Fraîchement auréolé d’une Tour d’Or au festival de Théâtre Amateur FESTHEA de Tours, le Théâtre de l’impossible revient  avec la pièce Marcel Duchamp “Soigneur de gravité”, qui sera jouée à nouveau au Petit Théâtre le samedi 28 Novembre.

Jean-Baptiste Lemarchand met en scène, le 2 février prochain, 3 comédiennes de la compagnie:  Adeline Jeanne, Virginie Daubeuf , Louise Jeanne, dans une pièce de Jean Genet.
« Les Bonnes », pièce sûrement inspirée de l’affaire des Soeurs Papin.

J’ai rencontré les comédiennes pour en savoir un peu plus sur la préparation de ce spectacle.

Le Boulevard des Artistes et le Théâtre de l’Impossible vous proposent un jeu pour remporter 10 places pour la pièce de Théatre Marcel Duchamp Soigneur de Gravité. La pièce sera jouée le 28 Novembre au Petit Théâtre du Havre. Cliquez ici ! 

Bonjour, pourriez-vous tour à tour vous présenter aux internautes qui ne vous connaîtraient pas ?

Virginie  : Je joue au théâtre depuis de nombreuses années. Ces derniers mois j’ai joué dans « Jusqu’au bout » (performance au bout du monde), « Les soeurs Jacques », « Le lounge » à la maison et l’ouverture du CEM avec le Théâtre de l’Impossible.

Louise : Je m’appelle Louise Jeanne. Je suis professeure d’anglais le jour, comédienne le soir !

Vous avez toutes les trois une longue expérience dans le théâtre, vous souvenez vous de vos premiers pas face à un public ?

Virginie  : A 4 ans devant mes pauvres grand-parents et plus tard au Théâtre des Bains Douches dans un monologue de Durringer sous la direction de Colette Colas.

Souvenirs intenses et lumineux.

Louise : Devant des camarades de classe à l’école. Plus tard, au cours des spectacles de fin d’année des ateliers théâtre auxquels j’ai participé…

Adeline  : J’ai commencé très tôt le théâtre, je crois que ma première expérience était celle de l’atelier du Théâtre des Bains Douches, je crois que c’était des morceaux de pièces, je devais avoir 10 ans.

Comment s’est passée votre première rencontre avec le théâtre de l’impossible ?

Virginie  : Tout d’abord comme spectatrice, à chaque fois étonnée par leur douce folie et la qualité des textes choisis.

Plus tard en sdf devant le THV, de la terre sur la figure…

Louise : D’abord en tant que spectatrice de leurs pièces de théâtre « à l’arraché”, un peu plus ébouriffantes les unes que les autres…

Puis je suis allée avec une copine rencontrer Jean-Baptiste -au culot lors d’une répétition- et on lui a demandé si on pouvait faire partie d’un projet.

Au départ, il n’avait pas l’air très intéressé, mais a finalement accepté que mon amie et moi fassions de la figuration dans sa nouvelle création. Et c’est comme ça que j’ai intégré la troupe du Théâtre de l’Impossible. La pièce s’appelait « Célébration » de Harold Pinter.

Adeline  :  Ma mère jouait dans la troupe et JB me connait depuis ma naissance. Il fût également mon professeur d’art plastique et également mon metteur en scène au sein de l’atelier théâtre du collège. J’étais prédestinée à jouer dans cette troupe !

Le métier de comédienne ne vous a jamais tenté ?

Virginie  : Oui.

Louise : Si, bien sûr. Mais je n’ai jamais osé prendre le risque…

Adeline  :  Bien sûr, j’ai été admise au conservatoire national de Rouen avec pour objectif de devenir professionnelle mais je me suis vite rendue compte que ce métier n’était pas pour moi.

Quel est votre plus beau souvenir de scène ?

Virginie  : Difficile à dire, il y a  tant de beaux souvenirs…

Peut-être sur les “3 soeurs Jacques “,  pour tous nos fous rires en coulisses et le réel bonheur d’être toutes ensemble et le joli retour du public.

Louise : J’en ai beaucoup… Entre autres un accouchement dans « Cet enfant » de Joël Pommerat.

Adeline  :  J’en ai tellement, des fous rire, des prises de becs, des réflexions collectives, des oublis,  des moment de solitude, je crois que ce que je préfère c’est l’adrénaline avant d’entrer en scène .

Lorsque Jean-Baptiste Lemarchand vous a proposé l’un des trois rôles de la pièce de Jean Genet, qu’elle a été votre réaction ?

Virginie  : OOOUIIi!!!!

Je fais totalement confiance à Jean-Baptiste et c’est une grande joie qu’il me propose ce rôle.

Louise : Totalement flippée !! Je savais qu’on s’attaquait à un monument…

Adeline  :  J’ai été fière, fière qu’il me fasse confiance et fière de jouer avec ces partenaires !!

Connaissiez-vous la pièce ou aviez vous entendu parlé du fait divers ?

Virginie  : Je connaissais plus l’histoire des soeurs Papin que la pièce.

Louise : Je connaissais bien sur la pièce, un classique… Quant au fait divers, j’en avais déjà entendu parler, notamment à travers les différentes adaptations cinématographiques.

Adeline  : Je connaissais la pièce, nous avions utilisé un morceau du texte pour un des théâtres à l’arraché du théâtre de l’impossible (d’ailleurs louise tenait mon rôle si mes souvenirs sont bons) et je connaissais bien sûr le fait divers, je l’ai découvert avec le film “Blessure assassine” avec Sylvie testud et j’ai également regardé “La cérémonie” qui s’inspire largement de ce fait divers également.

