Photo Roger Legrand

Rockeurs d’expérience, Frandol, François Lebas et François Fenouil ont créé en 2017 le groupe « François Premiers », ils ont depuis été rejoints par Laury Picard et Cyril Doche que nous avons rencontré ce mois-ci. Le groupe qui a sorti il y a peu de temps un 45 tours nommé « Franciscopolis » rencontre déjà un vif engouement. Il nous a même été vivement recommandé par Little Bob lors de sa venue au studio.

Bonjour Cyril, peux-tu te présenter ?

Bonjour le BDA !

Je vis au Havre depuis 2013. Je m’y suis installé pour des raisons professionnelles et je ne regrette pas le voyage !
Le départ de ma région d’origine (les Hauts de France) a coïncidé avec la fin de mon groupe de rock n’ roll Les Craneurs au sein duquel je braillais et jouais de la guitare électrique. Après une petite pause de 3 ans je me suis remis à la musique dans diverses formations aux esthétiques bigarrées en pratiquant des instruments improbables.
Quand j’ai le temps, l’énergie et qu’une occasion se présente, j’organise des concerts afin d’accueillir des groupes de passage dans la région. Je m’occupe aussi de micro-labels discographiques dont Poseur Records créé spécialement pour les François Premiers !
Il m’arrive aussi de passer des disques vinyles quand on me le demande, j’ai choisi le pseudo DJ Vif Argent pour ça.

Tu es venu en tant que représentant du groupe François Premiers, peux tu nous expliquer comment votre groupe est né ?
En 2017 Le Havre fêtait les l’anniversaire des 500 ans depuis la fondation de la ville par François Ier.
Deux François bien connus dans le milieu du rock local ont sauté sur l’occasion et se sont unis pour conjuguer leurs super-pouvoirs-pop.
Il s’agit pour commencer de Frandol (François Pandolfi) issu de la formation Roadrunners. Il a également officié en solo avant de partir à l’aventure avec Kitchenmen. En face c’est François Lebas dont le CV est bien rempli de Fixed Up à Asphalt Tuaregs en passant par The Backsliders !
François Premiers est ainsi né avec la section rythmique d’Asphalt Tuaregs composée de François Fenouil (LE troisième François) à la basse et Olivier Fontaine à la batterie. Ce dernier a laissé sa place à Maximilien Picard, lui-même suivi de Guillaume Tranié. C’est Laury Picard le dernier batteur en date qui nous a rejoint cet été !
Pourquoi avoir choisi le nom François Premiers ?
C’est un clin d’oeil au monarque qui a fondé notre ville et c’est cohérent avec le prénom majoritaire des musiciens composant la formation : 3/5 !
Nous avons gardé « Premiers » en toutes lettres parce que ça se lit aussi chez les anglophones. The Premiers était d’ailleurs un groupe de rock-garage américain des années 1960… C’est un nom un peu clivant dans le milieu du rock français non-francophone mais on est là pour cliver, on assume totalement quitte à se faire traiter de royalistes !
Peux-tu me présenter les membres du groupe ?

Je vous ai déjà présenté rapidement Frandol et François Lebas qui chantent et jouent tous deux de la guitare électrique telecaster.
Le nom de François Fenouil évoque certainement quelque chose pour celles et ceux qui ont connu son groupe Fenouil et les Fines Herbes il y a une dizaine d’années. On a pu également le voir officier à la basse plus récemment dans Ska Cover Club. C’est aussi un excellent choriste qui s’aventure tête baissée dans les aigus comme personne !
Laury Picard est le fondateur du site internet Rock in Le Havre qui référence la scène musicale havraise depuis les années 60 jusqu’à maintenant. Il partage de précieuses archives qui font le bonheur des passionnés et des curieux. Je ne m’aventure pas à lister sa groupologie en tant que bassiste ou batteur… Il y a une vingtaine d’années il avait déjà partagé la scène avec François Lebas dans Backsliders.

Comment définirais-tu votre musique ?

