Stéphanie Audebert est la Présidente de l’Association Asperger Family. Créée en 2015, l’association a pour but de réunir des parents bénévoles et des personnes atteinte d’autisme, afin d’aider les familles et de faire connaître ce syndrome. Elle fournit des informations, amène de l’entraide aux familles et sensibilise le grand public à travers des ateliers concrets, pour faire face aux carences sanitaires.

Le metteur en scène de la compagnie des Egarés Thibaud Crevel vous présentera ce vendredi au Pasino une nouvelle tragicomédie « Invisible », en coproduction avec Asperger Family, sur le sujet de l’autisme chez les femmes, avec Clara Queffrinec.

Bonjour Stéphanie, peux-tu nous dire comment se porte l’association Asperger Family ?

Stéphanie :

Bonjour Gregory, je te remercie de prendre le temps de nous recevoir. L’association se porte plutôt bien puisque nous allons fêter nos 10 ans d’existence. Nous sommes de plus en plus sollicités et les ateliers d’habiletés sociales comptent de plus en plus de participants. Nous comptons de plus en plus d’adhérents. Par conséquent, nous allons devoir revoir notre organisation bénévole. En effet, nous envisageons d’embaucher une personne qui nous permettra de soulager notre quotidien. Je n’avais pas imaginé un tel travail 10 ans après. J’en suis très heureuse et la rencontre avec les personnes autistes est toujours une réelle richesse.

Quels ont été les événements majeurs de l’association depuis notre dernière rencontre ?

S:

Nous avons déménagé à Harfleur en janvier 2022. Nous avons parrainé la maison bleue qui est un groupe d’entraide mutuelle pour les personnes majeures avec autisme. C’est un lieu de soutien mutuelle et de partage organisé, qui est intégralement géré par les personnes présentant un TSA. Plusieurs questions sont soulevées afin d’améliorer l’inclusion professionnelle et sociale. Nous avons poursuivi la sensibilisation en organisant de nombreuses conférences ou bien tout simplement en étant présents à divers événements. 

Quels sont les projets de l’association ?

S:

Ils sont nombreux, tout d’abord nous sommes heureux de vous annoncer que nous avons coproduit avec la compagnie des égarés une pièce de théâtre intitulée invisible qui a pour principal objet la sensibilisation de l’autisme au féminin. Celle-ci aura lieu le 7 avril prochain au Pasino à 20h. Puis nous souhaitons organiser cette année une exposition Artiste Autiste toujours dans le cadre de nos 10 ans. En fin d’année, nous organiserons un forum présentant tous les acteurs de l’autisme sur le territoire du Havre mais aussi sur le territoire national. Nous le faisions auparavant mais la Covid nous a un peu freiné. Nous envisageons également de déménager pour revenir sur Le Havre. Nous avons commencé des démarches pour aller dans ce sens et nous espérons que celles-ci pourront aboutir.

Quel est le sujet de la pièce ?

Thibaud :

La pièce traite de l’autisme chez les femmes, ou plus précisément de la manifestation de l’autisme chez les femmes.  

Combien de temps a t’il été nécessaire pour l’écriture de cette pièce ?

T:

Environ deux mois ont été accordés à la recherche autour du sujet de l’autisme, ce qui donné lieu à un large échantillon de lecture, à des rencontres, avec des professionnels de santé et des éducateurs au sein de centres spécialisés, des rencontres de personnes avec autisme dont une majorité de femmes, aux visionnages d’un certain nombre de conférences etc. Environ 1 mois et demi a été accordé à l’écriture au sens strict (structure dramaturgique et dialogues).

Quand et où pourrons-nous voir la pièce ?

S & T :

Le 7 Avril 2023 à 20h, au Pasino du Havre.

Qu’attends-tu de cette pièce ?

T:

Le théâtre est une arme de sensibilisation massive et je souhaite que celle-ci puisse permettre une prise de conscience générale sur cette différence invisible. Le diagnostic tardif des femmes a un impact très nocif tant dans leur vie. Elles sont davantage mises à l’épreuve notamment dans leurs relations sociales mais aussi professionnelles. Je souhaite que celles-ci puissent voyager, en effet, j’espère une tournée nationale afin que chacun puisse prendre conscience que l’autisme ne concerne pas que le sexe masculin.

Quelles sont les analyses ou statistiques réalisées sur l’autisme féminin ?

T:

La recherche n’en est qu’aux bégaiements sur le sujet de la manifestation de l’autisme chez les femmes, et notamment de l’autisme chez les femmes sans déficience intellectuelle ou a fortiori avec des hauts niveaux intellectuels. On commence tout juste à comprendre que l’autisme chez les femmes, qu’on pensait auparavant tout simplement plus rare que chez les hommes, ne se manifesterait tout simplement différemment que chez les hommes. Une différence que nous attribuons dans une certaine mesure à l’injonction sociétale portée sur le genre des individus, par exemple. Ce qu’on comprend aujourd’hui c’est que les femmes avec autisme quand elles le peuvent compensent leurs difficultés à être en société par un certain nombre de stratégies de camouflage qui se perfectionnent au fil des ans. Si bien qu’arrivées à l’âge adulte pour beaucoup d’entre elles, leur handicap apparaît comme invisible. Cela passe par des intérêts spécifiques plus socialement acceptables (exemple : l’équitation, les animaux, la psychologie) que les hommes (les numéros de départements, les voies ferrés sur le territoire français, l’évolution des drapeaux selon les régimes dans l’histoire russes, l’informatique etc.) Cela passe également par le fait que les sujets dont elles s’emparent comme des intérêts spécifiques sont souvent là pour compenser des difficultés sociales liées à leur autisme. D’où un nombre de diagnostics tardifs chez les femmes bien plus importants que chez les hommes. Au niveau mondial nous commençons tout juste à engager des recherches sérieuses sur le sujet, et beaucoup de pays développés ont dors et déjà mis beaucoup de moyens pour diagnostiquer les enfants dès leur plus jeune âge, là où l’autisme se remarque le plus. En France, nous avons sur ces sujets une fois de plus quatre trains de retard.

Vous avez créé en parallèle une cagnotte participative, quel est son objectif ?

T:

La cagnotte a pour objectif un socle financier qui nous permettra de ne pas faire trop de compromis avec les ambitions artistiques et esthétiques du projet faute de moyens, et d’assurer un minimum de rémunération aux artistes qui y travaillent. Pour cela nous cherchons à lever 4000 euros.

Pour terminer cet entretien, comment va Arthur ?

S :

Arthur va bien il a 18 ans aujourd’hui. Il a fait une formation dans le domaine du Web marketing. Actuellement il recherche une autre alternance dans l’audiovisuel. Je croise les doigts.

Entretien réalisé par Grégory Constantin et mis en page par Louise Crausse

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