Photos Denis Vase

Pour ce premier entretien sur notre site le musicien Havrais Gil Lasserre à bien voulu répondre à nos questions.

Bonjour Gil, pourrais-tu te présenter à nos lecteurs et internautes ?

Je suis né au Havre, et je suis musicien, auteur/compositeur, depuis une vingtaine d’années maintenant. J’ai joué dans divers groupes dans les années 90 comme Betty, Bamboo 4 Chopsticks, et collaboré avec des artistes tels que Tokyo/Overtones ou Elliott Murphy. Je suis allé vivre à Paris il y a dix ans où j’ai fait un peu de journalisme musical. Là-bas, j’ai monté un projet solo, A Guy In Light, qui a pas mal tourné et je suis finalement revenu m’installer en Normandie il y a deux ans, avec femme et enfants.

Comment pourrais-tu qualifier ta musique ?

En fait, elle a beaucoup évolué au fil des années, des rencontres, des musiciens avec lesquels j’ai eu la chance de travailler. Aujourd’hui, je dirais simplement que je joue de la pop, au sens littéral du terme, de la musique populaire, teintée parfois de soul, de rock, de folk ou d’électro. Je n’ai pas tellement envie de me restreindre à un style musical. J’aime quand une chanson te reste dans la tête, quand tu l’écoutes avec le sourire, quand tu as envie de la chanter sous la douche. C’est ce que je cherche à faire avec ma musique. Je suis très friand de nouveauté. Il suffit que j’entende un bon morceau en radio, quel que soit le genre du morceau, pour avoir envie de faire pareil. Et ce n’est pas forcément une bonne chose. Là-dessus je suis une vraie éponge!

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Quelles sont tes influences musicales ?

J’ai commencé en reprenant des titres de Téléphone, Noir Désir, puis j’ai joué et appris le métier avec Betty, un groupe de noise hardcore. Alors je crois que le rock reste quand même ma principale influence. J’adore l’énergie qui s’en dégage, cette force brute qu’on ressent quand on en joue. Mais j’ai eu envie de voir un peu ailleurs, de m’ouvrir à des musiques plus sophistiquées, plus arrangées, comme la soul par exemple. J’ai d’ailleurs récemment redécouvert Stevie Wonder avec un grand bonheur. Et mon petit plaisir coupable sont tous les tubes les plus « mainstream » dont nous inondent les radios. Je prends autant de plaisir à écouter le dernier Justin Timberlake que Syd Matters.

Il semble que les arrangements de tes chansons soient énormément travaillés, quelle est l’étape dans la création d’un morceau sur laquelle tu passes le plus de temps ?

Les arrangements, la production, oui, sans doute. C’est passionnant. Tu peux emmener ta chanson dans des directions tellement diverses, trouver le son qui va tout changer et interpeller ton auditoire. Il arrive souvent qu’une compo ait plusieurs visages avant de trouver le bon. C’est d’abord la rythmique adéquate. Parfois une mélodie écrite comme une ballade trouve davantage sa place sur un tempo plus enlevé. Et le bon son, le choix réfléchi des instruments utilisés, qui peuvent colorer un morceau d’une manière ou d’une autre. Jouer au clavier une partie écrite à la guitare par exemple. Il ne faut pas prendre en compte la manière dont ça pourra être joué en live. Si un morceau demande des cuivres, mettons des cuivres. Après on adapte. Je dis ça aussi parce que j’enregistre d’abord mes chansons avant de les présenter sur scène. Ca me permet d’être plus libre dans le processus de création et de production.

Quels sont les thèmes que tu aimes aborder dans les textes de tes chansons ?

C’est souvent assez intime, voire même impudique. Je parle d’histoires vécues, de sentiments. Et j’essaye de les rendre assez universels pour que chacun puisse y lire sa propre histoire. C’est ce que, moi-même, j’aime entendre chez les artistes que j’affectionne. J’aime imaginer la vie de l’homme derrière l’artiste. Et me trouver des points communs avec lui. J’adorerais que quelqu’un vienne me voir pour me dire qu’un morceau l’a touché parce qu’il s’y est reconnu. Alors ça tourne toujours un peu autour de la vie sentimentale, de l’accomplissement de soi, de sa place dans la société. Je ne suis pas vraiment un raconteur d’histoires ou porteur d’un message politique. Ce sont des sujets qui ne me touchent pas non plus dans la vie. Je préfère parler de ce que je connais, des joies et des peines du quotidien. Et il y a déjà beaucoup à dire.

Quelle est l’histoire de « Letitgo », le single de « A Guy in light » ?

