Photo Didier Rochet

Pascal Besnier s’est découvert une passion pour la photographie depuis 2014. En l’espace de 4 ans  il a multiplié les projets et expositions, il fut même Lauréat du prix « photos de nuit » à Honfleur en 2015. Présent actuellement sur les tournages Fugues et Le Quai des égarés, Pascal nous livre lors de cet entretien son court, mais atypique, parcours de photographe.

Bonjour,  pouvez-vous me raconter comment vous êtes arrivé à la photo en 2014 ?

A la suite d’un infarctus qui a engendré une opération à coeur ouvert, je me suis remis en question et ai réfléchi sur cette nouvelle vie qui m’était accordée.

Un an de convalescence m’a décidé à vivre pleinement. J’ai pris un appareil photo comme une évidence et je ne l’ai jamais quitté, sauf pour le remplacer.  4 ans se sont écoulés et malgré les joies et les doutes , cette passion m’a sauvé.

Photo Pascal Debert

Aviez-vous déjà travaillé avec du matériel photographique ?

Oui mais avec du matériel simple des APN grand public comme un Kodak Easyshare  C1530, le petit appareil pratique que l’on promène dans la poche sans grande prétention, mais qui peut faire des belles photos. Le tout c’est d’avoir l’idée et le coup d’oeil et comme disait Picasso « il faut regarder longtemps pour voir », il faut observer , sentir , toucher et surtout parfois être patient.

Comment vous êtes vous initié à la photographie ?

Cette question est très vaste…En fait je suis complètement autodidacte, je n’ai pris aucun cours, mais je suis curieux et je lis énormément, j’aime me plonger dans le magazine “Photo”, mais aussi “Compétence Photo” ou encore “Digital Photo”. Mais les revues sont coûteuses, alors j’en achète que une ou deux par an, je préfère à cela me payer un bon livre sur la photo comme par exemple “52 défis créatifs” écrit par la photographe Anne-Laure Jacquart qui est en fait un cahier d’exercice pour COMPOSER

RÉGLER, DÉCLENCHER un excellent ouvrage qui permet de renouveler son approche de la Photographie  et d’être régulier dans ses progrès puisque ce livre fonctionne avec les réseaux sociaux FB et les # si vous tapez #52défiscréatifs vous pourrez mieux comprendre. Aujourd’hui si vous n’êtes pas présent sur les réseaux vous n’avancerez pas.

Avez-vous été inspiré par des photographes ?

Tous les grands photographes de l’argentique des années 50, 60, 70.. avec un faible pour Robert Capa et Henri Cartier Bresson, deux photographes au profil différent qui me fascine…

Le premier, Robert Capa, avec ses reportages en milieu hostile pendant la guerre d’Espagne (il était photographe de guerre)… Il arrivait toujours à rapporter de cette misère humaine des photos d’espoir j’aimais beaucoup aussi le travail de sa compagne Gerda Taro, qui malgré les apparences lui à appris beaucoup sur la photo … Si me suivez sur FB vous retrouverez sur ma page l’excellent article publié par Médiapart, un article que j’ai relayé il y a une quinzaine de jour environ, malheureusement Gerda est décédée prématurément en prenant des risques sur le Front de la guerre d’Espagne.

Photo de Robert Capa

Henri Cartier Bresson, je l’aime pour la précision et le graphisme de ses compositions, il s’est surtout illustré dans la photographie de rue… Les détails du graphisme de ses photos

amène l’oeil à suivre une courbe ou un détail pour finalement trouver le sujet … La photo jointe en annexe nous montre en fait une rampe et  l’oeil tombe finalement sur le cycliste : c’est cela le génie dans la photo arriver à diriger l’oeil du spectateur pour le promener à travers une photo dans son ensemble .

Photo de Henri Cartier Bresson

Y a t-il une photo dont vous rêveriez être l’auteur ?

Ce seraient bien les photos d’Oliviero Toscani un artiste Contemporain de la galerie YELLOWKORNER  pour les débats et les polémiques qu’elles provoquent. Il faut oser ! Et j’aime la différence. J’aime ces artistes qui prennent des risques et qui sortent des sentiers battus , je n’aime pas le conformisme et le purisme. A mes débuts, je me suis fait beaucoup taclé par les soi-disant puristes de la photo pour mes compositions HDR…

Aujourd’hui, mes détracteurs sont toujours à la place ou je les ai laissés et moi j’ai continué mon chemin seul avec ma passion, mes projets et mon boitier reflex sans jamais me retourner et sans rien lâcher!… Ces détracteurs n’ont pas compris ma sensibilité artistique et ma démarche.

Quel a été pour vous l’élément déclencheur, celui qui vous a poussé à persister dans la photographie ?

