Sur scène, clavier et guitare à proximité de sa voix, Grain dévoile son univers électro-acoustique à dominante mélancolique. Pour la sortie de son premier EP, elle invite au voyage à travers des textes personnels et actuels allant des plus lumineux aux plus orageux, comme un journal intime.

Bonjour Grain, peux-tu te présenter ?

Bonjour ! Je suis autrice, compositrice et interprète. Mon premier EP intitulé « La flaque », comprenant cinq titres, est sorti en avril dernier.

Quelles relations avais-tu avec la musique lorsque tu étais jeune ?

Une relation assez addictive dans le sens où elle faisait partie de mon environnement quotidien. J’écoutais des heures entières la radio avec ma sœur et mon amie d’enfance. Nous écoutions les mêmes chansons en boucle. Seule dans ma chambre, je m’amusais à changer les paroles tout en gardant la mélodie des chansons. Cela me permettait aussi d’imaginer et de voyager.

Quel est le premier instrument que tu as pratiqué ?

La guitare ! Papa Noël m’a ramené une guitare acoustique quand j’avais 6 ans.

As-tu pris des cours de musique ?

J’ai commencé tardivement en 2021 à La Manufacture Chanson dans le cadre d’une formation d’un an d’auteur-compositeur-interprète. Avant cela, j’étais autodidacte.

Comment as-tu commencé à faire du théâtre ?

D’abord en 5ᵉ au collège, j’étais assez timide et j’adorais ces moments de liberté. Le théâtre me permettait de m’exprimer librement par le biais de textes et en défendant des personnages. L’année suivante, je suis entrée à l’école des Bains Douches au Havre, où je suis restée plusieurs années.

Parle-nous de l’évolution de ton parcours au théâtre ?

J’ai donc continué les cours aux Bains Douches et, après avoir obtenu mon BTS, j’ai passé une audition aux Cours Florent à Paris. J’ai été admise en deuxième année et j’y suis restée pour compléter le cursus, en deuxième et troisième année.

Pourquoi avoir fait le choix de poursuivre tes études artistiques à Paris ?

Je n’ai pas vraiment réfléchi. Le Cours Florent avait une notoriété. J’ai appelé sans penser à la suite et je me suis laissé guider. Après mon cursus, je suis rentrée au Havre pour des raisons personnelles, mais je continuais à faire des allers-retours à Paris, où je jouais dans une pièce pendant plusieurs mois. Après un arrêt assez long et une vie artistique moins riche, le manque était très présent. J’ai quitté Le Havre pour continuer à me former en acting, mais aussi pour travailler le corps et le chant à Paris, où j’avais mes repères.

 Peux-tu nous parler du projet « White Spirit » ?

Pendant mes études, nous avions un groupe de musique au Havre (qui a changé de nom deux ou trois fois). C’était un groupe de reprises pop/rock. J’étais chanteuse, et nous nous produisions au Havre, dans les cafés ou à l’occasion de la fête de la musique. Je me souviens particulièrement d’une de ces occasions… C’était un samedi, il faisait super beau, et nous avions l’emplacement rêvé : la grande scène sur la plage à 22h. Un monde fou est arrivé d’un seul coup, c’était incroyable. Le lendemain, nous faisions la une du journal. C’est un joli souvenir !

Avant la pandémie de Covid-19, tu as créé une pièce de théâtre et publié un livre. Peux-tu nous en dire plus sur ces projets ?

Je jouais, mais l’écriture me démangeait. J’écrivais déjà des poèmes, quelques scénarios de court-métrage, et je me suis mis à l’écriture d’un moyen-métrage. J’ai rencontré un producteur qui m’a chuchoté à l’oreille l’idée de me concentrer sur la deuxième partie de l’histoire, soit le sentiment d’abandon d’une jeune femme suite au départ de son amoureux sur le France et sa folie dévastatrice. J’ai tout de suite pensé au théâtre. J’ai réécrit, et les Éditions L’Harmattan ont publié mon livre. J’ai ensuite été programmée au Théâtre du Guichet Montparnasse.

 La pandémie t’a-t-elle ramenée à la musique d’une manière ou d’une autre ?

Oui. Ma guitare traînait. Je venais de créer, avec trois autres artistes, un spectacle plutôt comique et mon cœur était ailleurs. J’ai dépoussiéré ma guitare et joué quelques accords. J’ai écrit plusieurs textes pendant le premier confinement, trouvé des mélodies simples, et j’en ai publié quelques-unes. Les retours m’ont motivée pour la suite, et ma guitare est devenue ma meilleure amie.

