Sébastien Monod 2023 photo © Séverine Desrues

Aujourd’hui, nous avons le plaisir de recevoir Sébastien, un auteur passionné et talentueux, qui nous ouvre les portes de son univers littéraire.

De ses débuts en tant que jeune auteur autodidacte à ses projets littéraires actuels, en passant par ses études variées et ses collaborations artistiques, Sébastien nous invite à découvrir son parcours et les thématiques qui le passionnent. Nous aborderons également son processus d’écriture, son amour pour les arts et la musique, ainsi que ses deux ouvrages sur Etienne Daho.

Installez-vous confortablement pour plonger dans cet échange fascinant avec un auteur dont la plume ne cesse de surprendre et d’inspirer.

Bonjour Sébastien, pourriez vous nous expliquer comment votre passion pour l’écriture à débuté ?

Enfant, j’étais ultra timide et réservé. Je n’avais de liens sociaux qu’avec mes parents et ma sœur. L’écriture est donc devenue mon amie, la seule. Mon amie et mon alliée. Car, c’est avec elle que j’ai pu affronter le monde des hommes et des femmes. Dès que j’ai été en âge d’écrire, j’ai commencé à raconter des histoires. Au début, c’était par l’intermédiaire de la BD. J’avais même créé une petite revue consacrée aux animaux et, en prenant de l’âge, à l’écologie et à la musique, mes passions adolescentes.

Quels écrivains ont marqué votre jeunesse et lesquels admirez-vous parmi les auteurs contemporains ?

À l’enfance et à l’adolescence, j’étais très branché bandes dessinées, Lucky Luke, Tintin, Astérix… Mais une lecture à l’école m’a particulièrement marquée puisque je m’en souviens encore aujourd’hui : c’était L’Enfant et la rivière d’Henri Bosco. L’imaginaire déployé dans ce roman me fascinait !

Par la suite, j’ai lu des livres d’aventures, Jules Verne, Alexandre Dumas, mais aussi Guy de Maupassant, puis, un peu plus âgé, des policiers comme Agatha Christie. 

Aujourd’hui mes goûts sont toujours aussi éclectiques. Je prends un grand plaisir à savourer les mots si finement choisis de Gustave Flaubert et, plus proche de nous, de Jean-Baptiste Del Amo. Des orfèvres ! J’aime beaucoup aussi Amélie Nothomb et Philippe Besson chez les francophones ou Armistead Maupin et Chuck Palahniuk chez les anglophones. Mais il y a tellement d’auteurs intéressants !

Quel a été votre parcours scolaire ?

Très labyrinthique ! (sourire) Je me suis toujours laissé guider par mes passions, donc j’ai obtenu un bac Cinéma, puis j’ai fait un DEUG Langues étrangères appliquées avant de revenir à l’artistique avec un cursus licence/maîtrise Conception et mise en œuvre de projets culturels suivi d’une spécialisation dans le management culturel.

Comment avez-vous évolué professionnellement dans le domaine de l’écriture ?

Au début, j’ai réussi à concilier mon métier de journaliste, puis ensuite celui de communiquant, avec l’écriture, mais c’était compliqué. Se partager continuellement le cerveau n’est pas aisé, surtout pour quelqu’un comme moi qui se donne à 200 % dans tout ce qu’il entreprend ! En 2018, lors de mon dernier poste, une nouvelle directrice a été nommée et elle est arrivée avec son équipe, mon contrat n’a pas renouvelé. Je me retrouvais à un moment charnière où il fallait me poser les bonnes questions : que voulais-je faire de ma vie ? Continuer à partager mon temps ou avoir une occupation à temps plein. J’ai choisi l’écriture, et rien que l’écriture. À partir de ce moment-là, ma carrière littéraire a pris un véritable essor.

Quel fut votre premier projet littéraire ?

Je suis entré dans le monde de l’édition avant même d’avoir écrit un roman ! Il y a 25 ans, j’avais un ami qui écrivait des ouvrages sur des séries TV et qui était publié chez H&O. Sa maison lui a proposé de créer une série littéraire sur le modèle des séries TV. Il m’a demandé si cela m’intéressait de me joindre à l’aventure. J’ai accepté. Avec un autre ami en commun, nous avons donc créé la série « Les Heures Joyeuses ». J’ai coécrit le premier tome et travaillé sur les suivants. 

