Filipe Monteiro alias « Effé » est parisien de naissance mais a choisi de vivre en Normandie depuis plusieurs années. L’artiste qui a eu l’occasion de jouer sur les plus belles scènes françaises comme l’Olympia, le Zenith de Lille ou même le Studio 128 pour un Taratata, nous a accordé un entretien après nous avoir interprété deux morceaux lors de notre Magic Boulevard 4 ainsi qu’un autre morceau au Studio Com’des Images.
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Filipe monteiro, intermittent du spectacle,  musicien auteur-compositeur-interprète.
Quels ont été tes premiers rapports avec la musique ?
Mon père, guitariste à ses heures et ma mère qui aimait beaucoup chanter, interprétaient à chaque repas de fête familial, des chansons portugaises populaires et du Fado. Les guitares étaient là, à la maison à portée de main et d’oreilles.
Quel a été ton premier instrument ?

Mon premier instrument  fut imaginé, créé, fabriqué,  avec minutie par moi-même. Je devais avoir 9 ou 10 ans. Les matériaux n’ont pas été difficiles à trouver, ils se trouvaient chez moi : bidon de lessive, bassine, plateau métallique ( ceux utilisés normalement pour le service à thé ou les verres à cocktails ), aiguilles à tricoter de ma mère et voilà:

Ma Première Batterie ! système D.

J’étais déjà en mode recyclage.
Et puis, quelques années plus tard mes parents m’ont offert une Tama  » swingstar » (batterie de mes rêves à l’époque). Mais mon réel premier instrument fut une basse,  que mon frère (guitariste et venant de monter son propre groupe de rock) m’a offert en me proposant de prendre la place de bassiste qui manquait pour que son groupe soit au complet. Moi je lorgnais sur la place de batteur, malheureusement déjà occupée … Mais je ne désespérais pas de l’obtenir un jour.
Quelles étaient à l’époque tes premières influences musicales ?
J’avais un cousin qui, avec un ami avaient ambitionné d’avoir une discothèque tel un disquaire. Ils achetaient donc beaucoup de vinyles et les achetaient de nouveau dès qu’à leurs oreilles, les craquements étaient trop présents  ou que les pochettes étaient trop abimées. Il passait alors chez nous et nous donnait ses « vieux » albums. La grosse découverte et la claque fut les Beatles.
J’écoutais leurs disques en boucle et c’est encore aujourd’hui mon groupe de référence (comme pour beaucoup évidemment). 

As-tu rapidement intégré un groupe ?

Oui, le fameux groupe de mon frère, en tant que bassiste.
J’ai eu trois semaines pour apprendre les rudiments de l’instrument avant mon premier concert à 14 ans.

Quelles ont été les premières grandes dates de votre groupe ?

Ce groupe « DIFERENCAS » a existé longtemps, même si tout au long de sa vie il a eu plusieurs visages. Deux albums sont sortis (le dernier en 2002), beaucoup de concerts en festivals notamment. Je retiens le Bataclan (notre première scène de renom).

Pourquoi votre groupe a-t-il pris fin ? 

Comme pour beaucoup de groupes, arrive ce moment où l’énergie n’est plus, le rêve de percer s’étiole. d’autres choix s’imposent et les chemins se séparent.

Quelle a été la suite de ton projet artistique ?

J’ai continué mon parcours musical mais de co-fondateur de groupe je suis devenu side man, en tant que bassiste et/ou contrebassiste.
J’avais bien sûr toujours des mélodies qui me trottaient dans la tête et je jetais sur le papier des idées, des bouts de textes mais je mettais cela en stand-by.

Qu’avez-vous produit durant cette période ?

Avec DIFERENCAS nous avons produit deux albums  dont je suis très fier. Avoir joué en live, fait des télés et cotoyé les musiciens qui  ont participé à cette aventure est quelque chose de positif dans mon parcours.

Quelles ont été les plus grandes scènes et moments de cette collaboration ?

J’ai ensuite fait partie de plusieurs projets, qui m’ont amenés à jouer sur des scènes telles que le Zénith (avec FELIPECHA) ou l’Olympia (avec Simon Dalmais et Camille) et des plateaux télés, notamment TARATATA (FELIPECHA) et radio en live (le pont des artistes sur France inter).
A quel moment as-tu décidé de partir vers un projet plus personnel ?
Parallèlement donc, j’avais des compos qui commençaient à s’entasser et l’envie de faire des spectacles pour enfants avec des conteurs/griots se profilait. J’ai co-fondé la compagnie Malé-Malé avec Toumani Kouyaté (Griot burkinabé)  que j’ai rencontré lorsque j’étais directeur de centre de loisirs. J’ai invité François Marnier à nous rejoindre avec son accordéon. Trois  spectacles musicaux ont été créés et plus d’une centaine de représentations ont eu lieu en trois ans.