Je pense que le succès de mon exposition de l’année 2017 au NUAGE DANS LA TASSE un restaurant placé sur l’avenue Foch. Cette exposition a été l’élément déclencheur pour la suite de ma carrière de photographe amateur. A la demande des deux associés de ce restaurant j’ai monté une expo sur le thème « d’un été un Havre » et cette exposition a eu un très grand succès, l’avènement des 500 ans du Havre  et l’engouement des Havrais pour cet événement n’y sont sûrement pas complètement étranger.

Quelles sont les photos que vous aimez faire ?

J’aime photographier les paysages. J’ai commencé en parcourant la Normandie de long en large et de large en long , mais aussi d’autres départements. J’aime aussi faire des photos de vie surtout à Paris ou l’on trouve toujours des situations extraordinaires à photographier…

Aujourd’hui,  je me suis lancé dans la photo et le portrait d’artistes de cinéma et je crois que j’ai vraiment trouvé ma voie et j’ai beaucoup de plaisir à photographier en noir & blanc alors qu’à mes débuts , j’étais plutôt pour la couleur.

Faîtes-vous par la suite des retouches sur un logiciel ?

J’aime la photo, mais aussi le post traitement , pour rendre  les photos encore plus poétiques et avec une sensibilité qui me ressemble…. Je peux passer 1 heures ou deux sur la même photo , je suis assez perfectionniste.

J’utilise lightroom 6, photodirector 6 de chez Cyberlik et plus récemment Inpixio.

C’est nécessaire de pratiquer avec des logiciels. Peu importe la marque, ces logiciels sont à utiliser avec modération pour ne pas tomber dans l’excès et la facilité, une photos mal traitée ou mal retouchée peut vous faire basculer dans la médiocrité.

Quel est le matériel que vous utilisez ?

J’utilise du matériel assez classique, puisque je suis demandeur d’emploi donc avec des petits moyens, mais comme je le dis toujours  ce n’est pas le matériel qui fait le photographe…mais le coup d’oeil Vous pouvez avoir le meilleur matériel au monde, si vous n’avez pas la passion et l’oeil vous n’avancerez pas…

J’ai donc un boitier reflex de marque CANON, modèle EOS 1200D sur lequel j’ai monté un  objectif 18 -200 mm de chez Tameron , un objectif très polyvalent qui permet de ne pas changer tout le temps d’objectif.. Sur ce boitier je monte aussi un 75-300mm de marque CANON et un 18-55mm aussi de chez CANON…

Pour les portraits, j’utilise un bridge qui est aussi polyvalent et plus léger que le reflex le Lumix DMC-FZ200 de chez PANASONIC avec une ouverture à 2.8 et un objectif 25-600mm : un appareil très performant et qui a d’énormes possibilités et les mêmes réglages qu’un boitier reflex… son avantage sa légèreté… pourvu d’une Focale de 600 mm , cela me permet de faire  l’impasse sur un doubleur de focale .

Ceci dit, même si la qualité de l’image se perd un peu dans cette focale importante cela reste un appareil très pratique et très performant à utiliser et je le conseille…..Je possède aussi un compact Sony le DSC-HX50 qui est aussi  un excellent appareil .

La photographie est aujourd’hui omniprésente sur les réseaux sociaux, vous y êtes également très présent, est-ce une nouvelle passion pour vous ?

Je suis sur les réseaux sociaux depuis 2012 seulement. C’est un des moyens de communication les plus populaires que j’ai trouvé pour me faire connaître. Mais  je pense que certains réseaux ont perdu en qualité, je pense notamment à FB : les internautes y vont rarement pour se cultiver. Lart, la littérature, la poésie, la photographie ne font pas vraiment recette, les gens préfèrent discuter sur la politique, la copine ou faire des jeux. C’est pour cela que j’ai créé un groupe photo de taille modeste 600 membres pour parler photo , mais photo amateur .. Une façon d’échanger sur des photos , d’apporter à l’autre ses connaissances et d’aider les membres à progresser …

Le réseau social que je préfère est Instagram  sur ce réseau les internautes s’intéressent vraiment à la photo et c’est un réseau ou il y a très peu de polémique.

Quels sont vos projets en ce moment ?

En ce moment je travaille bénévolement sur deux productions cinématographiques …la première est un long métrage qui se nomme « Fugue » dont le réalisateur est VINCENT DELAPORTE. Sur ce

film,  je suis photographe de plateau. La deuxième production est  » le quai des égarés » du jeune réalisateur CLÉMENT SANCHEZ BERNARD  dont je réalise également les photographies de plateau.

Le fait de travailler bénévolement me permet pour l’avenir d’étoffer mon CV en qualité de photographe de plateau. Ces deux productions sont 100% havraises, avec des acteurs qui ont déjà un fort joli CV.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ces deux projets ?

