Pour le mois de mai nous vous présentons le court-métrage Le délit de Wi Wi , film réalisé à l’occasion du 24h kino 2016 par Simon Quinart avec en guest star Gilles Adam. A 26 ans le jeune vidéaste est à la tête de nombreux projets, nous l’avons rencontré et profité de ce moment pour aborder tous ces sujets !
Bonjour Simon, peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaîtraient peut-être pas ?
Bonjour !
Alors, je suis Simon, j’ai 26 ans. Je vis au Havre depuis ma naissance et je n’ai vraiment quitté mon port d’attache que pour les études, en grande partie à cause de l’affection que je porte au Havre. Je fais de la vidéo depuis petit, j’ai commencé à étudier l’image au Lycée Jean Prévost à Montivilliers et j’ai continué mon cursus à Cherbourg ainsi qu’à Rennes.
Ceux qui me connaissent savent que je suis un « cumulard » : je suis auto-entrepreneur spécialisé en création de vidéo (et consultant en communication), je suis formateur cinéma / vidéo dans les classes (école, collège, lycée), je travaille avec Barman Records, je suis correspondant local de presse pour une WebTV localisée en ex-Basse-Normandie, je fais également un peu d’intermittence en tant que technicien pour le cinéma, je co-anime une chaîne Youtube intitulée « Le Havre Secret » avec mon ami Clesius Néofolk, j’anime une émission de radio hebdomadaire ayant pour thématique le Cinéma sur Ouest Track Radio, je suis pas mal impliqué dans différentes associations havraises (Havre de Cinéma, Du Grain à Démoudre, etc) et sur le reste de mon temps libre, je suis chef scout…
Et il m’arrive de dormir un peu le dimanche…
Je suis vers toi pour te demander de me présenter un de tes court-métrage , pourquoi avoir choisi Wi-Wi ?
J’ai choisi Wi-Wi, déjà un peu daté, car c’est ma dernière réalisation de fiction (mes différentes activités ne me laissent que peu de temps pour faire de la fiction et ne me reste que le Kino). J’ai pris beaucoup de plaisir à la réalisation de cette fausse bande annonce de comédie d’espionnage, j’en garde de super souvenirs et la plupart des participants sont devenus des amis.
Ce court-métrage à été réalisé pour le 24h Kino de 2016. Quelles sont les difficultés rencontrées lors d’un tournage si court ?
Pour commencer, dans 24h Kino, il y a « 24 heures », soit la durée qui sépare:
1 – La soirée où l’on nous donne le titre du film donné par Les Improbables (Le Délit de Wi-Wi), la contrainte imposée (film d’action), les comédiens principaux (Gilles Adam et Robin Da Silva) et avec participation obligatoire de membres du public…
2 – De la soirée du lendemain où le film est projeté devant le public.
Ça peut faire un peu peur, mais avec l’adrénaline, la seule chose qui vient en tête c’est : Challenge Accepted !
Dès les premières minutes, il faut faire fuser les idées et dans l’heure qui suit les premières scènes sont tournées dans le parking des Docks Vauban (il faut avoir prévu un thermos de café et d’eau chaude dans la journée histoire de se donner du courage pour les heures qui viennent). Il faut garder l’équipe soudée, se débrouiller pour que personne ne soit mis de côté, tourner sur pas mal de décors différents et toujours avoir en tête qu’après le tournage, il faut monter le film (et ça prend un temps monstrueux) !!!
L’édition de 2018 n’a pas encore eu lieu, as-tu des nouvelles de cette édition ?
Malheureusement non. Mais je pense que Les Improbables, qui organisent l’événement depuis déjà quelques années, ont un emploi du temps hyper chargé entre leurs spectacles mensuels, les Mardi de l’Impro, le Mondial de l’Impro, … Et un événement comme le 24h Kino c’est une masse de travail extrêmement lourde, s’ils prennent une pause, personne ne peut leur en vouloir.
Les films de Shane Black (réalisateur de Kiss Kiss Bang Bang et The Nice Guys et scénariste de L’Arme Fatale 1&2) pour moi c’est le créateur du Buddy Movie à l’américaine (film porté par deux personnages aux profils diamétralement opposés qui doivent faire équipe pour s’en sortir), je me suis aussi pas mal inspiré d’un autre Kino, réalisé à Bordeaux qui a pour titre Fingered (je vous laisse aller voir ça sur Dailymotion).
La comédie d’espionnage française, bien que peu reconnue, a quelques pépites à son compteur (Le Grand Blond Avec Une Chaussure Noire, Les Barbouzes, Ne Nous Fâchons Pas, …) et c’est une source d’inspiration inépuisable ! Bon, ok, je l’avoue, une des cascades (la plus inutile de toutes – un glissé sur le capot d’une voiture – qui ne sert absolument à rien), je crois que je l’emprunte à Starsky et Hutch.
