Issu d’une famille mélomane, cet artiste a su dès son plus jeune âge s’immerger dans l’univers musical. Du conservatoire aux groupes de rue, de la scène jazz aux rythmes congolais, son parcours est une odyssée musicale riche et diversifiée. Passionné par la création sonore et l’expérimentation instrumentale, il a su faire de la musique bien plus qu’une simple passion : une véritable vocation.

À travers cette interview, il revient sur son apprentissage, ses premières expériences scéniques, et les rencontres qui ont jalonné sa carrière. Du projet personnel Quand Celle ? à ses collaborations éclectiques avec des artistes normands, il partage son amour pour la musique et ses ambitions pour l’avenir. Découvrez une personnalité authentique, entre groove et créativité, qui continue de faire vibrer les scènes locales et au-delà.

Comment es-tu arrivé à la musique ?

J’ai grandi dans une famille de mélomanes. Mes parents m’ont mis assez tôt en école de musique puis au conservatoire, et j’ai eu la chance de jouer en groupe avec mon cousin Romain Richer, mon oncle Luc ayant un groupe depuis sa jeunesse (Loup Larsen) et un local pour répeter. Une chance assez considérable pour moi je pense à cette époque.

Comment s’est déroulé ton apprentissage ?

J’ai appris le piano en école de musique puis en conservatoire de mes 5 à mes 18 ans à peu près. En parallèle, je me suis vite mis à la guitare électrique puis la basse, d’une manière totalement différente (relevés à « l’oreille », improvisations, aucun support écrit…) J’ai beaucoup appris au gré des rencontres, des groupes, des répertoires. Au fur et à mesure, j’ai fait le lien entre les différentes façons d’aborder la musique, particulièrement en jazz, lecture de grille, d’accords et rythmes plus complexes etc…. Je me suis également formé plus tard et en parallèle de ces expériences au conservatoire de grand couronne, dans les musiques actuelles amplifiées.
Pour résumer, des écoles, des caves, des rues, et des chambres !

Quels ont été tes premiers projets artistiques ?

Le tout premier a été « blackbird » dans lequel j’ai été à partir de l’âge de 9 ans à peu près, au piano / chant puis à la guitare, avec mon cousin Romain Richer à la batterie. Je me souviens refuser de chanter dès que des filles passaient à la répète, pétri de timidité ! Toujours avec mon cher cousin, « Ta page nocturne » groupe de hard rock instrumental dans lequel je suis passé à la basse que je commençais à travailler. Vinrent ensuite divers projets plus ou moins éphémères de jazz manouche, reggae, zouk… Mes première scènes sérieuses ont eu lieu avec Boffi Banengola, (merci Arnaud Deurwheiler pour la rencontre) sur ses compositions, dans un mélange de musiques congolaises et de Soul, funk, pop. J’ai beaucoup appris dans ce projet. Nous avons joué notamment en première partie de Grace au cabaret électric, cela doit être mon premier « cachet » déclaré !

Comment as-tu réussi à faire de la musique ton métier ?

Cela est venu peu à peu. Je n’avais pas imaginé cela possible pendant ma scolarité /adolescence. Sorti d’une fac de musicologie je n’avais aucune envie de me diriger vers le CAPES (enseignement de la musique en collège), ni de m’orienter vers la recherche univsersitaire. J’ai commencé à donner quelques cours particuliers et j’ai appris l’existence du conservatoire cette fois orienté dans les musiques actuelles amplifiées. Cela et les rencontres m’a amené à travailler beaucoup l’instrument, sur différents styles, formations, concerts etc. L’enseignement et le goût pour la transmission s’est développé en même temps et je suis devenu professeur dans diverses associations puis en écoles de musiques et conservatoires.

Quels sont les projets majeurs sur lesquels tu as travaillé ?

Dirty Smellers, groupe de Ska / reggae (aux claviers) Un mélange de compositions et de reprises, dans les influences de Steel pulse, Toots & the Maytals, Matumbi… Nous avons fait de nombreux festivals et quelques belles scènes et première parties. Better call soul, (basse choeurs et arrangements) groupe de reprises de morceaux sortis sous les labels Motown et Stax, j’ai réuni l’ équipe et écrit des arrangements de cuivres entres autres. J’ai eu aussi la chance d’enregistrer quelques titres à la basse / aux claviers pour le chanteur Congolais « ZAO » Casimir à Brazzaville, sur son dernier album, « kwitti kwitti », ou sur l’album « avalanche de La Maison Tellier, entre autres…

Tu travailles sur plusieurs projets en ce moment. Peux-tu nous en parler ?

Wukula / Kevin Mfinka (Spectacle jeune public d’inspiration congolaise, basse / choeurs /guitare). Nous collaborons avec Kevin depuis un nombre d’années que je n’ose pas compter ! Après avoir participé à son dernier album, nous avons tous les 2 confectionné un album jeune
public, basé sur des influences de musiques du Congo Brazzaville, et monté un spectacle avec musique, conte et danse autour de ces morceaux.

Si seulement (ballade Funk, basse) Projet assez original auquel j’ai la chance de participer avec une équipe de rêve. Une musique groove et sensible aux service d’un texte écrit et dit par une comédienne.