Le répertoire des François Premiers est imprégné de garage-rock et de power-pop… de R n’ B et de soul également ! Les références sont à chercher autant dans les compositions originales que dans les cover que nous choisissons. C’est une machine reposant sur de solides acquis puisés dans l’histoire du rock et propulsée à vitesse grand V dans le futur avec un travail soigné pour ce qui concerne le son, la mélodie et la structure des morceaux.

Qui écrit les musiques et les textes de vos chansons ?

François & François (Lebas + Pandolfi) mettent à profit leur grande expérience de songwriting. Ils mélangent souvent leurs idées pour arriver à des résultats (d)étonnants) ! C’est très stimulant de voir régulièrement émerger de nouvelles chansons, de les roder sur scène puis de les transformer en studio avec des arrangements puissants et subtiles.
Pendant le confinement j’ai composé une plage instrumentale qui verra peut-être le jour sur scène ou sur un album… à suivre !
Quel est votre processus de création ?
J’ai le sentiment d’avoir répondu à cette question plus haut pour ce qui concerne les paroles et la musique.
Mais ce n’est pas le seul aspect créatif… il y a aussi la démarche discographique, visuelle… le travail se fait collectivement autour d’un apéro, par correspondance informatique ou lors des longues heures passées dans le camion au cours de tournées qui nous ramènent régulièrement dans le sud-ouest de la France. On peut dire que d’une manière ou d’une autre nous sommes tous les jours ensemble à réfléchir, proposer, inventer et déconner bien évidemment !
De quel instrument joues-tu ?
Lorsque j’ai intégré le groupe pendant l’été 2018 c’était avec un tambourin, un tom basse et un harmonica.
J’ai gardé le tambourin qui est un instrument incroyable dont je suis loin d’avoir fait le tour et j’ai investi dans une mandoline électrique : une mandocaster pour être dans le ton. Cet instrument aux origines italiennes nous donne la touch Renaissance que nous recherchions sans pour autant sacrifier au rock.
Quelle est ton histoire avec cet instrument ?

J’avais déjà joué de la mandoline dans mon tout premier groupe de rock il y a bientôt 20 ans mais sans vraiment approfondir l’apprentissage… Je grattais quelques accords et ça le faisait plus ou moins dans le brouhaha de notre formation à 7 ou 8 musiciens selon les dates ! Depuis quelques années déjà je rêvais de m’y remettre mais plus sérieusement tout en explorant la dimension électrique avec l’ajout de pédales d’effets : fuzz, tremolo, delay…
François Lemarchand, guitariste de Bangkok Riviera avec qui nous avons partagé la scène il y a un an à Trouville vient de me confectionner une fuzz terrible dont le son m’inspire beaucoup… l’aventure ne fait que commencer !

Comment as-tu intégré le groupe ?

