Le Boulevard des Artistes a eu le plaisir de rencontrer Claire Pedrazzoli artiste aux multiples talents. Dans cet entretien Claire nous raconte sa passion pour la musique qui l’a amenée à participer à plusieurs projets musicaux, entre autres, son duo avec Pablo Elcoq : Bear & Bird. Claire et Pablo seront en concert le 12 janvier à 19h30 pour nous livrer leur répertoire folk/blues, au CEM (Centre d’Expressions Musicales). À découvrir et consommer sans modération!

Bonjour Claire, peux-tu te présenter ?

Bonjour, Je suis Claire Pedrazzoli, musicienne et c’est depuis peu mon métier. Je suis surtout chanteuse mais aussi clarinettiste. Je peux jouer ponctuellement d’autres petits instruments, si la partition est déjà écrite. Je suis aussi dessinatrice / illustratrice.

Comment as-tu commencé à faire de la musique ?

J’ai appris la musique au conservatoire du Havre. Mon premier instrument était la clarinette, de 8 à 16 ans, puis la guitare classique pendant deux ans. J’ai repris la clarinette depuis quelques années, mais pas la guitare.

Comment ta passion a évolué ?

En dehors des cours au conservatoire, je me suis découvert une passion pour le chant pendant l’adolescence. Ma sœur aînée s’était mise à chanter et j’ai voulu l’imiter. J’ai commencé simplement en chantant sur les albums de mes artistes préférés du moment, comme Bjork, Sheryl Crow, Alanis Morissette, Tori Amos et les Spice Girls.  J’ai découvert aussi à cette époque OK computer de Radiohead, puis Kid A, deux albums qui m’ont beaucoup marquée. Il y avait aussi Massive Attack, Portishead, Dead can dance, System of a down

Quelles ont été tes premières expériences avec la scène ?

J’ai complètement délaissé la musique pendant mes études à Rouen. Ensuite, c’est en Bretagne, où j’ai vécu un peu, que j’ai commencé à renouer avec la musique, en rencontrant des musiciens. J’y ai rencontré notamment Grégory Saillard qui m’a proposé de reprendre un répertoire très spécifique : des ballades et chansons folk traditionnelles anglo-celtiques, celles que Joan Baez chantait à ses débuts.
C’est avec ce duo, que nous avons appelé très simplement Claire & Grégory, que j’ai fait ma première scène. C’était, si je me souviens bien, à l’occasion de la fête de la musique en 2014, au bar La Buvette dans le quartier Saint-François, au Havre. Ce bar n’existe plus aujourd’hui. C’était le début d’un bon nombre de concerts, presque toujours dans des bars, d’abord en duo, puis en trio, avec un ami violoncelliste, Vincent Cailly. 

Peux-tu nous parler de ton projet avec tes sœurs ?

Quelques temps après être revenue vivre au Havre, Anne, Séverine et moi commencions à sentir poindre l’envie de chanter ensemble, mais sans rien concrétiser. C’est N’Senga, du Chat bleu à Sainte-Adresse (un très bel endroit malheureusement désormais fermé) qui nous a donné l’impulsion, à l’occasion d’une soirée, en nous proposant de relever le défi de faire un concert au Chat bleu six mois plus tard. Nous avons donc constitué en six mois un petit répertoire de six reprises a capella.
Car c’est notre particularité : reprendre des chansons de styles très variés (chanson française, folk américaine, rock américain, et dernièrement, des chansons de Noël américaines) uniquement avec des arrangements vocaux. Et nous nous sommes appelées, très logiquement, Les Pedrazzoli Sisters.

Quelles ont été les scènes majeures des Pedrazzoli Sisters ?

Nous jouons essentiellement dans des bars mais nous avons tout de même eu la chance de chanter en novembre dernier dans le cadre des Before du festival Chants d’Elles à Rouen, dans le théâtre de la Chapelle Saint-louis. C’était une belle expérience, dans une belle salle, et dans des conditions parfaites. Et puis nous avions eu aussi l’occasion de faire un  concert confiné, en 2021 je crois, sur le bateau Le Lutèce à Rouen, filmé par Paris-Normandie.

Comment pouvons-nous vous contacter pour vous solliciter ?

Nous avons une page Facebook sur laquelle on peut nous contacter, via la messagerie

Tu as participé au dernier album de Shubni, quelle a été ta contribution ?

