Chanteuse passionnée entre jazz, blues et bossa nova, elle mêle douceur, swing et émotions sincères.
Formée au conservatoire et nourrie par la scène, elle explore la liberté du jazz et la chaleur du Brésil.
Avec ses projets They Got Me Singing the Blues et Hoje, elle partage une musique à la fois intime et lumineuse.

Peux-tu nous raconter comment tu as découvert le chant et ce qui t’a donné envie de te lancer dans une carrière artistique ?

J’ai découvert le chant lors d’un cours à Paris donnée par la chanteuse Deborah Tanguy qui
m’a proposé de candidater ensuite pour le conservatoire dans lequel elle enseigne. A force
d’être au contact de musiciens en voie de professionnalisation, il m’est clairement apparu
que je voulais mettre la musique au centre de ma vie et en faire mon métier. Partager la
musique, procurer des émotions et surtout donner de la joie au public sont les éléments
moteurs qui m’ont donné envie de commencer ma carrière et qui me poussent
quotidiennement à continuer.

Quels ont été tes premiers contacts avec le jazz? Y a-t-il une rencontre, un disque ou un concert fondateur qui t’a marquée ?

Je dirais que j’avais 9 ans lorsque j’ai eu un premier contact avec le jazz, à l’occasion d’un
cours de danse modern-jazz, discipline que j’ai pratiqué pendant de nombreuses années et
qui a aiguisé mon sens du rythme! Et puis aussi à travers le cinéma (la bande originale du
film When Harry met Sally entre autres!). Comme je suis nantaise d’origine, j’ai aussi pu
assister souvent au festival Les Rendez-vous de l’Erdre ce qui m’a permis de découvrir
beaucoup de groupes issus de ce style de musique.
Mon premier disque de jazz marquant c’est l’album Hard Groove de RH Factor (groupe fondé
par le trompettiste Roy Hargrove). Il pourrait être mon disque de chevet! 🙂 Il y a aussi celui
de Nancy Wilson et Cannonball Adderley quintet (enregistré en 1962): le son, la voix et le
swing de cet album sont incroyables!

As-tu suivi une formation musicale particulière ou es-tu plutôt autodidacte dans ton parcours ?

J’ai étudié au conservatoire à rayonnement départemental de Bobigny en Seine-Saint-Denis
tout en continuant d’assister à des masterclass auprès d’autres professeurs de chant comme
Laura Littardi par exemple. J’ai par ailleurs eu la chance d’animer deux jams vocales entre
2017 et 2020 à Paris ce qui m’a permis de jouer régulièrement et de développer mon
répertoire. Je suis en grande partie autodidacte car je me suis formée à la scène en
participant de manière intensive à des jams ce qui, avec le recul, a constitué le socle de mon
apprentissage.

Quelles sont tes principales influences musicales, qu’elles soient jazz ou brésiliennes ?

D’abord instrumentales pour le jazz (Lee Morgan, Wayne Shorter, Stan Getz…) et puis
vocales (Ella Fitzgerald, Anita O’Day, José James, Dianne Reeves, Johnny Hartman…). Pour la
musique brésilienne: João Gilberto, Vinicius de Moraes et Djavan restent mes influences
principales! Je ne me limite pas seulement à ces deux styles de musique car j’aime aussi

beaucoup écouter Bill Withers, Michael Jackson, Jamiroquai, Keziah Jones, de la musique
cubaine et même parfois de l’électro car j’ai aussi grandi avec la French touch! La sensibilité
de la musique moyen-orientale qui me renvoie à mes origines libanaises a aussi joué un rôle
dans mon éducation musicale. Tout cela influence et nourrit mon rapport à la musique et au
chant.

Ton univers mêle douceur et swing : comment définirais-tu ton identité artistique en quelques mots ?

J’aime autant l’énergie swing et up du jazz que les mélodies délicates de la bossa-nova.
Ce qui m’intéresse particulièrement dans le jazz, c’est qu’il s’agit d’une musique mouvante,
perméable et je ne cherche justement pas dans ma pratique à avoir une identité artistique
fixe: en tant qu’artiste et être humain, j’essaie toujours d’être ouverte à ce qui m’entoure et
de rester dans une dynamique qui me fait explorer de nouveaux chemins et m’amène à
rencontrer de nouvelles sonorités et de nouveaux musiciens.

L’improvisation semble occuper une place importante dans ton travail : que représente-t-elle pour toi sur scène ?

L’improvisation est en effet une des raisons principales pour lesquelles j’ai choisi de jouer du
jazz: pas seulement pour les parties de scat mais surtout pour la liberté et l’interplay que
cette musique propose. Dans le jazz, on a tous un répertoire commun de standards existants
mais je trouve fascinant que selon les musiciens avec lesquels je joue, le morceau n’est
jamais interprété de la même manière puisque notre façon d’interagir sur scène change et
dépend de beaucoup de facteurs. J’adore réinterpréter un thème existant et jouer avec le
rythme ou modifier certaines notes de la mélodie originale, c’est aussi là pour moi que
l’improvisation se situe

Tu viens de lancer They Got Me Singing the Blues. Peux-tu nous expliquer la genèse de ce projet et ce que tu souhaites y partager avec le public ?

