En voici dix ! Dix photographes ! il pourrait, il devrait y en avoir davantage, qui ne sont donc pas ici, comme Willy Ronis et Sabine Weiss que j’ai fait représenter par Robert Doisneau. Irving Penn, Raymond Depardon, Steve MCCurry ou encore Sebastiao Salgado, Jean-loup Sieff… Mais ce n’était pas le jeu ! Pas de hiérarchie dans ce top dix, mais des photographes qui me séduisent, m’émeuvent, m’impressionnent, tout comme ceux que je viens d’énumérer.

Tous les jours depuis le confinement nous vous proposons le Top 10 d’un artiste. Les thèmes varient régulièrement aujourd’hui c’est au tour de Christian Richer photographe et comédien de faire sa petite liste et cette fois ci nous lui avons demandé de nous présenter ses 10 photographes préférés. 

«Saül Leiter»

C’est lui qui m’a fait comprendre qu’on pouvait photographier comme on peint. Il fut donc décisif dans mon parcours, jusque dans ses motivations : « Il y a beaucoup de choses magnifiques autour de nous et les gens ont tendance à ne pas le remarquer. »

«Don McCullin»

Adoubé par Cartier-Bresson comme le « Goya de la photographie de guerre », il est pour moi emblématique de tous ces photographes qui témoignent au prix fort, parfois de leur vie. son exposition à Arles il y a quelques années m’a bouleversé. « J’ai parfois eu l’impression de rapporter chez moi des lambeaux de chair humaine plutôt que des négatifs. Comme si je rapportais avec moi la souffrance des gens que j’avais photographiés. »

«Lucien Clergue»

Les premières photographies artistiques que j’ai vues, adolescent. Ainsi donc, la photographie pouvait être artistique… Ses nus, bien sûr, mais aussi des scènes d’enfants, de corridas, et bien d’autres où se côtoient souvent violence et passion.

« Walker Evans« 

La vie… C’est dans la rue qu’elle se trouve. Je ne me sens plus à l’aise dans les musées. Je n’ai pas envie de les visiter. Je ne veux pas qu’on m’apprenne quoi que ce soit. Je ne veux pas voir de l’art ‹ accompli ›. Je m’intéresse à ce que l’on appelle le vernaculaire. » Cette attirance de Walker Evans pour la culture populaire américaine s’exprime aussi avec les visages et les corps des gens modestes, victimes de la Grande Dépression, simples passants anonymes, peuplant son iconographie du populaire. Et quand vous plongez dans leur regard, vous ne pouvez qu’être saisis…

«Robert Frank»

Surtout pour son recueil The Americans (1958). Des visages anonymes, saisis dans l’instant, des paysans assis sur les bords des routes, des passants pressés dans la foule, perdus dans le décor d’une jungle urbaine, des travailleurs fatigués à la sortie des usines de Detroit… Sillonnant l’Amérique en voiture, le photographe a pris plus de plus de 28 000 photographies. « Vous regardez ces photos, et à la fin vous ne savez plus du tout quel est le plus triste des deux, un jukebox ou un cercueil », a écrit Jack Kerouac. On ne peut pas dire mieux !

«Henri Cartier-Bresson»

Le pape de la photographie de rue qu’il a quasiment inventée ! Pour moi, une sorte de mythe et je parcours son fameux Scrapbook comme d’autres consultent la Bible… « Prendre une photo, cela veut dire reconnaître en une fraction de seconde à la fois le fait lui-même et la capacité à organiser les formes perçues visuellement qui lui donne un sens. »

«Robert Doisneau»

La tendresse personnifiée ! J’aime tellement ce regard bienveillant, amusé, complice, parfois aussi mélancolique et plus grave… je l’associe souvent à Willy Ronis pour les mêmes raisons. Il m’émeut à tous coup… “La qualité d’un photographe doit être l’espoir du miracle contre toute logique. Une espèce de foi dans l’heureux hasard. N’importe quoi peut arriver au coin d’une rue. Je me fais un décor, un rectangle et j’attends que des acteurs y viennent jouer je ne sais pas quoi.”

«Michael Wolf»

Récemment disparu, il investissait une ville, Hongkong, Chicago, Tokyo ou Paris, qu’il observait longtemps, fouillant ses interstices, ses murs et ses gens, leurs pratiques comme leur architecture, pour en restituer son ressenti, sa propre interprétation. Au-delà de la photographie, il développe ses visions urbaines en créations plastiques surprenantes, audacieuses et interpellantes…

«Gregory Crewdson»

A regarder ses images, on ne sait trop s’il est photographe, cinéaste, scénographe… sans doute les trois ! Entouré d’une équipe d’assistants digne d’un tournage de grosse production, il construit ses images au millimètre et au photon près ! C’est aussi hallucinant de précision que d’imaginaire engendré ! De ses images narratives, il dit : « J’ai toujours été fasciné par l’état poétique du crépuscule. Par sa qualité de transformation. Son pouvoir de transformer l’ordinaire en quelque chose de magique et d’autre. »

«Erwin Olaf»

Il peut faire penser à Edward Hopper, il m’évoque davantage encore l’univers photographique d’Aki Kaurismaki. Et pour moi, cela signifie émotion et admiration… Comme Crewdson, il est conteur et prend grand soin de chaque détail signifiant de son image. « Ce que j’aimerais que les gens voient dans mes photographies, c’est un monde parfait avec une fissure à l’intérieur. Mon travail consiste à rendre l’image suffisamment attrayante pour donner envie aux gens de regarder l’histoire que je leur raconte, puis de leur donner une claque. »

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