Cette semaine découvrez François Duteurtre professeur d’art graphique à Paris, l’artiste peintre expose actuellement avec Monique Dehais à l’Hôtel de Ville de Bagnolet.  L’artiste propose régulièrement une revisite des tableaux des grands maîtres en se glissant dans des vidéos qu’il réalise et diffuse sur sa page Youtube et le compte Facebook du Musée imaginaire. 

Bonjour François, pour commencer cet entretien, revenons quelques années en arrière. Quelle est l’origine de votre amour pour la peinture ?

Il y avait chez mes parents et mes grands-parents beaucoup de tableaux, surtout des tableaux autour de l’impressionnisme. Dans la bibliothèque il y avait également beaucoup de livres sur l’art, j’adorais les regarder, ajoutez à cela la lumière du Havre et son glorieux passé pictural, le ver est dans le fruit.

Avez-vous suivi une formation artistique ?

Oui, j’ai fait les Beaux-Arts de Paris dans les ateliers d’Olivier Debré et Christian Boltanski entre 1983 et 1988.

Quel sont les expositions majeures auxquelles vous avez participées ?

Suite au diplôme des Beaux-Arts, j’ai pu exposer à la Galerie de Beaux-Arts en 1989. La jeune peinture était en plein boom et j’ai tout vendu, je m’voyais déjà en haut de l’affiche…la suite ma rendu plus réaliste ! Sinon, j’ai longtemps travaillé avec la Galerie La Ferronnerie à Paris. Un de mes meilleurs souvenir est l’exposition que j’ai faîte au Havre au Théâtre de l’Hôtel de ville en 2004. J’étais très content de l’accrochage, la mise en lumière, grâce aux techniciens de la mairie, elle était très réussie.

Quelles sont vos influences artistiques ?

Ma plus grande admiration va à la peinture Flamande et Italienne des XIVème et XVème siècles, mais le monde contemporain est tellement éloigné de la pensée de cette époque que l’on se perdrait à vouloir l’imiter. Plus proche de nous, Matisse me semble incontournable mais également Manet, Bacon, on me dit parfois que certaines de mes pièces évoquent Gaston Chaissac.

Comment pourriez-vous définir votre peinture ?

Je travaille par séries et la forme change régulièrement car j’aime changer de support pour garder de la surprise. Mes derniers travaux étaient en volume, les précédents sur toile, sur papier, d’autres encore sur toile cirée imprimée… La constante est le sujet, je travail sur le corps humain, dans ce qu’il a de beau mais également de dur et d’éphémère.

Vous exposez actuellement à la mairie de Bagnolet, quel est le thème de l’exposition ?

L’exposition s’appelle « Promenons-nous dans les bois », il s’agit d’une installation que j’ai réalisé avec Monique Dehais, nous y présentons des personnages imaginaires en volume qui déambulent dans des sculptures faites de bois et d’ardoise et d’un tapis de feuilles mortes. Il y a également un dispositif vidéo où l’on voit des animaux que nous avons filmés cet été.

Pouvez-vous nous présenter Monique Dehais qui vous accompagne sur cette exposition ?

Cette charmante personne est mon épouse, nous nous sommes rencontrés aux Beaux -Arts. Depuis nous exposons ensemble ou séparément. L’exposition actuelle est un projet commun que nous avons pensé ensemble de la conception à la réalisation..

Comment travaille-t-on à deux sur un tableau ?

Nous avions fait une expo dans les années 90 où nous nous « repassions » les tableaux, l’un peignant après l’autre. Pour l’exposition actuelle, le principe est différent, nous avons une maison de famille dans la Beauce et nous nous y sommes installés cet été. Nous avons travaillé dehors, l’un se chargeant de la réalisation des personnages, l’autre des sculptures mêlant bois et ardoises.

Parlez nous un peu de vos projets vidéos, d’où vous vient cette envie de vous intégrer dans les tableaux les plus célèbres ?

C’est un jeu artistique. Si parfois mes productions picturales peuvent un peu effrayer, je suis généralement d’un caractère assez jovial et ces vidéos sont un moyen de travailler avec ceux que j’admire tout en y mettant du recul et de l’humour. J’ai un peu l’impression de travailler avec Velasquez, Rembrandt, Monet et tous leurs amis. C’est également un moyen assez efficace pour montrer la peinture « sérieuse » à un public qui s’ennuie parfois dans les musées.

Quel est votre moyen de diffusion ?

J’ai un site (http://francois-duteurtre.fr/) sur lequel on peut voir ma peinture et mes vidéos, une chaine youtube, facebook…

Vous êtes également très actif sur le compte Facebook du Musée Imaginaire, comment avez-vous intégré ce projet ? ?

C’est grâce à mon ami Emeric Outreman, artiste Havrais, qui m’a contacté en 2017, car mes vidéos l’amusaient. Il travaille depuis longtemps sur des détournements d’œuvres d’art sous forme de faux tableaux et nous avons pensé que ses travaux et les miens étaient complémentaires. Notre lien d’enfance (nous étions voisins rue Saint-Martin dans le quartier des Gobelins) nous a porté à créer cette page facebook consacrée à la création artistique au Havre de manière décalée et humoristique.

Vous concertez vous avant de publier vos articles ?

Nous sommes en contact permanent mais nous n’intervenons pas sur les productions de l’« autre ». Dans quelques saynètes je le mets en scène et nous avons du évidemment nous organiser. Nous avons également en tête des dates commune pour que nos publications se fassent écho, mais nous n’intervenons en aucun cas sur les choix des images et des textes.

Quel est l’avenir du Musée Imaginaire ? Avez-vous des projets en tête ?

Nous aimerions pouvoir travailler avec les structures municipales (Mairie, Musée…) si ces dernières veulent intégrer un peu de légèreté dans leur image…

Vous êtes professeur d’arts-plastiques, quels sont les réactions de vos élèves lorsqu’ils apprennent vos activités artistiques ?

Ils sont un peu « impressionnés » par le fait que j’expose, que je sois peintre. En revanche, (les adolescents trouvent tout sur internet) mes vidéos les amusent, ils m’en parlent, mais je n’en fais surtout pas la promotion en cours.

Avez-vous découvert parmi vos élèves des artistes au potentiel fort ?

Oui, et c’est vrai tous les ans depuis que j’enseigne, mais je suis professeur en collège et il est très difficile de savoir ce qu’ils vont en faire. J’ai eu des élèves très doués qui n’ont pas continué dans la voie artistique et des élèves dont je ne soupçonnais pas forcément le potentiel qui ont maintenant une production personnelle très intéressante.

Il s’agit plus de désir que de potentiel.

Pour terminer, quels sont les 3 artistes de la région Havraise que vous allez nous présenter ?s allez nous présenter ?

Jean-Marie Paillette, un ami d’enfance, c’est un artiste qui travaille à partir de la récupération pour créer des objets/sculpture. C’est un design très brut et industriel, il a une esthétique très personnelle, proche du Port et des machineries qu’on y trouve.

Côme Mosta-Heirt, un grand sculpteur exposé dans les plus grandes galeries et les musées, Havrais de naissance lui aussi, son travail parle de volumes et de transparences par mélange de différents matériaux.

Jean-Pierre Germain, c’était mon prof au collège et au lycée, il m’a mis le pied à l’étrier, m’a emmené peindre dans la nature normande quand j’avais 18 ans. C’est un homme fidèle qui m’a également invité sur des expositions à Notre-Dame de Gravenchon et à Montivilliers.

Entretien réalisé par Grégory Constantin,  Décembre 2018

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