À l’occasion des 150 ans du club du HAC, Paul Leclerc journaliste au Canard enchainé retrace l’histoire du club doyen du football français dans un livre de 143 pages. De passage dans sa ville natale en décembre dernier, l’écrivain a bien voulu nous rendre visite pour répondre à nos questions …

 Bonjour M. Leclerc, vous venez de publier un livre sur les 150 ans du Hac,  Le Hac 150 ans de passion,  pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Je suis né au Havre en 1980, j’y ai vécu jusqu’au début des années 2000, je suis alors parti poursuivre mes études à Paris. Depuis une dizaine d’années je suis journaliste à Paris, mais je vis toujours au Havre, une ville qui m’émerveille chaque jour un peu plus.

Quel est votre attachement avec le club du Hac ?

C’est un attachement qui remonte à l’enfance. Mon père m’emmenait au stade, c’est lui qui m’a fait découvrir le football. C’est surtout le club de ma ville, celui dont on connaît les vieilles histoires, les anciennes gloires, celui dont on parle dans les bistrots, même si je trouve que l’engouement est bien moindre qu’il y a quelques années…

 A quel moment avez-vous commencé votre projet sur les 150 ans du Hac ?

C’est un projet d’un an, de la première rencontre avec la maison d’édition, les éditions des Falaises, à la publication. L’enjeu était d’être prêts pour Noël, le livre étant un cadeau idéal pour quiconque aime le club et suit, de près ou de loin, ses péripéties.

Quelles étaient vos relations avec le club au début du projet ?

J’avais prévu de faire ce livre de manière indépendante du club. Mais, par correction, j’ai informé la direction de mon projet. Après quelques décisions, nous avons convenu que le bon sens serait d’en faire le livre « officiel ». J’ai pu utiliser le logo, consulter les archives, bénéficier de la communication du club… Mais la condition était que je garde une totale liberté éditoriale, ce qui a été le cas. Ce n’est pas Vincent Volpe qui a tenu le stylo. Je ne l’ai d’ailleurs jamais rencontré.

 Comment avez-vous procédé pour démarrer vos recherches ?

J’ai commencé par lire tout ce qui a été écrit sur le HAC ces dernières années. Les plaquettes éditées pour les précédents anniversaires, les livres de journalistes, les thèses d’universitaires sur les débuts… Puis j’ai discuté avec quelques personnes qui suivent le club depuis des décennies. Et je me suis lancé dans la rédaction. L’idée n’était pas de lister tous les résultats, mais de raconter l’histoire du club, ce qui est bien différent.

Les livres de votre père et celui de Bruno Mercier ont-ils influencé vos recherches ?

Le livre de mon père s’arrête au matin de la saison 1986, en Première division, donc. C’est-à-dire il y a plus de 30 ans ! Son livre a constitué une formidable base de départ, mais il a fallu écrire la suite… Quant au livre de Bruno Mercier, qui est une mine également, il s’agit surtout d’une liste des joueurs passés par le club. Ce fut bien sûr un document utile dans la rédaction, mais son format est bien différent du mien.

La première partie du livre est dédiée aux stades, avez-vous quelques anecdotes à nous livrer ?
Le livre comporte en effet trois parties : les lieux, l’histoire générale et les divers exploits. La partie sur les lieux est intéressante parce qu’elle suit l’histoire de la ville et du pays. En 1914, par exemple, Albert Schadegg, qui dirige la section football-association, achète un terrain qui nécessite beaucoup de travaux, notamment de terrassement. C’est la Cavée verte. Mais la Première guerre éclate. Au fur et à mesure des combats, plusieurs nationalités se relaieront sur le chantier : les alliés anglais et belges, puis des prisonniers allemands. Le HAC prend finalement ses quartiers ici et délaisse le stade Langstaff, à Sanvic.
Avez-vous rencontré des anciens joueurs et des dirigeants du club pour la deuxième partie du livre dédiée à l’histoire du club ?

