propres projets.

Cela m’a permis d’être repéré par Josepha et Clémentine de « We Love Le Havre » qui m’ont invité pour la 7ème édition du festival. C’est grâce à elles que j’ai pris conscience de mon statut d’artiste et que je me suis enfin lancé dans l’aventure BD.

Quels étaient tes contacts avec la BD étant jeune ?

Mes parents ont une grande bibliothèque chez eux où j’allais piocher des BD dans la collection de mon père : Lucky Luke, Asterix, les Schtroumpfs, Boule et Bill, quelques Tintin même si je n’ai jamais été fan… Bref, la BD a toujours fait partie de mon biotope.

 Quels étaient tes premières BD, et tes premières BD coup de cœur ?

La toute première BD que j’ai choisi moi-même étant môme étaient « La grande patrouille », recueil d’aventures des Tuniques Bleues paru en hommage à Salverius. Bon à l’époque, je l’ai choisi parce que j’étais fan de western et que sur la pochette de l’album, la cavalerie se fait attaquer par les indiens.

Mais j’ai accroché à l’univers et aux histoires, et je suis resté fidèle à la série… D’ailleurs, je conseille le dernier volume paru cette année !

Les BD coup de cœur… Plein ! Mais je dois dire que « Calvin and Hobbes » de Bill Watterson et « Les formidables aventures de Lapinot » par Trondheim tiennent une place particulière dans ma bibliothèque.

Quelles sont tes méthodes d’apprentissage ?

 Franchement, j’ai appris sur le tas en analysant beaucoup mes BD préférées, puis en me creusant la tête en écrivant mes premiers scénarios.

Je suis véritablement autodidacte sur ce coup-là…

Peux-tu nous parler de ton premier héros, ainsi que son histoire ?

Ah, Vodka !

Donc ma première héroïne pour être précis, puisqu’il s’agit d’une petite chatte noire irascible avec qui j’ai partagé ma vie pendant 14 ans. C’est avec les petits strips mettant en scène Vodka et son colocataire dessinateur que j’ai alimenté mon blog chaque semaine à mes débuts.

C’était marrant : je me basais vraiment sur des anecdotes vécues que je scénarisais ensuite. Comme tout se passait systématiquement dans le huis-clos de l’appartement des deux héros, je devais imaginer des évasions « graphiques » parfois assez délirantes, genre une « vodkazilla » détruisant l’hôtel de ville du Havre sortie d’un rêve du chat.

En y repensant, je me suis beaucoup inspiré de « Calvin and Hobbes » pour ce genre de trucs scénaristiques.

Ton premier personnage est inspiré de ton chat, comment es-tu arrivé a en créer un nouveau ?

 Malheureusement, Vodka est morte. Je ne me voyais pas continuer ses aventures après son départ…

J’avais depuis longtemps l’idée de partir sur un récit long, qui se passerait au Havre. Je voyais bien une ambiance « polar », mais je séchais sur les personnages.

Je voulais changer de style. J’avais déjà commencé (un peu) à m’intéresser à l’architecture havraise dans « Vodka », mais si j’avais envie de dessiner une LH-City plus vraie que nature, je ne voulais pas dessiner des personnages réalistes à la XIII.

J’ai finalement eu un déclic lors d’une soirée déguisée… Oui, je sais, c’est étrange !

J’étais déguisé en renard et c’est ce soir là que Volpe est né.

 Comment définirais-tu Volpe ? Comment est-il incrusté dans les histoires ?

 Alors… Il y a pas mal d’autobiographie dans Volpe… Mais passées les ressemblances évidentes entre lui et moi et surtout nos bandes de potes respectives, on reste dans la fiction !

Volpe est un auteur de BD qui aime traîner au bar avec ses amis. C’est un personnage sympathique, plutôt observateur, avec un certain sens de l’humour et de l’ironie. Pas mal de mauvaise foi aussi…

Il a bien sûr la place centrale dans les récits (C’est lui qu’on suit au travers des aventures), mais ce n’est pas un héro solitaire : les autres personnages ont un rôle décisif dans les intrigues, tout ne se joue pas sur les seules qualités de Volpe pour s’en sortir… Il n’y arriverait pas tout seul !

 Que racontent les deux premiers tomes de Volpe ?

Alors je vais parler des trois premiers tomes en fait, même si le premier, « This is hardcore », n’est « paru » que dans certains bars havrais.

Dans ce premier volume qui est un polar, Volpe mène l’enquête sur la mort d’un habitué de son bar favori… L’histoire révélera que la petite vieille qui habite au-dessus du rade est une tueuse en série qui a décidé d’éliminer la clientèle trop bruyante du « Colibri Farceur ».

 Dans « Walking raide », premier tome publié « pour de vrai », LH-City est subitement envahie par une horde de zombie un soir de tempête. Alors que Volpe et ses potes pensaient passer une soirée calme au bar, ils vont devoir lutter pour leur survie… Pas facile quand on a trop pris l’apéro !