C’est un morceau qui, à la base, a été composé il y a une quinzaine d’années avec Laurent Ambroggiani, futur chanteur de Tokyo/Overtones. Je l’ai retravaillé maintes et maintes fois avant de lui trouver cette couleur pop-soul, et d’y poser un texte qui parle justement d’une amitié qui s’étiole. On l’a enregistré en 2009, avec le groupe de l’époque, au studio Honolulu au Havre sous la houlette d’Olivier Lude, l’ingénieur du son de -M- et Vanessa Paradis, entre autres, qui nous avait très gentiment prêté main forte. Il a été mixé à Paris par Gilles Martin, producteur de dEUS et Indochine.

Où pouvons-nous nous procurer le titre ?

Il est toujours distribué numériquement sur les plateformes légales comme i-tunes ou Amazon, et il est en écoute sur Deezer entre autres.

https://www.facebook.com/aguyinlight/videos/10151103966264105/

As-tu des concerts de prévus pour le 21 juin, jour de la fête de la musique ?

Pour le moment, non. Mais je joue assez souvent au K-fé Soprano, dans le quartier Saint-Vincent. J’aime bien cet endroit. L’équipe est formidable. Je joue des compos et aussi pas mal de reprises soul, seul avec ma guitare. Je me fais plaisir ! Il est fort probable que j’y passe à l’occasion.

Quels sont les autres lieux que tu apprécies au Havre et dans lesquels tu aimes chanter ?

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Je ne compte plus le nombre de concerts que j’ai donnés au Mc Daid’s, dans des groupes divers. C’est un club incontournable pour qui veut se produire au Havre dans de bonnes conditions. Et il a vu passer quelques pointures. Ce qui ajoute à son charme. J’ai aussi hâte de découvrir le Tétris, la future salle de concerts, au fort de Tourneville. C’est un projet ambitieux et intelligent, porté par de vrais passionnés qui savent de quoi ils parlent. Ca promet d’être très bon.

Peux-tu nous parler de ton nouveau projet de studio d’enregistrement, G-flat Studio ?

C’est une envie que j’avais en tête depuis quelques années et qui se met en place petit à petit, presque malgré moi. J’ai toujours collaboré à l’enregistrement d’amis musiciens, normands ou parisiens. J’ai commencé il y a 15 ans avec un petit 4 pistes à cassette, avant de suivre une formation d’ingénieur du son à la SAE à Paris. Mais plus que le métier de technicien du son, c’est celui de producteur artistique qui me passionne. Mettre en valeur un morceau grâce au son, chercher la bonne formule, les arrangements, la bonne structure, guider les musiciens, les aider à prendre du recul. C’est presque de la mise en scène et j’adore ça.

En revenant au Havre, mon ami Ludovic Magoarou, l’ancien chanteur de La Folie Ordinaire, m’a proposé de travailler avec lui sur ses nouvelles compositions. Et de fil en aiguille, j’ai rencontré d’autres artistes havrais qui souhaitaient eux aussi un regard extérieur sur leur travail. Je collabore actuellement avec Aloha Orchestra, un jeune groupe de pop, très prometteur, qui figurera cette année sur la compilation I LOVE LH.

Je me fais un plaisir de partager mon savoir-faire, mon expérience, notamment avec des débutants. J’ai eu la chance d’apprendre le métier comme ça, au fil des sessions studio, auprès de Florent Barbier, à l’époque batteur des Roadrunners et propriétaire du studio Franklin. C’est de la même manière que j’aimerais développer le G-Flat Studio.

Ca demande, de part et d’autre d’ailleurs, une vraie ouverture d’esprit. Ce ne sont pas mes morceaux. Mais j’essaye de faire profiter de mes vingt ans d’expérience les artistes que je reçois. D’une certaine manière, je finis toujours un peu par entrer dans leur univers. Et il faut qu’ils l’acceptent. C’est un doux mélange de personnalités, de goûts, d’idées, dont le but reste de créer la meilleure musique possible.

Le Boulevard des Artistes donne,  la parole aux artistes de la région havraise. Quels sont les artistes havrais que tu apprécies et que penses-tu de cette démarche ?

Parmi la scène actuelle, j’aime bien les groupes Grapes, Deadmen ou les Souinq, entre autres. Il y a un vrai vivier de musiciens au Havre. Même s’il reste encore un peu caché derrière le glorieux passé rock des années 80, Little Bob en tête. Alors oui, la démarche de whatoodo.fr  , entre autres médias, est indispensable et je t’en remercie. On aura toujours besoin de faire connaître notre travail, nos projets. C’est comme ça qu’on parvient à en vivre, à se constituer un public. On n’est rien sans lui.

Entretien réalisé par Grégory Constantin  Juin 2013

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