Une véritable apparence de poupée : couleurs pastels, dentelle, blanc, rose, bleu… Une peluche pour compléter ce look…

Des minijupes bouffantes (grâce à un jupon), des hauts dans le même esprit, accompagnés très souvent d’un gros ruban sur le devant des chemises ou le dos des jupes.

Nina et Maïlys sont des Lolitas elles nous révèlent tous les codes de cette mode.

Pouvez-vous nous expliquer ce que c’est que d’être une Lolita ?

Tout d’abord il faut savoir que le Lolita est inspiré de l’époque Rococo, son emblème est Marie-Antoinette. C’est un style qui prone l’élégance, la délicatesse, la bienséance et la beauté de la femme sans en exposer le corps. Ce style vestimentaire est apparu dans les années 80 au Japon. Il a ensuite été connu de la France. Les vêtements font penser à ceux de l’époque Rococo remixés avec des motifs doux, parfois enfantins, mais ils peuvent tout aussi bien être aussi élégants que ceux des grandes dames du passé, avec des broderies et dentelles de qualité, et des matières nobles. Selon nous, le Lolita n’est pas une mode mais une façon d’être et de penser, car ce n’est pas seulement porter de belles robes, c’est une façon de voir et d’apprécier le monde.

Quand et comment avez-vous découvert la mode Lolita ?

Lys : J’ai découvert le Lolita il y a 8 ans environ. J’ai toujours été passionnée par le Japon, j’ai donc découvert ce style au fur et à mesure que je me documentais. Si je me souviens bien, c’est en regardant ‘Lady Oscar’ (qui est un dessin animé japonais se déroulant pendant la Révolution française) et en me documentant sur le générique d’origine que je suis tombée sur des groupes tels que Lareine et Malice Mizer (groupes musicaux japonais précurseurs du Lolita). J’ai tout de suite eu un gros coup de coeur pour ces groupes.

Nina : J’ai découvert le Lolita il y a environ 3 ans sur un forum parlant de mode. J’avoue être tombée dessus un peu par hasard. En voyant des photos et des explications sur le style, j’ai tout de suite été très attirée par le Lolita, et plus je me documentais, plus ce style me charmait.

A quelles occasions adoptez-vous ce style?

Lys : Tous les jours, bien que ces derniers temps il me soit difficile de le porter car je travaille énormément, et ayant un uniforme de travail, il ne serait pas évident de me changer 4 fois par jour.

Nina : Je porte le Lolita aux Tea Parties (événements entre Lolitas, qui consistent à se réunir autour d’une assiette de gâteaux et de tasses de thé afin de partager notre passion), mais aussi les week-ends, ou pendant mon temps libre et en vacances.

Ce style vestimentaire est-il accepté à l’école ou dans le milieu professionnel ?

Lys : J’ai porté ce style au lycée. C’est clair qu’il n’était pas accepté mais j’ai lutté pour car c’est ce que je suis et je ne changerai pour rien au monde. Pour ce qui est du travail, j’ai la chance qu’il soit totalement accepté et que les avis soient même plutôt favorables.

Nina : Je ne peux malheureusement pas porter du Lolita au lycée car ce n’est pas accepté et je n’ai pas le courage de passer toute mon année scolaire à me battre.

On s’est dit « on va faire un disque et ça ne nous coûtera rien ». C’est ce qu’on a fait pour «  Vinaigrette », le premier album de l’Arène des Sans godasse.

On a créée « Voix lactée » pour l’occasion, une association que l’on a ouvert ensuite afin de partager cette expérience d’auto-production.

C’est devenu VXLrecords pour la partie label et production indépendante.

L’association est un collectif maintenant, où l’on échange, où l’on questionne sur les projets des uns et des autres, ou l’on aboutit aussi. C’est également une mutualisation des moyens matériels tant pour la scène que pour l’enregistrement, et des moyens humains quand il en est besoin.

Ce projet est en devenir et s’est doté récemment d’une édition, « Les éditions du petit diable », pour la poésie.

Notre mot d’ordre depuis le début est « et pourquoi on ne le ferait pas! faisons le par nous même ».

Est-il difficile de supporter le regard des gens dans la rue?