Les rôles de cette pièce sont particulièrement puissants ! Comment vous les êtes vous appropriés ?

Virginie  : Nous avons fait un grand travail de lecture pendant 6 mois.

Nous savions que chaque protagoniste était indissociable des autres : Madame existe par les bonnes et les bonnes existent par Madame.

Nous sommes très complices et attentives les unes aux autres…

Plus d’un an de travail ensemble pour défendre le même texte ça crée forcément une grande complicité.

Sous le regard toujours généreux de Jean-Baptiste.

Louise : Après de longues séances de lecture et d’intenses discussions autour de la table pendant plusieurs semaines avant de nous lancer sur le plateau.

Adeline  :  En travaillant

Comment se sont passées les répétitions avec le metteur en scène?

Virginie  : Intenses, fructueuses et jubilatoires.

Louise : C’est toujours du bonheur d’être mise en scène par Jean-Baptiste ! (C’est ça qu’il fallait répondre, non?!)

Adeline  :  JB a une manière de faire avec les comédiens qui est assez agréable, il nous valorise beaucoup (même quand tout le monde sait que c’est naze !! (rires)). Il nous laisse nous approprier le texte et adapte ses idées en fonction de nos propositions de jeu, c’est très souple mais il ne s’éloigne jamais de son idée de départ et parvient toujours à nous faire aller là où il veut. C’est en tout cas très agréable et fluide. C’est très bienveillant et cela donne envie de se donner à fond.

Les 3 rôles de la pièce sont forts, mais la lumière et le décor tiennent-ils également des places importantes dans la mise en scène ?

Virginie  : C’est un huis-clos, donc le décor est lui même un personnage. Jean-Baptiste nous a présenté tout d’abord sa vision du décor avant le travail de lecture ( peinture, photos d’artistes…).

C’ est un artiste.

Louise : Oui bien sûr ! D’ailleurs, on s’en souviendra de ce décor au sein de la troupe…

Adeline  :  Le décor et la lumière sont effectivement très importants, ils ont également un rôle bien à eux. Ils soulignent le propos, adoucissent les effets…

 

Comment analysez-vous ce qui s’est passé le 2 février 1933 ?

Virginie  : Jean Genet s’est toujours défendu de s’être inspiré de l’affaire Papin. Ecoutons le.

Louise : Je ne sais pas vraiment… Crime de classe ? Folie ?  

Genet, avec un peu de mauvaise fois sans doute, a toujours affirmé ne pas s’être inspiré de l’affaire des sœurs Papin. La pièce, en effet, ne l’utilise que  comme prétexte…

Adeline  :  Les Allemands vivaient une période difficile, le contexte socio-économique ne pouvait qu’engendrer ce genre d’acte, il n’est pas étonnant que l’incendie du reichstag se soit déroulé à cette période……c’est bien de ce fait divers que l’on parle non ??

La première se jouera le 2 Févirer prochain au Théâtre de l’Hôtel de Ville du Havre.
Est-ce intimidant de devoir jouer dans une salle comme celle-ci ?

Virginie  : Quel que soit le lieu, le fait seulement de jouer cette pièce est déjà très intimidant.

Louise : Jouer au THV ne sera pas une première pour aucune des trois comédiennes. Pourtant, en ce qui me concerne, j’ai un sacré trac de présenter cette pièce, en particulier dans cette salle…

Est-ce à ce jour le rôle ou la pièce la plus forte que vous ayez jouée ?

Virginie  : Non

Louise : C’est un des rôles les plus forts que j’ai joué, c’est certain.

Adeline  : C’est un très beau rôle en effet mais ce n’est pas le plus fort pour moi, mon rôle le plus fort à été celui de « Bas l’enfance » mis en scène par Chantal Lebourg de la compagnie tux hinor, où j’ai eu le plaisir de partager cette pièce magnifique avec Evelyne Deschamps. Un moment de théâtre inoubliable.

Que souhaiteriez vous jouer après cette pièce ?

Virginie  : Une farce en plein air…

Louise : Je ne sais pas. Continuer de jouer, c’est tout.

Adeline  :  Une vraie méchante sanguinaire !!

Pour terminer pouvez-vous nous présenter 3 artistes de la région que vous appréciez particulièrement ?

Virginie  : Jean Bon pour sa poésie, Jérôme Sirou pour son trait drôle et intelligent, »Leave her to heaven » pour sa douce mélancolie.

Louise : La troupe d’improvisation théâtrale « Les Improbables ». Je suis toujours très admirative de la vivacité d’esprit et du culot nécessaires pour réussir dans ce domaine.

Miguel Do Amaral Coutinho, du collectif Mural Art, dont les projets artistiques sont toujours une joyeuse et stimulante curiosité pour les Havrais, notamment la Friche à Danton ou plus récemment l’escalier de Montmorency…

Alexis Delahaye, réalisateur havrais qui excelle aussi bien dans la réalisation de court-métrages drôles et absurdes que dans le cinéma documentaire.

Adeline  :Notre région est un vivier extra pour la culture en ce moment !! Jace , pour nous faire découvrir notre ville et le monde via la culture urbaine.

La compagnie du Tux Hinor, compagnie avec laquelle je travaille également et Riles, c’est du bon son !!

Entretien réalisé par Grégory Constantin, Novembre 2018

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