QQVFP (Groupe de reprises généraliste, proposant une formule juke box, Basse / chant) Un trio qui se produit en café concert ou évenementiel, privé ou public. La liste est très large, et on s’adapte à l’ambiance du moment et de l’endroit. On propose régulièrement une formule « juke box », concerts lors desquels le public choisi un artiste qu’il voudrait entendre. Ils ont par ailleurs monté un spectacle du même nom, cette fois en duo.

Phil Vermont (Blues rock, Claviers / Choeurs). J’ai récemment été appelé aux claviers pour jouer l’album de Phil, avec qui j’avais joué ici et là quelques fois auparavant. Du bon rock /blues, de quoi s’éclater ! Cela m’oblige à entretenir / essayer de progresser aux claviers dans
ce registre !

Kali’na (Fanfare Créole, guitare) Un fanfare de rue au répertoire instrumental, arrangements de biguines, zouks, mazurkas etc.

Mialowsky trio : Un trio jazz de compositions de Louis Mialhe, pianiste, avec un répertoire cohérent et varié à la fois. Malgré l’exigence du répertoire, je me sens embarqué à chaque fois. Le genre de groupe qui a pour retour du public « je suis pas très jazz d’habitude mais
là… »

Peux-tu nous parler un peu plus de ton projet personnel Quand Celle ? Pour commencer, pourquoi as-tu lancé ce projet ?

J’ai commencé en 2020 à chercher à aboutir un peu des compositions en maquettant et en enregistrant à la maison. Arrivé à 4 morceaux, j’ai souhaité faire des enregistrements plus « pros » , donc enregistrer de vraies batteries, pianos etc. A force de faire, l’inspiration et l’organisation m’a amené à continuer à composer, et l’idée d’aller au bout de la démarche et de faire un album complet m’est venue.

Quel est ton processus de création ?

Cela vient la plupart du temps en travaillant un instrument : au bout d’un moment on sors du cadre et on est davantage dans le « jeu ». Il y a principalement deux processus, soit je pars d’une ligne de basse, d’une grille d’accords et j’arrange un groove complet que je vais chercher à « justifier » avec un thème, une mélodie et éventuellement des solos, soit c’est justement une mélodie qui me vient à l’esprit et je construit l’accompagnement, l’arrangement pour essayer de la mettre en valeur.

Pourquoi avoir choisi un projet instrumental ?

Je chante sur certaines prestations mais sur des reprises, mais je n’ai jamais écrit de textes, je n’ai jamais eu cette compétence / ce besoin / cette fibre (je ne sais pas dans quel ordre cela marche !). Cela n’a donc pas fait partie du processus, voulant rester dans l’idée de tout faire
seul : faire éventuellement appel à un parolier ne m’est pas venu à l’esprit. Cela reste donc une sorte de « carte de visite » très personnelle.

Quel est l’avenir de ton projet ?

J’essaie dans un premier temps de faire en sorte que l’album soit un peu écouté ! Je vais continuer à composer, je ne sais pas encore si je vais vers un deuxième album ou des sorties plus éparses. J’aimerai bien sûr monter une équipe pour jouer cela sur scène.

As-tu eu l’occasion de présenter ton album sur scène ?

Pas encore, j’ai déjà beaucoup de boulot sur différents groupes et répertoires. J’ai dans la tête de monter une équipe de musicien(e)s de confiance pour monter le répertoire et l’arranger pour du live. Le chemin à parcourir pour avoir accès à de belles scènes et des conditions
professionnelles pour ce genre de projet de création (donc qui exclue les aspects « évènementiels » donne un peu le vertige, donc je préfère partir à point comme dirait l’autre.

Quels sont les lieux où tu aimerais te produire ?

C’est une musique à cheval entre l’écoute et le groove, donc, je ne sais pas encore quelle approche privilégier (pour schématiser, public assis ou debout). Café concerts, et petites salles auxquelles je peux prétendre dans un premier temps ! Des lieux comme la gare aux musiques à Louviers, le Sonic au Havre, le Tangram d’Evreux… Si je peux ensuite, bien sûr, Tetris club, 106 club, etc. Ce sont déjà de beaux endroits, qui proposent un lien étroit avec le public. Je rêve bien sûr de salles mythiques etc, mais laissons ça à Morphée pour l’instant.

Pour finir, pourrais-tu nous présenter trois artistes normands que tu apprécies particulièrement ?

Je vais volontairement écarter pour qu’il n’y ait pas soupçon de connivence, les groupes dans lesquels j’ai remplacé.

Bruit blanc, trio rouennais : Un trio d’une musique et des timbres originaux, avec de beaux textes ! Je leur souhaite un bel avenir !

Christian Richer, photographe… On peut faire un voyage dans des cadrages, des plans que l’on voit tout les jours sans se rendre compte de leur beauté. J’avoue que sur ce coup là, il y a peut être connivence !

No terror in the bang, du metal efficace et assez cinématographique, si l’adjectif est compréhensible !

Entretien réalisé par Grégory Constantin Septembre 2021

Contribution à la rédaction Fabrice Autret

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