J’ai eu envie d’initier ce projet après avoir rencontré les trois musiciens qui m’accompagnent:
le guitariste Jean-Baptiste Gaudray, le contrebassiste Clément Landais et le batteur Gregory
Serrier. Le “they” dans le nom du projet c’est eux! Ils m’ont encore plus donné envie de
concrétiser ce voyage musical à leurs côtés.
Et puis il s’est avéré que le thème commun à tous les titres de mon répertoire jazz que j’avais
envie de mettre en avant était le blues. Ce thème me touche particulièrement parce qu’il fait
appel à notre humanité profonde et il est universel: on ressent tous de la mélancolie ou des
contrariétés mais, selon moi, la société ne nous encourage pas toujours à les exprimer alors
qu’elles font partie de notre quotidien et nous façonnent autant que nos moments de
bonheur. La musique blues est aussi née d’une volonté d’être libre et de créer de l’espoir
c’est aussi pour cela que je me reconnais dans cette thématique.

Comment abordes-tu le blues et quelle forme prend-il dans ton projet ?

Le blues comporte différents aspects dans mon projet. On le retrouve dans sa forme la plus
pure au sens musical du terme c’est-à-dire à travers des morceaux de 12 mesures mineurs ou
majeurs. Mais le répertoire aborde aussi la mélancolie et l’amour à travers les paroles
comme dans le morceau Born to be blue. L’idée avec ce projet c’est d’explorer toutes les
facettes de la blue note en laissant place à des titres plus joyeux (cf. les paroles teintées
d’humour des titres Blues in the night et Down with love) mais aussi à l’espoir que l’on
retrouve par exemple dans la chanson Miss Celie’s Blues. Je dirais que la couleur primaire de
mon projet reste jazz, avec une pointe de swing et de hard bop mais peut-être avec encore
plus de notes bleues que d’habitude! 🙂

En parallèle, tu développes Hoje, ton projet brésilien. Qu’est-ce qui t’attire dans la bossa nova et la musique populaire brésilienne (MPB) ?

La musicalité de la langue portugaise du Brésil m’a toujours plu et j’ai souhaité en faire
l’apprentissage assez tôt. Puis les mélodies de compositeurs comme Jobim, Bonfá, pour ne
citer qu’eux, m’ont tout de suite émues car elles concordent avec des harmonies plus
complexes qui font toute la beauté de la bossa nova. La relation entre les paroles et la
musique est encore plus étroite que dans d’autres styles musicaux et c’est pour cela que la
musique brésilienne m’apparaît comme une évidence et qu’elle me fait du bien lorsque je la
chante. Les morceaux de samba et MPB que j’ai choisi de chanter (Djavan, Donato, Valle par
exemple) sont plus énergiques, percussifs, dansants et créent un contraste dans mon
répertoire avec la douceur introspective de la bossa nova: deux énergies qui me
correspondent bien!

Comment choisis-tu les morceaux ou les compositions que tu intègres à ces deux projets ?

Je choisis bien sûr des morceaux que j’ai plaisir à chanter, dont les textes font sens pour moi
et dans lesquels la mélodie et l’harmonie me font vibrer en espérant toujours qu’ils touchent
aussi l’auditoire! Ma curiosité m’a toujours attiré vers des titres ou des vocalistes moins
connus que lceux que l’on a l’habitude d’entendre et je n’ai pas pu m’empêcher d’inclure des
chansons plus rares dans mes deux projets qui j’espère surprendront les gens! J’essaie de
proposer également plusieurs atmosphères (medium, up, ballad, samba, bossa, des
morceaux modaux…) afin que l’ensemble des chansons soit harmonieux et naturel pour le
public lors de l’écoute. Je souhaite que chaque projet se raconte comme une histoire et qu’il
fasse écho à notre propre vie.

Tu tournes régulièrement en Normandie avec des musiciens locaux. Qu’est-ce qui est important pour toi dans ces collaborations régionales ?

La connexion humaine et musicale avec les instrumentistes qui m’accompagnent restent
primordiales! Peu importe le lieu, la ville ou le pays. Il est vrai qu’en Normandie j’ai rencontré
ces dernières années des musiciens ouverts, curieux et extrêmement généreux comme c’est

le cas dans mon projet jazz. J’ai aussi la chance d’être accompagnée par une rythmique
normande très solide et créative pour mon projet brésilien: François Chesnel, Bernard Cochin
et Franck Enouf.

Quel souvenir marquant gardes-tu d’un de tes concerts en quartet ?

Je garde un souvenir fort de mon premier concert en quartet en 2015 à Paris. Beaucoup de
monde, beaucoup d’émotions… et de concentration! Je n’ai pas dormi la nuit qui a suivi
tellement j’étais imprégnée de l’énergie du concert!

Comment arrives-tu à concilier deux projets artistiques d’univers différents : le blues/jazz et la musique brésilienne ?

Je pense que les deux projets peuvent cohabiter et toucher différents publics à des moments
différents. En ce sens, ils ne se concurrencent pas mais au contraire ils évoquent deux
sensibilités et deux univers qui parleront aux auditeurs de tous horizons. J’espère aussi
qu’une personne qui découvrira mon projet brésilien aura envie de s’ouvrir à mon projet jazz
et inversement: les points communs étant la voix, l’énergie et l’émotion!

Quels sont tes prochains objectifs ou rêves à accomplir dans ta carrière musicale ?

Enregistrer un album et pouvoir partager ma musique en live auprès du public dans le
monde entier!

Entretien réalisé par Grégory Constantin Octobre 2025

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