Aude Mesas présentera au petit théâtre le 3 octobre à 20h le spectacle « Petite anthologie de la chanson coquine », l’artiste sera accompagnée d’un quatuor à cordes 3.XIII, de Damien Sliwa et Jean-Marie Olivier pour cette nouvelle création. Avec des reprises de grands classiques de la chanson française un brin sexy, la musicienne et chanteuse nous offre un peu de légèreté dans cette période compliquée.

Bonjour Aude pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Chanteuse et saxophoniste, je suis avant tout une passionnée de musique, désireuse de partager cet amour de l’art avec un maximum de personnes à travers le spectacle mais aussi grâce à l’enseignement et aux actions éducatives auprès de différents publics. Je suis une amoureuse inconditionnelle de la bossa nova et j’aime également beaucoup le jazz. Ce sont les deux principales esthétiques que je présente en concert mais il m’arrive de faire quelques excursions dans le monde de la chanson française et de la variété internationale.

Quel était votre rapport avec la musique et le spectacle étant petite ?

J’ai toujours entendu de la musique chez mes parents mais la révélation m’est venue quand j’avais sept ans. Je suis allée à un spectacle de cirque et le Monsieur Loyal, qui était également clown blanc a joué au saxophone soprano « Petite Fleur ». Là, coup de foudre pour cet instrument ! et c’était parti. En CE2, je commence à l’école de musique du Havre et je n’ai plus jamais arrêté !

Quels sont les artistes qui vous ont influencée ?

Le maître absolu de la bossa nova, Tom Jobim et Gal Costa, qui l’interprète sublimement avec de talentueux musiciens et des arrangements très soignés. En jazz, même si cela n’est pas original, Ella Fitzgerald. Elle avait ce don d’utiliser sa voix comme un instrument à vent. Ses scats sont juste magiques ! Et elle avait également cette particularité : chanter les verses des standards de jazz qu’elle interprétait et les verses sont bien souvent de purs moments de bonheur !

Quel a été votre parcours avant de devenir professionnel ?

Mon parcours est plutôt atypique. Après le lycée, j’ai entamé des études de médecine. J’ai eu le concours de première année et à la fin de la deuxième année de chirurgie dentaire, j’ai tout arrêté pour revenir à ma passion. Je suis entrée au CEFEDEM pour obtenir un Diplôme d’Etat en Formation Musicale, et j’ai été recrutée en tant qu’enseignante au Conservatoire du Havre en 2005. Après cette première rentrée, j’ai eu envie de me former au chant jazz. J’ai rencontré Luc Leboisselier et il a accepté de me former. Il m’a tout appris et m’a surtout fait découvrir la bossa nova.

Quels sont les projets majeurs dans lesquels vous avez participés ?

J’ai participé à de nombreux projets alors que j’étais encore élève au Conservatoire. Mes « premières » grosses scènes, je les ai partagées avec Annick Villanueva et les musiciens de ses orchestres. On a monté ensemble au moins une dizaine de grands spectacles au Volcan et au THV ! Et puis, il y a eu la production d’un premier album en 2012, début d’une petite série…

Vous avez créé de nombreux spectacles : quels en sont les principaux ?

Citons « Culture Pub », « Meurtre au THV », qui sont tous deux des spectacles sur lesquels j’ai travaillé la mise en scène, chanté, joué la comédie et dansé… Des productions qui m’ont demandé de mobiliser plusieurs domaines de compétences, me forçant à me découvrir dans d’autres arts que la musique et élargissant ainsi mon univers artistique.

Nous vous rencontrons aujourd’hui pour votre spectacle « Petite Anthologie de la chanson coquine » pouvez-vous nous expliquer les origines de ce projet ?

En septembre 20119, Damien Sliwa, professeur de clarinette au Conservatoire et surtout ami, me propose de monter avec lui un spectacle autour des chansons coquines. Cela faisait un moment que cette idée me trottait en tête alors je n’ai pas hésité une seconde. Nous avons choisi des chansons coquines certes mais élégantes et jamais vulgaires …. le projet était lancé !

Comment qualifieriez-vous ce spectacle ? 

« Petite anthologie de la chanson coquine » est un spectacle jubilatoire, jovial, distrayant et ressourçant. Bref, exactement, ce qu’il nous faut en ce moment ! La musique, la danse et le théâtre font partis intégrante de ce spectacle où musiciens et spectateurs ne s’ennuient pas une seconde !

Quels sont les titres que vous reprendrez samedi soir ?

Ils sont nombreux (16) et on ne va pas tout dévoiler mais de grands noms de la chanson française y sont représentés, balayant le 20ème siècle et le début du 21ème… On entendra donc du Juliette Gréco, du Léo Ferré, du Marie-Paule Belle ou encore du Barbara.

Vous serez accompagnée de six musiciens, pouvez-vous nous les présenter ?

J’ai la chance de partager la scène avec de merveilleux musiciens : le quatuor 3.XIII, quatuor à cordes bien connu sur Le Havre et sa région, composé de Pacale Delaveau et Cécile Lucas au violon, Hélène Joncqueur à l’alto et Aline Bertrand au violoncelle. En plus du quatuor, Jean-Marie Olivier nous accompagnera à la batterie ainsi que Damien Sliwa, qui jouera alternativement du piano et de la clarinette mais qui est également l’auteur de tous les arrangements écrits pour ce spectacle et cette formule instrumentale atypique.

Vous chantez, jouez du saxophone, mais pour ce spectacle vous avez travaillé le jeu de scène avec Isabelle Vial pouvez-vous nous parler de cette collaboration ?

