Photo Carole Coeugnet

J’ai rencontré Gilles Adam il y a 21 ans lors du tournage du film d’Eric Guirado « Un petit air de fête », court-métrage où n’apparaîtrons ni lui ni moi suite à un problème technique en post production. Depuis nos chemins ne se sont plus jamais croisés, pourtant l’artiste aux multiples talents méritait bien que je m’attarde sur sa déjà longue carrière. Coronavirus oblige nous ne nous sommes toujours pas revu, l’entretien a donc été réalisé au téléphone, ce n’est que partie remise pour, je l’espère, une vidéo et pourquoi pas, au Magic Mirros ?!

Bonjour Gilles,  peux-tu nous raconter tes premiers contacts avec la musique ?

A part la radio, j’ai côtoyé la musique grâce à mon père qui arrondissait ses fins de mois en tant que batteur dans des formations de jazz dans les années 50 et début 60. Le 1er concert dont je me souviens était un trio de jazz qui a joué au Musée Malraux en 62 ou 63 (M. Solal au piano, G. Pedersen à la contrebasse et D. Humair à la batterie). J’avais donc 2 ou 3 ans !

Quel a été ton premier instrument ?

A 15 ans, en 1975; je décide de me mettre à la guitare comme mon grand frère et je m’achète une guitare pourrie d’occasion.

Quels ont été les étapes dans ton apprentissage de la musique ?

J’ai toujours chanté ! Gamin, je récupérais des paroles de chansons de variété pour les rechanter à la maison. Je profite des disques de mon frère plus âgé que moi pour élargir mon répertoire. Il débute la guitare en 67 et je commence à faire des secondes voix « à l’oreille ». En 75 je débute la guitare à mon tour. En 78 je fais la manche dans les restaurants du Havre avec un copain et quelques petites scènes. Au début des années 90, je prends quelques cours de batterie et nous formons les Mob’S et Travaux en 92. Quelques cours de chant (chœurs) au Studio des Variétés à Paris en 99. Début des SouinQ et chant « lead » en 2003.

A quel moment as tu écrit et composé tes premières chansons ?

La première date d’environ 78 mais je jouais peu. J’ai commencé véritablement à écrire en 2000 pour le second spectacle des Mob’S et Travaux « Sacrée Quête » mais les compos sont souvent collectives. C’est l’explosion en 2003 avec les SouinQ.

A quand remontent tes premiers pas sur scène ?

1966 ou 67 ! Ma famille est invitée aux vins d’honneur du mariage de André Glévarec. Il y a un orchestre avec un chanteur et lorsque qu’ils reprennent « Les play-boys » de Dutronc/Lanzmann, je me suis retrouvé avec le micro dans les mains, vu que je connaissais les paroles par cœur.

Quelle a été l’étape la plus importante dans ta carrière ?

Certainement les Mob’S et Travaux. A un moment, je dois faire un choix entre mon boulot et la musique et les tournées. En 2000 je vis donc de la musique.

Peux tu nous parler des débuts de SouinQ comment le groupe s’est créé ?

Fin des Mob’S et Travaux en 2002. En octobre j’organise une soirée où les volontaires viennent interpréter  1 à 3 morceaux des Beatles à leur sauce. A l’époque, je connais un quatuor de swing manouche, Swing Be Good et leur propose 3 morceaux traduits en mot à mot. Après quelques mois, je leur propose des compos et à l’automne 2003 nous sortons le 1er EP des SouinQ.

Comment  définirais-tu votre musique ?

Chansons swing. A l’époque, notre phrase de présentation est : Une pointe de Boby et deux doigts de Django ».

Qui compose et écrit les textes de vos chansons ?

Hormis les quelques reprises, j’écris tous les textes. Au début, je proposais des compos qu’on améliorait en répètes et Jérémy apportait aussi des compos. Pour le dernier spectacle « Fichtre », les musiques sont écrites par Jérémy, Laurent ou Evrard.

Le groupe existe depuis 2003 et vous n’avez que 2 albums à votre actif quelles en sont les raisons ?

1 EP en 2003, 1 album en 2005 et un autre en 2009. Lorsque nous créons « Fichtre » en 2012, nous décidons de ne pas faire d’album et là, nous sommes en stand-by puisque je n’écris pas…

Peux-tu nous présenter les membres du groupe ?

