Pour ce mois de juin, le Boulevard des Artistes vous propose de découvrir le court métrage/ clip du groupe Keys Zuna, intitulé « Gymnopédie N°4 ». Cette réalisation respirant la poésie, la beauté, aux images très colorées, a été réalisé par Matthieu Liénart, co-écrit avec Amélie Delamotte. J’ai eu la possibilité de m’entretenir avec ce jeune réalisateur originaire de la région Havraise au parcours très enrichissant, qui a pu nous parler de « Gymnopédie N°4 » et de ses autres réalisations. Rencontre avec un talent prometteur.

Bonjour Matthieu, peux-tu dans un premier temps te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Matthieu Liénart, je viens de Normandie, j’ai étudié à l’IUT Info-Com du Havre. Je sors de l’École de la Cité, école créée par Luc Besson. J’ai réalisé principalement des courts-métrages et du clip, ainsi que des films en Réalité Virtuelle.

Tu es donc un jeune réalisateur, d’où vient cette passion pour la réalisation ?

J’ai commencé à faire des films quand j’étais adolescent avec la caméra de mes parents sur cassette, pour m’amuser. Ça s’est fait assez naturellement, en essayant de professionnaliser mon approche petit à petit.

Quelles sont tes influences ?

Je pense que malgré moi il y a des influences des films que j’ai aimés, pour la plupart ce ne sont pas des films réalistes. Il y a les films de Jean-Pierre Jeunet pour le dynamisme du montage et des mouvements, les films de Wes Anderson pour les couleurs et les cadres, les films de Marcel Carné pour les dialogues, les films de Michel Gondry pour le côté surréaliste.

Avant de commencer un film je me plonge souvent dans des livres de photographie où je trouve parfois des cadres ou des lumières qui m’intéressent.

Ton réalisateur/trice préféré(e) ?

Difficile de n’en donner qu’un, alors je vais donner une réponse facile, sans doute Steven Spielberg, le dernier « Ready Player One » était une vraie claque pour moi !

Tu as intégré l’école de la cité, l’école du réalisateur Luc Besson, qu’est-ce que cette école t’a apporté dans ta carrière de réalisateur ?

Cette école m’a beaucoup apporté, j’ai pu y rencontrer énormément de professionnels du cinéma et de réalisateurs, me former à la technique et découvrir différentes approches de la mise en scène, et tout ça gratuitement ! Il y a aussi une grande énergie entre les autres étudiants de l’école, on partage la même passion, on s’entraide, il y a de très bons étudiants scénaristes, et ça motive encore plus ! J’ai également pu faire des stages, notamment sur la dernière série de Jan Kounen et le dernier film de Luc Besson, ce qui m’a permis d’apprendre la technique tout en découvrant des productions à grande échelle.

Tu as réalisé le clip du groupe Keys Zuna, comment t’es-tu retrouvé sur ce projet ?

J’avais très envie de réaliser un clip sous l’eau, la scénariste du clip Amélie Delamotte m’a présenté le groupe Keys Zuna, qui avait composé cette musique planante qui correspondait parfaitement à l’atmosphère que j’avais en tête. On leur a ensuite écrit et proposé une histoire pour faire la liaison entre les sentiments du personnage, les visuels et la musique.

Le clip est co-écrit avec Amélie Delamotte, les images sont psychédéliques avec une touche de poésie. Comment l’idée de ce clip vous est-elle venue ?

Pour ce clip l’idée est venue d’une scène de « Top Secret ! » de 1984, c’est une scène de comédie absurde de bagarre dans un saloon sous l’eau, j’ai utilisé la même idée pour raconter un autre genre d’histoire. Pour la lumière je me suis inspiré des essais de « L’enfer » d’Henri-Georges Clouzot, c’est de là que viennent en partie l’inspiration pour les images psychédéliques. Et l’idée de l’histoire vient de la vraie vie.

Combien de temps a pris le tournage de ce clip ?

Le tournage devait durer 3 jours, mais nous avons finalement dû le terminer en seulement 2 jours. Le film ayant été réalisé avec un micro-budget il a fallu s’adapter aux contraintes de production. Le clip a été tourné en décembre dans une piscine qui était à seulement 24 degrés, à cause de problèmes de chauffage l’eau refroidissait petit à petit. Nous avons donc dû réécrire l’histoire à la fin de la première journée pour tourner en deux jours au lieu de trois, car nous savions que nous ne pouvions pas tenir physiquement un jour de plus avec la chute de température dans la piscine. Nous avons donc simplifié l’histoire et au final, je l’aime beaucoup comme ça aussi !

Gymnopédie N°4 pourrait apparaître comme un clip vidéo, mais tu le présente autant comme un clip qu’un court métrage, peux-tu nous expliquer pourquoi ?

On l’a écrit comme un court-métrage de fiction avec une histoire et des personnages. La plupart des clips se contentent de présenter une ambiance et des belles images, je trouvais plus intéressant de raconter visuellement une histoire qui correspondait à la musique.

Au générique du clip, tu adresses tes remerciements à Patrice Leconte, quel a été son rôle dans le clip ?

Patrice Leconte est le parrain de notre promotion à l’École de la Cité, nous lui avons expliqué l’idée avant de réaliser le film, il nous a donné des conseils pour réussir au mieux notre tournage. Il nous répète souvent de prendre des risques, quitte à se rater, je crois que c’était son meilleur conseil !

Une de tes réalisations, « The Hourglass », a été réalisée pour être visionnée en réalité virtuelle, peux-tu nous en dire plus sur l’établissement de ce travail ? Comment cela se passe-t-il d’un point de vue technique ?

C’est un film que j’ai réalisé il y a deux ans, mon but était d’adapter le langage cinématographique pour la Réalité Virtuelle en ayant un montage soutenu, une grammaire cinématographique avec des travelings, des gros plans etc. La technique était très compliquée à gérer, ça a demandé de nombreux tests en préparation. Le rig que nous avons utilisé était composé de 12 caméras qu’il fallait synchroniser, il fallait cacher les lumières et les micros, trouver des astuces pour cacher la voiture traveling, heureusement la technologie a déjà bien évolué depuis et c’est de plus en plus simple !

Quel est ton plus grand objectif ?

Mon plus grand objectif est de réaliser un jour un long-métrage de cinéma, mais ce n’est pas pour tout de suite, je vais d’abord me concentrer sur des formats plus court.

Qu’aurais-tu à dire à une personne voulant faire carrière dans la réalisation ?

Je ne suis qu’au début donc c’est difficile à dire, mais il faut essayer d’être sincère et original dans ce que l’on raconte et dans la manière dont on montre les choses.

Peux-tu nous présenter 3 artistes de la région Havraise que tu apprécies ?

  • Les improbables, une troupe d’impro, ils m’ont toujours beaucoup fait rire, c’est un exercice très compliqué d’improviser et ils m’épatent à chaque fois !
  • Anne LeTallec, une jeune graphiste que j’ai rencontré à l’IUT du Havre, qui d’ailleurs m’a aidé à faire des visuels pour mon prochain court-métrage ! Voici son portfolio : http://anletallec.fr/portfolio/index.html
  • Le graffeur Jace, ses petits bonhommes sont souvent très drôles.

Pour terminer cette interview,  je vais te demander les 3 films qui t’ont marqué ?

  • Les Enfants du Paradis de Marcel Carné
  • Interstellar de Christopher Nolan
  • Phantom of the Paradise de Brian de Palma

Entretien réalisé par Romain Liberge  Mai 2018

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