Vous l’avez surement déjà vu sur scène caché derrière sa batterie notamment en compagnie de Little Bob à l’époque de Little Bob Story et également de 1999 à 2013 . Nico Garotin est maintenant professeur de batterie au CEM qui a fait peau neuve cette année. Le batteur que l’on peut toujours voir sur scène avec les Pop’ers nous a rendu une petite visite et accordé un passionnant entretien.

Bonjour Nico, merci d’avoir accepté cet entretien. Pour commencer petit retour en arrière, pourrais tu nous dire d’où est venue cette passion pour la batterie ?

Ça remonte à loin ! Je me rappelle quand j’étais petit voir des batteurs à la télé qui bougeaient comme des dingues, c’est là que je me suis dit que c’était ça que je voulais faire. J’ai commencé à jouer sur des barils de lessive avec des doubles décimètres des choses comme ça, puis j’ai commencé à côtoyer le groupe Lipstick composé à l’époque de Jérôme Soligny, Dominique Comont, Erik Houllemare et Didier Busson à la batterie. J’ai pris quelques cours avec ce dernier puis j’ai continué d’apprendre par moi-même en autodidacte. C’est à cette époque, à 14 ans, que j’achète ma première batterie.

Quelle fut ta première formation et quel âge avais-tu à l’époque ?

J’ai commencé à jouer avec un groupe qui faisait des reprises de Status Quo, on a joué ensemble pendant un moment mais on ne s’est pas produit devant un public. Par la suite j’ai rencontré Marc Minelli, qui à l’époque commençait à monter un groupe qui s’appelait Vinyl Street. Il cherchait un batteur alors j’ai tenté ma chance, et ils m’ont pris. Ce groupe a commencé à prendre de l’ampleur et on a fini par être managés par Didier Bunel, qui avait travaillé avec Little Bob Story. Il nous a beaucoup poussé et on a travaillé d’arrache-pied pendant deux ans, 7/7 au moins 4 heures par jours.

Quelles étaient tes références à ce moment et quels sont les artistes que tu apprécies aujourd’hui ?

J’étais très jeune quand j’ai eu mon premier disque, c’était au début des années 70 et je n’avais pas encore dix ans ! C’était un 45 tours du groupe Slade, Get Down and Get with It, et mon deuxième 45 tours était Paranoid de Black Sabbath. J’écoutais aussi du Deep Purple, j’ai écouté beaucoup de groupes de cette époque. Aujourd’hui j’aime beaucoup le groupe Royal Blood, je travaille d’ailleurs avec mes élèves sur leurs morceaux. Sinon j’adore toujours des groupes comme Aerosmith, ou encore le regretté Tom Petty

Tu as longtemps joué auprès de Little Bob, à quand date votre première rencontre et comment cela s’est-il passé ?

La première fois que j’ai rencontré Little Bob c’était lorsqu’il est venu voir repéter le  groupe Lipstick que je fréquentais beaucoup à l’époque. Plus tard, Little Bob cherchait des roadies et j’ai eu l’occasion de participer à plusieurs de leurs concerts en tant que tel. Un jour leur batteur ne s’est pas rendu à l’une de leur répète, du coup je l’ai remplacé ! Ça a bien marché avec Bob, et plus tard alors que je croise le groupe dans un bar, Bob me dit : “Alors tu la veux de quelle couleur ta batterie ?”. Ça m’a fait tout drôle, faut pas oublier que je n’avais que 18 ans en 81 lorsque c’est arrivé ! Du coup j’ai eu ce que j’ai demandé : une batterie rose !

Très vite après ça je me suis retrouvé en studio avec le groupe à Londres, et on a participé à une tournée en Angleterre en première partie de Mink DeVille en même temps que l’on enregistrait l’album. On a quand même fini cette tournée avec une date à l’Olympia, c’était la première fois que je jouais en France avec Little Bob.