Peux-tu nous présenter les acteurs qui ont participé au film ?
Je vais commencer par Gilles Adam, mais ai-je vraiment besoin de le présenter? C’est un auteur-interprète, chanteur des SouinQ, acteur dans plusieurs Longs (Le Havre, de Aki Kaurismäki) et courts (on a récemment tourné ensemble dans une production qui sera présentée au festival des Ancres Noires).
Robin Da Silva, le héros de Wi-Wi, est un jeune plein d’avenir. Pas mal de talent au service d’un physique de jeune premier. Il a lancé il y a peu une page sur Facebook consacrée à un projet intitulé GTC, je vous laisse aller voir 😉
La cheftaine des espions russes est interprétée par Justine Talvast. Je vous l’accorde, on ne l’entend pas beaucoup dans Wi-Wi, mais elle fait depuis partie de l’équipe de mon émission CinéClub sur Ouest Track et y tient une chronique féministe que je vous invite à écouter !
Je suis très ami avec l’un des deux espions russes, Eliott Raveau (celui aux cheveux longs et à l’accent impeccable), qui est guitariste dans le groupe Sekhmet, il me prête également sa voix à l’occasion pour la radio.
Je terminerai avec mon ami Guillaume Devaux, acteur et metteur en scène, et à qui je dois beaucoup. Il joue régulièrement au Bastringue et il dirige une troupe de jeunes comédiens à Ecrainville. Nous avons d’ailleurs dirigé à deux une pièce de sa création avec la-dite troupe, Eastern Chronicles, pièce inspirée du Film Noir américain et ponctuée d’une playlist très Blaxploitation, typiquement Seventie’s.
Absolument… pas…
Tout a été conçu et répété par mes acteurs en seulement quelques minutes, mais certains choix de cadrages dynamisent des cascades très simples.
En fait, à ma connaissance, certains films fonctionnent comme ça, et ça marche très bien (Harrison Ford a donné une belle mandale à Ryan Gosling sur le tournage de Blade Runner 2049 alors que la main devait passer à une quinzaine de centimètres du visage).
J’ai utilisé ma caméra de reportage, une Sony FDR AX1, c’est une entrée de gamme pro, très passe partout et avec une optique pas mal du tout. Je l’utilise encore aujourd’hui.
J’utilise un peu Final Cut Pro, mais je ne suis pas fan des mises à jours de ces dernières années et je me suis rabattu sur Adobe Premiere Pro. Je suis assez Old School 😉
Bien sûr, l’émission s’appelle tout simplement « CinéClub ». C’est une hebdomadaire, le mercredi de 19 à 20 heures, on a une équipe de chroniqueurs soudée, avec des profils très variés. On parle de Cinéma dans tout ce que ça a de plus large, que ce soit des sorties récentes aux films de patrimoine, du blockbuster au film d’auteur, le tout ponctué de revue de presse ou de débats…
On arrive à un an d’existence pour l’émission, on avait fait deux émissions test, dont la première où l’on recevait le réalisateur doublement Césarisé Jean Manuel Costa (que j’ai eu l’honneur d’avoir comme professeur pendant ma première année d’études supérieures), on essuyait les plâtres à proprement parler (on inaugurait la table du studio seulement 15 minutes avant), on pataugeait un peu, mais c’était vraiment fun. Un super souvenir ! Avec Thomas, mon bras droit dans l’émission, on souhaite le faire revenir, plus préparés, bientôt on espère.
On a en projet de descendre à Cannes, profiter un peu du Festival, on assurera une émission quotidienne sur nos coups de coeur et coups de gueule. On a vraiment hâte.
Une petite précision, on a l’occasion d’animer des projections spéciales au cinéma Le Studio ainsi qu’au nouveau cinéma Les Arts à Montivilliers, on y prend énormément de plaisir à chaque fois.
Tu as participé récemment au tournage du dernier film de Max Obione, quel a été ton rôle dans son nouveau projet ?
Si je peux d’abord aborder le tournage du précédent film de Max, j’y tenais les postes de chef opérateur image et son ainsi que de monteur.
Il m’a de nouveau fait confiance, mais cette fois-ci avec un film plus ambitieux, plus lourd, nécessitant beaucoup de technique et sur lequel je me suis » laissé embarqué » dans la comédie (j’y tiens le rôle du bras droit / consigliere d’un mafieux local). J’ai délégué une partie de la technique à mes amis du CinéClub qui ont tout de suite répondu présent à l’appel. Le montage est en cours, on a tous hâte de voir le résultat final pour le film Bad Game.
