Photo Denis Vase

Après son concert au New Morning en décembre Little Bob viendra enflammer le Magic Mirrors le vendredi 15 février à 21h00, nous l’avons rencontré chez lui pour un entretien exclusif.

Bonjour Little Bob, vous voilà bientôt de retour sur une scène havraise. A quand remonte votre dernier concert au Havre ?

C’était aux Jardins Suspendus l’été dernier pour le concert final du festival moZ’aïque avec le groupe Little Bob; au Magic Mirrors ce sera avec le Little Bob Blues Bastard, notre 1er concert avec ce groupe-ci remontant au mois de mai dernier à l’occasion de la soirée pour l’association pour le Madagascar.

Vous avez choisi de vous produire au Magic Mirrors, c’est un lieu que vous connaissez bien, n’est-ce pas ? (Référence à son passage lors du concert caritatif en faveur des enfants de Madagascar)

C’est un très beau lieu, apparemment un peu rejeté par le public havrais mais peut-être que si les gens connaissaient mieux la salle ils viendraient plus souvent, c’est une très belle salle avec une très bonne sono.
Vous avez enflammé le New Morning à Paris en décembre, un lieu fréquenté par les plus grands, que ressent-on après un tel spectacle ?

J’étais content de la réaction des gens et d’avoir une salle bien pleine, mais cela ne m’impressionne pas plus que d’avoir fait l’Olympia, le Zénith, le Bataclan, l’Elysée Montmartre ou la Cigale. Je ne suis pas blasé, il y a toujours un petit pincement au moment de monter sur scène, j’ai toujours le trac mais c’est moins impressionnant que de monter sur scène au Marquee Club à Londres, là où sont passés Les Animals, Les Garbles et les Stones.

Vous fêtez vos 37 ans de carrière cette année de la meilleure des façons avec la sortie d’un nouvel album ‘Break down the walls’, comment qualifieriez-vous cet album ?
C’est du Blues batardisé, c’est juste pour confirmer mon amour pour le Blues, c’est pour ca que j’ai monté ce groupe exprès, parce que l’autre groupe est un excellent groupe de rock’n roll, mais ce n’est pas le même répertoire à part deux ou trois chansons comme ‘Libero’ où je suis obligé de la jouer rock. Là on joue un petit peu plus bluesy, on a fait « Riding to Toulouse » comme on faisait il y a très longtemps avec les riffs de cette époque-là qui sont plus bluesy mais il ne faut pas oublier que sur mon premier album « High time » il y avait déjà une reprise de « You’ll be mine ». J’ai toujours aimé ce type de chansons depuis que j’ai écouté dans les sixties les groupes anglais qui étaient tous très inspirés par le blues et le rock’n roll, j’apprécie Chuck Berry et Little Richards par exemple. Il y a peu de morceaux originaux sur cet album, je n’ai pas vraiment eu le temps d’écrire à cause de certaines choses et d’autres, mais j’ai écrit le morceau « Break down the walls » parce que celui-là j’y tenais car on crée de plus en plus de murs dans la société actuelle et ces murs empêchent les gens de vivre.
Vous avez pendant une bonne partie de votre carrière été fidèle à votre groupe et à vos musiciens, cependant pour ce nouvel opus vous avez formé un nouveau groupe le Little Bob Blues Bastards, pouvez- vous nous en expliquer les raisons et nous présenter les membres de votre formation ?

L’autre groupe c’est un groupe de rock’n roll avec un peu de rhythm’n blues comme il y en a toujours eu chez moi mais pour cet album avec Little Blues Bastards je voulais un blues un peu plus batardisé, je voulais le rendre plus remuant et un peu plus étonnant. J’aurais pu le faire avec les mêmes musiciens, j’ai d’ailleurs fait appel à Bertrand Couloume qui joue avec moi depuis 21 ans, c’est un jazzman contrebassiste incroyable ! 6. Nous vous découvrons donc dans un autre style de musique mais retrouverons-nous le Little Bob rockeur ? Oui absolument il y a même de l’excitation à l’idée de se retrouver (avec le groupe Little Bob), on s’entend tous très bien, le groupe est très soudé, ce sont sûrement tous les concerts que l’on a pu faire ensemble qui nous ont rapprochés.

Une carrière comme la vôtre doit être riche en voyages et en rencontres, quelles sont celles qui vous ont le plus touché ?