Pas assez à mon goût ! Les délais étaient tels qu’il fallait avancer vite. Alain Belsoeur, un dirigeant historique du club, a eu la gentillesse de répondre à mes questions, ainsi qu’Olivia Detivelle, supportrice et mémoire du club, mais aussi Benoît Donckele, qui suit le HAC depuis vingt ans pour « Paris Normandie ». C’était primordial, pour moi, de « valider » mon texte par des experts.

Quel est selon vous la partie de l’histoire du club la plus passionnante ?

Il y a bien sûr l’année 1959, où l’on accède à la Première division et où l’on remporte la Coupe de France. Mais je trouve aussi fort intéressante la période où le club s’apprête à devenir professionnel, ce qu’il fait en 1933. Pourtant, Shadegg est un farouche défenseur de l’amateurisme et des valeurs qui vont avec ! Mais les mœurs ont changé et le foot, en France, devient de plus en plus populaire : les autres clubs deviennent pros, donc ne pas y aller reviendrait à jouer dans un sous-championnat. Surtout, les joueurs demandent, à juste titre, pourquoi ils ne toucheraient pas de l’argent puisqu’on fait payer les tickets d’entrée…

Hormis le titre de Coupe de France 1959, quels sont les titres majeurs du club ?

Les débuts du HAC sont prolifiques : alors qu’il n’existe que quelques équipes dans le pays, le club obtient des résultats tonitruants. En 1899 et 1900, il est sacré champion dans des conditions rocambolesques que l’on raconte dans le livre. On ne peut bien sûr pas oublier la coupe de France 1959, suivie du Trophée des champions, ni la demi-finale de coupe de la Ligue en 1995 contre le PSG. Enfin, le club a été sacré 5 fois champion de Deuxième division, la dernière fois en 2008… Ce qui commence à faire loin.

A titre personnel, quels sont les moments les plus forts que vous avez vécu ?

Comme beaucoup d’enfants – et d’adultes – j’ai été marqué par les quelques passages du grand Olympique de Marseille à Deschaseaux. Voir débarquer les Waddle, Papin, Boli etc. dans notre stade, c’était quand même quelque chose ! A cette époque, le club passe neuf saisons consécutives en Première division, c’est l’apogée de l’ère Hureau, qui a fait énormément pour le HAC.

Quels sont selon vous les joueurs les plus emblématiques du club ?

Très difficile de répondre, car on ne peut pas tous les citer. Spontanément, pour la période « contemporaine »,  je dirais Dhorasoo, Revault, Lesage et Bonnet. Les anciens parlent beaucoup d’Olarevic, Pain, Mahut, Delaunay. Les plus anciens encore gardent en tête Strappe, Saunier ou les frères Bihel.

Quels sont ceux qui vous ont marqué et que vous avez pu voir jouer ?
Parmi ceux que j’ai vus, j’ai admiré par exemple Thierry Moreau, je garde de lui le souvenir d’un joueur hyper élégant et intelligent. Alain Casanova, dans les buts, m’a aussi fait rêver, tout comme Tiéhi en attaque. Plus récemment, j’avoue que je suis passé à côté du potentiel de Mahrez, mais Benjamin Mendy, puis Ferland, m’avaient tapé dans l’oeil.
Ou peut-on se procurer ce livre ?
Le livre est disponible partout au Havre (FNAC, Auchan, Leclerc, La Galerne…) et sur les plateformes de vente en ligne (Fnac, Amazon…) au prix de 25 euros.
Avez-vous d’autres projets d’écriture ?

Oui, mais ce ne sera pas forcément sur le football ni sur Le Havre. Et c’est pour l’instant encore un peu flou.

Pour terminer pouvez-vous nous présenter trois artistes de la région que vous appréciez ?
J’aime bien ce que fait Pierre Lenoir-Vaquero, photographe et graphiste havrais, ainsi que Mascarade, artiste peintre dont le style est reconnaissable parmi mille. Pour les amateurs de grande musique, je recommande les récitals de Domitille Bès, pianiste havraise de très haut niveau.

Entretien réalisé par Grégory Constantin Décembre 2021 

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