Antoine Fatout a quitté Le Havre depuis 2010 pour finir sa formation d’artiste aux Etats Unis, il y pratique maintenant la batterie en tant que professionnel notamment au sein de son groupe Fa(Two). Toujours attaché à la ville de François 1er, Antoine nous invite au rêve américain le temps d’un interview.  

Bonjour, merci d’avoir accepté de répondre à nos questions. Tu es Havrais mais vis aux Etats Unis, peux-tu nous parler un peu de ton parcours artistique ?

Je vis aux USA depuis 7 ans, je suis arrivé durant l’été 2010 pour étudier et j’habite maintenant avec ma femme à Columbus dans l’Ohio. J’ai été en contact avec la musique dès mon plus jeune âge grâce à mes deux grand frères qui étaient passionnés de musique. Ils écoutaient plein de musiques différentes comme le jazz, le rock, la musique classique, et étudiaient au conservatoire du Havre. J’ai commencé la musique au conservatoire dans la classe de Philippe Labadie et ensuite je suis allé au JUPO où j’avais plus d’affinités avec la musique. La scène musicale havraise est vraiment riche et j’ai eu une super expérience dans cette ville. Je pense que

D’où te vient cette passion pour la batterie ?

La batterie est un peu un instrument bâtard en France.  Au conservatoire du Havre, j’étudiais la percussion mais la batterie étais seulement une toute petite partie du studio de percussion. J’ai donc développée une curiosité pour l’instrument en dehors des cours de percussion et j’ai toujours été attiré par le son des tambours et les rythmes que l’on pouvait faire sur l’instrument.

 

Et celle pour la musique brésilienne ?

Car c’est la plus belle musique ! Haha!!!! Il y a sûrement plusieurs raisons, tout d’abord la Transat Jacques Vabre fait maintenant partie de la vie du Havre. C’est un véritable échange culturel entre la France et le Brésil ! Il faut aussi parler des musiciens de jazz du Havre qui ont une grande passion pour les rythmes, les mélodies et les harmonies de cette musique. J’ai commencé assez tôt à écouter la Bossa Nova et la Samba Brésilienne sans forcément savoir que cela venait du Brésil…
Boston est la ville où il y a une très grande population brésilienne, c’est donc là-bas que j’ai commencé à étudier la musique sérieusement et à jouer avec des brésiliens.
On te voit régulièrement jouer de la batterie avec des balais plutôt qu’avec des baguettes, est-ce la musique brésilienne qui l’impose ?

Oui entre autre ! La bossa nova est à l’origine une musique d’appartement. Les musiciens des classes aisées de Rio se retrouvaient pour jouer et il ne fallait pas jouer trop fort. Le style de chant de João Gilberto, l’un des inventeurs de la Bossa est aussi très doux et donc la meilleure façon de l’accompagner c’est avec des balais !

Tu as intégré pour ta formation la prestigieuse école « Berklee College of Music » de Boston, les manières d’enseigner les instruments sont-elles si différentes de celles proposées en France ?

Ah oui, très différentes ! Je crois que la première chose qui m’a sauté au yeux c’est l’enthousiasme des américains par rapport à la froideur des français dans les milieux pédagogiques. Haha ! Ca change vraiment beaucoup de choses, entre autre le fait d’avoir plus d’assurance en tant que personne et comme musicien.

Au niveau technique, c’est vraiment aux USA que la batterie est née et que l’instrument s’est développé. 
Quels sont les artistes et plus précisément les batteurs qui t’ont inspiré ? 

Il y a beaucoup de batteurs qui m’ont inspiré, il faut aller voir les vidéos de la page « Fa2 Drum Studio » car en ce moment je travaille sur des transcriptions de solo de batteurs de jazz qui m’ont inspirés. Leon Parker m’a bcp influencé et c’est un peu grâce à lui que je suis parti sur le continent américain. Jeff Hamilton, un super batteur de jazz et pour le Brésil, Paulo Braga et Rafael Barata ! Il y a aussi mes profs à Berklee qui m’ont beaucoup aidé comme Ron Savage et Mark Walker !

As tu déjà rencontré et travaillé avec l’un d’eux ?

J’ai étudié 2 ans avec Leon Parker à Paris et quand j’habitais à Paris, je travaillais autour de son projet de percussions corporelles (Body Rhythm).

 
Peux-tu nous parler de ton groupe Fa2 ?

En arrivant à Columbus en 2015, j’ai trouvé ce nom “Fa2”. C’était une nécessité car les américains avaient un mal fou à prononcer mon nom FATOUT. C’est devenu ma marque de fabrique, tout ce que je fais j’y mets ma signature dessus et les américains aiment ça car c’est court et facile à mémoriser… Mon groupe Fa2 est interchangeable, je l’adapte en fonction des projets mais, en général, je le présente comme étant un son de jazz brésilien. Nous jouons des arrangements de standards de bossa nova, samba et MPB (Musica Popular Brasileira)

Tu vis depuis déjà longtemps à Columbus, mais pourtant on peut voir que tu restes attaché à notre vieille dame de plus 500 ans, quel est ton rapport aujourd’hui avec la ville du Havre ?

J’adore Le Havre et la Normandie. J’ai toujours aimé cette ville mais encore plus depuis que je suis parti. J’ai eu la chance de faire deux sessions photos avec Michael Pennec dans des lieux différents de la ville. C’est super cool car maintenant je partage avec le monde entier les photos de “La Ville Reconstruite” ! J’ai eu la chance de revenir travailler pendant une semaine en Octobre 2016 avec l’équipe du Conservatoire Honnegger avec l’aide du directeur Patrick Bacot et de Delphine Baud, mon ancienne professeur de musique. C’était vraiment super de revenir là où tout à commencé !

 

Quels sont tes projets artistiques pour 2018 ? 

Je vais faire le Carnaval de Pittsburgh en mars avec Neguinho Da Beija Flor, un grand chanteur Brésilien ! En avril, je vais travailler pour la comédie musicale “Cabaret » dans une université de l’Ohio. Je travail aussi dans ma propre école de musique que j’ai monté “Fa2 Drum Studio”. J’ai une trentaine d’élèves et je suis en train de travailler sur une présentation sur la batterie jazz. C’est un travail de recherche sur les solos des grands batteurs de jazz qui ont influencé cette musique.

Pour terminer, pourrais-tu me donner les noms de trois artistes de la région Havraise que tu apprécies ?

Gilles Adam (Chanteur), Mikael Pennec (Photographe), Jace (Artiste de Rue)

Entretien réalisé par Grégory Constantin  Février 2018

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