Dag créé ses œuvres avec les affiches qu’il rencontre dans les rues de Lyon ou Barcelone. L’artiste Havrais expose actuellement à Aix-les-Bains jusqu’au 20 décembre, vous aurez (nous l’espérons) l’occasion de découvrir ses œuvres en Normandie en attendant venez découvrir l’artiste et son travail en lisant cet interview !

Bonjour Dag peux-tu te présenter ?

En quelques grandes étapes :
– Enfance et collège à Harfleur
– Parmi les copains, l’un m’amène vers le handball à Gonfreville l’Orcher et c’est ce
qui va guider mes pas
– Ce sera Lycée en Sport-Etudes à Evreux
– Puis INSA de Lyon en Sport-Etudes également avec un diplôme d’ingénieur à la
clé
– Ensuite, quelques années en Espagne (Valencia et Barcelona) puis en Suisse
– Retour à Lyon et enfin installation en Chartreuse (non loin de Chambéry pour les
connaisseurs) avec ma petite famille belgo-française

Comment es-tu arrivé au dessin ?

J’ai toujours dessiné sans doute grâce à mes parents au début puis en compagnie de Jacky Lurton et Christian Tangre, professeurs d’Arts Plastiques qui animaient les matinées « atelier dessin » du mercredi matin au collège.
J’ai toujours investi mon côté artiste, j’ai peint, fait des lampes… et pendant quelques années, j’ai même eu une activité de graphiste (logos et affiches) en parallèle à mon travail (consultant en communication interne spécialisée), Aujourd’hui, j’investis pleinement l’approche « affichiste », toujours en autodidacte.

Quels sont les artistes qui t’ont inspiré étant jeune, quels sont ceux que tu apprécies aujourd’hui ?

Jeune, j’adorais des artistes tels que : M.C. Escher, Enki Bilal ou encore Daniel Authouart qui m’impressionnaient par leur qualité technique.
Aujourd’hui, de nombreux Street artistes me plaisent mais je dois bien avouer que je suis totalement conquis par l’approche hyper graphique et par l’engagement de Shepard Fairey (Obey Giant), une référence.
Je citerais aussi Jacques Villeglé pour la proximité étonnante de notre démarche. J’aimerais tellement les rencontrer et échanger avec eux.

Comment es-tu arrivé à travailler sur des affiches ?

Le fait d’avoir vécu dans des quartiers tels que les Pentes de la Croix-Rousse à Lyon ou encore Gracia à Barcelona m’a profondément marqué.
L’existence d’un art de la rue et l’affichage sauvage sur des devantures de magasins ou locaux fermés ont joué un rôle.
C’est en quittant le centre-ville de Lyon en 2008 que j’ai arraché mes premiers blocs d’affiches, un peu comme un souvenir du lieu, de l’époque.

Et après quelques années (les enfants ayant grandi), j’ai commencé à travailler ce type de supports exclusivement.
La concrétisation est relativement récente, son fondement plus antérieur, plus profond.

Quel est ton processus de création ?

Mon grand plaisir est de chercher les bons matériaux dans la rue, de prélever ceux qui me paraissent « graphiques » et/ou porteurs de sens, puis de trouver le bon cadrage sans trop intervenir sur le matériau originel…
Ma difficulté majeure est aussi l’un des principaux attraits de ma démarche : la rareté du matériau.
Les villes sont de plus en plus « propres » et les couches d’affiches de plus en plus maigres. J’aime privilégier les grands centres urbains afin de rencontrer une richesse de supports évoquant des concerts, des messages politiques ou des personnalités.
Je veux garder la mémoire d’un lieu, d’un quartier, d’une ambiance ou d’une période grâce aux affiches, témoins de leur époque. J’arrache celles qui me touchent et d’éphémères, elles se figent en une pièce unique.
C’est un peu le chemin inverse du Street Art classique qui apporte l’art dans la rue et qui, soumis au temps, disparaîtra. J’ai besoin de garder une trace.

Quelles sont les affiches sur lesquelles tu aimes particulièrement travailler ?

