En concert jeudi le jeudi 30 novembre à l’occasion du festival « Piano is not dead », Emilie Yojenka nous a tout de même accordé de son temps pour répondre à nos questions. 

 Pour ma première question, je ne vais pas être très original si je vous demande pourquoi avez-vous des hérissons pour compagnons lors de vos concerts ?

J’ai toujours bien aimé ces petites bêtes, malheureusement menacées, depuis mon enfance. Et mon nom de scène, « Yojenka », vient du russe « Yoch », le hérisson. J’ai des origines russes du côté de ma mère. Et puis, l’image du hérisson qui se met en boule quand on le menace me correspond bien…

Vous écrivez et composez vos chansons. Qu’est-ce qui vous inspire pour l’écriture de vos textes ?

La vie, tout simplement. La mienne, celle des autres, les rencontres, les ressentis qu’on a du mal à mettre en mots, et puis le monde et son chaos, mais son espoir aussi.

Quelles sont les musiques et artistes qui vous influencent ou que vous admirez ?

Mes influences : Jeanne Cherhal, Amélie-Les-Crayons, mais aussi Barbara et Brel, Michel Berger et Damien Saez, mes deux plus grandes égéries.

Pourquoi avoir attendu 7 ans pour nous proposer un nouvel album ?

L’occasion qui manquait, à vrai dire. Des textes et des chansons, il y en avaient, mais je cherchais un moyen de le financer, et aussi un projet, quelqu’un avec qui travailler pour la technique… Un homme a été une grande source d’inspiration à un moment de ma vie, et alors j’ai vraiment voulu réunir tous ces mots et notes qui faisaient mon état d’esprit du moment en un album, pour partager un certain univers. Et j’ai croisé le chemin d’Alexis Dendiével, lui-aussi dans la chanson, talentueux arrangeur, qui, je le savais, saurait trouver le moyen de restituer mon univers musical avec beaucoup de justesse et de lui donner vie sur cet album. Le résultat a été bien plus qu’à la hauteur de mes espérances.

« Du Haut du Mur » a pu voir le jour grâce au financement participatif, quel est le budget nécessaire pour la réalisation d’un album comme le vôtre ?

Pour le mien, il fallait au moins 2000 euros. L’enregistrement, la réalisation, la pochette, le pressage et l’édition, tout ça revient vite cher, et grâce à la générosité des contributeurs, j’ai pu largement réunir la somme et réaliser mon projet. C’est chouette de se dire que ce projet a une partie collective et partagée.

Quelles sont les étapes et les démarches à suivre pour bénéficier du financement participatif ?

C’est à la portée de chacun, aujourd’hui. De nombreuses plateformes existent. Pour ma part, j’ai choisi Microcultures, un peu moins « mainstream » que d’autres, avec du coup des conseils personnalisés, un contact sympa avec l’équipe, et puis ils avaient déjà travaillé avec plusieurs artistes havrais, alors autant garder une équipe qui fonctionne ! Il faut d’abord soumettre le projet à la plateforme, proposer des contreparties (le CD dédicacé, une affiche, un exemplaire du premier album…), puis réaliser une vidéo présentant le projet, envoyer deux ou trois titres pour donner un échantillon aux futurs contributeurs, créer une page sur laquelle on présente son univers, et après l’aval de la boîte, c’est parti ! Et alors là il ne faut pas lésiner sur la com’, les mails, les rappels, les réseaux sociaux…

 

Quel a été le rôle d’Alexis Dendiével ?

Alexis a été tout bonnement formidable. Ce projet est aussi le sien, le nôtre. D’abord, il a écouté mes chansons, il a compris mon univers, il m’a donné quelques conseils. Puis, nous avons enregistré dans son studio, sur un magnifique piano. Et ensuite les arrangements… et là c’était magique ! Il m’a proposé des choses superbes, de belles idées qui enrichissaient mes chansons sans en changer l’âme, juste pour sublimer ce qui existait déjà. Enfin, c’est lui qui a fait le mixage. Avec la juste mesure, les réglages qui mettent en valeur la voix sans gommer les instruments… Et tout au long du projet, il m’a consultée sans cesse, à la moindre proposition nouvelle, à la moindre avancée, il me rappelait, et je venais écouter. Il y a passé un temps incalculable. Quand il s’occupe d’un projet, c’est à 2000 pour cent ! C’est un passionné et un vrai pro. Le mastering, la touche finale au niveau du son, c’est Yves Bouvard, un ami d’Alexis avec qui il travaille depuis des années, qui s’en est occupé, là aussi avec beaucoup de professionnalisme et de talent, pour un résultat d’une grande qualité sonore. J’ai eu énormément de retours positifs sur la qualité du son de l’album. Enfin, pour parfaire cet univers, il fallait un visuel. Et là, j’ai eu le plaisir de travailler avec Ronan Leduff. On partait de rien, je n’avais pas vraiment d’idée précise au départ, et Ronan a su proposer des images, des couleurs, des photos qui évoquaient ma musique et mes mots et qui me correspondaient complètement. Il a le talent de voir et comprendre les artistes parfois au delà de ce qu’ils perçoivent eux-mêmes, je dirais même que pour ma part, Ronan m’a aidée à me définir encore plus précisément en tant qu’artiste.

A quelques jours de votre concert au Tetris en première partie de An, quels sont les derniers réglages et préparatifs ?

Grâce à l’équipe du Tetris, je n’ai pas grand chose à prévoir pour la technique : le piano et la sono seront sur place. Le jour-même, je viendrai faire une balance sur scène, pour que le son soit optimal. Alors de mon côté, je continue à en parler, à en reparler à mes contacts, le plus gros de la communication vient d’eux. Et bien sûr, surtout, je répète, je répète, je répète…

Pouvez-nous parler du festival « Piano is dead » ?

C’est un festival qui met le piano à l’honneur, à travers des artistes qui l’utilisent de diverses façons originales. Pour moi, pianiste de formation, très attachée à mon instrument, c’était le contexte idéal ! Mon piano danse, comme disait Berger, mon piano raconte mes chansons autant que ma voix.

La pochette de votre album met à l’honneur une belle dame vieille de 500 ans, quel est votre attachement à celle-ci ?

Ah, Le Havre… Je me définis souvent comme havraise d’adoption. Normande d’origine, je ne suis havraise que depuis 2009, mais c’est ma ville. Je ne me suis jamais sentie autant chez moi que dans cette ville. J’y ai été accueillie chaleureusement par ses habitants, j’y ai trouvé ma place d’artiste, m’y suis accomplie en tant que femme et être humain. Et puis, je lui trouve énormément de charme. Une identité, une respiration, une atmosphère particulière que j’aime beaucoup.

Pour terminer, pourriez-vous nous proposer 3 artistes ou compagnies de la région Havraise ?

 Il y en a beaucoup ! J’ai déjà cité Alexis Dendiével, compositeur très prolixe et varié. Je citerais aussi « le Poulailler », ce petit théâtre associatif et profondément humaniste où j’ai trouvé comme une deuxième maison. Et enfin, la compagnie « Azerty« , avec le dramaturge et metteur en scène François Bizet, poète et humain atypique, qui propose des pièces et des mises en scène audacieuses et intelligentes. Le Havre est un formidable vivier de culture et d’initiatives collectives.

Merci Emilie

Entretien réalisé par Grégory Constantin Novembre 2017

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