Bonjour Pimouss, pouvez vous nous dire ce que c’est « La Frit » ?

C’est la Fédération Régionale d’ Improvisation Théâtrale. C’est une association de loi 1901 qui a plus de 20 ans aujourd’hui ! En chiffres la FRIT c’est une vingtaine de spectacles  par saison dans la région havraise et près de 4000 spectateurs par an ! Nous jouons aussi une dizaine de dates à l’extérieur, en France ou dans des pays francophones.

Quel est vôtre rôle au sein de cette association ?

Officiellement je suis vice président, mais en réalité, mon rôle est le même que tous les autres membres de l’association : Organiser les événements, assurer les déplacements extérieurs, faire la promotion de l’association, arbitrer les matchs…  Tout ce sans quoi il n’y aurait pas de vie associative finalement ! Avec l’aide d’autres improvisateurs chevronnés, j’anime des ateliers pour les débutants ou les confirmés. Je suis aussi à l’origine de quelques concepts d’improvisation inédits.

Vous organisez régulièrement des matchs face à des équipes d’autres villes, parfois même d’autres pays. Quel est ce concept ?
Le concept du « match d’improvisation » provient du Canada. A l’heure où les spectateurs des salles de théâtre étaient littéralement aspirés par les matchs de Hockey sur glace, une poignée de comédiens a décidé de revoir leurs spectacles afin d’y induire plus de spontanéité dans le jeu et d’interactivité avec le public. C’est d’ailleurs pour ça que nous jouons dans une arène en forme de patinoire et qu’il y a un arbitre qui lance les thèmes et les catégories sur lesquels les joueurs doivent improviser, après 20 secondes de réflexion dans le meilleur des cas et leur maillot de hockey pour seul accessoire. J’ajoute qu’on distribue un chausson et un programme à tous les spectateurs lorsqu’ils arrivent. Le programme c’est pour voter la couleur de l’équipe qu’ils ont préféré, le chausson c’est pour lancer sur l’arbitre quand vous contestez ses choix, souvent douteux…
L’arbitre semble être un personnage haut en couleurs ?

C’est en quelque sorte le metteur en scène du match. C’est sur lui que tout repose. Il donne le thème et la catégorie de chaque improvisation. Il fait respecter le temps et s’assure que les joueurs ne font pas de fautes. Il est aussi là pour clarifier certaines situations confuses ou remettre les jouteurs sur la voie lorsqu’ils font fausse route ou qu’ils sont en difficultés.

Le match est donc une pratique très codifiée ?
Oui, contrairement à ce qu’on peut penser, l’impro ce n’est pas se pointer sur scène et faire n’importe quoi sinon ça deviendrait vite pénible ! En pratique, il faut toujours s’assurer de la continuité et de la richesse de l’histoire. Cela implique de ne jamais dire « non » si on vous propose quelque chose, tout comme vous ne pouvez imposer un personnage à quelqu’un. Il faut toujours viser la construction et non la destruction de l’histoire ou de ce qui a été placé précédemment. Lorsque l’arbitre décide de siffler une faute, il souffle dans son kazoo et fait le geste de la faute annoncé.

Comment choisissez-vous vos adversaires ? 

Nous n’avons pas d’adversaires, plutôt des partenaires de jeu. En ce qui concerne les équipes que nous rencontrons, nous n’avons pas d’à priori. Nous essayons toujours de proposer un jeu généreux et complet afin que les improvisations soient les plus abouties possibles. Nous considérons que nous jouons « avec » l’équipe adverse et non pas « contre ». C’est la condition sine qua non pour proposer à nos spectateurs une qualité de jeu variée et équilibrée. Un rencontre d’improvisation est avant tout une rencontre humaine. Au fil des saisons nous tissons des liens plus forts avec certaines équipes et le jeu sur scène n’en est que meilleur. Lorsque nous jouons au Poulailler en revanche, nous jouons entre « friteux ». La complicité qui règne entre nous crée alors une ambiance de jeux encore plus fraternelle et comme nous nous connaissons bien, nous nous permettons souvent quelques rudesses qui ajoutent un peu de piment au jeu.

