Entretien avec Yves Palliès, peintre, maître du trompe-l’œil. Il exposera à la galerie Pascal Frémont du 5 mars au 3 avril (en face du square Saint-Roch).

Comment pourriez-vous définir la peinture trompe-l’œil, qu’est-ce que le « Trompe-l’œil de chevalet » ?

Le trompe-l’œil est un genre pictural destiné à jouer sur la confusion de la perception du spectateur qui, sachant qu’il est devant un tableau, une surface plane peinte, est malgré tout, trompé. Le trompe-l’œil tend à restituer le sujet avec la plus grande vérité possible, principalement en donnant l’illusion du relief. Pour y parvenir, on travaille sur le motif, les objets sont représentés à l’échelle 1, on n’utilise qu’une profondeur restreinte et le contraste d’un premier plan clair se détachant sur un arrière-plan sombre. On peut dire qu’il est la forme la plus accusée du réalisme.

Votre peinture a un côté accessible, lisible, voire même « universelle », que pensez-vous de cette analyse ?

Oui, c’est tout à fait ça.

Vous semblez préférer les petits formats, est-ce un choix délibéré ?
Je m’arrête au 15 Figures (65×54 cm) parfois 20 figures(73×60 cm) afin de rester dans des prix abordables. Ce n’est pas la taille de la toile qui me pose problème mais la possibilité de la vendre.
Comment choisissez-vous les thèmes de vos œuvres ?

Il n’y a pas de règles, cela peut venir d’un objet, d’un jeu de mots, d’un livre lu, d’une situation.

Vous réalisez depuis quelques temps des figurines en plâtre, peut-on parler de sculptures ?
Est-ce un complément à votre œuvre, un nouveau chemin ? Oui puisque réalisées en terre puis moulées. C’est un complément, mais surtout une détente de changer complètement d’univers. Cela m’amuse vraiment.

L’humour est très présent dans votre travail, ne serait-ce que par les titres donnés à vos tableaux, c’est plutôt rare chez les artistes, l’humour est aussi une forme d’art, non ?

… Bien sûr, et si je m’amuse à composer et peindre mes toiles, j’essaie aussi de créer ce même sentiment pour ceux qui les regardent.

Vous jouez vous-même avec humour à cacher votre signature quelque part dans vos œuvres, comment vous est venue cette idée ?

C’est l’une des règles du trompe-l’œil « intégrer notre signature à la toile » sous différentes façons : carte de visite, pub, auteur d’un livre etc, tout en respectant la perspective et les ombres. Et ceci afin de ne pas nuire à l’effet trompe-l’œil en signant en bas à droite comme la plupart …!

Vous exposez dans le monde entier (Suisse, Pays-Bas, Asie, etc..) mais semblez être très attaché à la France et particulièrement à votre ville d’origine, Nantes, dont l’ancien maire, semble-t-il, fait carrière en politique …

Oui, je suis Nantais et fier de l’être. Ce qui ne m’empêche pas de visiter et d’apprécier d’autres continents.

Penchons-nous un peu plus sur vous, pouvez-vous nous expliquer votre parcours, qui, je crois, commence dans une famille d’artistes … ?

Nantais d’origine. Fils d’artiste peintre portraitiste et décorateur, d’une mère modiste et petit-fils d’un guitariste à l’Opéra de Paris. J’étudie le dessin d’art pendant trois ans à l’école des beaux-arts de Nantes ; débutant par des encres puis des aquarelles très figuratives, j’obtiens dès lors des récompenses à tous les salons régionaux et nationaux.

Puis je m’essaie, avec succès, à l’huile, aussi bien au couteau qu’au relief, etc… En 1989 survient le déclic en découvrant une exposition de trompe-l’œil de chevalet de « Jacques Poirier ». Reçu dans l’atelier du maître à Paris en 1992, ce dernier me suggère de poursuivre consciencieusement dans cette discipline et m’encourage activement.

Myrtille Cadiou, la veuve d’un grand maître du trompe – l’œil : « Henri Cadiou », se déplace à Nantes et m’encourage, à son tour, en devenant marraine de ma première exposition de trompe-l’œil à l’espace culturel de Nantes, tout ceci la même année. Je suis invité à rejoindre, à Paris au Grand Palais au « triomphe du Trompe-l’œil », le groupe des peintres de la réalité dont le fondateur n’est autre qu’Henri Cadiou. J’expose aux côtés d’artistes prestigieux tels que : Poirier, Gilou, Nadine Le Prince, Eléna et Mickaël Gran, Solnon, etc .

Mes prénoms : Yves, Jacques, Henri, semblent prédestinés (Jacques Poirier, Henri Cadiou décédé en 1989, année où j’ai commencé les trompe-l’œil).

Connaissez-vous et appréciez-vous Le Havre, ville de la peinture par excellence ?

Je connais le Havre, j’expose chez Pascal Frémont depuis 10 ans. J’y ai de nombreux amis et clients assidus.

Le marché de l’Art semble parfois avoir perdu la tête quand on entend à quels prix peuvent se vendre certaines œuvres, comprenez-vous que cela puisse choquer ?

Non, pas pour les grands Maîtres de la peinture, Monet, Manet, Vang Gogh, Dali, Picasso, etc… Par contre pour les peintres contemporains, plasticiens, et autres barbouilleurs pour snobs, oui…! Je peux le comprendre.

A votre avis, comment vit-on avec un Palliès accroché au mur ?

Bien je l’espère, et je le pense même puisque qu’ils n’ont en général pas qu’un « Palliès » mais plusieurs.

Sur quelle œuvre travaillez-vous en ce moment ?

Je termine actuellement une toile sur le thème de la musique, avec une petite énigme ; il y est représenté un buste enveloppé dans des partitions, qui est-ce ?

Cette toile sera exposée à la galerie Frémont.

Entretien réalisé par Denis Chabanian et Grégory Constantin Janvier 2013

Aimez et aidez le boulevard des artistes en un coup de pouce 

ARTICLES CONCERNANT  LA GALERIE PASCAL FREMONT

EVENEMENTS CONCERNANT LA GALERIE PASCAL FREMONT