Mon premier projet personnel est arrivé six ans plus tard, en 2005. C’était Rue des Deux Anges, un roman ancré en terres normandes puisqu’il se déroule au Mont-Saint-Michel, à Rouen et à Étretat. C’était un hommage à Maurice Leblanc. J’ai récupéré les droits de ce texte mal publié. J’espère le proposer à nouveau un jour. Rue des Deux Anges m’a aidé à me faire connaître, il avait reçu un bon accueil au niveau local. France 3 Normandie avait fait un reportage sur moi. Il avait été tourné in situ, rue des Deux Anges à Rouen, l’un des principaux lieux d’action du roman.

Pouvez-vous décrire votre processus d’écriture ? Suivez-vous une routine précise ou est-ce plus spontané selon le projet ?

En effet, cela dépend du projet. Pour les romans, le processus est le même à chaque fois : une idée me tombe dessus, je prends des notes, j’élabore un plan détaillé et je me lance dans la rédaction, après avoir fait des recherches si nécessaire. Une fois le premier jet effectué, généralement en quelques mois (2-3 mois, mais cela peut être plus long), je laisse mon texte reposer un mois minimum avant de me replonger dedans et de le réécrire. Cette étape peut être répétée plusieurs fois jusqu’à ce que je sois pleinement satisfait du texte.

Il me faut le silence le plus total pour écrire. Souvent, c’est chez moi, dans ma chambre où je me suis aménagé un coin bureau, ou lors de résidences d’écriture. J’ai ainsi pu écrire dans des lieux aussi différents et inspirants qu’un sémaphore sur l’île d’Ouessant, un monastère à la frontière franco-italienne, un mas en Camargue ou la maison de l’écrivain Jules Roy dans l’Yonne.

Quels thèmes vous tiennent particulièrement à cœur dans vos romans ?

Mes textes tournent souvent autour de l’identité et de la place de l’homme ou de la femme dans la société. C’était le cas dans Rue des Deux Anges avec Arsène, mon personnage qui se cherchait, et c’est encore le cas du roman que je travaille actuellement et dans lequel mon héros, lui, s’est trouvé. Quelque part, la boucle est bouclée. Je vais pouvoir passer à un autre thème ! (sourire)

Comment votre carrière d’écrivain a-t-elle évolué au fil du temps ?

Au début de ma carrière, j’étais jeune et sans expérience. Il y avait beaucoup de spontanéité dans mes textes et peu de technique. Aujourd’hui, c’est l’inverse. Aussi, j’essaie d’aborder des sujets peu exploités en littérature afin d’apporter un peu de fraîcheur à mes productions. Mon prochain roman, à paraître début 2025, est consacré aux femmes qui se travestissaient en hommes au XVIIIe siècle pour pouvoir travailler sur des bateaux de commerce et changer de condition ou de vie. 

À mes débuts, je voulais être publié à tout prix, alors qu’aujourd’hui je veux être bien publié. Plus à n’importe quel prix. Il faut aussi une relation de confiance avec mes éditeurs. 

C’est plutôt curieux, mon best-seller à ce jour, c’est une commande, la série que j’ai cocréée il y a 25 ans. Et aujourd’hui les livres qui se vendent le mieux ne sont pas mes romans, mais mes ouvrages sur les arts (musique et cinéma). J’exagère un peu, ma mini-série Sitcom a bien marché.

Avez-vous un projet d’écriture en cours en ce moment ?

Je l’ai rapidement évoqué un peu plus haut. Il s’agit d’un roman inspiré de ma vie sans être pour autant purement autobiographique. Il aborde un sujet souvent traité d’un point de vue médical ou sensationnaliste. Ce texte évoque le diagnostic tardif de l’autisme. Il est terminé mais, comme j’ai beaucoup de projets à paraître, je préfère attendre avant de le proposer à des éditeurs.

