Artiste reconnu des années 2000/2015, stoppé dans sa progression par la maladie « sclérose en plaques« . Handicapé de la main droite et mal voyant il a su rebondir. Aujourd’hui  il dessine de la main gauche et écrit des poèmes et des chansons. Cette semaine nous vous faisons découvrir l’artiste Nicolas Castus Decressac.

Bonjour Nicolas Castus Decressac, pouvez-vous vous présenter ?

Ma présentation semblera courte pour ceux qui ne me connaissent pas. Je pense être déjà connu dans le milieu artistique havrais. Même, s’il y a plusieurs années que je n’ai pas fait d’expos. Dans ce cas, je les invite à lire les quelques lignes qui suivent.
Quels sont les artistes qui vous ont influencés ?

Je dirais que tous les artistes que je connais que l’on retrouve dans l’histoire de l’Art m’ont influencés.

Mais, dans tous, il faut avoir du recul et réfléchir. Je me suis rendu compte avec le temps que les artistes que « je n’aimais pas » étaient ceux qu’en fait, je ne connaissais pas. Donc, je conseille à tout le monde de faire l’effort de les connaître et d’apprendre leur travail, sans aucun préjugé.

Quel est votre style artistique ?
Durant le temps, il a changé. Selon, ce que je pensais, selon ce qui arrivait sur terre et dans ma vie. Et j’espère qu’il changera encore. C’est, je pense très complexe de le définir. Vu que j’ai pratiqué de nombreux arts dans ma vie.
Pouvez-vous nous parler de votre carrière ? Vos débuts, etc…
On peut dire que je suis tombé dedans. Le mari de ma nourrice avait fait les Beaux-Arts. Ses deux fils étaient aux Beaux Art. Et à l’école, je préférais dessiner qu’écouter les profs. J’ai fait les Beaux-Arts.
Et par la suite, l’Art, les Arts m’ont toujours intrigués et fascinés. J’ai été, comme, on peut dire un touche-à-tout. J’ai fait un peu de musique. DJ en Live, avec mes propres morceaux dans les bars branchés du Wavre. Donc, compositeur.
J’ai fait de la peinture.
J’ai fait des Installations
J’ai été tailleur de pierre.
Patineur de bronze, pour Arman.
Décorateur. J’ai fait des décos de bars branchés du Havre. « L’enfer », avec Jace. « Le Kheops » avec Alain Louiset. Et une grande partie de la déco de la boite « Le Siècle ».
J’étais dans la Galerie Hamon. Je suis encore dans la Galerie Chaye à Honfleur. J’ai fait le THV, le Théâtre de l’Hôtel de Ville du Havre tout seul.
Tout cela, pour faire court.
Avez-vous souvent l’occasion d’exposer ?

Oui, comme, je l’ai dit plus haut, j’ai fait de nombreuses expos dans les galeries, et dans des salons artistiques. Par exemple « Aux Jardins de Bois Guilbert ».
J’ai eu de nombreux prix aussi.

Vous souvenez-vous de votre première exposition ?
C’était une expo de photos, quand, je faisais partie du club photo du lycée Jeanne D’Arc.
Et quelle est la dernière en date ?
La dernière, on va dire que c’est loin. Je ne m’en rappelle plus. J’en ai fait tellement. Ça remonte à plus de sept ans. Je suis en arrêt forcé ; vu que j’ai chopé la sclérose en plaques. Je me suis retrouvé en fauteuil roulant. Je suis devenu presque aveugle. Avec 1 de vue. J’ai perdu le côté droit. J’étais droitier. Tout cela, c’est chiant quand on est artiste. LOL. Mais, maintenant, avec 2 de vue et de la main gauche, je n’arrête pas de faire des dessins.

Les gens ne comprennent pas. Mais, je n’ai pas encore fait d’expo. J’attends. Mais, ça risque d’être long avec ce confinement à la con. Je devais refaire une expo après 7 ans d’absence et elle a été annulée.

Mais, maintenant, j’écris aussi. Je suis écrivain et poète. Je fais partie du « Cercle des Poètes » du Havre.

ARTISTE :

Pour être un artiste,

Il faut avoir été triste.

Il faut avoir des choses à dire,

Avoir vécu le pire.

C’est ne plus en avoir à foutre de rien.

C’est vouloir seulement le bien.

C’est dire « merde ».

« Je vous emmerde » !!!

C’est dire ce que l’on pense,

Ce que l’on traine depuis l’enfance.

C’est dire vrai.

C’est être vrai.

Le cerveau est vidé.

Le cœur est vidé.

On se fout des préjugés.

On est.

Quelle matière préférez-vous ?

Toutes. Le choix de celles-ci peut dépendre de ce que l’on veut dire et celle qui est disponible. Je suis plus connu pour le fer et le bêton. J’ai essayé de traduire la tendresse, la douceur, dans ces matériaux souvent pris comme des matériaux agressifs. Par exemple, j’ai fait des petits oiseaux.

A qui est destiné votre Art ?
Cela peut paraître prétentieux. Mais, aux humains et à toute l’humanité. Je veux donner à réfléchir.
Avez-vous des projets en cours et/ou en tête ?
Exposer et publier.
Est-ce que vous vivez de votre passion ?
Avant oui. Mais, comme je suis malade et que je vis dans un entourage sans culture qui passe son temps à se foutre de ma gueule. (Sauf les générations d’après moi par exemple Benben qui se posent des bonnes questions). Je vis un enfer. Je vais profiter de cet article comme, pour jeter une bouteille à la mer. Soi-disant, il y a un super potentiel. Mais, autour de moi, ils ne comprennent rien et ne le voient pas.
Pouvez-vous nous citer 3 artistes havrais que vous aimez.
J’aime bien les fourmis de Jean Pierre Lartisien et la féerie qui se dégage des toiles de Patrick Boulnois. Les autres, c’est plus des serpents qui se mangent la queue.

Entretien réalisé par Ben Veret Juillet 2020

Contribution à la rédaction Fabrice Autret

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