J’ai réalisé les arrangements vocaux de certains morceaux et sur scène je jouais aussi quelques parties de clavier et de glockenspiel. L’album s’appelle The Gearing Machine et c’est un petit bijou ! Je ne fais plus partie de ce projet aujourd’hui.

Parle-nous de ton projet,  Les fabulettes en images

C’est un spectacle pour enfants dans lequel je chante des fabulettes d’Anne Sylvestre, sur des arrangements musicaux réalisés par Pablo Elcoq. J’ai dessiné des illustrations que je fais défiler à l’aide d’une boîte à manivelles tout en chantant. Les images sont rétro-éclairées pour pouvoir faire des jeux d’ombres de temps en temps. C’est un spectacle interactif, les enfants sont invités à participer et cela crée parfois des situations comiques. L’âge idéal se situe entre 2 et 6 ans, mais comme c’est très musical et visuel, cela fonctionne aussi avec des enfants plus jeunes. J’interviens beaucoup en crèches, par exemple. Quelques enfants plus âgés l’ont vu et ont beaucoup aimé. J’ai souvent des retours d’adultes aussi, qui apprécient la poésie de ce spectacle et qui revivent parfois certains souvenirs de leur enfance à travers ces chansons.

Quel est l’avenir de ce projet ?

J’ai déjà beaucoup joué ce spectacle l’année passée, notamment au TADAM théâtre mais je compte bien le faire tourner encore, en crèches, mais aussi en écoles maternelles si possible, dans des médiathèques, des festivals jeunesse, des petites salles de spectacle, bref, toutes structures pouvant accueillir des jeunes enfants!

Comment as-tu commencé à faire des illustrations ?

J’ai toujours aimé dessiner, peindre et, plus généralement, créer avec mes mains. C’est en Bretagne, là aussi, que je m’y suis plus sérieusement remise, mais toujours pour moi, ou pour offrir à des proches. J’ai bien eu l’idée à un moment d’en faire mon métier mais je n’ai jamais sauté le pas, découragée par la difficulté de se faire une place dans ce milieu et surtout d’en vivre ! Et puis je suis tellement perfectionniste que je peux passer énormément de temps sur un dessin et je ne suis donc pas très productive. Il est possible de découvrir mon travail sur ma page Facebook « Claire Pedrazzoli – illlustrations et autres créations » : 

J’étais très heureuse d’avoir ce projet de spectacle pour enfants, car il associe mes deux passions.

Tu as maintenant un projet de duo avec Pablo Elcoq, peux-tu également nous parler de ce projet ?

Ce duo s’appelle Bear & Bird et ce nom se rapporte à nos voix : celle de Pablo, rauque et empreinte de blues, et la mienne, claire, aux accents de folk.
Nous nous définissons comme un groupe de folk/blues mais les influences sont bien plus larges. Pablo joue de la guitare classique, folk et électrique et je joue de la clarinette, du glockenspiel, de la cithare, du tambour et des petites percussions.

Qui compose et écrit les chansons ?

C’est Pablo qui a écrit et composé tout le répertoire. Les chansons sont en quelque sorte un dialogue entre nos deux personnages, qui chantent ensemble leur sensibilité, leur approche singulière de la vie.
Leur voyage est jalonné de moments de joie et de peine, de sentiments paradoxaux, de légèreté et de quête de sens, de solitude et de partage.

Pourquoi avoir choisi l’anglais pour vous exprimer ?

C’est tout simplement une question de musicalité. L’anglais est plus approprié à la composition de chansons folk ou blues. Il serait impossible de composer de la même façon avec des textes en français.

Quel est l’avenir de Bear & Bird ?

C’est un projet tout récent, nous avons fait notre premier concert en juin dernier, au Tadam Théâtre. Le prochain sera vendredi 12 janvier à 19h30, au bar du CEM (Centre d’Expressions Musicales, au fort de Tourneville, au Havre). Nous espérons trouver d’autres lieux pour accueillir ce très beau répertoire et puis aussi, peut-être, réaliser un album et d’autres clips. En effet, Pablo a réalisé un clip sur la chanson Tears are love et il n’est pas impossible que notre projet se dirige vers quelque chose de plus visuel si, à un moment donné, les conditions étaient réunies pour le faire.

As-tu fait des rencontres décisives pendant ta carrière ?