Sur ces 2 films,  je resterai discret puisque le rôle d’un photographe de plateau est de prendre des photos dans les coulisses d’un tournage et de les distiller au fur et à mesure de l’avancement,sans rien dévoiler du scénario , uniquement faire des photos pour la production du film et de sa future promotion. La confidentialité sur un plateau de tournage est de mise et le photographe de plateau se doit de rester discret et de ne pas gêner les équipes de tournage…

Le Quai des égarés de Clément Bernard est en fait une pré- production en vue de faire par la suite un long métrage. Le plus dur dans le cinéma est de trouver les financements pour produire les films , là encore internet à une grande importance, puisque les producteurs font appellent à des plates forme de financement participatifs comme Ulule par exemple, mais les petites productions sont obligées de mettre souvent la main à la poche pour le financement…..

En ce qui concerne le deuxième film “Fugue”de Vincent Delaporte, il s’agit d’un long métrage  ou le premier rôle féminin , une violoniste de talent tombe amoureuse d’un grand chirurgien…Une belle histoire tournée dans des endroits prodigieux comme dans un château de notre région … Je ne peux malheureusement pas en dire plus pour le moment!

J’ai constaté que vous aviez également travaillé sur le court métrage de Max Obione « Bad Games », savez-vous quand nous aurons le plaisir de le voir ?

Logiquement ce court métrage devrait sortir courant octobre 2018 voir Novembre 2018..pour une projection privée à l’espace de la pointe de Caux à Gonfreville l’Orcher et par la suite au Studio ou au Sirius. Pour en savoir un peu plus,  il faudrait poser la question à mon ami producteur Max Obione.

J’ai beaucoup aimé ce tournage avec dans l’équipe beaucoup d’acteurs bénévoles. L’entraide dans le cinéma est courante et nécessaire. Cette équipe  restreinte était extrêmement polyvalente, je me suis retrouvé parfois au son pour remplacer un technicien manquant ou à l’éclairage. Jy ai même un rôle de figuration ou je joue le rôle d’un marin Mafieux .

Avec Max Obione on apprend beaucoup, j’ai beaucoup d’admiration pour lui et son travail.

Quels sont vos projets pour la rentrée ?

Dans toutes mes activités de photographe, je suis bénévole et  j’ai un statut d’amateur. Mon entreprise de Transport où j’étais conducteur de bus m’a licencié en rapport avec mes problèmes de santé liés au coeur. Aujourd’hui je suis donc chômeur et en recherche d’emploi.

J’aimerais faire des stages dans la photo et l’infographie. A 58 ans  personne ne veut vous employer, ou du moins pas pour un CDI . A la rentrée (fin août) je vais effectuer pour commencer un stage de langue en anglais avec la CCI du Havre pour approfondir mes connaissances et me perfectionner, utile pour un Blogueur sur le net.

J’ai aussi avec Max Obione le projet de réaliser une exposition « portraits d’acteurs « pour le lancement de son court métrage » Bad Game »….affaire à suivre.

Qu’est-ce qui vous a rendu le plus fier depuis que vous faites de la photographie ?

Pour mon ami, Max , j’ai réalisé plusieurs couvertures de livre, toujours bénévolement. J’ai donc réalisé la couverture de son dernier roman « Les amours noires » aux éditions « la Gidoulle » dans la série des nouvelles enquêtes de Léo Tanguy n°23..; Une enquête qui nous entraîne en pays de Morlaix et au Cœur de la communauté Bretonne du Havre, notamment dans le quartier Saint-François : une intrigue exaltante et excitante. Sur cette couverture on y retrouve le clocher de l’église Saint-Joseph du Havre et en filigrane le pont de Morlaix . La deuxième couverture est celle de « Quai ouest » aux éditions du « Horsain », un petit recueil de nouvelles écrites par Max le temps d’un petit café noir.

Pour terminer, pouvez-vous nous présenter trois artistes de la région que vous appréciez ?

Un jeune photographe talentueux qui évolue bien dans la photo , je pense à Bree Kohw, … j’aime bien son  travail certainement un des meilleurs au Havre.

Le deuxième c’est Simon Quinard réalisateur , cadreur administrateur de réseaux je pense à l’excellent site « le Havre secret  « et à ses interventions sur Ouest Track Radio, Simon est quelqu’un de surbooké ..(rire).

Et enfin pour finir  mon préféré sera Keith Hutchinson qui est un artiste complet , (Graffeur, dessinateur , musicien .)… Keith a réalisé au printemps dernier une magnifique exposition au caféInk que j’ai beaucoup appréciée et c’est surtout  un véritable ami, j’espère que vous pourrez lui accorder un peu de temps, il a énormément de talent.

Entretien réalisé par Grégory Constantin, Août 2018

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