Nous avons joué ce spectacle en version courte le vendredi 14 février. Lorsque la date au Petit Théâtre est arrivée, nous avons ajouté plusieurs chansons au programme d’origine et, afin d’être vraiment dans un esprit spectacle, je me suis dit que certains titres devaient être chorégraphiés. J’ai fait appel à Isabelle Vial car ma fille est inscrite à son école de danse. Tout de suite, ça a fonctionné. Isabelle est une belle personne, dynamique, talentueuse et très « artiste ». Je lui ai expliqué le projet et elle a su créer des chorégraphies « naturelles ». Travailler avec elle, a été un véritable plaisir et ce n’est que le début d’une belle collaboration complice et amicale !

La crise sanitaire que nous traversons à t elle compliquée l’organisation et la préparation du spectacle ?

Oui et non. Réponse de normande….

Après le concert du 14 février, nous avons eu la date au Petit Théâtre et nous nous sommes retrouvés confinés. J’en ai profité pour travailler avec les musiciens sur le choix des chansons à rajouter. Ensuite, j’ai travaillé la mise en scène. En juin, quand les conditions sanitaires se sont assouplies, on a fait une répétition afin de vérifier que l’ensemble du spectacle avec les modifications et nouveautés avait du sens.

Pour ma part, j’ai profité des vacances d’été pour travailler avec Isabelle et nous avons repris les répétitions tous ensemble fin août. Donc, de ce côté-là, pas de changement véritable par rapport à  une période « normale ».

Par contre, ce qui est plus compliqué c’est la logistique au niveau de la vente des places. Les salles de spectacle sont un peu victimes d’une « double peine » : port du masque et distanciation. Le port du masque n’est pas un problème mais la gestion de la distanciation entre amis, familles ou personnes qui viennent ensemble est assez difficile à gérer. Mais on y arrive et tous les spectateurs assisteront au spectacle dans les conditions sanitaires requises.

Les recettes du spectacle seront reversées à France Alzheimer, pourquoi cette démarche ?

Anne-Marie Beauvais est une très grande amie. En tant que Présidente de France Alzheimer 76, elle m’a demandé une fois d’intervenir pour le Noël des malades et des aidants. J’ai alors travaillé en lien avec la musicothérapeute de l’association et lorsque nous avons joué les patients et leurs familles ont oublié pendant une heure la maladie pourtant omniprésente. Nous avons renouvelé cette collaboration à diverses occasions et à chaque fois, ce fut pareil.

L’association a besoin, comme toutes les associations de dons pour fonctionner. Les temps sont difficiles pour tout le monde. Alors renouer avec la scène après de longs mois sans et en même temps, être altruiste, ça a, pour moi beaucoup de sens.

Tous les musiciens ont abandonné leur cachet au profit de l’association. Et donc seule la location de la salle et la location du piano seront à déduire de la recette. Tout le reste servira directement à l’association pour acquérir le matériel nécessaire au bon déroulement des ateliers, pour rénover certains lieux, pour rémunérer des intervenants…. Il faut donc que la salle soit la plus pleine possible !

Vous avez une actualité assez dense en cette fin d’année pouvez-vous nous présenter vos projets à venir ?

Effectivement, c’est dense ! Plusieurs projets sont déjà d’ailleurs en route. Le premier à venir est un spectacle sur Barbara, la longue dame brune…. Le 14 novembre à 20h00 au Petit Théâtre, nous serons trois musiciens sur scène, Magali Natalizio au piano, Eric Jacot à la contrebasse et moi au chant. Là encore, ce sera bien un spectacle et non pas un concert. Une partie des échanges que nous aurons sur scène sont extraits d’interviews de Barbara et retraçant sa vie.

Ensuite, il y aura le dimanche 10 janvier à 15h00, au Théâtre de l’Hôtel de Ville une belle version de l’Histoire du Soldat de Stravinsky, dirigé par Jean-Marie Gibellini. J’aurais la chance de travailler de nouveau avec Isabelle Vial !

Et puis, il y a tous les spectacles que je monte dans le cadre des concerts pédagogiques à destination des scolaires avec le Conservatoire Arthur Honegger, un hommage à Michel Legrand également… 

Alors oui, l’actualité à venir est dense pour mon plus grand plaisir !

Pour terminer pouvez-vous nous présenter 3 artistes de la région Havraise que vous appréciez ?

Je citerai Gérard Poncet, musicien résidant actuellement à Honfleur, il a joué très régulièrement au Havre. Il est saxophoniste et a accompagné de grands musiciens de jazz et aussi des interprètes de la chanson française. J’admire son parcours, sa carrière et la pêche qu’il a aujourd’hui à 92 ans !

Ensuite, je pense à Isabelle Vial. Elle est à mon sens l’image même de l’artiste pédagogue. Elle est sur scène en tant qu’artiste, incroyable et elle a ce talent de savoir transmettre sa passion. Ce n’est pas donné à tout le monde d’exceller dans ces deux domaines et pourtant quand on connait Isabelle on a l’impression que tout cela est naturel !

Enfin, et ils sont plusieurs en un, il s’agit de tous ces enfants que je croise et avec qui je partage tant de moments de bonheur, avec un petit clin d’œil particulier aux élèves de l’école Maréchal Joffre. Les enfants sont tous de véritables artistes. La vie, la société effacent petit à petit ces univers imaginaires et cette désinhibition qui font des enfants de véritables puits d’inspiration. J’espère qu’à travers les concerts, les ateliers culturels proposés aux enfants par différentes structures, une part de ces enfants garderont leur âme artistique. Nous avons besoin d’eux. Nous ne pouvons vivre sans culture, sans création, sans imaginaire. Et en ce moment, plus que maintenant, nos enfants sont notre avenir et nous devons préserver leur foisonnement artistique !

Entretien réalisé par Grégory Constantin Septembre 2020

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