Enfin, dans « Bars Parallèles », Volpe chute dans un bassin du centre-ville et se réveille dans un monde… Où les bars n’existent plus !

Pire, son amoureuse ne le connaît pas, puisque dans cet univers parallèle, elle n’a justement pas pu le rencontrer au bistrot… Une histoire avec pas mal de référence à la période Covid, même si j’avais déjà commencé la réalisation de cette BD 2 mois avant le premier confinement…

Tes œuvres semblent être inspirées par le 7ème art, quelles sont tes références cinématographiques ?

Elles sont effectivement nombreuses dans les aventures de Volpe… Bien évidemment, le cinéma de genre pour « Walking raide » : de l’ « Armée des morts » à « Shaun of the dead », en passant par « Dernier train pour Busan » entre autres…

Le cinéma de Tarantino pour « This is hardcore », mais également des films comme « Bon baiser de Bruges » ou « C’est arrivé près de chez vous »…

« Un jour sans fin » (Le jour de la marmotte!) pour ce qui est de « Bars Parallèles », même si les références cinématographiques sont peut-être moins nombreuses pour cette aventure.

Il y a aussi pas mal de références musicales cachées un peu partout…

Quelles sont tes techniques et les procédés utilisés pour la réalisation de tes dessins ?  

Alors… Je dessine assez à l’ancienne : je conçois un Story-board qui me sert de base pour le dessin au crayon, puis j’encre avant de scanner ma planche.

Je réalise ensuite les couleurs sur logiciel.

Voilà pour le côté technique pur. Il y a beaucoup de travail sur la perspective et les décors donc je suis très règle et équerre !

Quels sont tes projets à venir ?

Je travaille sur le prochain album de Volpe… Un projet assez ambitieux puisque je plonge tous mes héros dans le Havre de 1913.

 Quand sera publié ta prochaine BD dans laquelle Volpe se retrouve projeté en 1913 ?

 Je suis à la moitié du travail… Alors j’espère une sortie de la BD mi-2023, au pire pour Noël. Enfin bon, on est toujours à la bourre nous autres dessinateurs.

Pour l’histoire, j’avais envie de raconter une grande aventure avec du mystère, dans une ambiance un peu steam-punk, avec des clins d’oeil appuyés à Jules Verne, Maurice Leblanc et Gaston Leroux. J’ai choisi 1913 pour de nombreuses raisons, mais à la base, je voulais rendre hommage à l’architecture « oubliée » du Havre. Quelques pépites Art Nouveau, un courant architectural que j’apprécie beaucoup, ont miraculeusement survécus aux bombardements et m’ont inspiré ce nouvel univers pour mes héros.

As-tu réalisé des recherches pour concevoir tes œuvres ?

 Beaucoup !

Des amis m’ont prêté plusieurs ouvrages sur Le Havre avant-guerre, et j’ai épluché les nombreux blogs historiques de très grandes qualités qui traitent du sujet ; de véritables mines d’or !

Beaucoup de recherches aussi sur la presse, les vêtements, le mobilier, … J’ai également dégotté de vieille carte pour comprendre l’organisation de la ville à cette époque.

 As-tu un éditeur, quelle est sa part d’implication dans ton travail ?

 J’ai édité moi-même les deux premiers albums, mais j’ai la chance d’être édité par la jeune maison Edifice pour le prochain volume.

Beaucoup, en premier lieu, la confiance que m’apporte mon éditrice (Julie Pommier, que je salue au passage!) est primordiale. Cela me met dans un bon état d’esprit pour créer, avec pas mal de doutes en moins.

Et puis c’est aussi un regard extérieur sur mon travail alors que je suis encore dans la réalisation : c’est un recul nécessaire, et ce sont de bonnes idées que je n’aurais pas eu et dont je bénéficie.

Et bien sûr, tout le démarchage auprès des imprimeurs, des librairies, la promotion… Beaucoup de choses que je ne pouvais pas bien accomplir tout seul, et maintenant réalisées par quelqu’un de très professionnel et surtout très engagé.

Où peut on se procurer tes BD’s ?

 Dans toutes les bonnes librairies, et aussi sur fnac.com et sur ma petite boutique en ligne www.jerome-lh.fr .

Peux-tu nous présenter 3 artistes de la région que tu apprécies ?

Oui !

Je vais commencer par quelqu’un de super sympa : Miludo. J’ai eu la chance de le découvrir lors du festival « We love Le Havre ». j’aime beaucoup son travail et je vais être honnête : j’ai un peu honte, parce que ça fait des mois que je dois lui envoyer un message et je ne l’ai toujours pas fait !!!

Il y a aussi mon ami Cédric Brunet qui tient la boutique Esprit9 rue Michelet… Là encore un mec vraiment bien.

Après, le Havre regorge d’artistes, et pas facile d’en citer un/une plus que l’autre… J’aime beaucoup le travail de Julie Aubourg !

Entretien réalisé par Grégory Constantin et mis en page par Quentin Even.  

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