Bientôt le tournoi international de la frit…

Oui c’est un grand moment. Chaque année nous clôturons la saison par ce tournoi pour lequel nous recevons 3 équipes étrangères durant tout un week end. Nous jouons 2 matchs par soir dans la magnifique salle de l’ECPC à Gonfreville l’Orcher. Cette année il aura lieu du vendredi 17 au dimanche 19 mai et nous recevons la Belgique, l’Espagne et… le Québec ! Il y a 2 matchs par soir dans une ambiance survoltée par plus de 1000 spectateurs sur 3 jours.

Ce qui est assez étonnant c’est qu’avant chaque match les comédiens ont droit à leur hymne ?

Oui encore une fois il y a cet écho à l’origine sportive de la pratique. C’est là l’occasion pour les joueurs de s’échauffer tout en chantant un hymne loufoque et décalé qui met aussi le public dans l’ambiance. Un peu comme une marque de fabrique que l’on peut emporter avec nous, quelques soient les lieux où nous jouons.

Quels vont être vos prochains spectacles ?

Le 6 avril la FRIT reçoit la BALISE de Limoge à  l’ECPC de Gonfreville l’Orcher.

Le 10 avril nous organisons le « match des nouveaux » au Poulailler, au Havre.

Ensuite notre tournoi international du 17 au 19 mai à l’ECPC de Gonfreville l’Orcher.

Puis les 29 mai et 26 juin au Poulailler, au Havre. Nous réservons ces dates à des spectacles conceptuels d’improvisation totalement différents du principe des matchs.

Des ateliers sont proposés, mais sont ils ouverts à tous ?

Absolument. Pour l’heure les inscriptions sont closes jusqu’à septembre prochain mais toute personne souhaitant s’initier ou poursuivre son expérience de l’improvisation est la bienvenue.  Nous possédons deux créneaux d’entrainement : Le mercredi soir au poulailler, au Havre et le jeudi soir au CLEC de Gonfreville l’Orcher. L’adhésion est de 20 euros par an seulement, et bien sûr  une part d’investissement personnel au sein de l’association à hauteur de ce que l’on peut fournir. A la FRIT nous sommes tous actifs, en fonction de nos envies et de nos compétences. Pour nous, l’impro ça ne se consomme pas, ça se vit !

Vous êtes installé à Gonfreville l’Orcher mais vous jouez régulièrement au Poulailler, lieu bien connu des fans de théâtre, pouvez vous en parler ?

Oui, la FRIT est une association Gonfrevilaise mais nous avons aussi une résidence au Poulailler. L’affiliation entre ces deux association est très étroite car historiquement, ceux qui ont fondé la FRIT il y a 22 ans sont ceux qui ont fondé le Poulailler il y a 12 ans. Le Poulailler fonctionne donc sur le même principe associatif. C’est avant tout un lieu de production. Toute compagnie peut venir y jouer moyennant de reverser une partie de leur recette à l’association afin de couvrir les frais d’électricité et de maintenance. Le prix des spectacles n’excède jamais 5 euros car nous avons à cœur de  promouvoir la culture pour tous. L’ambiance y est chaleureuse et conviviale (50 places) et il est rituel de retrouver les comédiens autour d’un petit pot à la fin des spectacles. Pour la petite histoire, avant de devenir un théâtre, le Poulailler  était vraiment un poulailler !

Pour terminer quels sont les artistes havrais que vous appréciez et que vous nous suggérez d’interviewer ?

Il y en a beaucoup, c’est difficile de faire une sélection, je ne veux pas me faire mal voir ! Je dirais Sasha pour les arts visuels, elle peaufine une exposition sur les 7 péchés capitaux. En musique, Emilie Yojenka, auteur/compositeur/interprète. François Bizet pour sa personnalité, son talent d’écriture et de mise en scène. Et j’espère moi, encore une fois, afin que je puisse vous présenter mes projets personnels à venir.

Entretien réalisé par Grégory Constantin Mars 2013

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