Françoise Dardenne et Lionel Lebourg, infirmiers à l’hôpital Pierre Janet, dirigent un atelier vidéo. Ils reviennent de Paris où ils ont présenté pour la troisième fois un court-métrage au festival de films en santé mentale. Ils ont bien voulu nous répondre et nous dévoiler quelques secrets de tournage.
L’atelier vidéo de l’hôpital Pierre Janet a déjà réalisé 4 films en 5 ans. D’où vient cette envie de tourner des courts métrage ?
Depuis la création de l’atelier vidéo, on « bricolait » sans vraiment aucune finalité. Le festival vidéo en santé mentale, à la Villette, auquel on assistait en temps que spectateurs, nous a donné l’envie de réaliser un court-métrage, donnant ainsi un objectif à l’atelier.
Existe t-il un engouement des patients pour cet atelier ?
Non, pas particulièrement. Il faut savoir que les activités pratiquées au sein de l’hôpital sont à buts thérapeutiques et quelles se font sur indication médicale, ce qui induit plutôt des sollicitations de notre part…
Qu’est-ce qu’un court-métrage peut apporter de bénéfique à un patient ?
Un travail sur la durée, qui est à la fois un travail d’équipe ET un travail sur soi ! Il permet également au patient d’être valorisé.
À chaque film sa propre histoire :
– « Le tableau bleu » (1er film). Au départ, on était sur une histoire d’Arsène Lupin… aucun écrit… et de fil en aiguille, on est arrivé à ce polar.
– Venu d’ailleurs (1ère version) : l’idée est née dans la tête d’un patient qui participait à l’atelier vidéo (en voyant le stade océane du Havre, il a pensé soucoupe volante, donc extra terrestre, etc…)
… s’en est suivi des discussions entre les différents participants, pour aboutir sur l’écriture d’un scénario avec l’atelier d’écriture. Pour info, tout au début, il était question d’un extra-terrestre qui recherchait des radis sur terre !!!
– « Venu d’ailleurs (version 2) » : c’est avec l’arrivée d’un vidéaste professionnel, Grégory, qu’est née l’idée d’un remake de cette histoire…
– « Doux Jésus Marie Joseph » : suite à un appel à projet du département (dans un but financier) dans lequel il fallait travailler en lien avec une association ou une institution publique, nous avons rencontré des personnes âgées suivies en hôpital de Jour dans une structure spécialisée. Ces personnes souffrant de différentes démences, nous avons recueilli certains de leurs souvenirs. Cela a servi de base à la construction d’un scénario.
Cela dépend des films… aucun écrit pour le 1er. Ensuite, tous les scénarios ont été écrit en collaboration entre l’atelier vidéo et l’atelier d’écriture.
La vidéo est une activité qui se déroule une demi journée par semaine durant toute l’année. Ce qui nous permet donc de travailler différents points inhérents à cette activité : le jeu d’ acteur, le son, la technique, etc… Pour le dernier film, on a fait un travail préparatoire (devant une caméra, le son etc…) durant toute l’année . Le tournage a été effectué sur une semaine complète pendant laquelle on est parti tous ensemble en gîte dans le pays de Caux…
Comment se déroule un tournage ?
Maintenant que l’on travaille avec un vidéaste professionnel, tout est « cadré » : scénario, Story-Board, plan de tournage, etc… Pour « Doux Jésus Marie Joseph », quand on est arrivé au gîte pour la semaine de tournage, tous les rôles étaient déterminés (de la logistique en passant par le jeu d’acteur jusqu’à la technique !).
Sur le dernier film, chaque soignant avait un rôle précis : j’ étais (ndlr : Françoise) en charge (entre autre) de diriger les acteurs dans les répétitions et les prises de vue.
La partie technique était assuré par le vidéaste (accompagné d’un stagiaire fort compétent !).
Deux collègues (Christophe et Magalie) étaient présents pendant la semaine de tournage pour gérer l’intendance (courses, repas et autres). Ce qui fait que l’on a pu, nous, se consacrer entièrement au tournage lui-même.
Tout ce qui est inhérent aux difficultés institutionnelles inévitables : monter les dossiers, les autorisations, le financement, etc…, toutes ces lourdeurs qui vous tombent dessus et qui demande une énergie débordante !!!
De plus, vient s’ajouter la présence parfois aléatoire des patients due à leur pathologie…
On a pas mangé de pain perdu qui était vraiment perdu ! La présence de Pogba dans la basse cour etc…au delà des anecdotes, c’est surtout pleins d’images qui nous reviennent. Un vrai bon moment !
Aujourd’hui, c’est de présenter le film à différents endroits. Il a déjà été projeté au festival de vidéo en santé mentale à la Villette (Paris) ainsi qu’au sein de notre institution. On doit, courant décembre, le projeter à Saint Pierre en Port*, qui a nous gracieusement permis de tourner des images dans son musée et dans son village.
On aimerait bien… mais à condition d’obtenir les financements nécessaires ! Pour « Doux Jésus Marie Joseph », le vidéaste pro qui a travaillé avec nous, s’est adapté à notre capacité financière !!! Pour le prochain, on est actuellement à la recherche de subventions…
De trouver l’argent pour continuer !!!
Lionel : me concernant, je citerai Olivier Durand, un guitariste hors-norme, qui a longtemps joué avec Little Bob avant de devenir LE guitariste d’Elliot Murphy ! Son jeu de guitare n’appartient qu’à lui, et le personnage est passionnant.
Ensuite, je citerai Gilles Adam, dit Gilou. C’est le Boby Lapointe des temps modernes !!! Une écriture raffinée, et de surplus, un bon grateux !!! Son humour grinçant lui permet d’aborder des thèmes de Société qui me sont chers. Son engagement est à la hauteur de son talent !
Et enfin, pour terminer, je dirais Vincent Lebodo, une figure du rock havrais. Ancien chanteur des Crocks, il arpente aujourd’hui les scènes seul, avec sa gratte et ses machines ! Vincent, c’est Mamy Blue (rue Aristide Briand), un vrai lieu de culture. Et c’est aussi, avec Pascale (sa femme) les initiateurs des Rockers ont du Coeur. C’est quelqu’un qui ne triche jamais et qui transpire le rock, celui que j’aime…
Olivier Durand, évidemment ! « the guitarist » un grand, toujours en mouvement et qui a su ne pas prendre la grosse tête ! La première fois que je l’ai vu, c’était à Caucri, un concert des « red lezards » dans les années 90… Je suis fan depuis le début !
Daniel Bovero, artiste peintre-plasticien, je l’ai rencontré alors qu’il animait un stage au musée Malraux. J’ai beaucoup aimé travailler avec lui, je l’ai trouvé très pédagogue et humble. Il a peint un bus du Havre.
Ludovic Pacot Grivel, Directeur du théâtre des Bains Douches et directeur d’acteurs. Il offre toujours une belle programmation engagée qui sort des sentiers battus. Je le côtoie depuis plusieurs années, d’abord dans le cadre d’un atelier théâtre avec des patients, belle aventure avec 2 spectacles, dont un avec des textes de Desproges : c’est fort !
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