Lys : Je ne trouve pas que le regard des gens soit difficile à supporter car je vis pour moi-même et pas pour les autres, et si ma façon d’être dérange, alors que les gens tournent la tête et regardent ailleurs. En revanche, ce que je ne supporte pas, ce sont les agressions physiques, car je ne trouve pas ça normal de se prendre des coups uniquement pour un style vestimentaire. Nous sommes dans un pays libre. Pour ce qui est des agressions verbales, j’ai presque envie de dire que c’est au quotidien et ça ne m’atteint pas.

Nina : Au départ le regard des gens était assez dur à supporter car je voyais toujours les gens me regarder, me pointer du doigt ou m’insulter, mais maintenant je ne m’en rends même plus compte, tout cela me passe au dessus de la tête.En revanche je ne tolère pas qu’on me prenne en photo sans me demander, je ne suis pas une bête de foire, je parle et je pense comme tout être humain. Je ne supporte pas non plus les agressions physiques, car nous sommes libres de nous habiller comme nous le voulons.

Le mouvement Lolita est-il important dans la région havraise ?

On ne peut pas dire que ce mouvement soit important au Havre, même si nous sommes une petite dizaine, ce qui n’est rien comparé à Paris ou à d’autres grandes villes.

Et dans le monde ?

Grâce à Internet, une communauté internationale a été créée, cependant il reste impossible de dénombrer toutes les Lolitas à travers le monde. Nous pouvons malgré tout dire que nous sommes suffisamment nombreuses pour permettre la création de divers sites internet, le développement de jeunes créateurs, ainsi qu’un réseau de revente de vêtements Lolita d’occasion, et parfois neufs.

Pour vous quelle est la Lolita parfaite ?

Lys : A mes yeux, il n’y a pas de Lolita parfaite, car toute Lolita s’assumant et ayant son originalité peut être parfaite aux yeux de certains. Par exemple, une Lolita qui semble parfaite aux yeux de Nina peut ne pas attirer mon attention. Mais j’admire le soin apporté aux tenues de certains précurseurs du Lolita.

Nina : Pour moi non plus il n’y a pas de Lolita parfaite, car il n’y a pas de modèle d’esthétique précis à atteindre, chacune doit avoir son originalité et se développer dans cette mode. Il n’y a donc à mes yeux qu’une perfection personnelle, un achèvement personnel.

Quel est le budget d’une tenue Lolita ?

Tout dépend si c’est de la marque ou non: si ce n’est pas le cas, une tenue complète (robe, chemise, chaussettes, chaussures, jupons, accessoires…) peut revenir à 150€, alors que si tous les éléments sont de marque, la tenue peut facilement revenir à 800€ neuve ou 500€ d’occasion.

Fabriquez-vous vous-mêmes vos costumes ou accessoires ?

Lys : J’ai eu la chance d’apprendre à coudre avec ma grand-mère, je me suis donc créé une robe et certains accessoires. Mais financièrement parlant, il est plus simple d’acheter une tenue toute faite, même si c’est un plaisir différent.

Nina : Je ne sais pas coudre alors malheureusement je ne peux pas me faire de robes, mais il m’arrive de me fabriquer des petits accessoires, comme des manchons en dentelle, des broches, des porte- clés…

Quelle est votre plus grande ambition pour cette mode ?

Notre souhait serait qu’il n’y ait plus de différences entre les Lolitas « débutantes » et « expérimentées » au sein de la communauté en général, et que cette mode continue de faire rêver toutes les passionnées que nous sommes.

Et ce n’est pas la même chose.

C’est comme une récréation.

Pourtant, les enfants sont très exigeants!

Ce qui change c’est le propos, et non la qualité.

Le propos est surement plus léger.

Pensez-vous rester une Lolita toute votre vie ?

Lys : Je ne peux pas savoir de quoi l’avenir sera fait, mais j’espère pouvoir porter mes tenues le plus longtemps possible, tout en évoluant vers un style Lolita plus mature au fil du temps.

Nina : Je ne pense pas garder le Sweet Lolita toute ma vie car il a beau être un style très mignon, je me vois mal porter des couleurs pastel et des motifs enfantins quand j’aurai 45 ans. Je vais certainement évoluer vers un style de Lolita plus mature, avec des couleurs plus sobres, des imprimés floraux ou pas d’imprimés du tout.

Entretien réalisé par Grégory Constantin Juillet 2012

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