Cette semaine le Boulevard des Artistes vous présente un art peu connu, le Paper Art. Anouk Vigneau pratique cet art depuis 2019 sous le nom de Kauri Paper Studio.
Son travail extraordinaire de précision est actuellement exposé à la maison de l’étudiant.
Anouk a très récemment rejoint le collectif com’des images. De cette collaboration devraient naître de nombreux projets qui, nous l’espérons, verront le jour courant 2021.

Bonjour Anouk, peux-tu te présenter ?

Bonjour, je m’appelle Anouk Vigneau, je suis illustratrice et Paper Artist et j’ai créé Kauri Paper Studio en 2019.

Quel était ton rapport avec l’art étant jeune ?

Je suis issue d’une famille multiculturelle, ma mère est hollandaise d’origine indonésienne, professeure de danse Afro-cubaine et Afro-jazz, et mon père est français et pratique le Kendo (art martial japonais). J’ai grandi dans un mélange de toutes ces cultures. J’aimais beaucoup dessiner et danser étant petite (c’est d’ailleurs toujours le cas! )

Quel a été ton parcours scolaire ?

Dès le lycée je me suis tournée vers une filière artistique (fortement poussée par mes parents). J’ai fait un Brevet de Technicien graphiste maquettiste à Roubaix puis un Bachelor en graphisme à l’E.S.A Saint-Luc à Tournai en Belgique.

Comment s’est fait ta rencontre avec le Paper Art ?

Pendant mes études supérieures en 2012-2015.
C’était très intéressant car on nous enseignait beaucoup de techniques différentes, peinture, gravure, photographie, illustrations, etc. On développait énormément notre créativité et on nous poussait à trouver notre propre univers. A l’époque je ne travaillais pas encore le papier mais j’aimais faire des illustrations en volume 3D. J’utilisais tout ce qui me tombait sous la main, carton, bois, peinture, perles etc. Dans mes inspirations il y avait déjà beaucoup de Paper Artists. 
Avec le temps je me suis tourné vers le papier car c’est un matériau basique et ordinaire qui, avec un peu de patience peut devenir un objet 3D plutôt original.

Peux-tu nous expliquer ce que c’est le Paper Art ?

On pourrait le traduire en français par « Art du papier », ça désigne toutes les formes d’art utilisant le papier pour créer des objets en 2D ou 3D.Il trouve ses origines dans l’origami ( ORU << plier >>, KAMI << papier >> ) l’art du pliage de papier ancestral né en chine. Cette discipline consiste à créer des objets uniquement avec du papier plié.

Moi j’utilise le papier de façon différente, il peut être découpé, collé, superposé, courbé pour créer des objets en volume.

Pourquoi le papier? Car c’est un matériau simple et ordinaire, facilement manipulable, qui offre une grande sélection de couleur et de texture. C’est un médium plat qui se transforme en œuvre 3D et chaque projet est un nouveau défi.

Le Paper Art fait-il partie de la même famille d’art que l’origami ?

Oui, en fait le Paper Art regroupe toutes les différentes disciplines qui utilisent le papier. Comme par exemple le Quilling –  art très ancien qui consiste à réaliser des décors confectionnés à l’aide d’étroites bandelettes de papiers, enroulées sur elles-mêmes.
Le Papercut – Réalisation d’une illustration en papier découpé
Le Paper craft – c’est comme un puzzle mais en trois dimensions. Le papier est cartonné (plus épais que le papier origami), et la technique implique du découpage, pliage et collage.
Le papier mâché – c’est un matériau de construction composé de plusieurs bandelettes de papier, qui sont assemblées par une colle humide. Lorsque la colle sèche, l’objet ainsi formé durcit, devient très résistant et garde la forme. 
Ou encore tant d’autres. Chaque discipline implique le papier comme matière première mais a un résultat bien différent.

Quels sont les artistes de Paper Art qui t’ont inspirés et que tu admires ?

Comme cité plus haut, durant mes années d’études je m’inspirais déjà beaucoup de Paper Artists.
Zim & Zou, la base de la base, ça fait 10 ans que j’admire leur travail. Ce sont pour moi les maîtres du papier.
Maud Vautour, elle est incroyable dans les motifs qu’elle crée en superpositions de papiers.
Mickael Velliquette, je l’ai découvert récemment et c’est un coup de coeur, il crée des statues absolument sublimes.
et sinon j’admire tout autant ces Paper Artists français : Charlotte Sagory, Atelier Bolide, Ebaki Paper, Lila Poppins, Laurianne Sainty, Anaïs Herd-Smith, Nonitt, (je ne cite que les français car à l’international j’en connais une cinquantaine).

Comment t’es tu formée à cette forme d’art ?

En ayant une bonne base acquise par mes études et diplômes, je me suis formé par moi- même, en regardant des tutos, en observant les autres Paper Artists, et surtout avec de la patience et beaucoup de pratique. Il n’y a pas de secret, les six premiers mois j’ai dû ne publier que 50% de mes créations, beaucoup de ratés mais qui t’ammènent à recommencer.

