Quel était votre rapport à la musique lorsque vous étiez plus jeune ?
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours écouté de la musique, déjà dans le ventre de ma mère puisque mon père est aussi musicien. Mes deux parents aimant beaucoup la musique, il y avait toujours des CD qui tournaient dans la voiture ou le week-end à la maison. Par leur intermédiaire j’ai donc découvert les chanteurs français à texte et les groupes de pop/rock anglais qu’écoutait beaucoup ma mère et les artistes de folk celtique, de jazz, de blues et de hard rock qu’écoutait mon père.
Comment s’est passé votre apprentissage ?
Assez naturellement mon père m’a emmené aux journées d’inscriptions dans une école de musique vers l’âge de dix ans, sans spécialement m’avoir consulté avant d’ailleurs et en face de la personne qui gérait les inscriptions, il m’a demandé ce que je voulais faire. J’ai hésité quelques secondes entre le saxophone et la guitare et j’ai choisi la guitare instinctivement. Je ne regrette absolument pas. Depuis j’ai eu plusieurs professeurs à droite à gauche, j’ai beaucoup travaillé en autodidacte aussi et finalement je me suis très vite rendu compte que j’aimais composer par-dessus tout, autant la musique que les textes. Après le lycée j’ai voulu continuer d’étudier la musique et je me suis donc inscrit en fac de musicologie et au conservatoire de musiques actuelles. Aujourd’hui j’ai un master en musicologie et je termine cette année mes études en guitare électrique au conservatoire.
Quelles étaient vos influences ?
Elles sont vraiment très diverses et elles ont pas mal évolué avec le temps . Plus jeune c’était surtout les groupes de rock bien pêchus que je découvrais avec mon père qui me plaisaient (Iron Maiden, mon premier concert qu’il m’a emmené voir d’ailleurs, j’avais à peine 11 ans, c’était fou ! Mais aussi Motörhead, Black Sabbath, AC/DC etc…). Puis j’ai aussi beaucoup écouté des groupes celtiques qui chantaient en français comme Merzhin ou L’Ange Vert, et forcément il y avait des guitaristes qui me fascinaient comme Stevie Ray Vaughan ou Gary Moore par exemple.
Aujourd’hui par contre j’écoute davantage de jazz, notamment du jazz manouche et de la musique trad (klezmer, orientale etc.) et encore beaucoup de rock et de chansons françaises mais principalement quand les textes sont comiques parce que ça m’attire davantage.
Comment sont nés Les Agités du Bocal ?
Très simplement au lycée, avec l’envie d’écrire des chansons drôles en français sur fond de musique bien rock n’ roll ! En fait j’ai découvert Oldelaf et Ultra Vomit quasiment en même temps à l’âge de 15 ans et je voulais faire un style pile entre ces deux artistes, donc bien rock sans être metal non plus mais avec des textes plus proches de la chanson française que j’aimais déjà beaucoup à l’époque. Avec le temps le groupe s’est construit autour d’autres musiciens avec chacun leurs influences mais notre credo a toujours été le même : faire rire le public et leur faire passer un bon moment avec de la musique qui bouge !
Comment pourriez-vous qualifier votre musique ?
On dit que l’on fait du rock humoristique puisque c’est la manière la plus simple d’expliquer qu’un concert des Agités du Bocal, c’est de la bonne humeur, des chansons comiques et une musique qui se veut efficace et tout public.
Qui compose et écrit vos chansons ?
À part quelques textes en écriture collective, c’est principalement Thibault le guitariste et moi-même qui écrivons les chansons. Pour ce qui est de la composition, le texte arrive souvent avec une trame (une grille d’accord, une mélodie, etc.) et chaque musicien donne ses idées et construit sa partie autour pour en faire l’arrangement final.
Quel est votre processus musical ?
La plupart du temps Thibault et moi partons d’une idée de chanson ou d’une suite d’accords qui nous plaisent et nous écrivons le texte et le corps de la musique quasiment en même temps. Les mots induisent souvent une mélodie ou un thème général qui se met en musique assez simplement. C’est souvent assez explicite finalement, dès que l’on trouve une cohérence entre ce que l’on veut raconter, les mots que l’on choisit et la musique qui va avec, cela donne une direction de travail que le reste du groupe peut suivre sans soucis et chacun apporte sa patte.
Quels sont vos plus beaux souvenirs de scènes ?