Il y en a tellement que cela va être difficile d’en citer certaines plus que d’autres mais la rencontre avec un artiste comme Willy DeVille c’est quelque chose, c’était un artiste incroyable, on a même tourné ensemble en Angleterre et à Paris. Je pourrais également citer ma rencontre avec S.Johnny qui pour moi vaut Bruce Springsteen, il y a eu aussi la rencontre avec les musiciens de Clash, celle avec Chrissie Hynde des Pretenders. En ce qui concerne les lieux que j’ai fréquentés, parmi les plus difficiles il y a eu le Marquee Club, pour ma 1ère prestation là-bas en 76 j’avais des problème à la voix il a fallu me faire une piqûre pour me décontracter. Je retiens aussi les dates en Irlande du Nord avec les soldats anglais et leurs armes pour pas qu’on leur tire dessus au moment où il y avait de la baston, même les groupes anglais ne voulaient plus y aller, et puis il y a le concert à Madagascar devant 10000 personnes avec des coupures de courant à répétition, ce sont des souvenirs impérissables. Enfin je me rappelle cette tournée au Nigéria avec Joel Drei, un pianiste de jazz, quand lors d’un concert en plein air 300 étudiants ont repris mes chansons sans les connaître… Mais la rencontre la plus importante que j’ai faite dans ma vie c’est celle avec ma femme en 86.

Après le vinyle, le support CD lui aussi est en perte de vitesse, comment abordez-vous la chose et où pouvons-nous nous procurer ‘Break down the walls’ ?

A la Fnac ou chez Harmonia Mundi. J’aurais bien aimé sortir l’album en vinyle, l’album précédent du groupe devrait sortir en vinyle d’ailleurs. Mais surtout j’aimerais faire un best of de Little Bob Story et le sortir en vinyle, les enregistrements numériques c’est moins bien qu’en analogique mais le dernier album c’est un live que l’on a fait en deux jours en studio sans retouches et il est en numérique. Les gens ont tendance à se détourner de la musique car il y a tellement de choix de divertissement maintenant, mais heureusement les vrais fans achètent les albums parce qu’il y a l’objet, un album a une histoire et si tu télécharges sur internet, si tu copies quelques titres tu la perds cette histoire mais bon je ne sais pas combien de temps cela va durer.

Quels sont les titres majeurs (ou ceux que vous préférez) de votre album ?

J’adore ‘Break down the walls’, mais aussi ‘Evil’ parce que c’est un beau titre de Willie Dixon; ‘Circumstances’ de Captain Beefheart quand on la joue les gens adorent mais globalement je les aime toutes mes chansons sinon elles ne figureraient pas sur l’album; dessus il y a même ‘Feel like a bastard’ d’un ami, Dirty Ray.

Vous avez choisi pendant toute votre carrière de chanter en anglais, quelles ont été les raisons de ce choix ?
Parce que ca swingue d’avantage mais j’en paye parfois le prix parce que les gens voudraient comprendre mes textes. J’essaye de faire attention à ce que j’écris, j’aurais pu écrire mes ballades en français mais il faut que ca swingue, chanter en français c’est pas mon truc à moi. J’aurais pu être diffusé plus souvent à la radio mais je ne regrette rien.
Depuis un an nous donnons la parole aux artistes de la région havraise, quels sont les artistes que vous appréciez et que pensez-vous de cette démarche ?

J’apprécie les Black Sliders, François Labas, Dominique Omont, Marc Minelli, Doris, qui fait son truc à part, Olivier Duroc. J’aime aussi les acteurs qui ont joué dans le film ‘Le Havre’, ainsi que Michel Lacaille qui a joué dix ans avec moi, Gilles Adam, Jérôme Boyer, Juliette et Dominique Delahaye qui fait les polars pour les Ancres noires. Mais c’est bien de faire ce que vous faites, d’interviewer les artistes, car ça bouillonne en ce moment, je trouve ça très bien, continuez !

Quels sont les lieux que vous appréciez ou que vous aimez fréquenter ?

Quelques restos: j’aime le Zgorthiote c’est toujours très bon là-bas, le Punjab est un très bon restaurant indien, sinon j’aime le Grignot, la brasserie Paillette et les Grands Bassins. J’aime manger différemment de ce que je peux manger chez moi.

Pour terminer pourriez-vous nous dire combien de concerts vous avez donnés dans votre carrière et combien d’albums vous avez vendus ?

J’ai donné à peu près 400 concerts en Grande-Bretagne, peut-être 2000 ou 3000 en tout, et pour les disques j’ai sûrement dépassé le million.

Nous vous souhaitons de célébrer votre nouvel album dans une ambiance de folie au Magic Mirrors à la hauteur de tout le reste !

Propos recueillis par Romain Crevel.

Entretien réalisé par Grégory Constantin pour le site SAH- Février 2013

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