A l’occasion des nouvelles représentations de « Tendre et cruel » les 5 et 6 février au THV, j’ai rencontré Fabrice Autret du Théâtre de l’impossible. Le comédien Havrais  a laissé son costume de prince (dans la pièce de Cendrillon) pour celui d’un journaliste.

Gagnez 10 places pour la pièce du 5 ou 6 février en participant au jeux sur la page jeu du site.

Bonjour Fabrice.
Vous êtes comédien au sein de la troupe Le Théâtre de l’Impossible qui va présenter  la pièce « Tendre et cruel » de Martin Crimp les 5 et 6 février au THV du Havre, qu’est-ce qui vous a séduit dans cette pièce ?

C’est d’abord un projet de groupe, nous faisons des lectures bien en amont, et le texte qui retient le plus d’avis favorables à la lecture est choisi pour être présenté l’année suivante.

Qui est à l’origine du projet ?

En l’occurrence ce projet était un coup de cœur de Jean-Baptiste (Lemarchand, le metteur en scène ndlr),  de Mathilde Mahier et Christian Richer, comédiens de la troupe.

Le texte de Martin Crimp a déjà 12 ans, il est lui-même une adaptation contemporaine des Trachiniennes de Sophocle, cette pièce est-elle malheureusement intemporelle ?
Lorsque nous avons commencé à travailler sur la pièce en septembre 2014, nous n’étions pas particulièrement touchés par une actualité liée au terrorisme.
Les attentats de Charlie Hebdo en janvier nous ont plongés dans l’horreur et l’incompréhension, le texte prenait tout à coup une résonance particulière puisque le général part en guerre contre le terrorisme. Depuis, il y a eu en plus, les attentats de Paris.
Au-delà de l’actualité, la pièce parle de guerre et d’amour, ces sujets ne sont-ils pas intemporels ?
Pourriez-vous nous raconter la pièce en quelques mots  ?

Elle reprend la trame de la tragédie grecque, on retrouve Héraclès qui est aujourd’hui un général combattant le terrorisme, Déjanire s’appelle à présent Amélia, la femme du général, et le Centaure est devenu un chimiste qui a préparé un philtre d’amour (et de vengeance) On retrouve le mélange typique des tragédies, grecques ou élisabéthaines, à savoir, l’intime et le politique.

Combien de personnages gravitent autour d’Amélia, la femme du général ?
Amélia et son fils James 20 ans,  vivent reclus en attendant le retour du général. Elle est entourée de son personnel de maison, qui reprend la tradition du « chœur » dans la tragédie grecque.
Il y a aussi un journaliste qui amène la vérité, et un politique qui manipule l’opinion et les protagonistes au profit de son gouvernement.
Laela et Edu, 2 enfants d’Afrique subsaharienne.
Et bien sûr son mari, le général, qu’elle attend impatiemment et qui revient de mission.

Avons-nous dans cette pièce la totalité du Théâtre de l’Impossible ?

L’effectif de la troupe augmente ou diminue en fonction des projets, de 3 à 30 comédiens selon les spectacles!

Pouvez-vous nous parler de votre rôle ?

J’interprète Richard, le journaliste, il se précipite chez Amélia pour lui faire entendre la vérité, lui ouvrir les yeux sur ce qui se passe sous son toit et dans le monde.

C’est un petit rôle par sa présence mais très important car il est un révélateur dans le déroulement du récit.

Amélia est jouée par Angelina Diaz, est-ce la première fois que vous jouez face à cette comédienne ?

C’est la deuxième fois mais c’est la première fois dans un face-à- face plus important. Dès les premières répétitions, c’était un tel bonheur de la regarder jouer que j’ai adhéré tout de suite au projet et j’ai très vite su que ce serait un beau spectacle. Donner la réplique à de très bons comédiens ne peut que vous rendre meilleur ou vous pousser à l’être.

Vous retrouvez le THV du Havre avec « Tendre et Cruel » presque un an après la première représentation, des choses ont-elles changé dans la pièce ?

Le texte ne change pas, en revanche il a mûri en nous, il nous éclaire davantage, ce qui induit des changements, de jeux, d’intention pour être le plus compréhensible par le public.
Certains comédiens indisponibles ont été remplacés, c’est notamment  le cas de James le fils d’Amélia et Antoine reprend le rôle avec brio.

Cette pièce a-t-elle ou va-t-elle être présentée à des festivals ?

Nous l’espérons, nous nous inscrivons aux sélections. Ce serait l’occasion de montrer toute l’étendue du travail de la compagnie qui, bien que restant attachée aux textes contemporains, peut monter des pièces aussi différentes que « Cendrillon » de Pommerat et « Tendre et cruel ».

Vous avez participé à de nombreux projets de la compagnie, quels sont pour vous les meilleurs moments passés sur scène ?

Bal masqué de Lermontov au Volcan, mon premier spectacle avec la compagnie, où j’interprétais le prince Svesditch, un beau personnage complexe à défendre, c’est un souvenir important pour moi. Il y en a eu plein depuis, et à nouveau un prince dans « Cendrillon » de Joël Pommerat en 2014-2015 où je devais, en plus de jouer la comédie, chanter et jouer de la guitare face au public, ce fut une très belle expérience. En 2011  j’ai aussi complètement changé de registre en interprétant un pédophile psychopathe dans « Le Grenier » de Jôji Sakate.

Faire le grand écart entre les compositions est un vrai plaisir pour un comédien.

Pour finir quels sont les projets de la compagnie pour cette année 2016 ?

La reprise de Labyrinthe(Secret) dans les bibliothèques Salacrou et Niemeyer fin février, la reprise des 3 sœurs Jacques, la création d’un spectacle autour de Marcel Duchamp, et nous avons commencé les lectures qui nous permettront de choisir notre futur spectacle pour 2016-2017. Et puis retrouvailles avec le festival du polar à la plage avec une nouvelle création: « Jusqu’au bout » présentée en juin 2016.
On peut suivre l’actualité de la troupe sur le blog et/ou sur Facebook.

Entretien réalisé par Grégory Constantin Janvier 2016

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