As-tu un album en cours ? Si oui peux-tu nous en parler ?

Aujourd’hui le confinement m’a permis de pousser mon projet de livre/CD de conte pour enfant avec un spectacle musical l’accompagnant. Il est quasiment terminé. Je suis en démarche de label, maison d’édition .. et ce n’est pas une mince affaire.

Quel est ton processus de composition ?

C’est souvent une mélodie, un riff, un rythme qui me vient, soit à la guitare ou au piano. De cette ébauche j’ajoute un chant en yaourt mais parfois des mots me viennent avec l’atmosphère créée et un texte peut naître en peu de temps. J’aime assez le principe du premier jet, je ne suis pas un perfectionniste.

Tu as un autre projet d’album, peux-tu nous en parler ?

J’espère pouvoir aboutir à l’enregistrement d’un EP dans un premier temps avec mon projet perso  » Effé ». Les compos sont encore en chantier pour certaines et d’autres prêtes pour le studio. Des textes en français majoritairement mais également en anglais et possiblement en portugais aussi (ma langue maternelle). Tout cela reste à unifier.

Est-ce que les morceaux joués pour le Boulevard des artistes feront partie de cet album ?

Avec Olivier LeGall, guitariste qui m’a accompagné pour le Boulevard des Artistes au Magic Mirrors, nous avons interprété une de mes compositions en anglais Under the Oak Tree. Elle fera partie, oui bien sûr, de cet EP/Album.
De même que le titre que j’ai joué en acoustique dans vos locaux pour l’interview. C’est cette fois une chanson en français Persona Non Grata.

Quelles sont les sonorités de cet album ?

J’aime des artistes comme Joe Jackson, Radiohead, Frank Zappa, The Clash et David Bowie.
Ils ont tous en commun de ne pas s’être figés sur un seul son, un seul style. Ils ont toujours creusé, emprunté des chemins différents et c’est ce qui me plait, j’aime être dérouté, destabilisé même si parfois ça me met mal à l’aise. Je suis un grand fan de Siouxsie and the Banshees également. Elle a apporté beaucoup dans le rock et bon nombre de chanteuses, chanteurs et de groupes revendiquent son influence. Joni Mitchell, aussi, que je découvre et redécouvre depuis quelque temps. Et puis Jean-Louis Murat, Serge Gainsbourg, bien sûr, Bashung.

Tous ces artistes me nourrissent et logiquement transpirent, plus ou moins, dans mes compositions.

Hormis ces deux albums, as-tu d’autres projets en cours ?

Ce n’est pas ce que l’on peut vraiment appeler un projet. Depuis quelques années déjà, je viens dans les écoles et collèges pour proposer des ateliers autour de la musique, de la composition, de la découverte d’instruments.
J’interviens aussi en milieux associatifs, j’anime des cours de djembés pour des enfants autistes, notamment avec la ligue Havraise.

Pour terminer, peux-tu nous expliquer toi qui est parisien ce qui t’a amené en Normandie ?

La proximité avec Paris a joué sur le fait que je vienne m’installer en Normandie. Il faut dire aussi qu’être près de la mer et en même temps à la campagne est assez plaisant (du moins pour moi)
Tu ajoutes à cela un montant du loyer divisé par 2 pour une superficie multipliée par 3 et le choix de quitter la capitale s’avère être plus facile !

Peux-tu nous présenter trois artistes de la région que tu apprécies ?

Je ne saurais que vous conseiller fortement le nouvel album de Karen Lano, qui vient de paraître. Olivier LeGall qui m’accompagne aux guitares fait partie de ce très beau projet.

Naïade Plante est une photographe qui me touche beaucoup pour son regard qu’elle fige sur papier. Elle a publié il y a peu un ouvrage  » Massala Colors » (chez FL éditions ) sur ces voyages et sa vie passée entre L’Inde et la Normandie.

J’ai intégré, juste avant que la Covid ne vienne chambouler toute notre société, la Compagnie CasPeutPas basée sur Rouen et créée par la comédienne et auteure, Mélanie Cellier. Cette compagnie dynamique propose des spectacles pour enfants, pour adultes, autour de l’écologie, de la malbouffe, du recyclage et bien d’autres sujets encore.

Entretien réalisé par Grégory Constantin et Emma Lucas Février 2021

Contribution à la rédaction Fabrice Autret

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