SouinQ au départ, c’était avec Jérémy Lebrun (guitare, tuba, chœurs), Jérémie Guerrier (contrebasse et chœurs), Laurent Gruau (trompette, trombone, harmonica, petites percus et chœurs) et Baptiste Lecroq (guitare rythmique). Baptiste arrête et est remplacé par Evrard Moreau (guitares, banjo et chœurs). Et à la création de « Fichtre » en 2012, Grégory Serrier (batterie et chœurs) nous rejoint.

Quels sont vos meilleurs souvenirs de scène ?

Mon meilleur souvenir avec les SouinQ, c’était à l’ECPC de Gonfreville-l’Orcher, en 1ère partie des Blérots de R.A.V.E.L. Quand on est sorti de scène, on sautait partout. Et le public nous l’avait d’ailleurs bien rendu !

Quels sont vos projets pour les mois à venir ?

Nous nous sommes reformés pour la dernière saison du Bastringue (2 dates en février). Nous devions jouer au Bistrot le 30 avril…
Quelle différence y a-t-il entre le Gilles Adam seul sur scène et le Gille Adam avec les SouinQ ?
Musicalement beaucoup moins abouti en solo, évidemment ! Les SouinQ sont tous des musiciens confirmés et même leur présence et leur humour sur scène manquent dans mon projet solo. Avec eux, je peux sauter partout ! En solo, avec le « bout de bois » dans les mains, je suis plus statique et planté derrière le micro. Je dois donc tabler sur autre chose.

Quels sont tes prochains événement solo ?

Je devais jouer au THV en mars… En mai au CEM… Des touches pour un concert en appartement… Une date au bistrot mais j’ai bien peur que tout ça saute. S’il a lieu, je rejouerai sur scène début juillet au Festival du Solo-Tout seul devant tout le monde à Blangy-le-Château (14) qui fête ses 10 ans. Et je fais partie d’un  collectif, le LON. On se produit tous les 3 ou 4 mois dans une librairie d’occasion Rouennaise, Le Rêve de l’Escalier. Mais là, vu le contexte viral…

Quel est ton rapport avec le théâtre et le cinéma ? 

J’en ai fait un peu en amateur dans les années 80 et on m’a proposé des figus ou des petits rôles au cinéma.J’aime bien aller de temps en temps voir des spectacles au Théâtre des Bains-Douches dont j’aime la programmation. Par contre, ça fait une éternité que je ne suis pas allé au cinéma, budget riquiqui oblige… 

Le théâtre a-t-il une importance dans ton jeu de scène en concert ?

J’aime bien « théâtraliser » quand je suis sur scène et retrouver l’aspect ludique, le jeu. De là à dire que c’est théâtral… D’ailleurs ça a été un souci avec les Mob’S. Dans le milieu du théâtre, on était trop musiciens, et dans celui de la zic, on était trop théâtreux !

Quels sont les artistes qui t’ont inspiré étant jeune et quels sont ceux que tu apprécies aujourd’hui ?

Boby Lapointe, Neil Young, The Beatles, The Who, Little Bob Story, Bashung, Gainsbourg, Bourvil, Raymond Devos, Coluche, Rufus, Zouc, Buster Keaton, Jango Edwards, Nirvana, Ravel, Coltrane, Urban Dance Quad, Jacques Higelin. Aujourd’hui, je n’écoute pas grand chose de très actuel. J’aime bien aller à l’Escale voir des concert de gros rock qui tache, ou partager la scène avec des artistes qui sont devenus des copains, comme Wally, Ben Herbert Larue, Boule, les Gypsys Pigs ou Fissa Papa, Lady Arlette, Agathe B, gul de Boa, Amélie Affagard et j’en oublie… Et ceux et celles que je vais rencontrer.

Comment vis tu le confinement imposé par le coronavirus ?

Pas trop mal, ayant l’habitude de me confiner avec ma guitare en période de répètes ou de compo. La grosse différence, c’est que là, y a pas le choix ! Et j’ai un papa très âgé que je ne peux plus voir comme je le veux.

Peux-tu nous présenter 3 artistes de la région Havraise que tu apprécies ?

Ouaaaah ! Je vais tricher ! D’abord Michel Lacaille (et la Cie SDF), mon pote depuis 40 ans. En musique, j’aime François Lebas et Frandol (Little Bob étant hors catégorie). Et en BD, Riff et Edith, ainsi que Kokor. Et tous les gens avec qui j’ai bossé à un moment ou un autre (et là on doit atteindre la quarantaine de personnes, voire plus…). 

Entretien réalisé par Grégory Constantin Avril 2020

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