M et Mme Gorgo se sont rencontré lors d’une exposition depuis les deux peintres pensent et composent ensemble des tableaux dans un pays imaginaire qu’ils ont baptisé la Gorgonie ou animaux et humains se côtoient dans un paysage post-apocalyptique. Nous sommes allés rencontrer et connaître un peu mieux  Michel Gouteux / Bénédicte Devillers les deux artistes qui se cachent derrière cet intrigant nom « GORGO ». 

Bonjour M et Mme Gorgô, pour commencer pourriez-vous vous présenter ?

  • Je m’appelle Bénédicte Devillers, je suis née en 1961, je suis peintre, je peins depuis toute petite, j’ai étudié aux Beaux Arts du Havre et à l’école des Arts Décoratifs à Paris. Je n’ai jamais pratiqué d’autre métier même si j’ai du pour des raisons familiales réduire mon activité pendant un long moment. Depuis 8 ans je peins à 4 mains avec mon compagnon.
  • Je m’appelle Michel Gouteux, fonctionnaire d’état à la retraite, autodidacte, je me consacre à la peinture depuis la fin des années 70.

 Pouvez-vous chacun nous parler de vos premiers pas à la peinture ?

Tempête au Havre de Claude Gaignoux 1995

  • J’avais 5 ans et j’allais chaque semaine à l’atelier du jeudi de Claude Gaignoux. Il y avait de la peinture au milieu de la pièce et les enfants peignaient ce qu’ils avaient envie sur des feuilles blanches punaisées à même le mur. J’ai fréquenté ce lieu toute mon enfance.
  • J’étais en vacances sur la côte d’Azur avec ma première épouse. Il pleuvait, alors nous sommes rentrés par hasard dans un musée d’art naïf. En voyant les tableaux je me suis dit: « ça je pourrais le faire ». Et je l’ai fait.

A l’époque quelles étaient vos influences ?

  • Je ne sais pas trop. J’étais petite. Ma grand-tante avait des copies de peintres classiques réalisées par son mari. Je pense que pour moi la peinture c’était ça. Je peignais des fantaisies et j’ai continué.
  • Suite à ma visite au musée d’art naïf, j’ai acheté tous les livres sur le sujet: le Douanier Rousseau, bien sûr, Camille Bombois et les autres. On ne parlait pas, à l’époque, d’art singulier, puis de là je suis passé à la «nouvelle réalité» allemande…

Comment vous êtes-vous rencontrés et comment en êtes-vous venus à peindre ensemble ?

Nous nous sommes rencontrés à un festival d’art naïf et quelques années plus tard nous nous sommes installés ensemble. Nous avons d’abord peint face à face, chacun devant son chevalet, puis en fonction de nos qualités et faiblesses réciproques, nous avons décidé de faire œuvre commune.

D’un point de vue technique, comment fonctionne votre binôme lorsque vous réalisez une œuvre ? Quel est votre processus de création ?

M Gorgô dessine la composition et Mme Gorgô la peint sur la toile. Pour les couleurs, on en discute.

A quel moment de la journée peignez-vous en général ?

En particulier la nuit pour Mme Gorgô. M Gorgô selon, selon…

Comment réussissez-vous à faire cohabiter vos deux univers au sein d’une toile ? (Quelle est la place occupée par chacun ?)

Il n’y a qu’un seul univers, celui de M Gorgô qui est partagé maintenant: la Gorgônie.

Comment définiriez-vous votre univers artistique actuel ?

Notre peinture relève de la figuration narrative. L’accent y est mis sur une certaine forme de poésie, liée sans doute à un fond de nostalgie.

Vous qualifiez vos tableaux de « psychologiques ». Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?

On peut qualifier nos tableaux de « psychologiques » dans la mesure où ils sont susceptibles de faire surgir chez ceux qui les regardent une réaction liée à leur inconscient.

Vous avez récemment réalisé une série de tableaux à l’acrylique en noir et blanc, alors qu’en temps normal vous peignez à l’huile et en couleurs. Vous arrive-t-il souvent d’explorer de nouvelles manières de peindre ?

C’est exceptionnel, par exemple pour répondre à une commande thématique, lors d’une exposition de groupe.

On observe la présence du Havre dans certaines de vos œuvres. En quoi cette ville inspire-t-elle votre travail ?

Dans nos tableaux la ville du Havre surgit sous forme de ruines en général. Les dystopies sont au cœur de l’univers gorgonesque.

Vous faites partie du Cercle havrais. Que vous apporte le fait de faire partie d’un collectif tel que celui-ci ?

Cela nous permet à la fois d’exposer de manière régulière et de nouer des relations avec des créateurs d’univers différents.

Parmi les différents projets que vous avez réalisés, quel est celui dont vous êtes particulièrement fiers ou qui vous a le plus marqué ? 

L’exposition à l’espace Claude Monet à Sainte-Adresse début 2016 a marqué le début d’une reconnaissance de notre travail. (En général il ne s’agit que de gratifications symboliques, hélas).

Que pouvez-vous nous dire de vos projets actuels et futurs ?

Après avoir exposé en permanence en 2018, tant en France qu’à l’étranger, l’année 2019 s’annonce plutôt creuse dans ce domaine. Nous allons avoir tout le temps disponible pour approfondir notre démarche.

Pour finir, pourriez-vous nous citer 3 artistes havrais que vous appréciez ?

On va dire: Josette Houel, Jean-Pierre Germain et Denis Blondel. Les autres nous pardonnerons peut-être, quoique…

Entretien réalisé par Clémentine Descamps Avril 2019

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