En Mars dernier, Little Bob a sorti l’album High Time 76-88, une compilation des chansons les plus marquantes du groupe. Quel est selon toi son meilleur morceau ?

Dans l’ensemble c’est un album bien équilibré. J’aime particulièrement la partie du CD live inédit enregistré à  La Cigale à Paris, enregistrement dont on avait complètement oublié l’existence d’ailleurs ! C’est Bob qui a retrouvé ça, ça a du être enregistré par RTL qui était sponsor de la tournée. C’est un morceau très brut étant donné qu’il n’y avait pas de possibilité de le remixer mais ça n’empêche que ça envoie ! C’est vraiment ma surprise de l’album. Après il y’a l’embarras du choix, il y’en a vraiment pour tout le monde.

Il ne faut pas oublier que Little Bob sort un nouvel album très prochainement !

Quel fut ton meilleur souvenir de scène avec lui ?

Le premier concert à l’Olympia était très impressionnant ! Il y’a aussi notre concert sur la grande scène de la fête de l’Huma à Paris qui m’a beaucoup marqué… J’ai tellement de bons souvenirs, c’est presque impossible de faire un choix !

Et en dehors de la scène ?

Le dernier gros truc que je fais avec Bob c’est l’épopée du film Le Havre Aki Kaurismäki, qui nous a emmené au Festival de Cannes. C’est un peu magique ! Nous avons tourné une semaine en Allemagne pour faire la tournée des Cinémas, c’était GENIAL !

Qu’est-ce que tu as fait après être parti de Little Bob Story ?

J’ai pas mal répété avec un groupe à Paris avec lequel on a fait un concert à la Locomotive. Ma femme qui était chanteuse à l’époque voulait faire un album. J’ai réalisé l’album et j’ai joué des percussions dessus. L’album est sorti sous le même label que le dernier album de Little Bob Story « Ringo Levio ». Après ça il y’a eu un certain moment de creux.

A quand date la dernière fois que tu as joué avec Bob ?

La dernière fois que j’ai joué avec Bob c’était le 14 juillet 2016 où j’ai joué deux titres et fait le zouave sur scène pendant le reste du concert ! Nous n’avons pas joué ensemble depuis mais on reste en contact, on se voit de temps en temps.

As-tu déjà pensé à ce qu’aurait pu être ta vie si tu n’avais pas rencontré Little Bob ?

Je me suis posé la question, mais je n’ai jamais vraiment trouvé la réponse… A l’époque j’aurai sans doute pu continuer à jouer avec Marc Minelli si je n’avais pas rejoint Bob.

Tu fais aujourd’hui partie des « Pop’ers », vous jouez sur scène des reprises de standards, quels sont les morceaux que vous aimez proposer ?

Ça va du Rock des années 60 à de la Pop et des musiques dansantes. On essaie de jouer des morceaux qui plaisent le plus possible à notre public. Dans les musiques récentes que l’on joue j’aime beaucoup Human de Rag’n’Bone Man, et en dehors de ça il y’a pas mal de musiques des années 80 que j’aime jouer. D’ailleurs avec Pop’ers je joue sur batterie électronique.

Peux tu nous présenter les membres du groupe ?

Dans ce groupe on retrouve Frédéric Hebert à la guitare, que je connais depuis 40 ans puisqu’on a joué ensemble dans Vinyl Street à nos débuts ! On a Dan Augan au chant et Philippe Kadja à la basse qui travaille lui aussi au CEM. Il a remplacé Laurent Pardo qui était là à la création du groupe et qui est malheureusement décédé il y’a 2 ans. Nous avons également deux guitaristes remplaçants : Régis Chagnaud (qui joue avec Kaddy and the Keys) et Serge Rollin, tous les deux au CEM. Il nous arrive de jouer avec un deuxième guitariste pour les grands événements, il nous est aussi arrivé de jouer avec un saxophone…

Vous avez ce point commun avec les Red Lezards d’avoir travaillé avec Laurent Pardo, qu’est-ce que tu peux nous dire sur lui ?