Vous avez une passion pour le cinéma. Pourquoi avoir consacré un ouvrage à Montgomery Clift ?

Durant mes études de cinéma, mon horizon artistique s’est considérablement élargi. J’ai appris beaucoup de choses pendant les cours mais aussi en-dehors. C’est mon désir de découverte qui m’a permis de découvrir l’existence de Montgomery Clift, suite à un documentaire passé en deuxième ou troisième partie de soirée sur FR3 à l’aube des années 90. Ce que j’ai vécu est de l’ordre du choc émotionnel. Une réelle illumination ! 

Cet acteur, par sa présence, par son jeu et tant de choses, est la quintessence de ce qui me fait vibrer au cinéma. Suite à ce documentaire, j’ai cherché à voir tous ces films, ce que je suis parvenu à faire en dépit de nombreuses difficultés : tous n’étaient pas commercialisés en VHS et quasiment jamais diffusés à la TV. Il m’a fallu écumer les cinémas du Quartier Latin à Paris, visiter les vidéo-clubs à l’étranger ou passer des annonces dans la presse ciné pour pouvoir visionner les dix-sept films de l’acteur.

J’ai pris beaucoup de notes et, un jour, je me suis rendu compte que j’avais assez de matière pour écrire un livre. Entre la documentation et l’écriture, cela m’a pris vingt-cinq années de ma vie. Les plus belles, les plus riches !

Passons du 7ème art au 4ème, la musique, pourquoi cette passion pour Étienne Daho et parlez-nous de Dahovision(s) ?

Il va m’être difficile de répondre car certaines passions ne s’expliquent pas. Elles nous tombent dessus, s’imposent à nous. Étienne Daho a toujours été là en fait. Quand j’étais enfant et préadolescent, je l’entendais partout où j’allais. À l’âge où les goûts se cristallisent, sa musique est apparue comme une évidence. J’ai adoré son album Paris Ailleurs que j’ai écouté en boucle et je l’ai vu en concert au Parc Expo de Rouen dans la foulée. Je me souviens encore de l’émerveillement en découvrant sa reprise de Piaf, « Mon manège à moi » : cet homme transformait en or tout ce qu’il touchait !

Au fil du temps, j’ai remarqué qu’il y avait beaucoup de clin d’œil aux arts dans son travail, que ce soit le cinéma, la peinture, la littérature et tant d’autres. Je me suis amusé à lister toutes les références que j’avais trouvées et je me suis rendu compte qu’il y en avait un paquet. Alors, j’ai commencé à prendre des notes, sans savoir précisément ce que ça allait donner. Je pensais faire un post dans mon groupe Pop Zone consacré à sa musique sur Facebook. J’ai noirci quatre-vingt pages. Un article, ce n’était pas suffisant. C’était donc un livre qu’il me fallait faire. Ainsi est né Dahovision(s) !

Pourquoi avoir choisi de lui consacrer un deuxième livre ?

L’attraction des arts s’est aussi imposé, naturellement, suite à la sortie du dernier album d’Étienne en 2023. Il y avait déjà tant à dire depuis  Dahovision(s) sorti fin 2021 !

Quelles méthodes de recherche avez-vous utilisées pour écrire ces deux ouvrages ?

J’ai tout d’abord fait travailler ma mémoire, et, c’est une chance, elle est excellente ! Ensuite, j’ai relu les livres consacrés à Étienne Daho et pris des notes. J’ai complété ce travail en lisant les interviews qu’il a données dans la presse papier ou sur le net. Enfin, je l’ai contacté dans le but de lui poser quelques questions sur des détails. Il a aussitôt accepté. Nous avons longuement discuté au téléphone, c’était pendant le premier confinement, et j’avais enregistré notre échange pour ne rien louper. J’ai tout retranscrit à l’écrit et je me suis rendu compte que ce qui avait été dit méritait d’être rendu public. Avec l’accord d’Étienne et de mes éditeurs, il a été décidé que ses propos seraient entièrement reproduits à la fin de l’ouvrage. Il a également accepté une séance photo, cela sans connaître le contenu du livre, alors que je le lui avais proposé. Il m’a fait une confiance incroyable sur ce coup-là ! Mais je sais qu’il n’a pas été déçu par le résultat. 

