“ Polaroïds rock” est un concert organisé parallèlement au festival du polar à la plage en juin. Exceptionnellement cette année, le concert a été décalé au 1er décembre au Magic mirrors. Je suis allé à la rencontre de Matthieu et Pierre pour en savoir un peu plus sur cet événement atypique.

Bonjour Matthieu et Pierre, pourriez-vous nous expliquer ce qu’est le Polaroïds Rock ?

Le Polaroïds Rock, c’est simple.. Chaque année le festival du « Polar à la Plage », organisé par l’association Les Ancres Noires, invite des auteurs de romans noirs, français et étrangers, à qui on demande d’écrire un texte format chanson. Nous récupérons généralement une douzaine de textes que nous donnons à des groupes normands pour qu’ils les mettent en musique. Pour ces groupes, le contrat est celui-ci : les textes sont donnés début janvier et les groupes ont jusqu’à fin mars pour composer et enregistrer leur titre. La seule contrainte est de ne rien changer au texte. Ils peuvent toutefois changer la structure, comme reprendre une phrase forte pour en faire un refrain, si cela n’a pas été prévu lors de l’écriture. L’ensemble des titres est ensuite réuni sur un cd, une compile tirée à 2000 exemplaires et distribuée gratuitement lors du festival.

Quel est votre rôle dans l’organisation de ce concert ?

Nous nous chargeons de trouver les groupes qui seraient d’accord pour relever le défi. Nous distribuons les textes en fonction de l’univers de ceux-ci, imaginant que l’ambiance qui s’en dégage leur correspondra. Notre sélection est totalement libre. Nous allons aux concerts, cherchons et écoutons beaucoup sur le net. Nous proposons aux groupes choisis le modus operandi. S’ils sont d’accord, nous gérons pour eux les enregistrements avec Mickaël Mayeu, aux manettes depuis de nombreuses années. Et puis nous organisons le concert de sortie de cette compile, cette année au Magic Mirror, le 1er décembre.

Quel est le fil qui vous relie avec les Ancres Noires ?

Les textes des auteurs, évidemment.

La musique, bien sûr, au sens large.

Allier ces deux univers, mélanger les arts, littérature et musique, est extrêmement motivant.

Nous aimons cette facette associative et culturelle, pour faire découvrir des passionnés, tout univers confondu.

Cette année le concert est proposé 5 mois après le festival, quelle en est la raison ?

Pour des raisons d’agendas, nous n’avions pas de lieu pour le concert qui se tient habituellement pendant le festival au mois de juin.

Chantal Lebourg nous évoquait en juin dernier les manques de moyens de l’association. Est-ce également le cas du Polaroïds Rock ?

La Région à couper les subventions des Ancres Noires. Soit 6000€ de moins.

Le Polaroïds Rock dépend totalement du budget des Ancres Noires.

Ce festival est avant tout un festival littéraire, et de par cette diminution sèche de subventions, les manifestations comme le nombre d’auteurs invités, le théâtre, les concerts, les lectures… sont directement menacés. Des mesures restrictives sont déjà malheureusement prises pour l’édition de 2019.

Quels sont les artistes qui ont participé au disque et participeront au concert ?

11 textes ont été retenus cette année, interprétés par Orange Yéti, The Sound Drivers, Dizzy Yug, Electric Shutdown, Othello Fred Group, Cosmic Chicken, Roméo Sans Juliette, Foray, S.W.A.N, Popping Hole et le Collectif Polaroïds Rock.

Comment peut-on se procurer l’album ?

En venant au concert! Et tous les ans lors du festival, le deuxième week-end de juin.

Depuis maintenant 2 ans, la compile est éditée à 2000 exemplaires et offerte gratuitement au public.

Le 1er décembre, 1 entrée = 1 compile offerte !

Qui a réalisé la pochette et où la compile a-t-elle été enregistrée ?

Depuis 2004, Alexis Delahaye dessine les pochettes et tous les visuels du festival. Les idées fusent de sous sa casquette!

Ses affiches, en (très) grand format, des précédents festivals seront exposées lors du concert le 1er décembre.



La compile est enregistrée, mixée et masterisée par Mickaël Mayeu, dans son studio. Il a toute notre confiance. Il connaît le travail exigé, et ce, malgré les contraintes de temps imposées, puisque chaque groupe a une unique journée de studio financée par Les Ancres Noires. Il faut connaître les manettes et savoir s’adapter aux différents styles musicaux, tout en respectant l’identité du groupe. Le résultat est toujours parfait.

Comment peut-on écouter les précédents albums ?

Tous les albums sont sur la Sonothèque Haute Normandie.  163 chansons originales sont à redécouvrir ici. Il manque juste une compile épuisée avant numérisation.

Sinon on peut encore acheter celles qui restent lors des événements liés au festival. Le samedi 1er décembre, vous pourrez les trouver sur place.

Quels sont vos critères de sélection pour la programmation d’un disque ?