Oh que oui ! Il y a eu tout d’abord ma rencontre avec Grégory Saillard. C’est une rencontre décisive car le répertoire que nous jouions était très exigeant vocalement, j’ai beaucoup travaillé ma voix pour pouvoir le chanter correctement. Et puis c’est avec Grégory que j’ai commencé à faire des concerts.
Ensuite, j’ai rencontré Élise Delahaye, excellente musicienne, guitariste, chanteuse et professeur d’éveil musical au CEM (Centre d’Expressions Musicales). Nous avions un duo de reprises folk, Élise & Claire et puis, au début du printemps 2020, juste avant le confinement, j’ai eu l’idée de reprendre avec elle des fabulettes d’Anne Sylvestre. Ces chansons ont bercé mon enfance et je me suis rendue compte que les enfants d’aujourd’hui ne les connaissaient pas ou peu. C’est Élise qui a eu l’idée des illustrations et j’ai tout de suite pensé à la boîte à manivelles ; c’était l’objet idéal, découvert quelques temps auparavant, par hasard, sur internet. C’est ainsi que le projet de départ s’est transformé petit à petit en spectacle.
Et ce spectacle n’aurait pas vu le jour sans l’intervention de Vincent Cailly. Je savais qu’il aurait le matériel et surtout le savoir faire pour me fabriquer une boîte à manivelles. Il a réalisé un prototype qui fonctionne aujourd’hui parfaitement.
Entre temps, Élise a du quitter le projet car elle développait sa propre activité, l’association Polisson, qui propose des ateliers musicaux. Elle n’avait plus le temps et c’est justement à ce moment que j’ai rencontré Pablo Elcoq. Pablo m’a proposé d’écrire des arrangements, pour que je puisse les diffuser ensuite avec une enceinte Bluetooth. Il a été par la suite d’une grande aide pour mon projet : il a effectué quelques réglages sur la boîte à manivelle, réalisé mes outils de communication (visuels, vidéos, plaquette) et il m’a accompagné dans la mise en scène. Il a aussi créer un coquillage dans lequel on entend ma voix qui chante « Petite musique au fond d’un coquillage » 
Bref, sans toutes ces personnes merveilleuses, je n’en serais pas là aujourd’hui.

Quelles étaient et quelles sont tes influences musicales ?

J’ai évoqué plus haut mes premières amours musicales… Grégory m’a fait découvrir pas mal d’artistes folk que je ne connaissais pas : Joan Baez évidemment, mais aussi Nick Drake, Donovan. Il y a aussi Aldous Harding, une fabuleuse artiste Néo-Zélandaise, découverte dans un Tiny desk de la radio américaine NPR. J’écoute assez peu de musique aujourd’hui, étrangement… J’aime le silence.

Pour terminer, peux-tu nous présenter  trois artistes normands que tu apprécies ?

Trois, ce n’est pas assez!  Il y a beaucoup de talents dans la région, ne serait-ce qu’au Havre ! Mais s’il faut choisir.
Je parlerai tout d’abord de Pablo car c’est un artiste épatant, très inventif, aux multiples casquettes.
Auteur, compositeur, interprète, multi-instrumentiste, dessinateur, graphiste, il fabrique aussi des instruments avec des matériaux de récupération. Il travaille essentiellement pour des pièces de théâtre dont il compose la musique, qu’il joue aussi sur scène. La dernière en date est Black March, mise en scène par Sylvie Orcier. C’est une pièce magnifique. Pablo a aussi monté un répertoire de reprises, Blue covers, des chansons dont les auteurs sont, d’une façon ou d’une autre, des héritiers du blues.

Ensuite, un de mes groupes favoris au Havre : Bare Hands, avec Pierre Hélary (auteur, compositeur, guitariste et chanteur), Romain Pimoulle (bassiste, chanteur) et Simon Fleury (batteur, chanteur). C’est une formation plutôt folk à l’origine qui a choisi de s’orienter vers l’électrique. Les compositions de Pierre sont d’une grande sensibilité, musicalement très riches et finement interprétées.

Et pour finir, je voudrais présenter Grapes, un autre excellent groupe havrais, orienté pop/rock et formé par Stanislas Morel, Cyril Chédeau et Sébastien Rault. Leur deuxième album, Slow motions, a vu le jour en novembre dernier et c’est très beau. Nous sommes très heureuses, mes sœurs et moi, d’avoir prêté nos voix pour trois chansons de cet album et d’autres collaborations sont à venir

Entretien réalisé par Flora Fortier et Grégory Constantin Janvier 2023

Contribution à la rédaction Fabrice Autret

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