Je dirais qu’il y en a beaucoup finalement. L’avantage avec le style de musique que l’on fait, c’est que chaque concert se veut être un moment de partage et d’interaction avec le public et au final, que l’on joue devant trente ou cinq cents personnes, on passe toujours un super moment avec eux. Après évidemment les quelques premières parties que l’on a faite (Elmer Food Beat en 2019 à Montivilliers ou Marcel et son Orchestre en 2021 au Trianon Transatlantique à Sotteville-Lès-Rouen) nous ont permis de rencontrer beaucoup de personnes d’un coup qui ont pu découvrir ce que l’on fait et y trouver un intérêt donc c’est aussi super agréable.
Quels sont vos projets pour les jours à venir ?
Étant donné que la période est malheureusement moins propice à faire beaucoup de concerts, nous travaillons d’arrache-pied sur notre album qui doit paraître en début 2023. Il y aurait une quinzaine de titres que nous enregistrerions petit à petit et cela commencerait à prendre forme. On a vraiment hâte de le sortir et de reprendre les concerts !
Quels sont vos inspirations, que ce soit pour la musique ou pour les textes sur cet album ?
C’est vraiment très diversifié. Il y aura des histoires de personnages un peu loufoques, des chansons d’amours décalées, des chansons sur des enjeux un peu plus sociétaux qui taquinent sans être donneur de leçon évidemment. On n’a aucune limite dans les thèmes abordés en tout cas donc on peut faire cohabiter des histoires de tatouages ratés avec des chansons d’amour ou des chansons qui tacle le capitalisme à outrance. Et pour la musique c’est pareil, on ne se refuse rien tant qu’on l’estime au service du texte. Du coup on passe sans mal d’une chanson punk à de la variété ou à du reggae ! Par exemple dans cet album il y aura la première chanson de zouk engagé (ou zouk à texte) de l’histoire (enfin on espère) (rires).
Vous avez tourné récemment un clip, pourquoi avoir choisi ce titre et comment s’est déroulé le tournage ?
Les hasards du calendrier (ou alors une préparation minutieuse en amont et parfaitement millimétrée, va savoir), ont fait qu’on a pas mal retravaillé ces derniers mois une chanson qu’avait écrite Thibault pendant les élections en 2017 et qui parle forcément de toutes ces promesses faites en période de campagne électorale et qui ne sont jamais tenues et de ces personnages politiques parfois à la limite de la caricature. Du coup, avec les présidentielles de 2022 qui approchent, on s’est dit qu’actualiser le texte et enregistrer cette chanson pourrait être une super occasion de tourner un clip fun et parodique d’une chanson inédite de surcroît puisqu’on ne l’a encore jamais joué en live. Donc si en plus ça peut permettre l’espace de quelques minutes de rire un peu de tout ça, on sera ravi.
Pour ce qui est du tournage, il a eu lieu en un week-end avec Yannis Cacaux de Norman Coast et son équipe, dans les locaux du Boulevard des Artistes qui ont bien voulu que l’on tourne chez eux. J’en profite d’ailleurs pour remercier une nouvelle fois toutes ces personnes sans qui cela n’aurait pu être possible et qui ont fait un travail remarquable.
Vous avez déjà eu l’occasion de rencontrer votre public avec ce nouvel album, comment se sont passées ces premières rencontres ?
J’ai testé plusieurs configurations scéniques : bar, soirée privée, café concert, boutique de vyniles, concert brunch… Mon concert à la Causerie a été particulirement marquant, de par la configuration intimiste du lieu, j’ai eu le sentiment de rencontrer mon public.
Pour terminer, pourriez-vous nous présenter trois artistes que vous appréciez particulièrement ?
Musicalement, je suis évidemment obligé de citer des collègues, les joyeux lurons d‘Hasta Siempre qui font de la musique bien festive aussi et qui jouent un peu partout. On devrait d’ailleurs les retrouver bientôt sur quelques scènes pour des concerts, ça sera forcément des chouettes moments et des dates à se noter dans les agendas .
Sinon il y a aussi Normanrock que l’on connaît bien, il a plusieurs casquettes mais il fait énormément de sessions photos lors des concerts notamment, il a vraiment un œil pour ça et il est adorable.
Enfin il y a aussi toute l’équipe de la compagnie de théâtre Little Boy que l’on salue et qui fait aussi beaucoup de choses cools au théâtre du présent à Mont-Saint-Aignan.
Entretien réalisé par Grégory Constantin et mis en page par Laurine Decoudu Mars 2022