Tout au long de mes rencontres avec les artistes havrais, le nom d’Olivier Durand m’a très souvent été cité.
Dans le monde du rock, le « guitar héro » est une référence, partageant régulièrement la scène avec des artistes qui, comme lui, ont une renommée mondiale, comme Little Bob, JJ Holiday, Luz Casal ou Elliot Murphy.
Je ne pouvais donc pas passer à côté de l’idée de l’interviewer. En tournée la plupart du temps, le rocker reste toujours attaché à la ville du Havre et se présente régulièrement sur la scène Havraise et c’est très gentiment que l’artiste a accepté ma proposition.
Bonjour Olivier, je te remercie de répondre à mes questions. Pour commencer, partons quelques années en arrière. Peux-tu nous dire à quel âge et sur quel instrument tu as joué tes premières notes ?
Bonjour, merci à toi. J’ai toujours chanté, ensuite j’ai dû avoir une guitare avec laquelle j’ai joué quand j’avais 3 ans, j’ai dû peut-être jouer mes premières notes à ce moment-là. Sinon plus tard vers 6/7 ans, je me suis mis au piano pour faire comme mon frère aîné.
Te souviens-tu du premier morceau que tu as réussi à jouer ?
Quelles étaient tes références à l’époque ?
Gamin, mes références étaient diverses : j’ai commencé à écouter Joe Dassin, Dave, les Martin Circus, puis petit à petit avec les copains du quartier, je suis passé à Patti Smith, Queen, Police, AC/DC etc..
Oui, James fait partie des gens que j’écoute beaucoup. Sa musique me parle, ses paroles me touchent ; un peu comme s’ il écrivait ce que j’aurai voulu écrire. James est un anglais de Leicester, vivant aujourd’hui à New-York, il a fait partie des groupes Fire Next Time puis Wood avant d’entamer sa carrière solo. Il a un truc pour écrire de supers mélodies, collant parfaitement à ses textes. Il a écrit aussi avec Mike Scott des Waterboys, pour leur avant dernier album.
J’étais en contact avec lui via Facebook, et lors d’une tournée aux Etats-Unis avec Elliott, on s’est vu et le soir même nous jouions ensemble au 11 street bar à New–York.
On communique régulièrement, on s’est revu à New York, il m’a convié à la session studio qu’il faisait avec Garland Jeffreys, j’ai fait quelques notes de
mandoline…
Il y en a tellement… Mais Mr Le Forestier, proviseur du lycée Jean Prévost à Montivilliers lorsque j’étais en terminale, il a été celui qui a pris mon envie de musique au sérieux (en dehors de mon père et du cercle familial bien évidemment).
Il m’a proposé de jouer pour le Noël des professeurs, puis a fait descendre des estrades des salles de cours pour qu’on puisse jouer sous le préau à la fin de l’année scolaire…
Ensuite, il m’appelait pour les rencontres autour des métiers au lycée, il voulait que tous les métiers soient représentés, pas seulement les plus conventionnels.
C’est très très rare qu’un texte vienne avant, souvent c’est une mélodie, une suite d’accords, parfois quelques mots viennent se poser directement sur cette mélodie et j’essaie de les utiliser pour construire le texte. C’est très instinctif.
Qu’est-ce qu’une bonne chanson de rock selon toi ?
En général, une bonne chanson n’a besoin d’aucun artifice pour sonner, la mélodie a capella doit marcher, on peut la jouer juste avec une guitare, un piano…
Ce qui me touche c’est l’émotion avant tout, le fait de sentir que l’auteur avait besoin de l’écrire, que c’était vital pour lui (elle).
C’est la même chose pour un musicien, j’ai besoin de sentir que les notes qu’il joue résonnent au plus profond de lui, que ces notes sont des larmes ou des rires, qu’elles sont le battement de son cœur.
Un musicien, un artiste en général, est un déclencheur d’émotions.
J’ai été fier et très ému la première fois que j’ai entendu Luz Casal chanter « Regale », c’était magique. Mais je suis très attaché à « How does it feel » que j’ai écrite avec Moot (Matthieu Maurel), Moot a été un élève au Cem et c’est chouette d’avoir la chance de transmettre.
Je suis fier d’avoir écrit avec Bob, avec Elliott, avec Luz, mais aussi avec Stéphane Lebourg ou Jean François Thieulen, c’est une chance de pouvoir construire quelque chose à plusieurs, de s’écouter, de partager.
Je vis au Havre depuis toujours, Le Havre est un port et on s’y attache. Ma famille y vit, mes enfants s’y épanouissent, la musique y résonne. Je m’y sens bien, ce n’est ni trop grand, ni trop petit, pas trop éloigné de Paris, il y a la mer, et le ciel fabuleux de l’estuaire.
J’aimerais que les jeunes groupes aient autant ce besoin vital de jouer, de tourner, que tous les groupes des années 80 avaient. L’époque est différente et j’ai peur que cette époque freine les jeunes artistes en général.
C’est paradoxal, car il y a de plus en plus de lieux pour jouer, de plus en plus de moyen d’enregistrer pour pas trop cher, et faire de la promo pour pas trop cher, mais en même temps tout le monde peut enregistrer, même le plus moyen des musiciens, celui qui il y a 20 ans n’avait pas de quoi faire une maquette.
On trouve de tout aujourd’hui, et j’ai l’impression que le public n’arrive plus à distinguer le talent.
Donc c’est très difficile de tracer son chemin, il faut en vouloir encore plus qu’auparavant.
Va-t-on garder ce nom ? Qu’allons-nous faire ? Je ne sais pas, nous jouons régulièrement, nous avons besoin de reprendre notre souffle pour retrouver la force d’avancer sans Laurent.
Tout d’abord, plein de concerts que ce soit avec Elliott, Normandy All Stars, Deadmen, Flag, Le Havre All Stars de Marc Minelli, ou en solo.
Je pense qu’on va enregistrer un album juste Elliott et moi, sans doute retourner en studio avec Flag.
J’espère arriver à faire un choix entre tous les titres que j’ai de coté pour faire quelque chose avec…
Faire de nouvelles rencontres musicales et artistiques (travailler avec des danseurs(ses), le cinéma, le théâtre, pourquoi pas avec la peinture).
Sinon en tant que prof de guitare (je n’aime pas le terme mais bon), faire que mes élèves aient le sourire et puissent s’épanouir en musique.
Tout le monde les connait, mais les Red Lézards sont toujours à découvrir.
Il y a, niveau documentaire et cinéma, Jean Marie Chatelier. C’est lui qui a fait le doc « Never cry about the past » sur le rock au Havre.
Et puis, on ne peut pas les séparer, toute la bande de dessinateurs Kokor, Riff, Edith, Alph…
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