Il y a un énorme vivier dans la région.. Il y a énormément de groupes que nous pourrions contacter.. Nous les appelons parce qu’ils nous semblent sérieux, motivés et que ce qu’ils font nous plait. Nous ne prenons pas en compte le style de musique, nous mettons de côté nos influences. Nous regardons ce qui se passe, ce qui bouge dans le coin. Nous proposons leur participation aux groupes que nous aimons, tout simplement. Beaucoup de recherche en nous rendant aux concerts ou via internet.

Polaroïds Rock semble assez ouvert en ce qui concerne les genres de musiques ?

Mais oui. Au delà du nom de la compile, le Polaroïds Rock est ouvert aux groupes qui ont un esprit Rock. Peu importe le style.

Au départ, pour Dominique Delahaye, à l’initiative des premières compiles, l’idée était de sortir du cliché polar/jazz.

Nous essayons de perpétuer cette idée tout en ouvrant nos horizons. Nous attendons avec impatience le prochain groupe de Jazz-Rock!

Cependant le RAP est assez peu présent. Est-ce un choix de votre part ?

Il y en a eu dans plusieurs compiles! Il n’est pas assez représenté à notre goût non plus.

Vous êtes, j’imagine, tous les deux musiciens à vos heures ?

Matthieu: je joue de l’accordéon dans le groupe MARMO, chanson française , et également dans le collectif Polaroids Rock.


Pierre : Je suis chanteur, et dans le collectif aussi. Nous avons, Matthieu et moi, participé avec nos groupes, aux anciennes compiles. Nous sommes tombés amoureux du concept dont nous nous occupons depuis maintenant plusieurs années!

Pouvez-vous nous parler du collectif des Polaroïds Rock ?

Avec le Collectif Polaroïds Rock, nous reprenons des titres d’anciennes compiles pour continuer de faire vivre les chansons. Il y en a plus de 165 aujourd’hui. Tous les musiciens de ce Collectif ont participé à une des éditions précédentes. Nous serons 12 sur scène le 1er décembre !

Quel groupe a le plus enflammé la scène à ce jour ?

S’il  fallait n’en citer qu’un… Nous sommes chaque année impressionnés par ce que les groupes font des textes, la façon dont ils se les approprient. Il n’y a pas de groupe meilleur que l’autre au Polaroïds Rock. Aucun artiste n’est mis en avant plus qu’un autre. Le résultat est différent pour chacun mais l’exercice identique permet de créer des liens et créer une expérience unique pour nous, mais également pour chacun, aux dires des participants.

Pour terminer, quel sont les 3 artistes de la région havraise que vous allez nous présenter ?

Pierre Nicolle:

– Sébastien Langrée, guitariste et ami exceptionnel. C’est avec lui que j’ai vraiment commencé à apprendre ce qu’est la musique avec les différents groupes dont nous avons fait partie (Headless Men’s Heaven, Urban Monkeys, 10’Kei, Dragsterwave…)

– Marianick Brodin, chanteuse du Polaroïds Rock. Elle m’a appris ce que chanter veut dire, se mettre au service du morceau, et le travail en duo.. ce p’tit bout de femme…

– Bug. Un groupe que wouhou putain! Ils reprenaient tous les codes de ce que j’écoutais au collège/lycée. L’impression de presque toucher nos « stars » de l’époque..

Matthieu Batteau :

Choix difficile ! 3 qui ont fait bouger mon univers musical alors…

– mon premier concert de rock au havre : au CLEC de Soquence, je devais avoir 18 ans (oui, j’ai commencé tard !) : les Bumble Bee : « Wahou ! C’est ca que je veux faire comme musique ! Ah merde… Je joue de l’accordéon!!!!… »

– Quasi 10 ans de musique ensemble, des répets à 0°, pas mal de concerts : Vincent Le Bodo. Une façon d’appréhender la musique comme je ne l’avais jamais vécue auparavant, que des bons souvenirs. J’ai beaucoup appris avec lui, un super mec en tous points.

– Jean-Vincent Enault, bassiste du groupe MARMO (et ami !), une autre façon encore d’appréhender la musique. De formation classique,  violoncelliste, guitariste aussi. L’important pour lui n’est pas l’instrument, mais la musique. Une oreille, une culture musicale incroyable, un musicien quoi ! Les rouages de la musique décryptés..

– Arf…. c’est seulement 3 qu’il  faut mettre… J’en avais d’autres, des qui m’ont marqué aussi culturellement, artistiquement… pleins d’autres…

Et puis juste 3, ça fait peu, alors on va en choisir un 7ème, en commun celui-là : Authouart.

Nous avons tous les 2 nos périodes.

Pour moi (Pierre), « To paint or not to paint » « Autopsy of Marilyn » ou « Eden ». J’étais môme…posters dans l’escalier.

Pour moi (Matthieu) pas de tableau en particulier, plutôt des ressentis, un style jamais vu par mes yeux d’enfant, un style lié au Havre, beaucoup de bazar mais énormément de choses à découvrir.

Entretien réalisé par Grégory Constantin, Novembre 2018

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