Isabelle Letelié est arrivée au Havre il y a quelques années presque par accident. Sujet d’inspiration de ses nombreux ouvrages et romans,  la ville normande n’a presque plus de secret pour elle. “Humeurs du Havre” est sorti en décembre dernier.  L’auteure nous propose, à travers ses nouvelles, de (re)visiter  9 quartiers de la ville d’Auguste Perret . Isabelle sera présente le 20 avril à 18h30 à la bibliothèque Niemeyer pour une rencontre et une lecture (par la comédienne Corinne Belet) !

Bonjour Isabelle,  pour commencer, pouvez-vous me dire d’où vient cette passion pour l’écriture ?

Je suis née avec ! D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé lire et toujours écrit. Des histoires, des poèmes, des nouvelles… Cela fait partie de moi je crois bien.

Vous êtes arrivée au Havre presque par accident, mais aujourd’hui vous semblez être attachée à la ville portuaire vu le grand nombre d’oeuvres que vous lui avez dédiées ? 

Oui. Je n’y prêtais pas beaucoup d’attention au départ. C’est quand un éditeur m’a demandé d’écrire « Le Havre, itinéraires insolites » (Ysec, 2011) que j’ai été amenée à la découvrir. Et à en tomber littéralement amoureuse ! De là, j’ai écrit plusieurs autres livres sur Le Havre, sur son histoire, ses lieux insolites, mais aussi plusieurs romans.

Votre dernier livre”Humeurs du Havre” est sorti en décembre dernier. Vous l’avez écrit en collaboration avec Nicole Granier, d’où vient cette idée et quel a été votre processus de travail ?
J’ai composé mes histoires puis je les ai fait lire à mon amie peintre Nicole. J’avais envie qu’elle s’empare du sujet – voir Le Havre de manière subjective, au travers de différentes fictions – avec ses pinceaux. Elle a aimé ! Et ça l’a inspirée pour réaliser 14 tableaux non figuratifs, mais qui évoquent eux aussi des sensations, des impressions quand on parcourt la ville.
Pouvez-vous nous parler de Nicole Granier et de son travail ?

Ses tableaux sont non figuratifs, très colorés, très sensitifs. Ils ont une âme, une sensibilité qui me touchent. Le mieux ce n’est pas d’en parler mais de les voir !

A t-elle déjà exposé les oeuvres du livre ?
Oui, au salon de thé Dans les tiroirs d’Adèle, puis à L’air du thé. D’ailleurs, elle aimerait bien trouver d’autres lieux !

Un autre artiste a participé à l’illustration de votre livre pouvez-vous nous en parler ?

Il s’agit du graphiste Fabien Brasse, avec qui je collabore depuis un certain temps et qui fait un travail merveilleux, tout en élégance et finesse.

Votre livre met à l’honneur Le Havre et plus particulièrement 9 de ses quartiers, ce livre est-il dédié aux Havrais ?

Oui, principalement, parce que je donne à voir des lieux qui leur sont connus mais que je raconte d’une manière différente. Mais en même temps, ce sont des histoires que l’on peut lire sans connaître la ville.

Comment procédez-vous pour l’écriture d’une nouvelle ?

C’est très variable. Parfois à l’origine il y a un personnage, parfois un lieu, parfois un thème. Ensuite je réfléchis beaucoup, longtemps, je prends des notes, il faut que ça mûrisse !

Certaines nouvelles peuvent elles être autobiographiques ?

Il y a toujours de soi quand on écrit. Ma nouvelle « Bains des docks » est sans doute d’inspiration très autobiographique. Mais ce n’est pas ça qui est intéressant, c’est ce que ressent le lecteur, si ça lui parle à lui.

J’ai lu que certaines de vos nouvelles avaient déjà eu l’honneur d’une publication, où avons-nous pu déjà les lire ?

Certaines nouvelles ont été publiées sous forme de petit livret individuel pour des entreprises ou des collectivités qui en ont fait cadeau à leurs clients, comme le magasin Gant, l’office de tourisme, la piscine des Docks.

Vous avez abordé 9 sujets complètement différents, est-ce un challenge ?

Oui. L’idée c’était de proposer des nouvelles aux tonalités très diverses. Le fil directeur c’est Le Havre, mais je me suis amusée à imaginer des styles très différents : noir, comique, monologue, dialogue, récit, etc. Dans les personnages, il y a un clochard, une ado, et même un chien !

Ce sont les lieux qui ont inspiré les histoires ou bien aviez-vous la base d’une histoire que vous avez ensuite située dans le lieu ?

Les deux. Pour « Rue de Paris » par exemple, j’avais une ébauche de texte, un personnage, et je les ai transposés dans le lieu. Pour « Saint-Joseph », c’est vraiment l’ambiance et la magie de cette église qui ont été au départ de l’histoire. Idem pour « Zone portuaire », dans un autre genre…

Une fois le livre sorti,  avez-vous eu des regrets de n’avoir pas situé des nouvelles dans d’autres lieux havrais je pense par exemple à la forêt de Montgeon ou aux Jardins suspendus?

Il y aurait bien sûr encore plein d’autres lieux à explorer ! Il y aura peut-être un volume 2 !

De nombreuses personnes sont citées sur vos pages de remerciements, quelle a été leur contribution dans la réalisation de votre livre ?

L’impression du livre a été possible grâce à une campagne de crowdfunding. Tous les gens cités (merci encore à eux !) sont ceux qui ont cru en cet ouvrage et lui ont permis de voir le jour.

L’une des nouvelles aborde un sujet plutôt noir,  avez-vous et allez-vous participer au festival des Ancres Noires ?

J’ai participé l’année dernière à Polar à la plage pour mon roman policier « Complot tentaculaire » (qui se passe au Havre bien sûr !), mais ce n’est pas prévu pour cette année, le recueil dans son ensemble n’est pas noir.

Êtes vous aujourd’hui sur un autre projet ?

Oui, je viens d’achever un roman graphique avec le peintre Emeric Outreman, je termine également un recueil de nouvelles « éroticomiques » et j’ai démarré un nouveau roman.

Quels sont les conseils que vous pourriez donner à quelqu’un qui voudrait se mettre à l’écriture ou bien qui souhaiterait se faire éditer ?

De ne pas se précipiter à écrire ! Mais de prendre du temps pour élaborer son projet. Car le piège c’est d’abandonner très vite, parce que l’exaltation initiale est retombée. Si on a envie, il faut prendre du temps.

Un petit mot sur votre passion pour le théâtre et la Bla bla Cie.

J’ai toujours eu envie d’être comédienne (écrire, c’est un peu endosser des rôles d’ailleurs) et j’ai toujours fait du théâtre. Avec quelques copains de l’atelier Dram*Bakus, on a monté une petite troupe, la Bla Bla Cie, et on a fait un premier spectacle qu’on a joué une dizaine de fois, jusqu’en Camargue ! On est en train de travailler à un deuxième projet…

Quels sont les artistes que vous allez me proposer ? Et quel est le lieu ou le quartier du Havre que appréciez le plus ? 
Il y a bien sûr Emeric Outreman, peintre. Vincent Gibeaux aussi, dont j’adore le travail. Et Oceng Oryema, musicien !
Quant à mon lieu préféré… il n’y en a pas ! J’adore me balader au Havre dans son ensemble, pour sa diversité justement : le quartier Perret, le long de la mer, l’église Saint-Joseph, le port, les Jardins suspendus…

Merci !

Entretien réalisé par Grégory Constantin Avril 2018

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