Originaire d’Orthez, Alexandra est arrivée au Havre en 2013 où elle y pratique la linogravure. L’artiste nous a accordé un entretien pour nous présenter cet art qu’elle enseigne lors d’ateliers d’initiation et en tant qu’intervenante en milieu scolaire et institutionnel.  Nous avons profité de cette rencontre pour aborder son autre activité : éditrice et auteur jeunesse au sein du Studio Courte échelle, au Havre. Vous pourrez découvrir ses création prochainement, lors de l’exposition ACTE 1 du 16 au 23 juin. (Pour plus d’informations cliquez ici)

Bonjour Alexandra, pour commencer pourriez-vous nous expliquer ce qu’est la linogravure ?

Cette technique consiste à graver un dessin sur une plaque de linoléum, surface composée d’un mélange de poudre de liège, d’huile de lin, de gomme et de résine. Le dessin gravé, appelé «matrice» est ensuite encré et passé sous presse. La linogravure peut aussi se pratiquer sur d’autres matières plus tendres que le linoléum telles que certaines gommes (soft cut ou japonaise) vendues dans certains magasins spécialisés.

Quels sont les ustensiles indispensables à la pratique de la linogravure ?

Les indispensables sont les gouges !

Une gouge se compose d’un manche en bois ou en plastique se terminant par une lame.

Il existe différentes tailles et formes de lames (en U, en V, etc) afin d’obtenir différents effets.

Comment avez-vous découvert la linogravure ?

J’ai eu l’occasion de tester et/ou de travailler avec plusieurs techniques d’impressions (sérigraphie, taille douce, xylographie) durant mes études à l’Ecole Nationale Supérieure d’Art à Bourges ou par pure curiosité. C’est finalement suite à un stage au sein d’une maison d’édition et de typographie (Les Mille Univers, Bourges) que j’ai découvert la linogravure, mise à contribution en tant qu ‘illustration dans la conception de livres de poésie. Ce fut pour moi décisif : j’ai passé mon diplôme, quitté Bourges et me suis mise à la linogravure.

Des artistes vous ont-ils influencée ?

Oui bien entendu ; plutôt dans les domaines de l’illustration graphique et de la littérature, à commencer par l’artiste Raymond Moretti et ses dessins de couvertures pour le magazine littéraire dans les années 80. Plus contemporaines, la graphiste Fanette Mellier ou l’illustratrice et scénariste Violaine Leroy. Les écrivains Dino Buzzati,  Italo Calvino et Jérôme Ferrari, enfin, le poète Christophe Tarkos. Mes influences sont plutôt hétéroclites. Elles développent néanmoins mes sensibilités à la couleur, à la composition, à la transparence ; à l’absurde ou au bizarre. A une certaine distorsion du réel aussi.

Où puisez-vous votre inspiration ?

Mon travail s’inspire très simplement du quotidien, d’objets usuels, de matières comme le mouchoir, la brique…

Je confronte, grâce à la linogravure, le creux, le plein, la rondeur, la couleur : sa dissolution et sa trace.

Créer des images incrustées dans une matière.  Pouvoir, grâce à l’obtention de matrices, reproduire ces images presque à l’infini libère ce potentiel du multiple, du combinatoire, de superposition, de coloration, c’est pour moi un terrain des possibles.  

Je réalise ou écris également des objets plastiques des éditions. C’est ici souvent le pli et le dépli, l’idée d’interstice, de souffle, de pas de côté par rapport au tangible, au réel qui aboutit à une forme plastique ou éditoriale.

Quel est votre processus de création ?

Pour moi, la création vient d’abord d’une idée – qu’elle soit narrative, factuelle, ou simplement visuelle. Tout part d’une d’une idée d’agencement de formes graphiques ou textuelles, de « motifs » tendant à créer du sens. S’ensuivent beaucoup d’expérimentations. Je cherche d’abord la forme, la composition ainsi que le choix du support (papiers, carton, etc) le plus juste à mon sens ; viennent ensuite les textures et les couleurs. Enfin, les titres de mes travaux ont parfois leur importance, ils se veulent souligner ; ils percutent et ajoutent à la narration/compréhension des visuels ou objets correspondants, qu’ils soient dessins, impressions, ou éditions.