A quel moment t’es tu consacrée uniquement à cet art ? 

Mon envie de me mettre à mon compte était forte ces dernières années, je me voyais m’établir comme graphiste-illustratrice. En 2019 quand j’ai vu que mes créations plaisaient sur les réseaux sociaux je me suis dis que j’avais peut être ma carte à jouer en me spécialisant dans le papier. Et c’est un pari gagné, je ne regrette pas une seconde et j’adore ce que je fais.

Quel est ton processus de création ?

Généralement quand je travaille pour un client ou sur une commande personnalisée, je passe par une phase de croquis. Mais généralement j’aime partir seulement de photos et de recherches et créer à partir de rien. C’est un peu comme un challenge, je sélectionne mes couleurs puis je commence à construire l’objet ou l’animal en suivant mon intuition. Rater et recommencer font partie du processus et j’ai appris à l’accepter.  C’est d’ailleurs aussi pour cela que j’adore cette technique, on peut enlever, modifier, recouvrir à volonté sans avoir besoin de recommencer dès le début. 

Où as-tu exposé ?

En ce moment j’ai mon exposition solo à la Parenthèse, UN OCÉAN DE PAPIER qui a débuté le 26 janvier 2021. Elle est visitable sur rendez-vous donc n’hésitez pas à contacter le Service culturel de l’université ou moi- même pour réserver votre créneau.
Et sinon j’ai rejoint cette année le collectif Inside Gallery avec lequel j’expose en ce moment à la Mairie de Honfleur et à partir du 27 février à l’Escapade.

Quel est le thème de ton exposition à la maison de l’étudiant ?

J’ai choisi le thème de l’océan car c’est un élément qui fait partie de ma vie depuis maintenant six ans, j’ai vécu à bord d’un voilier durant quatre ans avant de venir au Havre. J’y mélange des souvenirs plus ou moins récents comme les coraux lors d’un voyage familial en Indonésie en 2010 ou bien Simone la tortue, références aux tortues que nous croisions lors des navigations sur les côtes des Canaries.

Pourquoi as-tu nommé la tortue que tu as créé  Simone ?

Ce n’est pas moi qui l’ai appelé ainsi, ce sont les internautes. En fait j’ai commencé la tortue en septembre et je postais souvent des photos d’elle, mes followers étaient vraiment enjoués de voir sa progression. Puis est arrivé le confinement de novembre et j’ai demandé aux internautes des suggestions de noms. J’en ai eu une trentaine. J’ai sélectionné mes quatre préférées et j’ai laissé les gens voter. Simone est arrivée loin devant RikauMaurice et Luli.

Est-ce possible d’acheter les créations exposées à la maison de l’étudiant ?

Bien sûr, les cadres et les cloches en verre sont disponibles à la vente, il suffit de m’envoyer un petit mail à kauri.paperstudio@gmail.com.
Les trois cents poissons « Esprit collectif » sont disponibles à la location.
Le mur de corail  » récif corallien » de 2,5 x 1,5 m quant à lui restera à la maison de l’étudiant car il a été offert au Service Culturel mais des prestations similaires peuvent être envisagées. 

Tu as récemment réalisé la vitrine d’Optique de ville, ce sont des prestations que tu proposes régulièrement ?

C’était ma première vitrine et j’ai adoré. J’ai plutôt l’habitude de travailler sur des mises en scène miniatures pour mettre en valeur des produits ou des marques, c’était un challenge pour moi de travailler en grand, et j’espère avoir d’autres occasions de travailler sur des projets similaires.

Les périodes de confinement ont-elles été des périodes productives pour toi ?

La première oui, complètement . Les deux premières semaines j’ai même créé un masque à gaz en référence à ce que l’on vivait. C’était ma manière de ne pas sombrer dans cette ambiance anxiogène. 
La deuxième a été terrible, je préparais mon exposition depuis deux mois et nous avons eu les mesures gouvernementales la veille de mon accrochage. J’étais non seulement stressée car c’était ma première vraie exposition en solo mais aussi car j’avançais dans le flou total.

As-tu des projets dans les prochains mois ?

Oui, des jolis projets se préparent tout doucement mais je n’aime pas dévoiler quand les projets ne sont pas bien amorcés. Par contre quand la situation se calmera et qu’il sera possible de se réunir en petit comité, j’aimerais mettre en place des ateliers créatifs.

Peux-tu nous présenter trois artistes de la région que tu apprécies ?

Cette question est un peu dure pour moi car je vis ici depuis 2 ans dont une année de confinement qui ne m’a pas vraiment permis de découvrir beaucoup d’artistes.
Comme je m’intéresse beaucoup à l’image, je peux quand même citer Mascarade, Binokl et KLR (casse-dédi).

Entretien réalisé par Grégory Constantin janvier 2021

Contribution à la rédaction Fabrice Autret

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