Enfin, j’ai également contacté des personnes ayant travaillé avec lui pour savoir si, elles aussi, avaient constaté ces nombreuses citations dans son œuvre. Beaucoup ont répondu avec gentillesse à ma sollicitation. Leurs propos se trouvent également en fin d’ouvrage.

Avez-vous eu l’occasion de rencontrer Étienne Daho en personne ?

Oui, à plusieurs reprises, d’abord en tant que fan, ensuite en tant qu’administrateur de mon groupe Pop Zone (il avait accepté une interview en 2018) et enfin en tant qu’auteur d’un ouvrage consacré à son œuvre.

Photo © Christophe Hervieux

Comment peut-on se procurer vos livres aujourd’hui ?

La durée de vie d’un livre en librairie est de plus en plus courte, hélas. À leur sortie, on trouvait mes livres en magasins Fnac et en librairies. Aujourd’hui, il est possible de les acheter sur le site de mes éditeurs, Médiapop et Chicmédias pour Dahovision(s) et sur mon site pour L’attraction des arts.

Photo © Christophe Hervieux

Le Boulevard des Artistes organise un concert d’Arnold Turboust le 15 novembre. Que pouvez-vous nous dire sur cet artiste ?

Je connais le travail d’Arnold Turboust depuis sa collaboration avec Étienne sur Pop Satori, mais aussi son travail personnel, d’« Adélaïde » à son album Sur la photo que j’avais eu le privilège d’écouter avant sa sortie. En effet, toujours pour Pop Zone, Arnold avait accepté que je l’interviewe, j’avais donc eu accès à ses chansons. J’aime beaucoup son univers pop, parfois feutré, parfois plus acidulé, mais toujours frappé du sceau de sa personnalité attachante.

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Quelles chansons de ces deux artistes vous touchent particulièrement ?

D’Arnold, j’aime beaucoup « Mes amis et moi » et « Honni soit qui mal y pense » sur son dernier disque. L’Italo Disco Mix de sa chanson « Sur la photo » est très groovy, d’une efficacité redoutable ! Pour Étienne, c’est plus compliqué, il y en a beaucoup ! Quasi indétrônable, il y a quand même « La Baie ». J’adore aussi « L’Homme qui marche », « Le Grand Sommeil » et le duo qu’il a fait avec Françoise Hardy, « Et si je m’en vais avec toi », une chanson de Françoise. Leur deux voix s’harmonisent à merveille. Chair de poule garantie à tous les coups !

Vous administrez un groupe Facebook appelé « Pop Zone ». Quelle est la raison de sa création et que peut-on y trouver ?

Ce groupe a été créé en juillet 2014 pendant la tournée Diskönoir d’Étienne. Il me semblait qu’il manquait un espace convivial autour de la musique d’Étienne Daho sur les réseaux sociaux. Il s’est développé jusqu’à atteindre près de 4 000 membres en décembre 2023. Suite à un souci trop long à expliquer, il a été fermé, puis il a rouvert.

C’est à la fois un lieu d’information sur l’actualité d’Étienne Daho et un lieu d’échanges entre fans. On y parle de la culture pop au sens large, et pas seulement française. Cela englobe, outre la musique, les arts visuels, le cinéma… Des interviews sont réalisées par Séverine, ma modératrice ou par moi. Par exemple, nous avons interrogé Frank Darcel du groupe Marquis, Arnold Turboust, Italoconnection. etc. Et bien sûr Étienne Daho. Et puis, ponctuellement, des soirées entre fans sont organisées. C’est un espace très vivant et auquel je suis très attaché.

Pour conclure cet entretien, quels trois artistes normands recommanderiez-vous ?

Il y en a tellement que c’est quasiment mission impossible de n’en recommander que trois. Surtout que toutes et tous ont un talent fou dans leur discipline ! Je vais néanmoins jouer le jeu en citant Maylis de Kerangal, Fakear et Jérôme Soligny (qui a composé de merveilleuses musiques pour Étienne).

Entretien réalisé par Grégory Constantin

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