Photographie Denis Grisel

Photographie Denis Vase

Installée au 63 quai southampton, Mapie forme petits et grands à l’art de la scultpure, dans cet entretien elle évoque ses passions pour la peinture, les chevaux et les animaux, et nous fait découvrir la technique du Raku. Tentez au plus vite l’expérience de l’art du toucher par la terre !

Depuis quand pratiquez-vous la sculpture et la peinture et quel a été votre parcours ?

Je pratique la sculpture et la peinture depuis 23 ans, passant de l’une à l’autre discipline en parcours autodidacte. Il a toujours été important pour moi de ressentir les choses, de créer à l’instinct tout en apprenant les techniques en passant par de multiples expériences d’essais de tests, de ratages, de réussites d’émotion.

Avez-vous une préférence entre la sculpture et la peinture ?

J’ai une préférence pour la sculpture, pour les sensations dans la matière, le toucher, le volume, le vivant de la matière.

Vos thèmes de prédilection semblent être les chevaux et les corps et peut-être le rapport entre les deux, pouvez-nous expliquer pourquoi ?

J’ai effectivement des sujets de prédilection: le cheval fait partie intégrante de moi-même. Je monte à cheval depuis toute petite, j’ai ensuite fait du soin auprès des chevaux, du bien-être équin et j’ai une relation particulièrement forte avec ces animaux. Je traduis souvent mes émotions et ma vie à travers le cheval, cela peut être des scènes de vie avec plusieurs chevaux, comme un cheval seul mais qui évoque une situation ou un ressenti.

J’aime travailler aussi le corps humain mais en mouvement, le mouvement et la musculature; la beauté du corps me fascine, la vie est en mouvement perpétuel et la sculpture pour moi doit l’évoquer, retrouver du vivant dans une matière. C’est pourquoi dans mes sujets de corps humain, on retrouve souvent des danseurs ou danseuses et quelquefois à cheval ou avec des chevaux, c’est pour l’expression de l’harmonie, l’osmose entre ces êtres mais aussi l’osmose dans la vie.

Quand vous commencez une toile ou une sculpture, avez-vous une idée précise de ce que vous souhaitez réaliser ?

Quand je commence n’importe quelle création, je ne sais pas où je vais, je prends la matière ou le crayon, le pinceau et je me laisse guider, cela demande beaucoup de confiance et de lâcher-prise, des éléments primordiaux pour moi dans la vie. La relation avec le spirituel est le moteur principal.

Quelles sont les matières que vous préférez travailler ?

Mes matières préférentielles sont la terre, les matières à modeler, il y a beaucoup de sortes et de couleurs, j’aime le ressenti et la souplesse de ces matières. Pour peindre j’adore les papiers que je colle sur mes toiles pour peindre à l’encre de chine ou la peinture acrylique, j’adore les crayons, mixés graphite etc… Je mélange beaucoup de choses sur mes toiles ou dessins.

Vous avez depuis quelque temps commencé à vous intéresser à d’autres techniques tel que le Raku par exemple, pouvez-vous nous en parler ?
Depuis 4 ans j’ai développé les techniques du Raku et de « l’art du feu », cet élément manquait, il est essentiel à la cuisson des sculptures en terre, mais le Raku, méthode ancestrale japonaise, est une méthode, un art à part entière, qui vient compléter tout le reste, c’est la couleur, c’est la surprise du résultat c’est palper les éléments eau, feu, air et terre, c’est beaucoup d’émotions aussi, de joies, la signification de « RAKU » est « Joie », « Bonheur », d’ailleurs et on comprend pourquoi quand on le pratique. Le bronze, c’est l’aboutissement du sculpteur, c’est le feu aussi, le métal en fusion, le maniement délicat, une aventure irremplaçable…

Votre ville (Le Havre) est-elle une grande source d’inspiration ?

Je suis née à Sainte Adresse, j’y ai vécu ainsi qu’au Havre longtemps, je suis partie puis revenue, la lumière ici me nourrit, la ville les pieds dans l’eau, les grandes artères de cette ville, la respiration, l’ouverture sur l’ailleurs par la mer. Les couleurs sur l’eau ou dans le ciel, l’estuaire. Depuis 2 mois, j’ai changé de rive, je vis à Honfleur, je me nourris de cette lumière , l’estuaire, tous les jours je prends le temps de regarder, de savourer au bord de l’eau… cela est exceptionnel chaque jour.

Y a-t-il d’autres artistes qui sont ou ont été une source d’inspiration ?

