L’activité de label n’a pas vocation à devenir l’activité principale de Gérald & Laurent même s’ils y consacrent beaucoup de temps et d’énergie. Si Kizza Me! Records est le premier projet qui les rassemble, tous deux ont déjà respectivement oeuvré pour le rock et plus largement les musiques actuelles.
Gérald a tenu la boutique parisienne NEW ROSE pendant 7 ans et demi de 1982 à 1989. Il a travaillé dans l’édition musicale et avait également monté son propre label : May I Records. Quand il a découvert la scène new-yorkaise en 1976, c’était sur place au cours d’un de ses nombreux voyages aux USA. C’est un courageux organisateur de festivals et de salons de disques. Il a écrit un livre sur Iggy POP sorti chez Albin Michel et réalisé une interview de l’iguane pour ARTE !
Laurent a grandi au Havre entre la salle Franklin et Mamy Blü ! Animateur diplômé en « accompagnement des pratiques amateures option musiques actuelles », il a développé des ateliers musique dans des collèges et des lycées, organisé des concerts et créé une salle : Le Batolune à Honfleur dont il a été programmateur durant 4 ans.
Comment vous êtes-vous réunis autour de ce projet du label Kizza Me! Records ?
Laurent : Un constat de manque de structures pour aider les artistes… Une envie de participer/contribuer à la « culture rock »…
Gérald : Une passion commune et des affinités humaines.
Pour les non-initiés, quelle est l’origine de ce nom « Kizza Me » ?
Laurent : C’est le titre d’une chanson du groupe BIG STAR. Le nom a été trouvé juste avant le confinement, la distanciation, le port du masque, etc. Il n’en a que plus de sens maintenant.
Gérald : Alex CHILTON (ndlr chanteur et guitariste des Big Star) – passait régulièrement au magasin que je tenais dans les années 80.
D’autres personnes vous épaulent-elles dans ce projet ?
Gérald : C’est une association qui est ouverte aux bonnes volontés.
Laurent : « Pas de blase dans les rades !!! »
On monte une asso pour mutualiser les démarches et les prix. Bref, on fait les facilitateurs. DO IT YOURSELF TOGETHER !
Quelle est votre ligne artistique ? Y a-t-il une musique que vous défendez en particulier ?
Laurent : Les bonnes chansons ! Le songwriting est essentiel. Et on est plus du genre à défendre un artiste et sa liberté de création que de se limiter à une chapelle quelconque.
Gérald : C’est une affaire de passion et de bonne musique en général.
Comment gérez-vous les droits liés aux rééditions ?
Laurent : Du mieux qu’on peut ! Plus sérieusement, c’est au cas par cas. Tu peux obtenir les droits selon les pays et selon le support (dans le cas présent, éditions vinyle)…
Notre structure mise sur la proximité avec les artistes. Les disques des Roadrunners étaient introuvables en ligne, voire introuvables tout court. J’ai la même réflexion sur les Backsliders, les Croaks,… Il y a un devoir de mémoire envers nos glorieux combattants du R’n’R!!!
La musique que vous proposez peut aussi bien être pressée sur disque ou téléchargeable en digital, qu’est-ce qui guide vos choix vers l’un et/ou l’autre ?
Laurent : Les majors, c’est fini. Les groupes sont en autoprod’, ce qui est facilité par l’enregistrement numérique et la diffusion via plateformes et réseaux sociaux. Mais l’objet, c’est essentiel. Le streaming est le canal principal de consommation de la musique. Il faut être présent. Prenons l’exemple de PRIMITIVE LIMOUSINE, ce groupe a un vrai potentiel. Comment tourner, trouver des dates ? En envoyant des CD ? Le CD est fini, il faut s’adapter à l’époque. Le vinyle est un marché de niche qui va perdurer car artistes comme passionnés sont attachés à l’objet. Il y a le visuel, le toucher, l’odeur.
Gérald : Le rapport sensuel à l’objet vinyle est important !
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre catalogue actuel et les raisons de ces choix ?
Gérald : Il y a à la fois la partie label propre à KIZZA ME! où nos choix sont bien déterminés et une partie distribution/partenariat avec d’autres labels comme JUNGLE en Angleterre.
Laurent : On créé une sorte de famille artistique où on peut se sentir bien.
Y a-t-il des sorties prochaines que vous pouvez d’ores et déjà nous révéler ? On veut une exclu !!!
Laurent : Ah ah ! Réédition des albums des ROADRUNNERS, entrée au catalogue des CITY KIDS pour préparer la sortie de leurs nouveaux enregistrements.
Comment vous-êtes vous structurés et quelle est votre démarche en tant que producteurs ?
Gérald : KIZZA ME! RECORDS est un label associatif, tous les gains sont réinvestis. L’idée est de permettre la diffusion de groupes en maîtrisant les coûts de production.
Laurent : Les rééditions, ça nous permet d’avoir du volume, donc de tirer des tarifs intéressants pour tous.
Pour les nouveautés , les artistes doivent consacrer leur énergie à créer de la musique alors qu’ils galèrent tous chacun de leur côté pour trouver le studio, le mix, le mastering, la boîte de pressage, le distributeur, le graphiste bla bla bla…
Kizza Me ressemblerait plutôt à une coopérative d’autoproducteurs ou une pépinière d’entreprises.
Vous n’avez pas de boutique comme on a pu le voir avec Closer et New Rose dans les années 80′ ou Born Bad Records actuellement, comment peut-on vous rencontrer ?
Votre activité a-t-elle été touchée par la crise sanitaire ?
Laurent : Nous avons officialisé le label fin juin, donc pas touchés directement. L’absence de concerts ne facilite pas la promotion des groupes mais on voit bien que notre histoire de label permet à certains de se projeter sur des sorties de disque, des chansons à écrire, …
Gérald : La crise n’a pas gêné le démarrage du label, nous ne sommes pas dans la précipitation.
Pour terminer pouvez-vous nous présenter 3 artistes que vous appréciez particulièrement ?
Laurent :
- Butch McKOY vit dans l’Orne je crois. Son exxxxcèèèlllant album « The Sick Rose » sorti en juin (2020) a des accents possédés à la Gun Club / 16 Horsepower.
- Frandol est une des plus grandes voix du rock français, adepte des compos classieuses millésimées power pop, que ce soit à l’époque des ROADRUNNERS ou maintenant avec les FRANÇOIS PREMIERS. Mais il ne faut pas oublier qu’il est l’auteur d’une des plus belles chansons en français, « L’un contre l’autre ».
- Les CITY KIDS : Déjà pour le côté humain. C’est un vrai gang, des frères. Ils ont largement contribué au rayonnement international du Havre : tournées avec Dr FEELGOOD en Angleterre, label italien, producteur australien,… Le spectacle « Earthtown » avec les Magasiniers du courant d’air sale en 1992 m’a profondément marqué. Nous relançons la distribution d’une partie du catalogue avant de les accompagner pour les nouveaux enregistrements.Une vieillerie, mais il y a un gamin dans le clip qui s’est mis à la basse et récemment à la batterie dans un groupe local qui mise sur la « renaissance » du rock havrais!