Toujours vêtue de jaune, Adélys compose et produit des chansons qui parle de l’urbain, de l’eau et du corps.

Chanteuse, vidéaste, femme, corps-sujet toujours en recherche et en mouvement Adélys mène de front une intense quête de liberté.

Adélys sur scène tous l’été en France et en Europe, apprenez à connaître ou mieux connaître cette artiste normande avec notre interview qu’elle nous à accorder le mois dernier.

Bonjour Adélys, pouvez-vous vous présenter ? 

Adélys c’est mon nom et ça veut dire « Lumière noble » en norvégien. Je m’habille toujours en jaune c’est pour moi un moyen de contraster avec le gris de la ville.
Dans la vie j’aime marcher, regarder le monde et écrire des chansons qui sortent tout droit de mes balades et je les chante sur scène.
Je dirais donc que je suis un point jaune nomade qui chante.
J’ai trois ports d’attaches dans lesquels je vais régulièrement : la Normandie, le Québec et Bruxelles. 

Quels ont été vos premiers contacts avec la musique ? 

Depuis que je suis un embryon, j’ai entendu du jazz, de la musique classique car mon père en écoutait et en jouait beaucoup sur son piano.
Après on m’a mis au piano, au solfège, je n’ai pas beaucoup aimé ça.
Le jour où j’ai fait du chant lyrique, j’ai aimé découvrir mon corps et ma voix grâce à cette discipline. 
Et puis après ce sont mes propres mélodies que j’avais envie de chanter.

Quelles étaient vos influences artistiques à l’époque ?

Quand j’étais ado, j’écoutais beaucoup de rap, j’aimais beaucoup le flow rythmique des paroles scandées, j’écrivais même les paroles sur des feuilles que je gardais.
J’ai aussi beaucoup aimé M, l’album rose, le voir en concert aussi, tout le personnage qu’il a créé m’inspirait beaucoup.

Quel a été votre parcours d’apprentissage ? 

J’ai eu un parcours classique au conservatoire qui m’a servi techniquement, mais le reste, j’ai été le chercher dans la création de mes textes et de mes mélodies.

Comment a évolué par la suite votre parcours artistique ? 

Je suis passée de chanteuse avec groupe de musiciens dans lequel je ne me sentais pas à l’aise à une formule solo performative dans laquelle je m’épanouis mieux aujourd’hui.
J’ai écouté ce que je voulais vraiment et j’ai fait des choix. J’ai apporté la danse, la vidéo sur scène, une volonté de mêler les arts et de ne pas être seulement une chanteuse.
Quels ont été vos débuts sur scène ?
J’ai commencé très jeune à faire de la scène, au théâtre par exemple, dès l’âge de 12 ans je crois.
Après c’est vers 23 ans que j’ai commencé à chanter mes propres chansons.
C’était assez libérateur et c’est ce qui me donne envie de me lever le matin depuis. 
Pouvez-vous nous parler des thèmes que vous aimez aborder dans vos chansons ? 
Je parle de l’urbain, la ville me fascine, que ce soit l’architecture, les différents espaces, que les gens et leurs parcours. Chacun dans une ville participe au paysage et je me nourris des trajectoires que je vois, des humain.e.s que j’observe. Dans mon premier album, il y a deux chansons sur deux humain.e.s opposé.e.s qui se croisent : l’animal commercial qui travaille dans les grands buildings et la femme de ménage qui nettoie les chambres d’hôtel. Le corps est aussi un thème que j’aborde beaucoup, il est notre instrument principal et il est souvent mal aimé. Dans mes chansons j’explore mon corps-liberté, celui qui s’éloigne des diktats et invente son propre parcours. C’est un thème qui revient beaucoup depuis que je m’intéresse au féminisme. Je parle aussi beaucoup de l’eau encore une fois en tant qu’élément symbole de liberté. Les ruisseaux dessinent leur trajectoire et sont guidés par leur instinct naturel. La nature dans ce qu’elle a de complexe, de pur et de beau m’intéresse aussi dans mes textes. Je parle aussi notamment du rapport de domination et de destruction que les Hommes entretiennent avec elle. C’est aussi le réchauffement climatique, l’urgence de se préoccuper de la nature qui guide mes chansons. 
Quel est votre processus de création ? 
Je pars d’une observation, d’un mot, d’une bribe de phrase et je crée un texte autour en laissant venir la musicalité dedans. 
J’aime quand les chansons font du sens pour pouvoir toucher en profondeur les gens. 

Votre univers scénique a une place importante dans votre projet, pouvez-vous nous en parler ? 

J’aime mêler différents arts sur scène, que ce soit la danse ou la vidéo, mes chansons sont rythmiques et demandent à être vécues, senties, elles demandent beaucoup d’énergie et c’est cela que j’aime déployer sur scène. L’an passé j’ai travaillé sur une formule live avec un cube géant dans lequel des vidéos de mes voyages sont projetées. Je fais des concerts aussi où il n’y a rien de tout ça, juste mon corps et les chansons et cela fonctionne aussi très bien. 

La vidéo est-elle importante dans votre projet artistique ?

Oui, elle permet d’ancrer mon travail dans une réalité visuelle, et de sortir du concert traditionnel.
Elle me permet aussi de faire émerger des images de mes balades, de faire entrer le spectateur dans mon processus de création.
Vous avez un album en préparation, pouvez-vous nous en parler ? 
Oui, il s’appelle « Toutes les Fenêtres et les Ruisseaux » et sortira en mars 2023.
Ce sont des chansons que j’ai écrites et enregistrées entre la Normandie, le Québec et la Belgique et il parle de l’urbain, de l’eau, et du corps.
Pour moi c’est aussi un appel au respect du vivant dans un monde à la dérive.
Je voulais une musique pulsante qui appelle le mouvement du corps. Différentes influences sont venues à moi dans cet album; l’électro de Billie Eilish, les voix de Klô Pelgag, la singularité de Björk.
Il a été coréalisé avec la chanteuse Mell à Montréal, et j’ai aussi associé sur un titre le producteur rouennais Christine et sur un autre le bruxellois Gil mortio.
Avez-vous des concerts à venir ? 

Oui, j’en ai plusieurs :

15/06/22 LE WALRUS DISQUAIRE – 19H – PARIS Xème

21/06/22 FETE DE LA MUSIQUE – HANOVRE (ALLEMAGNE)

09/07/22 FESTIVAL PAUSE GUITARE – PRIX MAGYD CHERFI – ALBI (81)

26/08/22 HEIDI PROJECT – AOSTA (ITALIE)

30/08/22 HEIDI PROJECT – AOSTA (ITALIE)

10/01/23 LE RIVE GAUCHE – ST ETIENNE DU ROUVRAY (76)

Pour terminer, pouvez-vous me citer 3 artistes régionaux que vous appréciez ? 

J’aime beaucoup La Maison Tellier, Denize et Nuit

Entretien réalisé par Grégory Constantin et mis en page par Laurine Decoudu Mai 2022. Contribution à la rédaction Fabrice Autret.

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