Tu as effectué un stage d’un an à La Manufacture Chanson. En quoi cette expérience a-t-elle été une étape clé dans ta vie ?

Un an hyper riche ! C’était très intensif, nous avions plusieurs intervenants tout au long de l’année : en scène, technique vocale, formation musicale et atelier d’écriture. Mais également des interventions sur un trimestre comme la polyphonie, le travail du corps, le jazz, le rythme, etc.

Chaque mois, nous avions la liberté de nous exprimer devant un public dans la salle de concert pour tester nos morceaux tout frais. C’est une structure qui propose plusieurs formations : des concerts, des master classes, des rencontres professionnelles, etc. Cela permet de rencontrer beaucoup d’artistes, que ce soit sur scène ou dans les couloirs. Aujourd’hui, je travaille avec Bertrand Louis, qui réalise et arrange mes morceaux ; il était intervenant en composition et écriture musicale, et j’ai fait bien d’autres chouettes rencontres humaines et artistiques.

 Quel est ton processus d’écriture ?

Il y a plusieurs possibilités. Cela peut commencer par un sujet qui me touche et que je souhaite partager. Dans ce cas, j’ai déjà une ligne directrice, quelques mots, et ensuite je cherche avec mon synthétiseur ou ma guitare des accords et des mélodies. Je construis alors mon texte au fur et à mesure.

D’autre part, l’inspiration peut venir de la musique elle-même : quelques notes ou accords qui s’entremêlent et me procurent une émotion ou une satisfaction. Puis, une mélodie émerge et des mots apparaissent, formant une histoire.

Est-ce qu’il y a un thème qui revient régulièrement dans

tes musiques ?

Un thème non. Mais tout tourne autour de l’humain capable du pire comme du meilleur. Je me sers de nous, de la vie, de ce qui nous entoure. Je pose des mots sur mes émotions, mes questionnements, des mots qui me semblent justes avec mon ressenti afin d’être au plus vrai ensuite dans l’interprétation et le partage.

Quel est ton rapport avec la scène ?

J’aime la scène et le partage avec le public. Grâce au théâtre, je connais bien cet espace et m’y sens à l’aise. L’énergie partagée avec le public est un moment unique qui rassemble les gens pour de belles choses : le voyage et le plaisir.

Tu as sorti un EP intitulé « La Flaque ». Peux-tu nous en parler ?

C’est un EP de cinq titres, enregistré et mixé par Fabien Martin au Studio Little à Paris, et réalisé et arrangé par Bertrand Louis, dans un ton rétro-pop mélancolique.

Dans ce premier EP, j’invite au voyage avec des textes personnels et poétiques, qui oscillent entre la lumière et l’orage, un peu comme un journal intime en musique. Je parle d’amour dans toute sa grandeur : les excès, les pertes, les retrouvailles, tant avec l’autre qu’avec soi-même. C’est un dialogue permanent entre la douceur et le combat, la fragilité et la force.

« La Flaque » est l’un des titres de l’EP. C’est une chanson intime qui, derrière le champ lexical de la mer, parle de la recherche d’identité, de l’avancée vers soi avec les doutes et les peurs que cela engendre, et de la perte de soi parfois pour mieux se (re)trouver.

Y a-t-il une scène où tu as l’habitude de te produire ?

La Manufacture Chanson qui m’accompagne dans mon projet musical.

Quels sont tes projets pour les prochains mois ?

Actuellement, j’enregistre un nouveau single dont la sortie est prévue pour octobre prochain. Avec Bertrand Louis, nous travaillons sur d’autres arrangements, et j’aimerais sortir un ou deux autres singles dans les mois suivants. J’ai un concert prévu sur la péniche Antipode à Paris le 18 septembre, un autre dans quelques mois au théâtre Le Normandy au Havre, et je participe au projet « Tribute to Daho » à l’occasion de la venue d’Arnold Turboust le 15 novembre au Magic Mirrors au Havre.

 Pour terminer, peux-tu nous présenter 3 artistes normands que tu apprécies ?

  • Lotti : une chanteuse rappeuse avec une très belle énergie, des mots intimes qui résonnent avec sincérité.
  • Orange Yeti : sensible à sa performance d’interprétation et à sa plume.
  • Apart : que je viens de découvrir. Trio de rock indé aux chouettes mouvements rythmiques et mélodiques.
  • Un petit plus pour Strange O’clock. Havrais non, Normands, oui. Duo plein de charme aux sonorités blues / Africaines.

Entretien réalisé par Flora Fortier et Grégory Constantin Juillet 2024

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