Dessiner sur ses photos, c’est avec ce style artistique que Baptiste alias BD art embelli des monuments et des paysages de notre quotidien. Des couleurs frappantes et un univers de BD à découvrir dans cet entretien.

Bonjour Baptiste, pouvez-vous vous présenter ?

Bonjour, je suis officier de la marine marchande, d’abord au long cours et depuis quelques années sur les ferrys.

En parallèle, je développe mon art où je mêle photo et graphisme.

D’où tenez-vous cette envie de dessiner ?

J’ai commencé à dessiner très jeune avec ma grand-mère, passionnée d’aquarelle. Elle m’a initié, depuis le plus jeune âge, à l’art. J’avais également mon grand-oncle qui était illustrateur, connu sous le nom de Will (William Beaufils) et dont j’ai toujours apprécié le travail.

J’ai ensuite baigné dans un univers artistique grâce à l’association Keep à Breast, contre le cancer du sein, qui utilise l’art comme vecteur de communication.

Vous êtes autodidacte ?

Je suis autodidacte aussi bien pour la partie photo que graphisme.

Quel est votre procédé de dessin ?

Mon style évolue en continue. Ma technique actuelle consiste à prendre des photos en noir et blanc et leur donner une identité propre en y ajouter des nuances grises et colorées le tout sur tablette tactile.

Ce style a évolué car au début j’utilisais des photos papiers sur lesquels je supprimais la partie que j’allais customiser (via Photoshop), ensuite je l’envoyais à l’imprimeur et puis je dessinais dessus au Posca, Rottring et Bic fin.

Le couple tablette + stylet, me permet aujourd’hui de travailler partout, même à bord de navires pendant mon temps de repos, ou dans les transports. C’est un confort que je dois à une autre de mes passions, les nouvelles technologies.

Vous utilisez des couleurs bien spécifiques pour vos designs, pourquoi ces choix ? 

Les codes couleurs que j’utilise sont en effet bien spécifiques, notamment pour différencier mes travaux propres, de mes collaborations.

Les couleurs que j’utilise sur mes œuvres sont en fait mes deux couleurs préférées de Posca : orange et bleu ciel. Je les ai maintenant numérisés et j’obtiens ainsi le même rendu couleur que lorsque je faisais mes dessins 100% papier.

Vous avez essayé de dessiner sur plusieurs supports, lequel préférez-vous ?

Je travaille également sur des objets en 3D, issue de l’impression 3D (j’en ai acquis une pour pouvoir essayer de développer des œuvres en volume) mais aussi sur du béton.

Pour le moment peu de ces œuvres sont diffusée car je n’arrive pour le moment pas à me satisfaire du résultat.

La première fois que vous avez vu vos œuvres exposés ?

La première fois que j’ai vu une de mon œuvre exposée c’était en 2007, lors d’un événement pour l’association Keep a Breast, à Biarritz. J’avais alors 19 ans, c’était vraiment super pour moi, d’autant que c’était dans le cadre d’un événement autour du surf (Roxyjam).

Que ressentez-vous lorsque vous vendez une œuvres ?

Je suis évidemment super heureux de pouvoir être affiché chez les gens, surtout ceux que je ne connais absolument pas. Ils ont leur propre interprétation et j’en entends beaucoup ! Parfois leur interprétation est telle qu’elle dépasse ma démarche sur une œuvre donnée. Je trouve ça fascinant !

Quelle est votre œuvre préférée ?

Difficile de donner sa propre œuvre préférée… je suis moi-même un amateur d’art, et j’ai beaucoup de mal à calibrer mon propre travail. Je dirais ma vision de la centrale thermique car c’est elle qui m’a convaincu d’adopter mon style actuel.

Vous êtes en train de faire un « Tour de France » en collaboration avec d’autres photographes, pouvez-vous nous parler de ce projet ? 

Oui, tout à fait. Cette démarche s’inscrit dans une idée que j’ai eu, celle que mon art est facile à associer à l’art de photographes.

Je contacte donc les photographes dans les villes que je visite virtuellement (idéal pendant la crise sanitaire haha) et appose mon concept sur leur photo afin de faire découvrir des lieux emblématiques de la France sous mon regard particulier.

C’est très enrichissant pour moi, et cela donnera lieu à une exposition sans doute l’été prochain, au bénéfice d’une association. J’espère avoir fini mon Tour de France d’ici là et qu’elle sera composé d’entre 40 et 50 œuvres. Le lieu reste à définir, mais cela se passera sans aucun doute hors du Havre.

Vous avez aussi collaboré avec SEB, comment vos deux styles ont réussi à se mêler ?

C’était un vrai défi, j’aime son style très saturé et sa vision photographique. Or je travaille surtout sur Photo noir et blanc pour faire ressortir mes graphismes. Difficile de mettre en valeur nos deux styles dans ces conditions, on a beaucoup discuté les photos, et l’harmonie qu’on pouvait en dégager.

COLORS OF LH, c’est le nom de notre série, est donc un ensemble de 5 œuvres qui nous a donné pas mal de fil à retordre ! Mais on est tous les deux très content du résultat.

Vous-préférez travailler seul ou collaborer avec des photographes ?

Les deux approches sont vraiment différentes. Les deux me plaisent. Ma vraie liberté est le travail en solo car l’œuvre qui en sort me correspond à 100% mais les liens que l’on tisse lors des collaborations m’intéresse tout autant, et me permet de m’ouvrir sur de nouveaux défis.

Des projets pour le futur ?

Pas mal de projets oui, je ne manquerais pas de vous en parler à mesure que ceux-ci seront prêt à se concrétiser. Grosse année 2021 j’espère !

Pour finir, pouvez-vous citer 3 artistes de la région havraise que vous appréciez ?

Teuthis, qui en plus est un mec super sympa !

El Cuervo, j’adore son style et son univers.

Lia Despas, Parce que j’ai découvert son travail il n’y a pas longtemps et que je ne peux que saluer la technique et l’exécution.

Entretien réalisé par Léa Marchand Octobre 2020

Contribution à la rédaction Fabrice Autret

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