Photo : Lionel Montagnier

Le 30 mars, l’artiste normand Arnold Turboust était en concert au Café de la danse à l’occasion de la sortie de son nouvel album, Sur la photo.
Fabrice, du Boulevard des Artistes est allé à sa rencontre.

Bonjour Arnold Turboust, nous avons coutume de commencer les interviews en demandant aux artistes de se présenter, je pense qu’il est inutile de le faire pour vous car vous restez inscrit dans la mémoire collective de la chanson française, avec notamment le titre, Mademoiselle Adélaïde et vos collaborations avec Étienne Daho. Cependant, pouvez-vous préciser vos qualités? Auteur, compositeur, interprète? mais encore ?..

Auteur, Compositeur, Interprète, plutôt civilisé, bien coiffé, très fréquemment pianoteur voire flâneur.

Photo : Lionel Montagnier

Comment êtes-vous venu à la musique, quel est votre parcours, quel fut le déclencheur ?

A l’âge de 7 ans j’ai commencé à prendre des leçons de piano où je dois dire que je n’excellais guère.
Puis, afin de rejoindre mes camarades tout en continuant l’apprentissage du piano, je me suis inscrit dans l’harmonie municipale du village, j’y ai appris le trombone. Après quoi, à l’âge de 13 ans, j’ai rejoint un orchestre de bal, tout en perfectionnant ma technique et en apprenant l’harmonie auprès d’un ami organiste de mon père, Daniel Van Der Bosch.

Parallèlement à toute cette activité musicale, je poursuivais mes études.
Après le bac, j’ai rejoins l’ESC Le Havre pour une année préparatoire où bien mal m’en pris, en parfaite déshérence avec dix heures de maths par semaine, je désespérais et c’est enfin à ce moment que la « musique » a eu pitié de moi, qu’elle est venue me chercher sous les traits d’un ami: Éric Morinière.
Il me proposa de rejoindre, comme pianiste,
son groupe Marquis de Sade, pour l’enregistrement de leur premier album: Dantzig Twist.

Ce fut le début de mes aventures musicales.

Quand et comment avez-vous choisi votre instrument ?

Ma mère, qui avait fait du violon pendant douze ans, a choisi pour moi le piano. Il y avait depuis toujours un piano à la maison,  plutôt désaccordé, que mon grand-père entretenait et accordait. Concernant le trombone c’est un peu la même chose, le chef d’orchestre un jour m’appela dans son bureau et me dit:  « Tu joueras du trombone ».

On sent un vrai travail d’écriture, un plaisir à manier la langue française et jouer subtilement avec les mots et les formules, êtes-vous tout autant un grand lecteur ? Quels auteurs vous inspirent ? Comment est venue l’envie d’écrire ?

Photo : Richard Schoeder

Je suis un lecteur par moment,  j’aime aussi beaucoup l’histoire, la poésie. Concernant les auteurs, aucun en particulier et tous en général; toutefois je citerais Robert Desnos, Julien Green.
Écrire une chanson est une discipline bien particulière liée au résumé, à la forme condensée, à la poésie pour les sonorités notamment, chaque syllabe peut-être doublement utile. L’envie d’écrire m’est venue pour donner un sens à mes mélodies,  d’autant plus lorsque je les interprète.

De fait, j’aurais tendance à dire que ce sont les textes qui arrivent en premier mais quel est votre processus de création? Texte d’abord ou musique ?

Il n’y a pas de règles, l’un et l’autre doivent fonctionner de façon autonome jusqu’au moment où ils se rejoignent car ils ont besoin l’un de l’autre et moi d’eux pour chanter.

Votre tout nouvel album “Sur la photo” est un album où l’on retrouve une belle pop délicate et ciselée, subtilement arrangée, votre style indéniablement. C’est un album de souvenirs, de photos souvenirs mais pas vraiment nostalgique, plutôt une jolie énumération de souvenirs heureux, faussement légers et riches en évocations, pouvez-vous nous en parler ?

Vous ne croyez pas si bien dire, je voulais reprendre cette chanson de William Sheller “Photos souvenirs”.