J’écoute beaucoup de musiques de tous styles, c’est une inspiration, c’est essentiel dans ma vie, je crée en musique. D’autres artistes m’inspirent également comme ceux du monde de la danse contemporaine (enfin une partie): j’ai fait à une période 2 années de danse pour ressentir au plus près les émotions du mouvement, pour comprendre; cela m’a beaucoup apporté. Le spectacle équestre aussi me nourrit comme la troupe de théâtre du centaure, Bartabas et bien d’autres.

Vous avez associé votre travail d’artiste à une démarche pédagogique en créant il y a plusieurs années l’atelier Am’art, pouvez-vous nous en parler ?

Je crée des ateliers depuis 10 ans au Havre. A travers l’association Am’art je transmets ce que j’ai vu, ce que j’ai ressenti, ce que j’ai compris, j’ai eu ce besoin à un moment donné car je suis allée de découvertes en découvertes si formidables que je ne pouvais pas garder tout cela pour moi, à quoi cela aurait-il servi ? J’aime le partage, l’échange, je vis des moments formidables avec les élèves, grands ou petits, je crée en même temps qu’eux.

Organisez-vous des expositions des oeuvres de vos élèves ?

Chaque année j’organise une exposition et un vernissage des élèves, souvent cela se passe au mois de juin. C’est très important pour l’atelier, cela concrétise le travail de l’année et permet à chacun de s’exposer et d’avoir un autre oeil sur leurs créations. Je suis très fière de leurs travaux, de leurs oeuvres, ils réussissent à mettre dedans beaucoup de choses: émotions, personnalisations, expression.

Vous avez organisé des stages pendant les vacances de la Toussaint, est-ce une chose que vous proposez systématiquement ?

J’ai effectivement organisé des stages pendant les vacances de la Toussaint; à chaque vacance, je propose des ateliers avec un thème en général, cette fois c’était le nounours et l’ours. Nous sommes engagés dans l’aide humanitaire, je suis sensible à la souffrance sur la planète qu’elle soit humaine, animale ou environnementale.

Les élèves ont participé l’année dernière avec leurs cotisations et le refont cette année, nous donnons à une association pour un sourire d’enfant (Les enfants du Cambodge) et je compte organiser des expositions et ventes d’oeuvres au profit d’autres associations. Mes projets d’avenir proche sont la défense d’espèce animales menacées par les braconniers comme les rhinocéros, les gorilles etc…

Je souhaite que l’art aide et soutienne des causes planétaires, c’est dans ce but que je crée aujourd’hui.

Avez-vous parmi vos élèves de futurs artistes ?
Oui j’ai des élèves qui sont de futurs artistes, ou des artistes, des élèves enfants qui se sont trouvés, qui choisissent une vie scolaire artistique, des adultes qui exposent…
Vous développez également une sorte de philosophie de l’art du toucher par la terre et vous parler de trouver l’harmonie, la relaxation, pouvez-vous nous en dire plus ?

J’ai appelé mon atelier « L’art du toucher par la terre » car la relation à la terre, au grès, à l’argile, c’est d’abord le retour aux sources, à la matière, on ressent avec les mains, on se laisse emmener par ses mains, c’est comme le ballet, les mains construisent, modèlent, forment quelque chose, créent…Car c’est tout un art que de toucher, de se permettre de ressentir, de transmuter la matière; certaines personnes mettent des années avant d’oser franchir la porte d’un atelier de sculpture quelquefois.

Et puis on se sent bien en créant, en modelant, l’énergie est canalisée dans la matière, l’esprit se libère, lâche… C’est du bien-être, de la relaxation, un moment de retour à soi, d’expression de soi.

Cela peut permettre de s’exprimer quand quelquefois avec les mots ce n’est pas possible, cela peut permettre de mieux se comprendre, de comprendre ses oeuvres éventuellement pour ceux ou celles qui en ont l’envie.

On peut parler d’harmonisation car on fait « corps » avec sa sculpture, c’est comme un bébé, ça vient de soi ou c’est une prolongation de soi.

Que peut-on vous souhaiter, avez-vous un rêve artistique encore non réalisé ?
On peut me souhaiter de pouvoir continuer à créer et partager jusqu’à la fin de mes jours, je sais que ce sera comme cela; des rêves ! Mais je suis remplie, je les réalise, et puis il y en a d’autres, c’est la magie d’une vie de création, c’est sans fin, toujours plus beau, toujours magique, je remercie la vie. C’est aussi pour cela que je redistribue.

Entretien réalisé par Grégory Constantin Novembre 2012

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