Roadie d’Asphalt Tuaregs depuis octobre 2017, je me suis retrouvé à conduire le camion de François Lebas également pour François Premiers.
Cela me convenait tout à fait : voyager, changer les cordes cassées des guitares, vendre des disques et des t-shirts, passer du bon temps avec des gars impayables…
J’étais flatté et enthousiaste de cette proposition d’intégrer le groupe… mais aussi très flippé vis-à-vis de mes compétences musicales limitées que je travaille depuis pour ne pas déprimer quand je tombe sur la vidéo d’un concert !!!
Quelles sont tes influences et celles du groupe ? 
On a un socle commun d’influences qui nous permet d’avancer de manière cohérente.
Le catalogue Closer première mouture y trouve sa place et nous dévoilons volontiers nos sources en proposant des covers revisités : Flamin’ Groovies, The Animals, The Revelons, The Out, Sunnyboys, The Barracudas, The Sorrows… Nous avons une grande admiration pour notre aîné Little Bob ainsi que la scène rock australienne.
Pour rester dans la musique rock qui fuzz, j’aime beaucoup JC Satan, The Oh Sees, Ty Segall, The Mystery Lights, The Seeds, Idles, Viagra Boys ou les normands We Hate You Please Die, Servo, Les Agamemnonz, Dick Voodoo… Pas forcément des influences mais des coups de coeur certainement !
Vous avez sorti un 1er 45 tours il y a peu de temps, pourquoi ce titre « Franciscopolis » ?
Pour rentrer dans le vif du sujet il nous fallait commencer avec un hymne à la ville qui a vu naître le groupe. « Franciscopolis » signifie « ville de François » en référence à son fondateur. C’est le premier nom donné à la ville du Havre. Quelques critiques musicaux ont très bien su décortiquer le morceau et y dénicher les nombreuses références qu’il comporte. Je crois que cette chanson rend bien compte de la joie qu’a ressenti Frandol enfin de retour au Havre après une parenthèse parisienne…
Le titre est accompagné d’une reprise « Don’t put me on », pourquoi ce choix ?
The Flamin’ Groovies a contribué à l’émergence du power-pop, une influence majeure pour le rock post-60’s. Frandol & Francesco écoutaient tous les deux ce titre dans les années 80 alors qu’ils avaient leurs groupes respectifs (Roadrunners et Fixed Up) et qu’ils se croisaient sans jamais vraiment faire connaissance… Peut-être une manière de rattrapper le temps perdu ? Nous avons eu de nombreux compliments au sujet de ce cover dont un particulièrement touchant : son co-auteur Chris Wilson !
La pochette du disque est particulièrement réussie. Qui l’a réalisé et le dessin est-il lié au titre Franciscopolis ?
Merci ! C’est l’illustrateur Riff Reb’s qui nous a proposé ce dessin ahurissant ! Je vous encourage à découvrir sa bibliographie si ce n’est pas déjà fait. Riff dessine pour la scène rock havraise depuis des décennies et il est devenu incontournable dans le milieu de la bande dessinée.
Sur cette pochette on peut voir un raz-de-marée qui submerge la porte océane. Ce n’est pas à proprement parler une illustration littérale de la chanson, l’enjeu est ailleurs… vous le découvrirez avec les disques suivants !
D’autres 45 tours sont ils prévus ?
Pandémie ou non, nous avons prévu de sortir 4 singles (vinyle 7 pouces – 45 RPM) ! Chaque galette sera gravée d’un titre original et d’une reprise.
Ensuite nous pourrons enfin passer à l’album mais pas avant… même si de nombreuses demandes nous parviennent régulièrement. Patience !!!
Comment le groupe vit-il cette période particulière ?
Les groupes de rock en France n’ont – je crois – jamais connu de période faste à quelques exceptions près… Alors un peu plus ou un peu moins de bâtons dans les roues et d’obstacles sur le chemin ce n’est pas ça qui viendra à bout de notre détermination !
Nous continuons d’avancer mais il faut bien reconnaître qu’il nous tarde de reprendre la route et les concerts après des annulations en cascade !
Quelles sont les scènes majeures où l’on a pu vous voir jouer ?
Il n’y a pas de scènes majeures mais des concerts devant des passionnés qui attendent beaucoup de la réunion inattendue des deux François. Avec vingt concerts en deux années de Brest à Toulouse en passant par Angoulême, Paris, Périgueux et Puymirol nous avons joué dans des bars, des SMACs ou des festivals avec une exigence égale concernant la qualité de notre prestation.
Quels sont les projets du groupe ?
Rejouer publiquement… enfin ! Sortir ce deuxième 45 tours cet automne… il est presque prêt !

Pour terminer peux-tu nous présenter 3 artistes que tu apprécies particulièrement ?

3 c’est peu… Priorité aux circuits courts et la production locale :

  • le label Beats House Records (Djar One en particulier)
  • René Apallec (chirurgien-plasticien sur le papier, havrais expatrié à Toulouse)
  • Deedee De Mille (artiste-peintre lilloise vivant au Havre)

Entretien réalisé par Grégory Constantin Septembre 2020

Contribution à la rédaction Fabrice Autret

Aimez et aidez le boulevard des artistes en un coup de pouce 

ARTICLES CONCERNANT FRANCOIS PREMIERS
EVENEMENTS CONCERNANT FRANCOIS PREMIERS