J’aime particulièrement l’affichage sauvage, avec de multiples couches, abîmées et usées si possible, que je peux arracher pour révéler des couleurs, des mots, des regards.

As-tu une création dont tu es particulièrement fière ?

Mon « David Bowie POP » est certainement la création la plus emblématique pour le moment car elle suscite un certain enthousiasme.
Mon triptyque « à mi-chemin entre Villeglé et Warhol » (avec la photo iconique de Bob Marley) est également important car il est pour moi le signal de départ de cette nouvelle aventure.
A ce jour, mon préféré est le tableau « MIRA ! » car le premier de la série et donc très symbolique.

Pourquoi avoir choisi ce nom d’artiste ?

Tout simplement parce que c’est mon surnom depuis toujours !
Sur les réseaux, « DAG » étant déjà pris, vous me trouverez sous « DAG under process » car tout est encore en devenir !

Quels sont les lieux où tu as et où tu vas exposer ?

J’expose pour la première fois du 4 novembre au 20 décembre à Aix-les-Bains.
Vous trouverez également mes créations à la galerie OneZeeArt à Brighton en Angleterre.
La suite ? Au Havre peut-être ?

Peut-on te demander de faire une œuvre sur commande ?

J’ai eu plusieurs demandes en ce sens concernant des artistes disparus ou pour lesquels je n’ai pas encore trouvé l’affiche.
Compte tenu du caractère aléatoire de mes trouvailles en terme de matière première, il est difficile de répondre à une commande stricte mais j’étudie la
possibilité de développer une démarche alternative où je conserverais mon approche pour le fond et intègrerais une affiche « sur demande » que je travaillerais graphiquement.

Quel est ton lieu de création ?

Je travaille chez moi et dans ma grange ; il faut de la place pour stocker et travailler les affiches ! (Merci au passage à ma femme pour sa patience).

Tu ne vis pas au Havre mais tu es de la région havraise de naissance, quel est aujourd’hui ton attachement au Havre ?

Ce seront toujours mes racines. Amis de toujours et famille y vivent et j’y reviens régulièrement.
A chaque fois, le passage à la plage avec les enfants est un incontournable !
Et je suis très heureux d’observer la mutation du Havre et surtout la nouvelle fierté des havrais pour leur ville. Les 500 ans était d’ailleurs une excellente occasion pour soutenir cette dynamique. Mes enfants sont fans des Gouzous de JACE et j’ai particulièrement adoré UP#3 de Lang &  Baumann ou encore « Catène de containers » de Vincent Ganivet.

Est-ce qu’il y a un lieu où tu aimerais exposer au Havre ?

Depuis tout jeune, j’ai toujours entendu parler de la Galerie Hamon et ce serait symbolique pour moi d’y être exposé.
Mon style très actuel et décalé est parfait dans des lieux mélangeant l’ancien et le moderne/contemporain alors pourquoi pas un restaurant du Centre-Ville comme « les Enfants Sages », un magasin de mobilier contemporain ou un lieu emblématique comme la Villa Maritime lorsqu’elle accueillait un restaurant.

Pour terminer, pourrais-tu nous présenter 3 artistes de la région Havraise que tu apprécies ?

Alors je citerais :
1) Jace pour son univers de la rue, ses Gouzous qui ont investi Le Havre, ses voyages autour du monde. Une réussite.
2) Le groupe OFS pour le clin d’œil (salut les gars !) car je les connais depuis trèèèès longtemps (depuis le début de leur aventure en fait) et j’adore l’évolution de leur musique.
3) Et le troisième artiste pour l’anecdote sympa : nos chemins se sont croisés trois fois sans qu’on ne se connaisse. Je l’avais découvert lors de finales de catch
impro à Genève il y a une dizaine d’année (j’avais adoré l’entendre parler de Gonfreville à des Suisses !), puis croisé sur le quai de la Gare au Havre et enfin
retrouvé dans les chroniques de Boulevard des Artistes récemment : Ismaël Habia.

Entretien réalisé par Grégory Constantin Octobre 2019

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