Effectivement ces chansons sont des instantanés de souvenirs et “Sur la photo” me semblait être le bon titre d’album, il m’est venu assez rapidement.
Ensuite, un peu comme dans un livre, il me restait d’abord à chapitrer puis à définir de quoi parleraient ces 14 chapitres .
Je pense que le prochain album sera très différent.
Il est vrai que cet album évoque les souvenirs réels ou fictifs, vous avez raison, plutôt heureux. J’aime la légèreté ou en tous cas ce qui semble l’être.

La légèreté n’est-elle pas aussi une des caractéristiques de l’expression française?

J’aime autant décrire qu’imaginer des histoires . La sonorité des mots, les doubles sens, voire plus que ça également me guident.

Quels sont les thèmes abordés dans vos chansons qui vous tiennent à cœur ?

Je n’ai pas de thèmes particuliers,  je cherche l’insolite, la singularité, la grâce.

On vous présente parfois comme un Dandy pop, et vos chansons, vos albums sont effectivement empreints d’une délicatesse, d’une élégance qui font écho à votre personnalité, comment définiriez vous votre style musical ?

J’essaie avant tout de me plaire, de ne pas trop déplaire à mes oreilles qui sont bien compliquées.

En termes de style, j’aime l’élégance des équilibres subtils. Je ne m’exprime que pour être.
Assumer ce que l’on est est déjà pas si mal, paraître ce que l’on n’est pas me semble aventureux.

Une longue amitié vous lie à Étienne Daho, vous avez d’ailleurs fortement participé à son succès et à son œuvre, Épaule Tatoo, Tombé pour la France, la reprise de Mon manège à moi pour ne citer que quelques-unes de vos très nombreuses collaborations, créations. Quels sont les artistes qui vous ont aussi influencé au fil des années ?

Il y en a tellement que j’admire , et puis j’aime beaucoup la musique… mais je peux citer Charles Trenet,  Frank Sinatra, Léo Ferré, France Gall (année 60), Serge Gainsbourg, Jean-Claude Vannier, Jimmy Smith, Alain Chamfort, Christophe, Yves Simon, William Sheller , Véronique Sanson. Les Beatles,  les Kinks,  Brian Eno, Ryuichi Sakamoto, Tony Mansfield, Kate Bush, Philip Glass et puis la new wave anglaise, puis De la Soul, Tribal Quest etc. etc. J’en oublie tellement . Je n’ai aucune chapelle à partir du moment où une mélodie, un son flatte mes oreilles, je me l’accapare.
Une musique qui me plaît me procure tellement de bien-être.

Quel est votre rapport à la scène ?

Mon rapport à la scène est aussi un peu celui d’un débutant, je n’en ai guère fait, en revanche plus ça va et plus j’y prends goût.
Je pense que la scène, quand les conditions sont bonnes, est l’endroit définitif pour un artiste.

Sur quels réseaux, quels médias peut-on vous suivre ?

On peut suivre mon actualité sur Facebook, Instagram, Twitter,  sur Arnold-turboust.com et sur Arnold Turboust TV (@arnoldturboustofficiel). 

Pour revenir à votre actualité et votre tout nouvel album, « Sur la photo », vous avez fait le choix d’une édition en vinyle, deux vinyles avec seulement trois ou quatre titres par face, comme pour nous inciter à prendre le temps de l’écoute, de la découverte, le temps des silences entre chaque petite série de titres. A une époque où tout s’enchaîne très vite, trop vite, c’est un choix ?

Absolument, il est important de procéder comme l’on a envie et non comme les usages le préconisent. En ce sens je sais que c’est un peu contre productif, mais je maintiens, j’ai un brin l’esprit de contradiction. .. « Sur la photo » est un album où je prends le temps, j’aime musarder, où les titres ne sont pas ceux attendus par les playlists et autres « hits ».
Pochette album Photo Tess et design Philippe Perret

Sur cet album, parmi tous les artistes présents, vous citez le Havrais Jérôme Soligny.

Jérôme Soligny est un ami que j’ai découvert il y a des années lorsqu’il a publié son premier EP « Heydays are gone ».

Enfin, pouvez-vous nous présenter trois artistes de la région que vous appréciez ?

Érik Satie, Eugène Boudin, Raoul Dufy.

Entretien réalisé par Fabrice Autret et mis en page par Louise Crausse

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