Vous exposerez prochainement lors de l’ACTE 1 organisé par Le Petit Sérigraphe, pouvez-vous nous parler de cet événement ?

Effectivement, je participe très prochainement à cette exposition collective qui réunira pas mal d’univers et d’artistes havrais.

Ce projet, à l’initiative du graphiste et sérigraphe Nicolas Pelletier via sa micro-entreprise « Le Petit Sérigraphe », est de réunir une trentaine de jeunes artistes aux influences variées telles que le street art, le graph’, le collage, l’architecture, le graphisme…

Chaque proposition graphique sera sérigraphiée à trente exemplaires au sein de l’atelier « Le Petit Sérigraphe » et mise en vente dès le 16 juin (vernissage de l’expo) jusqu’au 23 juin (clôture de l’expo). Il y a aura aussi pas mal d’animation durant la semaine : initiation à la sérigraphie, atelier tampon et stands !

Vous proposez régulièrement des ateliers linogravure dans votre studio, quand ont-ils lieu et à qui sont ils dédiés ?

Les ateliers que je propose au sein du Studio Courte échelle sont ouverts à tous, dès 8 ans. Deux offres sont ainsi proposées au public : l’atelier initiation à la linogravure et l’atelier tampon. Je publie chaque mois sur facebook (@latelierlino) les ateliers qui auront lieu le mois suivant.

Les inscriptions aux ateliers se font directement sur l’évènement ou par message privé !

Vous avez une autre passion pour la littérature, vous avez en 2017 créé le Studio Courte échelle, quels sont les livres que vous proposez ?

Après avoir travaillé avec François Belsoeur au sein des éditions Cabane durant plusieurs années, nous avons créé Courte échelle, un studio de création et d’édition situé au Havre. Nous proposons des expositions, des objets d’art et nous développons également un catalogue de livres d’artistes, textuels et graphiques. Nous sommes dans une logique artisanale de production, ce qui nous permet de proposer des livres inhabituels, avec une attention particulière prêtée aux matériaux et au façonnage.

Votre livre dédié à la jeunesse « Je me suis trompée” sortira en septembre prochain, pouvez-vous nous en parler ?

“Je me suis trompée” est une édition d’artiste-jeunesse pour les 4-8 ans édité par le Studio Courte échelle.

Cette édition fonctionne sur différents niveaux de lecture. Par la manipulation, l’activation/réflexion entre réponses textuelles au verso et traductions graphiques au recto des 8 cartes que compose l’édition, par un jeu d’échelle entre l’édition appréhendée comme un ensemble et l’autonomie de chaque carte, et par la parole que ces combinaisons sont susceptibles de déclencher.

L’édition est une enquête évolutive, mi-jeu mi-livre, qui permet à enfants et parents d’échanger autour du fait de se tromper, dans une démarche d’éducation positive, créative et bienveillante.

Elle veut déclencher une réflexion :

Qu’est-ce que se tromper ?

Est-ce que c’est grave de se tromper ?

Est-ce important ?

Pourquoi ?

Où pourrons-nous nous procurer ce livre ?

Sur le site du Studio Courte échelle : surlabranche.fr.

Egalement durant les salons du livre et de la petites éditions auxquels nous participons, à suivre sur facebook (@studiocourteechelle).

Enfin vous pourrez vous procurer “Je me suis trompée” dans des librairies jeunesse à Paris, Rouen.

Ce travail de distribution se met doucement en place. Nous actualisons régulièrement notre site, ainsi que notre compte facebook et vous tiendrons au courant des librairies dépositaires.

Pour terminer comment arrive t-on au Havre lorsqu’on vient d’Orthez ?

On y arrive pour les études, on y reste grâce aux rencontres !

Quels sont les 3 artistes que vous allez nous proposer ?

LUSO, artiste peintre-graffeur, à retrouver sur @LUSOLH

-Vostfr, artiste illustrateur-sculpteur, à retrouver sur @vostfrillustration

-François Belsoeur, artiste plasticien, à retrouver sur déplier.fr

Entretien réalisé par Grégory Constantin  Avril 2018

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