Entretien avec Edith Betton, veuve de Gilbert Betton, auteur du livre « Un enfant havrais dans la guerre de 1939-1945 » aux Editions du Havre de Grâce. Elle nous reçoit chez elle au Havre.

Quelle a été la principale motivation de votre mari pour écrire ce livre ?

Le déclic a été qu’il vieillissait et qu’il voulait laisser une trace pour ses petits-enfants ; il s’est donc mis à écrire, mais sans penser à en faire un livre. J’avais agrafé les pages et il y en avait un pour chacun d’eux, donc cinq. Puis, par hasard, il rencontre les Editions du Havre de Grâce, qui lui dit être intéressé par ce genre de livres, que ça va plaire aux gens, lui précisant que c’est ce qui est recherché sur la dernière guerre, à savoir des livres de personnes ayant vécu cette période et qui peuvent témoigner de leur vivant.

On se laisse facilement prendre par son récit, on reconnaît les lieux, on vit avec lui les moments difficiles, les bons également, votre mari avait un réel talent d’écrivain …

Maintenant je le pense, ses autres livres, sur les quartiers, ont demandé plutôt un travail de recherche, de prises de notes, il relevait le nom des gens, le nom des rues, tandis que pour celui-ci, ça lui est venu naturellement, c’est autre chose.

Ce livre est aussi une description de la culture cauchoise, dans laquelle l’auteur a vécu une partie de sa jeunesse ?
Oui, c’est comme ça que l’on vivait, la maison au sol en terre battue qui d’ailleurs existe encore à Sainte-Marie au Bosc.
Le Havre et la région ont payé un lourd tribu à la deuxième guerre mondiale, on oublie souvent « cette Normandie » quand on parle de cette période, qu’en pensez-vous ?

Je suis entièrement d’accord avec vous. Une de mes amies qui est décédée il y a un an, à 98 ans, avait lu le livre et avait été très étonnée, elle m’avait dit : « moi, je découvre.. », elle était réfugiée à Laval et m’a dit que là-bas, elle n’avait rien vu de la guerre. On parle du débarquement en Basse-Normandie, mais rarement de ce qui s’est passé ici, alors qu’on a beaucoup souffert.

Que diriez-vous à la génération qui est née après la guerre et qui n’a donc pas connu cette période ?
Les encouragez-vous à lire ce livre ? Il faut lire ce livre car c’est un véritable témoignage, on ne peut pas vivre dans le passé, c’est vrai, il faut se tourner vers l’avenir, mais les jeunes ont quand même besoin de savoir.

Votre mari a publié six livres sur la ville et ses quartiers, c’était un véritable amoureux du Havre ?

Oui, et depuis très jeune, vous pouvez voir sur la photo de couverture du livre qu’il porte déjà, cousu à sa veste, un écusson avec l’emblème de la ville du Havre.

Le château en 4ème de couverture est bien connu de tous, il surplombe Etretat et a toujours semblé mystérieux, en savez-vous plus.. ?

Non, c’est vrai qu’il est toujours ombragé, avec beaucoup d’arbres, il est resté tel quel sauf la tourelle de l’entrée qui est presque démolie, mais, est-ce un hasard, on m’a dit que le dernier propriétaire était un allemand.

Ce livre est un véritable témoignage, pour ne pas oublier, mais transmet aussi un message d’espoir dans les mots de l’auteur quand il dit parler « d’expérience humaine formidable ».

Mon mari m’a toujours dit que, même s’ils ne mangeaient pas toujours à leur faim, il y avait une liberté totale. Il a vécu plein de choses, et pour lui, cela a été, avec d’autres jeunes de son âge, une école de la vie. Merci de nous avoir parlé de ce livre et merci à la chatte Gribouille de nous avoir tenu compagnie.

Entretien réalisé par Denis CHABANIAN et Grégory Constantin pour le site SAH Mars 2013

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