Thierry Emile Cerles est un peintre aux multiples facettes qui tire son inspiration de plusieurs arts et cultures. Il transmet ces influences dans ses productions en utilisant des techniques et des matériaux variés, et a exposé en France ainsi qu’au Japon. J’ai pu m’entretenir avec cet artiste atypique qui expose actuellement ses créations au salon de coiffure The Torture Garden au Havre.
Quand j’étais enfant je ne connaissais pas l’art… Il n’était pas présent dans la famille. Mais j’avais une tante peintre et j’avais ce contact avec la peinture, un contact très fort, avec la nature qu’elle peignait, elle habite au fin fond de la Creuse. Elle était aussi mystique que scientifique, et c’est ce qui m’a parlé. Mais la notion d’art je l’ai rencontré pour la première fois dans le musée du centre Georges Pompidou en 1985 avec une exposition sur Kandinsky.
J’ai commencé à créer avec la couture en 1986 à l’âge de vingt ans, suite à une école de stylisme modélisme, j’ai rencontrer un chorégraphe, Richard Mouradian pour lequel je travaillais. La peinture est venu bien plus tard…
L’artiste qui m’a donné envie de peindre c’est Kasimir Malevitch, c’était lors d’un cours sur l’avant garde Russe, une première année de DEUG d’histoire de l’art. Ça a fait l’effet d’une explosion en moi.
Mon inspiration est très intellectuelle, je me pose beaucoup de questions, et je me nourris de cinéma, des films où je retrouve ces questions abordées. C’est aussi une inspiration instinctive, je ne cherche pas de sujet à peindre, il y a un fil commun à toutes mes productions, c’est cette quête de la connaissance de l’au-delà, en soi et en dehors de soi.
Le prix qui avait le plus de sens pour moi c’est celui du CRAC de Champigny en 2000, c’était une reconnaissance de faire parti du monde de l’art contemporain, de ce courant de recherche.
Je ne peux pas citer tous les lieux d’exposition, mais au Japon par exemple, il y eut de belles expositions individuelles dans des galeries de renom… Celle qui me touche bcp c’est celle qui arrive, au salon de coiffure de Jean- Charles Gérard, The Torture Garden, c’est un vrai lieu…
Ce qu’il me reste du Japon c’est le travail sur le papier et un air très mystique, un lâcher prise aussi dans le geste.
Tes créations sont des invitations aux voyages, l’Afrique est un pays qui semble t’inspirer tout particulièrement, peux-tu nous en parler ?
L’Afrique je l’ai rencontrée une première fois en histoire de l’art mais surtout ensuite au travers des films de Jean Rouch, mais est-ce rencontrer l’Afrique, je ne sais pas, il faut y aller pour ça. Ce que j’en vie c’est une idée intériorisée, une vibration quant à la relation avec le monde non visible, au travers des pratiques animistes, des rituels comme les danses de possession.
La thématique actuelle ? Elle est du même ordre que celle sur l’Afrique, c’est-à-dire ce questionnement sur nos origines, mais vu par la science, la cosmologie et l’astrophysique, et je sens bien que cela va rejoindre ce que la culture animiste africaine a perçu…
J’utilise la peinture pour mon travail mais aussi d’autres matériaux comme le PVC et le polymère, ce qui change depuis peu, et qui est la conséquence de cette réflexion sur objet et rituels, c’est à dire la réalisation d’objets d’intercession entre notre monde et celui des Kami, comme on dirait au Japon, des esprits, mon travail se situe là… Un objet d’intercession, d’où le travail en transparence et sur les deux faces, quand on en regarde une, l’autre est vu de l’autre monde…
La vidéo et les petits films c’est une histoire lointaine, j’aimerais peut-être y revenir, mais ce qu’il en ressort c’est que c’était un travail très proche de la peinture.
La c’est un voyage sans fin, le cinéma fait rêver. J’ai d’abord consommé des films de Science Fiction, et ensuite des films d’auteur, Wim Wenders, Bergman, Tarkovski, entre autres, Cassavetes et Jarmusch, et tous les autres. Jean Rouch, bien-sûr… en ce moment je regarde à nouveau Tarkovski, Solaris …
Où va ta préférence entre la peinture et la réalisation de films ?
Pour l’instant la question ne se pose pas, c’est évidemment au travers de la réalisation de ces objets peints, que j’appelle les bâches, que je me sens à ma place. Les films, s’il y en aura un jour d’autres, seront plutôt des délires entre potes…
En ce moment trois expositions m’attendent, une au salon de coiffure The Torture Garden (35 Avenue Foch au Havre), elle commence mardi 15 mai. Une autre du collectif du Cercle des artistes Havrais, qui aura lieu tout le mois de juin à la galerie du parc à Gravenchon, et enfin à la Galerne au mois de juillet où j’expose un tout autre travail, un faux carnet de voyage autour des road movies américains des années soixante-dix…
J’ai choisi un peu au hasard de venir vivre au Havre, mon attachement à cette ville passe par les rencontres que j’y ai faites, et la vie particulière de cette ville, plein air si je peux dire… J’aime beaucoup les différents lieux et cafés, les ambiances de marché et des beaux jours, des endroits idéaux où partager des pots entre amis, le long de la mer.
J’y trouve des conditions à réfléchir sur ce qui va l’influencer…
Les trois artistes qui me viennent spontanément, c’est le plasticien Yves Durant, et les photographes Gérard Duboc et Bernard Herber.
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