D’où te vient cette passion pour le cinéma ?
J’ai d’abord été marqué par un film dans mon enfance – Jurassic Park – que j’ai vu et revu et rerevu, en long en large et en travers, curieusement ce film m’a suivi toute ma vie.
Il y a eu aussi un été ou je m’ennuyait ferme avec un cousin, on devait avoir 10 ou 11 ans, et l’idée lui est venue de prendre la vieille caméra de mes parents (plus vieille que moi la bête) et de se lancer dans la réalisation d’un petit film. De là, je n’ai jamais vraiment arrêté de faire de l’image.
Un détail, c’est que sans le lycée Jean Prevost et les différents professeurs de cinéma audio-visuel, jamais je n’aurais eu le bagage nécessaire pour continuer sur cette voie là, en particulier sur l’analyse filmique.
Quels sont les films que tu aimes revoir et qui ont une influence sur ton travail ?
Je peux reparler de Jurassic Park?
Non plus sérieusement, j’ai une très grande admiration pour beaucoup de cinéastes, notamment Christopher Nolan et pour ses idées de mise en scène.
J’aime aussi énormément le travail de Spielberg (je choisi pas les plus petits pour commencer), sa manière de filmer le passage de l’enfance à l’âge adulte, ou devenir parent – comme dans mon film fétiche – Munich.
Après, très honnêtement, j’aime tout aussi bien les grands classiques du Cinéma que des films plus récents, j’ai eu un énorme coup de coeur pour La La Land de Damien Chazelle par exemple. J’arrive à apprécier des films plus commerciaux, en gardant un point de vue à la fois critique mais aussi parfois complètement décomplexé.
Un petit mot sur le retour des Havrengers ?
Pour ceux du fond qui ne connaissent pas encore les Havrengers, il s’agit d’un groupe composé de cinéastes, de techniciens, d’artistes, de comédiens de la région havraise rassemblés autour d’un objectif commun : faire des films. Le projet avait été initié par Alexis Delahaye et on répertoriait environ 90 membres en 2014, année ou j’ai rejoint le groupe.
En 2015, à l’approche des 500 ans, on voulait prendre une existence juridique en créant une association Loi 1901, mais les points de vue de certains étant complètement opposés concernant la gestion d’une association, le projet a été enterré. Suite à une conversation avec un jeune organisateur du Festival Du Grain À Démoudre qui me suggérait de relancer le projet, mais via un groupe Facebook, plus simple à gérer sur la durée, j’ai créé un nouveau groupe Havrengers.
Je pars du principe que les acteurs de la vie culturelle locale peuvent profiter d’une nouvelle plateforme très simple pour lancer de nouveaux projets de films ou proposer des piges ou des captations de concert.
Le groupe redémarre, tranquillement, mais je reste confiant, on arrivera bien à faire quelque chose de bien, j’ai vu les premiers projets de court-métrages arriver.
Pour terminer, quels sont les 3 artistes havrais que tu vas nous présenter ?
Je vais éviter de parler de mes potes des métiers de l’image, histoire de varier un peu…
J’aimerai présenter Thierry Tanter, metteur en scène et gérant du théâtre Le Bastringue, un lieu vraiment convivial et étonnant. Thierry est un type charmant, adorable, avec un regard et une sensibilité sur le jeu d’acteur que je trouve particulièrement remarquable. Il a une attention toute particulière sur les moments de silence, ce qui donne à la mise en scène un aspect aérien particulièrement appréciable. Et si vous n’êtes jamais allés au Bastringue, c’est un lieu vraiment cool, rue Docteur Postel.
J’apprécie beaucoup Anton. Habituellement, je ne suis pas fan de musiques urbaines, mais Anton a su me faire oublier mes a priori et mes réticences. Je l’ai vu en concert au Tetris et je l’avoue, je suis fan.
Une catégorie de métiers très présente au cinéma et pourtant très méconnue est celle des comédiens doubleurs. Il se trouve que le Havre a vu grandir deux « poids lourds » du doublage, Luq Hamet (voix française de Marty McFly, de Mozart dans le film Amadeus, de Roger Rabbit, etc) et surtout de mon 3ème artiste : Bruno Choel. Personne ne connaît son nom, mais tout le monde connaît la voix du Capitaine Jack Sparrow et plus généralement de Johnny Depp, de Ewan McGregor, de Matthew McConaughey, de Mark Wahlberg, de Nathan Drake dans les jeux Uncharted, etc… Autant de voix qui pour les amateurs de VF sont très familières proviennent d’un seul et même havrais. J’ai eu le plaisir de le rencontrer à l’occasion du Festival Du Grain À Démoudre où il était juré.
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