En plus d’être quelqu’un de fabuleux c’était un bassiste avec lequel je m’entendais vraiment très bien et avec qui j’appréciais beaucoup jouer, on était toujours très bien calés rythmiquement parlant. Il avait une super oreille, une super mémoire… Son absence me laisse une plaie béante.

Quelles sont les endroits de la région où l’on peut vous voir ?

Nous jouons une fois par mois au Bureau au Havre, et une fois par mois au Vintage à Honfleur. Pour le reste nous faisons essentiellement des soirées privées.

Tu donnes des cours de batterie avec le CEM, depuis combien de temps t’adonnes-tu à cette activité ?

Ça fait dix ans que j’enseigne au CEM, j’ai commencé par y travailler seulement quelques jours par semaines, maintenant j’y suis tous les jours ! Avec ces années à donner des cours j’ai pu remarquer à quel point il était important pour les élèves de jouer en groupe, on le voit très bien, dès qu’ils se mettent à jouer en groupe ils progressent beaucoup plus vite !

Quel matériel conseillerais-tu à des personnes qui voudraient commencer la batterie ?

Souvent je leur conseille une batterie électronique pour commencer afin d’éviter de déranger leurs voisins ou leurs parents, elles sont quasiment inaudibles pour les gens autour quand on y joue au casque ! Ainsi ils peuvent jouer quand bon leur semble sans avoir à se soucier d’importuner qui que ce soit.  

C’est quoi le pire ennemi d’un batteur ?

Son meilleur ami c’est le kiné déjà !! (rire)  Ça fait déjà quelques années que je suis obligé d’y aller.

Peux-tu nous parler des toutes nouvelles installations du CEM au Fort de Tourneville ?

C’est assez grandiose, surtout après avoir enseigné pendant dix ans dans les anciens locaux rue Franklin ! Les salles ont des volumes gigantesques, on a des grandes fenêtres… et tout est neuf quoi !

Concernant le week-end d’inauguration des nouveaux locaux, a-t-il été à la hauteur de vos espérances ?

C’était une réussite ! Il y’a eu énormément de visiteurs, avec un grand nombre de gens qui n’étaient pas encore inscrits au CEM, on peut donc s’attendre à une vague de nouveaux arrivants !

La scène Rock Havraise est-elle toujours aussi productive qu’à tes débuts ?

J’ai l’impression que le Sonic, le pôle de répétition du CEM situé lui aussi au Fort de Tourneville, est plein tout le temps ! J’ai l’impression que des groupes il y en a beaucoup plus aujourd’hui qu’à l’époque ! D’ailleurs mon fils Luka répète lui aussi au Sonic avec son groupe Earth Trip, un groupe de Metalcore/Deathcore Progressif.

La fête de la musique approche à grands pas, où seras-tu le 21 juin prochain ?

Je jouerai avec Pop’ers au O’Brother à côté du Volcan. On y avait joué pour la même occasion l’année dernière, ça avait été un super moment !

Qu’est-ce qu’un artiste pour toi ?

C’est quelqu’un qui vit son truc à fond et qui pourrait se contenter de manger du pain sec pour peu que l’on le laisse créer… En tout cas, je ne me considère pas comme artiste. Personnellement j’aime bien être dirigé, avoir par exemple un producteur qui nous donne des indications sur quoi faire, mais j’aime bien pouvoir y ajouter mon grain de sel.

Pour-terminer peux tu nous présenter 3 artistes de la région havraise que tu apprécies ?

Il y a beaucoup trop d’artistes au Havre dans tous les domaines pour n’en citer que trois mais ces derniers temps j’ai flashé sur le travail de Pascaline Guérin qui fait de magnifiques bijoux !

Un dernier mot ?

Précipitez-vous au CEM, parce que les places vont très vite se faire rares !

Entretien réalisé par Grégory Constantin Mai 2018

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