Mani A. Mungai, vous participez au festival Pharenheit, pouvez-vous vous présenter ainsi que la compagnie Wayo ?
Je suis danseur et chorégraphe d’origine kenyane. J’ai découvert la danse contemporaine au Kenya, auprès d’Opiyo Okach, chorégraphe kenyan aujourd’hui également installé en France. Je me suis formé à L’Ecole des Sables de Germaine Acogny au Sénégal. Là-bas, Bernardo Montet m’a repéré. J’ai rejoint sa compagnie en 2002, puis je suis devenu permanent du CCN de Tours dont il était directeur jusqu’en 2005. Comme interprète, j’ai dansé pour Bernardo Montet (O.More, 2002 – Parcours 2C, 2004), Opiyo Okach (Shift…Center, 2005), Raphaëlle Delaunay (L’Echappée Couly, 2006 – Bitter Sugar, 2011 – Eikon, 2011), Farid Berki (Exodust, 2006), Emmanuel Grivet (Voici, 2007 – Nourrish, 2008), et actuellement pour Boris Charmatz (Levée des conflits, 2010 – Enfant 2011, – Flip Book 2012). La compagnie Wayo est l’association qui abrite mes projets de création. Je l’ai créée en 2006 à l’occasion de mon premier solo “Chronological Pt.1”. Elle est implantée en Haute-Normandie, à Evreux.
Vrai, il y a beaucoup de premières autour de cette création : – 1ère édition du festival Pharenheit – 1ère pièce de groupe pour moi après 3 performances en solo – 1ère pièce non autobiographique. Je suis ravi d’y participer et c’est un sacré challenge ! J’aime les challenges, ça m’a toujours aidé à aller plus loin, à m’aventurer sur de nouveaux chemins, à être curieux.
Je tire mon inspiration d’abord de ma rencontre avec les deux danseurs/ chorégraphes John Bateman et Dalmas Otieno. Puis, il y a le fait que nous parlons une langue en commun avec John, le français, et avec Dalmas, le swahili. Et nous parlons tous les trois l’anglais. D’où le choix d’un très long titre en anglais et en français, “I like-me (m’aime pas mal)”, c’était important pour moi qu’il y ait deux titres, sans pour autant que ce soit la traduction littérale. Je voulais jouer sur le double sens lorsqu’on entend le titre et lorsqu’on le lit : “même pas mal” / “m’aime pas mal“. Et “m’aime pas mal” comme “ne m’aime pas mal”, “aime-moi comme je suis”. D’où le choix des danseurs et les postures debout et à trois ou quatre pattes, la composition musicale des Bumcello, duo formé de Vincent Segal et Cyril Atef pour ce projet, d’où les costumes en noir et blanc ou plus colorés, la scénographie et l’éclairage, d’où la vraie image et le reflet, la représentation en présence d’un public ou en répétition. En bref, je veux pour cette pièce travailler sur la notion de différence et toute la richesse qui en découle.
Non, comme chorégraphe c’est ma quatrième pièce. Les autres sont “Chronological Pt.1” créée en 2006, “Babel Bled” et “Babel Blabla”, créées en 2010. “Babel Blabla” est une proposition qui mêle étroitement danse et vidéo, elle s’adresse à un large public de 7 à 77 ans ! La pièce sera d’ailleurs en tournée le mois prochain en Aquitaine et en Bretagne. Ce sont trois solos autobiographiques. Les deux derniers ont en commun un personnage de guerrier massaï. Dans “Babel Bled”, il retourne chez lui avec un baluchon sur le dos après avoir vécu ailleurs. Dans “Babel Blabla” il s’agit d’un enfant massaï qui fait le voyage de la savane kenyane en Occident. Il y découvre la jungle urbaine. Je reprends à mon compte les rituels initiatiques des tribus massaï en les détournant.
Combien d’artistes participent à ce spectacle ?
Nous sommes trois sur scène : les deux autres artistes sont John Bateman et Dalmas Otieno Ochieng, tous deux sont chorégraphes et danseurs.
Pouvez-vous en quelques mots nous les présenter ?
C’est la deuxième pièce sur laquelle je travaille avec John. Nous nous connaissons depuis plus de dix ans, et la vie a fait que nous nous sommes recroisés il y a 3 ans. Je l’ai sollicité comme regard extérieur sur “Babel Blabla” en 2010. Pour “I like-me (m’aime pas mal)”, sa participation comme interprète était une évidence. Il est, comme moi, un étranger vivant dans un autre pays où la langue parlée n’est pas sa langue maternelle. Dalmas, lui, est un écho à mes racines au Kenya. Il est issu d’une tribu qui est censée être rivale d’une des miennes. C’était important d’être ensemble sur le plateau, nous avons une culture commune et en même temps l’histoire, notre appartenance ethnique, la politique du Kenya nous rend “étrangers” l’un à l’autre.
Inch’Allah!!! Nous allons jouer dans la ville siège de la compagnie, à Evreux, programmés par la Scène Nationale Evreux/Louviers, puis au Quartz / Scène Nationale de Brest en mars dans le cadre du festival “Dansfabrik”, à Tours en juin dans le cadre du festival “Tours d’Horizon”, et en octobre au Rive-Gauche à Saint-Etienne-du-Rouvray.
Que le début du spectacle ne soit pas très différent de la fin… !!!
Entretien réalisé par Grégory Constantin Janvier 2013
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