Patrick Bacot est le directeur depuis une dizaine années, du conservatoire Arthur Honegger, ce haut lieu de l’enseignement musicale Havrais. Il a grâce à son expérience et son dynamisme réussi à faire de cet établissement un espace de création et de diffusion incontournable sur le territoire. Rencontre avec ce bourguignon de talent devenu normand de cœur.
Bonjour Patrick, pourriez-vous nous dire quel était votre rapport avec la musique étant jeune?
Je ne suis pas issu d’une famille de musiciens, mais sur l’insistance de ma mère qui regrettait de ne pas avoir reçu cette formation, j’ai été inscrit dans une petite école de musique associative d’un village bourguignon près d’Auxerre. J’y ai démarré assez tôt l’apprentissage de la trompette, simplement parce que c’était l’instrument du directeur, qui était justement en train de donner un cours collectif lorsque nous sommes venus nous renseigner…
Comment a évolué cette passion?
Très vite, je me suis pris au jeu, notamment parce que je m’y suis fait de nombreux amis et que j’ai par ailleurs intégré assez tôt l’orchestre d’harmonie du village. L’ambiance qui y régnait, les répertoires variés que l’on y découvrait, les sorties organisées où jeunes et moins jeunes s’entraidaient, … tout cela a beaucoup compté et m’a motivé à poursuivre et à travailler.
De votre période Bourguignonne, qu’est-ce qui vous rend le plus fier?
Avec le recul, je retiendrai quatre moments charnières :
A 14 ans, lorsque je suis sélectionné pour intégrer l’Harmonie Nationale Junior; à 17 ans, lorsque l’on me confie la direction de l’orchestre dans lequel j’avais fait mes 1ères armes, avant de prendre la direction de l’ensemble de école de musique et d’en faire l’une des plus dynamiques de la région, proposant des antennes dans une quinzaine de villages alentour; à 23 ans, lorsque j’intègre les classes d’écriture du Conservatoire national de musique et de danse de Paris, à l’époque rue de Madrid; à 28 ans enfin, lorsqu’à la demande du Conseil départemental de l’Yonne je crée puis prend la direction de l’ADDIM 89, structure chargée de développer la musique et la danse sur l’ensemble du territoire. S’en suivront des années que je qualifierais d’ « héroïques », avec la création d’une quinzaine d’écoles de musique intercommunales, d’un club de jazz, d’un cabaret chanson, d’une salle de musiques amplifiées, de festivals (musiques du monde à Auxerre, musique sacrée à Vézelay, ..) d’une saison de concerts en terrasse (Garçon la note) depuis reprise dans d’autres villes, d’un chœur professionnel, d’un label discographique…
Vous êtes aujourd’hui le directeur du conservatoire depuis presque dix ans, comment êtes-vous arrivé à ce poste?
Je travaillais en Bourgogne depuis plus de vingt années, et après une mission nationale sur le financement des schémas départementaux d’enseignement, j’étais à la recherche d’une nouvelle expérience de direction d’équipement, plus urbaine. L’essentiel de mon activité s’étant auparavant déclinée en milieu rural. Je ne connaissais pas du tout le Havre, mais la taille de la ville, son côté balnéaire, et surtout les projets dont j’avais découvert sur internet, l’actualité, m’ont poussé à postuler et finalement à être retenu. Je ne l’ai pas regretté, même si j’ai dû totalement reconstruire un réseau.
Quels sont pour vous les projets majeurs sur lesquels vous avez travaillé depuis que vous êtes au Havre?
Contrairement aux expériences antérieures où je passais sans cesse du local au national (je présidais la fédération nationale des scènes de jazz et était assez présent dans l’animation des concertations territoriales de musiques actuelles), de la résidence d’artistes au soutien aux pratiques amateurs, du chef de la fanfare de St-Sauveur en Puisaye au Préfet de Région, je me suis littéralement immergé dans l’équipement dont on m’avait confié la direction et ne suis pas beaucoup sorti… Un établissement comme le Conservatoire Honegger compte plus de 1700 élèves et emploie plus d’une centaine d’agents, dont 85% enseignants. C’est donc essentiellement autour de la pédagogie, de la démocratisation de son offre, de l’image de ses activités et du travail en réseau que je me suis concentré.
Pourriez-vous nous expliquer ce qui définit un conservatoire?
C’est un lieu de ressource, d’apprentissage et d’accompagnement des pratiques : on peut y apprendre à maîtriser une discipline, des débuts à la préprofessionnalisation, y découvrir des choses dont on ne soupçonnait pas l’existence (disciplines, artistes, esthétiques, genres …), y faire de belles rencontres et surtout, du moins je l’espère, s’y construire.
Les Rendez-Vous d’Arthur rencontrent un vif succès, quand ont-ils lieu?
Tous les vendredi en période scolaire, ils proposent trois concerts gratuits de 45 minutes à 12h30, 18h00 et depuis peu 19h00. La salle ayant une jauge de 100 places et la fréquentation étant très suivie, nous y accueillons donc 350 personnes par semaine (séquences de médiation pour les primaires comprises) soit près de 10 000 personnes chaque saison ! C’est un motif légitime de fierté, tant pour le grand public qui met désormais régulièrement et sans crainte les pieds dans nos murs, que pour les artistes (dont nos enseignants), qui y trouvent un moyen d’exposer leur travail dans un cadre aussi exigeant que décomplexé.
Quels sont les événements pour 2023?
Les projets portés par l’Orchestre d’Harmonie (dans le top 10 français, il est bon de le redire…), les productions de la Camerata (l’Orchestre symphonique de la ville), le développement des départements de jazz et de celui des pratiques vocales, le succès des Rendez-Vous d’Arthur qui nous a conduit à justement rajouter une 3ème séance, l’ouverture d’une classe de direction de chœur et l’envol parallèle du tout nouveau « chœur de chambre » du Conservatoire. Ces différentes activités trouvent toutes un aboutissement en terme de diffusion devant un public!
De combien de musiciens est composé l’orchestre du conservatoire? Pouvez-vous nous les présenter?
S’agissant de ce que l’on appelle les grandes formations, l’orchestre d’harmonie tourne en général à 75 musiciens, lorsque la Camerata fluctue en fonction des répertoires entre 30 et 50. Le grand ensemble de jazz accueille quant à lui une quinzaine de participants, le chœur de chambre une trentaine… pour ne citer que les plus actifs.
Comment envisagez-vous l’avenir du conservatoire?
La feuille de route 2021/2026 est ambitieuse : développement de l’action éducative et de l’accompagnement des pratiques; travail sur l’attractivité de l’établissement au sein du réseau normand; développement d’initiatives dans les domaines de la musique ancienne, de la chanson et de la musique au service de l’image; innovation pédagogique pour les 1ères années d’apprentissage… Si rien ne vient troubler la dynamique en cours, la ville du Havre possédera assurément en 2026 l’un des conservatoires les plus actifs de la région, totalement connecté aux enjeux de l’Axe Seine.
La crise sanitaire a-t-elle un impact sur l’organisation du conservatoire?
Pour terminer, un concert est organisé le dimanche 2 avril au Petit Théâtre du Havre. Pouvez-vous nous le présenter?
Entretien réalisé par Grégory Constantin et mis en page par Louise Crausse
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